Redécouvrir Vatican II


6 - La formation des prêtres
"Optatam Totius"

“Le renouveau tant désiré de toute l’Église dépend en grande partie d’un ministère sacerdotal animé par l’Esprit du Christ.” D’où l’importance donnée par le Concile à la formation des prêtres. Le Concile affirme en outre quelques principes fondamentaux de cette formation, lesquels confirment les lois “déjà éprouvées par une expérience séculaire.” (Préambule)


Principes de la formation sacerdotale

Compte tenu de la diversité des peuples et des régions, le Concile ne peut donner que des lois générales qui seront adaptées pour chaque pays par les conférences épiscopales. (1)

Tout d’abord, il faut redoubler d’efforts en faveur des vocations sacerdotales. “L’aide la plus précieuse est fournie par les familles animées d’un esprit de foi, d’espérance et de charité qui sont comme le premier séminaire, et par les paroisses qui font participer les jeunes à toutes les richesses de leur vie... Que tous les prêtres fassent preuve du plus grand zèle apostolique pour aider les vocations... Les évêques doivent encourager les fidèles à susciter des vocations et à répondre à l’action de la Providence pour qu’elle accorde les dons voulus aux hommes choisis par Dieu...”

Pour obtenir les vocations désirées, le Concile recommande les moyens traditionnels: prière instante, pénitence chrétienne, formation toujours plus profonde des fidèles, ainsi que des actions et des œuvres pastorales en faveur des vocations. (2) Le Concile demande aussi que, dans les petits séminaires, une formation religieuse particulièrement solide et une direction spirituelle adaptée soient données aux élèves. Cependant, “il faut organiser les études des élèves de telle sorte qu’ils puissent les poursuivre ailleurs, s’ils viennent à choisir un autre état de vie.” (3)

La vie des grands séminaires

Toute la formation dans les grands séminaires est orientée vers la formation des prêtres qui doit tendre à faire d’eux de vrais pasteurs d’âmes. Ils doivent être préparés au ministère de la parole, au ministère du culte et de la sanctification, et au ministère pastoral. “Aussi les directeurs et les professeurs de séminaires seront-ils choisis parmi une élite et soigneusement préparés par une solide doctrine, par l’expérience pastorale qui convient, ainsi que par une formation spirituelle et pédagogique particulière... Que l’évêque ait particulièrement à cœur d’animer ceux qui consacrent leur travail au séminaire, et que pour les séminaristes eux-mêmes il apparaisse véritablement comme un père.” (5)

La sélection sera rigoureuse. “Qu’on oriente à temps ceux qui n’y sont pas aptes vers d’autres professions...” (6) En cas de nécessité “on créera et entretiendra des séminaires communs à plusieurs diocèses, à toute une région ou à toute une nation.” (7)

La formation spirituelle

La formation spirituelle essentiellement orientée vers la vie d’union à Dieu, ouvrira à l’attachement et à la soumission à l’Église et au renoncement à la vie conjugale.

“Les séminaristes apprendront à vivre continuellement dans la familiarité du Père, par son Fils Jésus-Christ, dans l’Esprit-Saint... Qu’on leur enseigne à chercher le Christ dans la méditation fidèle de la Parole de Dieu, dans la communion active aux très saints mystères de l’Église -en premier lieu dans l’Eucharistie et l’office divin- dans l’évêque qui les envoie et dans les hommes à qui ils sont envoyés... Qu’avec une filiale confiance ils aiment et honorent la bienheureuse Vierge Marie que le Christ Jésus, mourant sur la croix, donna comme Mère à son disciple... Le séminariste doit apprendre à vivre selon le modèle du Christ.” (8)

Les séminaristes devront être imprégnés du mystère de l’Église, “de façon à rendre témoignage de l’unité qui attire les hommes au Christ, d’abord par un attachement humble, filial et aimant au vicaire du Christ... et par leur adhésion à l’évêque... Les séminaristes doivent être bien convaincus qu’ils ne sont pas destinés à la domination et aux honneurs, mais tout entiers voués au service de Dieu et au ministère pastoral. Qu’on apporte un soin particulier à développer en eux l’obéissance sacerdotale, la vie de pauvreté et l’esprit d’abnégation.” (9)

À cause du Royaume des cieux, les séminaristes renoncent à la vie conjugale “pour s’attacher au Seigneur par un amour sans partage... Qu’ils sachent bien avec quel cœur reconnaissant cet état doit être embrassé, non seulement comme une prescription de la loi de l’Église, mais comme un don précieux qui doit être humblement demandé à Dieu... Les séminaristes doivent avoir conscience de la prééminence de la virginité consacrée au Christ, de sorte que s’ils décident de se consacrer totalement au Seigneur, corps et âme, ce soit par un choix généreux et mûrement réfléchi.” (10)

La formation doit donc cultiver chez les séminaristes une nécessaire maturité humaine: stabilité du caractère, jugement droit, capacité de prendre des décisions réfléchies et de dominer son tempérament. La discipline dans les séminaires leur permettra d’acquérir la maîtrise de soi et la maturité personnelle indispensable. “Que toute l’atmosphère du séminaire, imprégnée d’amour de la piété et du silence ainsi que du souci de s’entr’aider, soit orientée de façon à constituer comme une initiation à la vie que devra mener le prêtre.” (11)

Le Concile aborde ensuite la délicate question des études ecclésiastiques. Outre le bagage humaniste et scientifique de base ouvrant aux études supérieures, les séminaristes “devront acquérir une connaissance du latin leur permettant de comprendre et d’utiliser tant de sources scientifiques et de documents de l’Église. On doit tenir pour nécessaire l’étude de la langue liturgique propre à chaque rite et encourager une connaissance convenable de la langue de la Sainte Écriture et de la Tradition.” (13) La philosophie et l’histoire de la philosophie doivent être enseignées. “Qu’on porte une grande attention au lien unissant la philosophie avec les véritables problèmes de vie et avec les questions qui préoccupent les élèves.” (15)

L’Écriture Sainte sera comme l’âme de la théologie tout entière, laquelle doit toujours être enseignée à la lumière de la foi. (16)

Après avoir été formés, en théologie dogmatique, aux thèmes bibliques et aux vérités révélées transmises par les Pères de l’Église d’Orient et d’Occident, les séminaristes étudieront l’histoire du dogme et apprendront à “pénétrer plus profondément au moyen de la spéculation, sous la conduite de Saint Thomas... Ils apprendront ensuite à chercher la solution des problèmes humains à la lumière de la Révélation... On apportera un soin particulier à l’enseignement de la théologie morale... et de la sainte Liturgie.” (16)

La formation doctrinale des séminaristes doit tendre à une véritable éducation intérieure. (17)

Enfin, les jeunes ayant des aptitudes particulières d’intelligence pourront être envoyés dans des universités afin de préparer “dans les sciences sacrées mais aussi dans les autres sciences où cela paraît nécessaire, des prêtres qui auront une formation scientifique approfondie et pourront répondre aux diverses exigences de l’apostolat...” (18)

La formation pastorale proprement dite

Il est impératif de former les séminaristes à leur ministère futur, notamment à “la catéchèse et à la prédication, au culte liturgique et à l’administration des sacrements, aux œuvres de Charité et au devoir d’aller au-devant de ceux qui sont dans l’erreur ou l’incroyance... Il devront également recevoir une formation soignée en ce qui concerne la direction spirituelle... On doit leur apprendre à aider les religieux et les religieuses à persévérer dans la grâce de leur vocation propre...” (19) Ils devront aussi être formés “et avec grand soin à susciter et soutenir l’action apostolique des laïcs.” (20)

Les séminaristes ne doivent pas seulement être formés d’une manière théorique à l’art de l’apostolat, ils doivent aussi apprendre pratiquement. “Aussi, déjà pendant leurs études, ainsi que pendant les vacances, doivent-ils s’initier à la pratique de l’apostolat par des activités bien choisies.” (21)

Enfin, il convient que la formation sacerdotale soit continue tout au long de la vie du prêtre. (22)


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