Au fil des jours ... en 2012





5 avril : Jeudi Saint



Aux premières heures du Jeudi, du Vendredi et du Samedi Saints, on célèbre l'Office connu sous le nom de ténèbres, longue fonction liturgique évoquant la Passion.




Messe Chrismale

En ce Jeudi Saint, Benoît XVI préside la Messe chrismale au cours de laquelle il bénit les huiles (des catéchumènes et des infirmes) et le saint chrême, à la Basilique Saint Pierre.
Retransmission en direct à partir de 9h30 sur le site du Vatican.

Page explicative sur le diocèse de Fréjus-Toulon (Mgr Rey)
Et nombreux liens (homélies, photographies, vidéos...) ici.


Homélie de Benoît XVI, lors la la célébration de la Messe
en la Basilique vaticane

(centrée sur le renouvellement des promesses sacerdotales)

Extraits :

« Les saints nous indiquent comment fonctionne le renouvellement et comment nous pouvons nous mettre à son service. Et ils nous font aussi comprendre que Dieu ne regarde pas aux grands nombres et aux succès extérieurs, mais rapporte ses victoires dans l’humble signe du grain de moutarde. »

« Toute notre annonce doit se mesurer sur la parole de Jésus Christ : "Mon enseignement n’est pas le mien" (Jn 7, 16). Nous n’annonçons pas des théories et des opinions privées, mais la foi de l’Église dont nous sommes des serviteurs. [...] Si nous ne nous annonçons pas nous-mêmes et si intérieurement nous sommes devenus tout un avec Celui qui nous a appelés comme ses messagers si bien que nous sommes modelés par la foi et que nous la vivons, alors notre prédication sera crédible. Je ne fais pas de la réclame pour moi-même, mais je me donne moi-même. Le Curé d’Ars n’était pas un savant, un intellectuel, nous le savons. Mais par son annonce il a touché les cœurs des gens, parce que lui-même avait été touché au cœur. »

« Les personnes ne doivent jamais avoir la sensation que nous accomplissons consciencieusement notre horaire de travail, mais qu’avant et après nous nous appartenons seulement à nous-mêmes. Un prêtre ne s’appartient jamais à lui-même. Les personnes doivent percevoir notre zèle, par lequel nous donnons un témoignage crédible pour l’Évangile de Jésus Christ. Prions le Seigneur de nous remplir de la joie de son message, afin qu’avec un zèle joyeux nous puissions servir sa vérité et son amour. »

Texte intégral (et vidéo) de l'homélie du Saint Père sur le site internet du Vatican.



Messe solennelle du soir en la Cène du Seigneur

Introït Gal. 6, 14 ; Ps. 66, 2



Nos autem gloriári opórtet in Cruce Dómini nostri Iesu Christi : in quo est salus, vita, et resurréctio nostra : per quem salváti et liberáti sumus.
Deus misereátur nostri, et benedícat nobis : illúminet vultum suum super nos, et misereátur nostri.


Il faut que nous nous glorifions dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; en qui est notre salut, notre vie et notre résurrection, et par qui nous avons été sauvés et délivrés.
Que Dieu ait pitié de nous et qu’il nous bénisse ; qu’il fasse luire sur nous la lumière de son visage et qu’il nous fasse miséricorde.


Homélie de Benoît XVI, lors la la célébration de la Messe
en la Basilique Saint-Jean-de-Latran

Extraits :

« Si nous nous demandons en quoi consiste l’élément le plus caractéristique de la figure de Jésus dans les Évangiles, nous devons dire : c’est son rapport avec Dieu. Il est toujours en communion avec Dieu. Le fait d’être avec le Père est le cœur de sa personnalité. Par le Christ, nous connaissons vraiment Dieu. "Dieu, personne ne l’a jamais vu", dit saint Jean. Celui "qui est dans le sein du Père … l’a révélé" (1, 18). Maintenant, nous connaissons Dieu tel qu’il est vraiment. Il est Père, et cela, dans une bonté absolue à laquelle nous pouvons nous confier. L’évangéliste Marc, qui a conservé les souvenirs de saint Pierre, nous raconte qu’à l’appellation "Abba", Jésus a encore ajouté : Tout est possible pour toi. Toi tu peux tout (cf. 14, 36). Celui qui est la Bonté, est en même temps pouvoir, il est tout-puissant. Le pouvoir est bonté et la bonté est pouvoir. De la prière de Jésus sur le Mont des Oliviers, nous pouvons apprendre cette confiance. »

« Jésus lutte avec le Père. Il lutte avec lui-même. Et il lutte pour nous. Il fait l’expérience de l’angoisse devant le pouvoir de la mort. Avant tout, c’est simplement le bouleversement de l’homme, ou même, de toute créature vivante, en présence de la mort. En Jésus, au contraire, il y a quelque chose de plus. Il étend son regard sur les nuits du mal. Il voit l’insalubre marée de tout le mensonge et de toute l’infamie, qui vient à sa rencontre dans cette coupe qu’il doit boire. C’est le bouleversement de Celui qui est totalement Pur et Saint face au flot du mal de ce monde, qui se déverse sur Lui. Il me voit aussi et il prie aussi pour moi. Ainsi, ce moment d’angoisse mortelle de Jésus est un élément essentiel dans le processus de la Rédemption. »

« Quand l’homme s’érige contre Dieu, il s’érige contre sa propre vérité et par conséquent, il ne devient pas libre, mais aliéné par lui-même. Nous sommes libres seulement quand nous sommes dans notre vérité, quand nous sommes unis à Dieu. Alors, nous devenons vraiment "comme Dieu" - non pas en nous opposant à Dieu, non pas en nous débarrassant de Lui ou en Le reniant. Dans la lutte durant sa prière sur le Mont des Oliviers, Jésus a dénoué la fausse contradiction entre l’obéissance et la liberté, et il a ouvert le chemin vers la liberté. Demandons au Seigneur de nous introduire dans ce "oui" à la volonté de Dieu et de nous rendre ainsi vraiment libres. »

Texte intégral (et vidéo) de l'homélie du Saint Père sur le site internet du Vatican.



« Celui qui veut vraiment savoir, comprendre, voir ce qu'est l'amour doit méditer la liturgie du Jeudi Saint. L'amour, c'est quelque chose d'ineffablement sublime et saint, d'inaccessible, de divin et d'humain tout à la fois.
La Croix, que l'Eglise nous montre dans la liturgie, nous manifeste l'amour parfait. "Nous devons nous glorifier dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ. En Lui est le salut, la vie et la résurrection. Par Lui, nous sommes sauvés et rachetés." - "On ne peut pas montrer un plus grand amour qu'en donnant sa vie pour ses amis." Sur la Croix, Jésus a sacrifié pour nous, ses amis, et en même temps ses ennemis - sa vie dans son plein épanouissement, cette vie divine si merveilleusement riche. Avec les pénitents, qui sont aujourd'hui réintégrés dans la communauté, jetons-nous, pauvres pécheurs, au pied de la Croix et adorons l'Amour éternel et divin qui nous a fait miséricorde.
Le Sacrifice que nous offrons est vraiment la manifestation de l'Amour, de l'amour parfait. En ce jour, dans la soirée qui précède sa Passion, Jésus, pressentant les souffrances surhumaines que la nuit et la journée du lendemain vont Lui apporter, institue l'auguste Sacrement de l'Autel. Aussi disons-nous dans le Canon de la messe, avant la Consécration : "Seigneur, acceptez cette offrande... que nous Vous offrons pour honorer le jour où Notre-Seigneur Jésus-Christ chargea ses disciples de célébrer les mystères de son Corps et de son Sang." Chaque jour, nous avons sous les yeux le témoignage vivant de son amour divin et humain, chaque jour, le Sang de notre Rédempteur est répandu pour nous, chaque jour, à chaque instant, le Christ est au milieu de nous dans le mystère de l'Amour : Il nous attend, épiant, pour ainsi dire, si nous allons savoir le remercier de sa générosité sans mesure, si nous allons comprendre que c'est par amour qu'Il est venu habiter dans nos tabernacles.
[...]
"O très doux Seigneur Jésus, transpercez mon âme, jusque dans ses replis les plus intimes, de la blessure douce et salutaire de votre amour. Transpercez-la d'un saint amour tout apostolique et sans peur, afin que, se consumant elle-même de la divine clarté, elle ne désire que vous et votre amour ; que, pour vous atteindre, elle aspire à s'envoler jusqu'aux sacrés parvis, pour s'y dissoudre et demeurer éternellement en Vous." »

in Toute l'année avec le Christ - Méditations liturgiques à l'usage des fidèles, par les Bénédictins de l'Abbaye de Notre-Dame d'Einsiedein, Comptoir Français du Livre, Paris, 1936.

La Sainte Cène



« Laver les pieds, c'est s'abaisser devant celui auquel on rend ce service, c'est s'abaisser pour lui rendre ce service, c'est abdiquer - au moins en apparence - ses prétendues supériorités, en un mot c'est se donner en actes.
Laver les pieds c'est purifier quelqu'un des poussières de la route, c'est à la fois ne pas les voir et les excuser, c'est aussi les ôter. Il faut être indulgent à ceux qui marchent sur cette route. Par la part inférieure, même si l'esprit est vraiment en contact avec Dieu, ils restent de pauvres êtres d'ici-bas, avec des besoins physiques, avec des faiblesses, avec des tendances déchues. Jésus est venu pour guérir et relever ces misères. Il n'a pas craint de quitter les hauteurs de son ciel, de voiler la grandeur de sa divinité, de se faire petit et abaissé pour laver les pieds des hommes tombés. Il suffit qu'il rencontre en eux la sincérité et le bon vouloir ; il ne demande rien de plus à personne.
Et c'est cette indulgence, cet abaissement que les apôtres doivent reproduire : l'indulgence dans l'esprit qui ne condamne pas, l'abaissement dans les actes qui se met aux pieds - et non pas seulement au niveau - du prochain pour le purifier des poussières inévitables du chemin.
Le bonheur est à ce prix : il récompense la largeur des vues et l'amour qui s'anéantit. »

Dom Augustin Guillerand, Ecrits Spirituels (Tome I), Roma, Benedettine di Priscilla, 1966.


Antienne Ubi cáritas (Au lavement des pieds)



"Ubi cáritas et amor, Deus ibi est :
Là où sont la charité et l’amour, Dieu y est aussi"


Là où sont la charité et l’amour, Dieu y est aussi.
C’est l’amour du Christ qui nous a rassemblés,
Réjouissons-nous et prenons en lui nos délices.
Craignons et aimons le Dieu vivant,
Et aimons-nous d’un coeur sincère.

Là où sont la charité et l’amour, Dieu y est aussi.
Réunis en une seule assemblée,
Gardons-nous de ce qui pourrait diviser nos coeurs.
Loin de nous les rixes et les dissensions,
Que le Christ notre Dieu soit au milieu de nous.

Là où sont la charité et l’amour, Dieu y est aussi.
Faites-nous voir avec les bienheureux,
Votre visage dans la gloire, ô Christ Dieu.
Faites-nous goûter cette joie qui est immense et pure,
Durant les siècles éternels. Qu’il en soit ainsi.



Au cours de la translation solennelle du Saint Sacrement, pendant la procession, on chante l’hymne Pange, lingua, gloriosi Corporis mystérium jusqu’aux mots "Tantum ergo". Quand on parvient au lieu préparé, le célébrant dépose le ciboire sur l’autel, fait la génuflexion, et l’encense, et entre-temps on chante le Tantum ergo. Ensuite, le diacre, ou le célébrant lui-même, dépose le ciboire dans le Tabernacle.

A noter que l'hymne Pange, lingua écrit pour le Jeudi Saint, a été adapté comme hymne liturgique de la fête du Saint-Sacrement par saint Thomas d'Aquin. La dernière séquence Tantum ergo est chantée à tous les saluts du Saint-Sacrement.



Pange, Lingua + Tantum Ergo

1. Pange lingua gloriósi Corpóris mystérium,
     Chante, ô ma langue, le mystère de ce corps très glorieux
Sanguinísque pretiósi, quem in mundi prétium
     Et de ce sang si précieux que le Roi de nations
Fructus ventris generósi, Rex effùdit Géntium.
     Issu d'une noble lignée versa pour le prix de ce monde.

2. Nobis datus, nobis natus ex intácta Vírgine
     Fils d'une mère toujours vierge né pour nous, à nous donné,
Et in mundo conversátus, sparso verbi sémine,
     Et dans ce monde ayant vécu, verbe en semence semé,
Sui moras incolátus miro clausit órdine.
     Il conclut son temps d'ici-bas par une action incomparable :

3. In suprémae nocte coenæ recùmbens cum frátribus,
     La nuit de la dernière Cène, à table avec ses amis,
Observáta lege plene cibis in legálibus,
     Ayant pleinement observé l a Pâque selon la loi,
Cibum turbæ duodénæ se dat suis mánibus.
     De ses propres mains il s'offrit en nourriture aux douze Apôtres.

4. Verbum caro, panem verum verbo carnem éfficit:
     Le Verbe fait chair, par son verbe, fait de sa chair le vrai pain ;
Fitque sanguis Christi merum, et si sensus déficit,
     Le sang du Christ devient boisson; Nos sens étant limités,
Ad firmándum cor sincérum sola fides sùfficit.
     C'est la foi seule qui suffit pour affermir les cœurs sincères.

5. Tantum ergo Sacraméntum venerémur cérnui:
     Il est si grand, ce sacrement ! adorons-le, prosternés.
Et antíquum documéntum novo cedat rítui:
     Que s'effacent les anciens rites devant le culte nouveau !
Præstet fides supplémentum sénsuum deféctui.
     Que la foi vienne suppléer aux faiblesses de nos sens !

6. Genitóri, Genitóque laus et iubilatio,
     Au Père et au Fils qu'il engendre louange et joie débordante,
Salus, honor, virtus quoque sit et benedíctio:
     Salut, honneur, toute-puissance et toujours bénédiction !
Procedénti ab utróque compar sit laudátio. Amen.
     A l'Esprit qui des deux procède soit rendue même louange. Amen.

Saint Thomas d'Aquin (1225-1274)



Retour à l'agenda