Au fil des jours ... en 2012





6 avril : Vendredi Saint





Tomas Luis de Victoria (1548-1611) - Tenebrae Responsories

Tenebrae factae sunt, dum crucifixissent Jesus Judaei:
et circa horam nonam exclamavit Jesus voce magna:
Deus meus, ut quid me dereliquisti?
Et inclinato capite, emisit spiritum.
Exclamans Jesus voce magna ait: Pater, in manus tuas commendo spiritum meum.
Et inclinato capite, emisit spiritum.



« ... J’étais plongée dans une méditation sur la mort du Fils de Dieu, et je méditais avec douleur, et je m’efforçais de faire le vide dans mon âme, pour la saisir et la tenir tout entière recueillie dans la Passion et dans la mort du Fils de Dieu, et j’étais abîmée tout entière dans le désir de trouver la puissance de faire le vide, et de méditer plus efficacement.
Alors cette parole me fut dite dans l’âme : "Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée."
Cette parole me porta dans l’âme un coup mortel, et je ne sais comment je ne mourus pas ; car mes yeux s’ouvrirent, et je vis dans la lumière de quelle vérité cette parole était vraie. Je voyais les actes, les effets réels de cet amour, jusqu’où en vérité il avait conduit le Fils de Dieu. Je vis ce qu’il supporta dans sa vie et dans sa mort pour l’amour de moi, par la vertu réelle de cet amour indicible qui lui brûlait les entrailles, et je sentais dans son inouïe vérité la parole que j’avais entendue ; non, non, il ne m’avait pas aimée pour rire, mais d’un amour épouvantablement sérieux, vrai, profond, parfait, et qui était dans les entrailles.
Et alors mon amour à moi, mon amour pour lui, m’apparut comme une mauvaise plaisanterie, comme un mensonge abominable. Ici ma douleur devint intolérable, et je m’attendis à mourir sur place.
Et d’autres paroles vinrent, qui augmentèrent ma souffrance : "Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée ; ce n’est pas par grimace que je me suis fait ton serviteur ; ce n’est pas de loin que je t’ai touchée !"
[...]
"Je suis plus intime à ton âme qu’elle-même."
Et ma douleur augmenta. Plus je voyais Dieu intime à moi, plus je me voyais éloignée de lui. Il ajouta d’autres paroles qui me firent voir les entrailles de l’éternel amour :
"Si quelqu’un voulait me sentir dans son âme, je ne me soustrairais pas à lui ; si quelqu’un voulait me voir, je lui donnerais avec transport la vision de ma face ; si quelqu’un voulait me parler, nous causerions ensemble avec d’immenses joies."
[...]
Il me fut encore dit :
"Ceux qui aiment et suivent la voie que j’ai suivie, la voie des douleurs, ceux-là sont mes fils légitimes. Ceux dont l’oeil intérieur est fixé sur ma Passion et sur ma mort, sur ma mort, vie et salut du monde, sur ma mort, et non pas ailleurs, ceux-là sont mes enfants légitimes, et les autres ne le sont pas." »

Bienheureuse Angèle de Foligno (1248-1309), Le livre des visions et des instructions de la Bienheureuse Angèle de Foligno (33ème chapitre), trad. Ernest Hello, Troisième édition, Société de Saint-Augustin, Desclée, de Brouwer et Cie, 1895.

Livre à lire (ou à télécharger) sur JesusMarie.com.

La vie de la Bienheureuse a été donnée et commentée par Benoît XVI lors de l'Audience générale du Mercredi 13 octobre 2010.









« "Près de la croix de Jésus, se tenait Marie, sa Mère"

Qui de vous, demande le Prophète, pourra soutenir "les flammes éternelles" ? Qui de nous, pouvons-nous ajouter, se tiendra seul au Calvaire, et saura supporter l'ardeur de ce foyer brûlant ? Qui pourra demeurer seul à contempler "Celui que nous avons percé" ? Il ne serait pas bon, pour nous, d'être là, privés de celle à qui le Sauveur nous a confiés, sans notre Mère, le refuge des pécheurs. O mes enfants, nous dit-Elle, "Venez, écoutez-moi et je vous instruirai" (Ps XXXIII). Et quand nous nous approchons, pour recueillir les enseignements qui tombent de sa bouche, Elle nous rappelle les paroles que son divin Fils disait, dans le silence de la nuit, au timide Nicodème : "Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi le Fils de l'Homme sera élevé, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais possède la vie éternelle (Jn, III). Nicodème est là, aujourd'hui contemplant, en même temps, Jésus crucifié, et sa très sainte Mère ; il sait combien était vraie la parole murmurée secrètement à son oreille, au milieu des ténèbres, et comme elle se vérifie merveilleusement en lui. Tandis qu'il regarde Jésus élevé sur la croix, une vertu descend vers lui et pénètre doucement dans son âme. Et la bienheureuse Mère du Sauveur nous invite à nous joindre au disciple béni, jusqu'à ce que nous soyons, nous aussi, transportés par la puissance de la croix. "Mes enfants, nous dit-Elle, aujourd'hui mon Fils est vainqueur de Satan et de toutes les puissances de l'enfer. Voulez-vous encore lui résister ? Sa victoire ne s'étendra-t-elle pas jusqu'à vous, qu'Il a tant aimés ? Mes enfants, n'oubliez pas "la bonté de celui qui s'est fait votre caution, car il a donné sa vie pour vous". Vos jours passent rapidement, et la nuit vient où nul homme ne peut travailler. Ne vous hâterez-vous pas, tandis que vos heures s'écoulent, de vous assurer l'esprit de grâce et de prière, qui doit être le vôtre, et de regarder vers mon Fils Jésus, que vous avez percé ! »

P. Pierre Gallwey S.J. (1821-1906), Les Heures de Garde de la Sainte Passion (Tome II), Trad. A. Rosette S.J., Paris, P. Lethielleux, 1904.




« Il n'est pas d'amour sans sacrifice, pas de don de soi sans oubli de soi. L'amour ne se sépare donc point de la Croix ; sur elle s'appuient ses progrès.
La Croix est au centre du mystère chrétien parce que celui-ci est un mystère d'amour, d'amour rédempteur. Le chrétien doit porter, chaque jour, sa croix avec le Christ, afin que par là s'accomplisse peu à peu en lui, à travers d'humbles occasions quotidiennes de renoncement, une oeuvre de dépouillement qui le purifie, le libère des liens de l'égoïsme, l'ouvrant ainsi à la divine charité, afin que celle-ci affermisse peu à peu son empire et que tout lui soit enfin parfaitement soumis.
Voie austère, sans doute, tâche rude et difficile, assez ardue pour décourager rapidement qui croirait avoir à la mener à bien en s'appuyant sur ses propres forces. Mais vouloir la réaliser ainsi, ce serait se détourner de la voie tracée par le Christ à ses disciples ; le joug que l'on se mettrait sur les épaules ne serait plus le sien. Pour comprendre combien son joug à lui "est doux, et son fardeau léger", il faut mettre son espoir en sa Croix, en la grâce qui est en elle pour purifier toute âme qui s'y prête avec docilité.
La tâche à réaliser restera ce qu'elle est, avec toutes ses exigences : comme le Christ a porté sa Croix, il faut que nous portions la nôtre, la nôtre qui est encore la sienne. En retrancher quelque chose, ce serait retrancher quelque chose de notre union avec lui. Mais c'est lui qui la portera en nous, nous soutenant et donnant valeur rédemptrice à nos sacrifices du fait qu'il les unit aux siens. Ils n'apparaîtront plus ainsi comme un fardeau imposé sur nos épaules, mais comme un don de la miséricorde divine : la voie, ouverte devant nous, qui nous conduit à Dieu. »

Dom Georges Lefebvre, moine de Ligugé, Le mystère de la divine Charité, Editions du Cerf, 1957.







Rappel de notre page de Chemins de Croix

Le Chemin de Croix au Colisée présidé par Benoît XVI en ce Vendredi Saint (présentation)
Méditations de Danilo et Anna Maria Zanzucchi, Mouvement des Focolari (les 14 stations)


Extrait :

« L’expérience de la souffrance marque l’humanité, marque aussi la famille ; combien de fois le chemin se fait éprouvant et difficile ! Incompréhensions, divisions, préoccupation pour l’avenir des enfants, maladies, difficultés de toutes sortes. En notre temps, ensuite, la situation de nombreuses familles est aggravée par la précarité du travail et par les autres conséquences négatives provoquées par la crise économique. Le chemin de la Via Crucis, que nous avons spirituellement parcouru à nouveau ce soir, est une invitation pour nous tous, et spécialement pour les familles, à contempler le Christ crucifié pour avoir la force d’aller au-delà des difficultés. La Croix de Jésus est le signe suprême de l’amour de Dieu pour chaque homme, c’est la réponse surabondante au besoin qu’a chaque personne d’être aimée. Quand nous sommes dans l’épreuve, quand nos familles doivent affronter la souffrance, la détresse, regardons vers la Croix du Christ : là nous trouvons le courage pour continuer à marcher ; là nous pouvons répéter, avec une ferme espérance, les paroles de saint Paul : "Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le supplice ?...Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés" (Rm 8, 35.37). »



Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. Adoramus te, Christe.
Nous t'adorons, ô Christ, et nous te bénissons. Car tu as racheté le monde par ta sainte croix. Nous t'adorons, ô Christ.



Haydn - Les sept paroles du Christ en Croix (1785)



Première partie


Seconde partie


Troisième partie


Quatrième partie


Cinquième partie



« Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là.
[...]
"Je pensais à toi dans mon agonie, j’ai versé telles gouttes de sang pour toi.
[...]
Veux-tu qu'il me coûte toujours du sang de mon humanité, sans que tu donnes des larmes ?" »

Blaise Pascal, Pensées, 736 [87-89], in "Oeuvres de Pascal", Bibliothèque de la Pléiade, NRF, 1939.




Vendredi Saint : début de la neuvaine à la Miséricorde divine




Anima Christi, sanctifica me.
Corpus Christi, salva me.
Sanguis Christi, inebria me.
Aqua lateris Christi, lava me.
Passio Christi, conforta me.
O bone Jesu, exaudi me.
Intra tua vulnera absconde me.
Ne permittas me separari a te.
Ab hoste maligno defende me.
In hora mortis meae voca me,
Et jube me venire ad te,
Ut cum Sanctis tuis laudem te
In saecula saeculorum.
Âme du Christ, sanctifie-moi,
Corps du Christ, sauve-moi,
Sang du Christ, enivre-moi,
Eau du côté du Christ, lave-moi,
Passion du Christ, fortifie-moi.
Ô bon Jésus, exauce-moi.
Dans tes blessures, cache-moi.
Ne permets pas que je sois séparé de toi.
De l’ennemi défends-moi.
À ma mort appelle-moi.
Ordonne-moi de venir à toi,
Pour qu’avec tes saints je te loue,
Dans les siècles des siècles, Amen.



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