Au fil des jours ... en 2013





6 avril : Octave de Pâques - Samedi in Albis

Premier samedi du mois

calendrier liturgique



« Ce que l'âme est dans le corps, les Chrétiens le sont dans le monde.
L'âme est répandue dans tous les membres du corps comme les Chrétiens dans les cités du monde.
L'âme habite dans le corps et pourtant elle n'est pas du corps, comme les Chrétiens habitent dans le monde mais ne sont pas du monde.
Invisible, l'âme est retenue prisonnière dans un corps visible : ainsi les Chrétiens, on voit bien qu'ils sont dans le monde, mais le culte qu'ils rendent à Dieu demeure invisible.
La chair déteste l'âme et lui fait la guerre, sans en avoir reçu de tort, parce qu'elle l'empêche de jouir des plaisirs ; de même le monde déteste les Chrétiens qui ne lui font aucun tort, parce qu'ils s'opposent à ses plaisirs.
L'âme aime cette chair qui la déteste, et ses membres, comme les Chrétiens aiment ceux qui les détestent.
L'âme est enfermée dans le corps : c'est elle pourtant qui maintient le corps ; les Chrétiens sont comme détenus dans la prison du monde : ce sont eux pourtant qui maintiennent le monde.
Immortelle, l'âme habite une tente mortelle : ainsi les Chrétiens campent dans le corruptible, en attendant l'incorruptibilité céleste.
L'âme devient meilleure en se mortifiant par la faim et la soif ; persécutés, les Chrétiens de jour en jour se multiplient toujours plus.
Si noble est le poste que Dieu leur a assigné, qu'il ne leur est pas permis de déserter. »

Lettre à Diognète, VI (IIe siècle), SC 33, Cerf, Paris, 1951.






Paul Claudel (1868-1955) : extrait de "La Vierge à midi", Poèmes de Guerre, N.R.F., 1914-1915.

« ... Je vois l'église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n'ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s'arrête.
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage.
Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu'on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final,
Telle qu'elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale.
Intacte ineffablement parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme, l'Eden de l'ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le cœur tout à coup et fait jaillir les larmes accumulées,
Parce que vous m'avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France,
Parce qu'elle aussi, comme moi, pour vous fut cette chose à laquelle on pense,
Parce qu'à l'heure où tout craquait, c'est alors que vous êtes intervenue,
Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus,
Parce qu'il est midi, parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui,
parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée ! »

C'est au chant du Magnificat que Paul Claudel reçut la grâce de la conversion aux vêpres de Noël, le 25 décembre 1886 :
« J’étais debout, près du deuxième pilier, à droite, du côté de la sacristie. Les enfants de la maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. En un instant mon cœur fut touché et je crus ». (Jules Sageret, "Les Grands convertis", Soc. du Mercure de France, 1906.)
D’autres écrivains se convertissent à la même époque : Paul Bourget en 1889, Léon Bloy en 1879, Ferdinand Brunetière en 1905, Huysmans en 1892.



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