Au fil des jours ... en 2014





16 janvier : calendrier liturgique



« S'il est un écueil dans la vie chrétienne et plus encore dans la vie pieuse, - écueil d'autant plus perfide qu'il se voile sous de louables apparences, - c'est bien celui de la mauvaise tristesse et du sot découragement. Quand on va au fond de ces mélancolies abattues ou rêveuses, on ne trouve guère que de l'égoïsme. L'âme se replie sur soi et se regarde, au lieu de regarder Jésus ; elle s'occupe et s'inquiète de ses intérêts personnels plus que des intérêts de Dieu ; elle s'appuie sur les créatures et non sur la grâce, et comme elle ne rencontre guère dans les créatures et dans elle-même que misère et pauvreté, elle devient mécontente, morose, troublée, chagrine. Bientôt, elle trouve la piété trop difficile et commence à en abandonner les pratiques ; c'est que, déjà, elle en a abandonné l'esprit.
Il faut combattre vigoureusement cette sotte et stérile tristesse ; elle est une tentation qui met l'âme en péril, et qui l'épuise sans profit.
[...]
Pour s'en délivrer, qu'on ait recours d'abord à la prière, selon le conseil de saint Jacques : "Quelqu'un est-il triste ? qu'il prie ! (Jc V, 3)" Mais qu'on réagisse aussi par un dégagement plus complet de soi-même, par une fidélité plus vigilante à tous les devoirs, au besoin par quelque pénitence ou quelque immolation spéciale, en tout cas par un don et un abandon plus absolu au divin Maître. Alors tout redeviendra radieux, tout, jusqu'à la souffrance ; et l'âme ne tardera pas à se revêtir de cette "robe d'allégresse" dont le Seigneur récompense les martyrs. Aussi bien, "il y a une inévitable tendance à la joie dans tout ce qui appartient à Dieu (P. Faber, Bethléem, VIII). On n'est triste que lorsque qu'on veut jouir de soi ; dès qu'on se renonce, la tristesse s'en va et fait place à la joie. La joie est le signe infaillible d'une âme saine, et toute âme saine est bien près d'être une âme sainte. »

Abbé J.M. Buathier, Le Sacrifice dans le dogme catholique et dans la vie chrétienne (ch. XXI, 3), Paris, Gabriel Beauchesne, 1920 (dixième édition).



Albrecht Dürer (1471-1528), gravure sur cuivre, "Melancholia I"



Déclaration du Conseil permanent des évêques de France sur la fin de vie

On trouvera, ci-après, la déclaration du Conseil Permanent de la Conférence des évêques de France du 16 janvier 2014, concernant le débat sur la fin de vie. Devant un sujet si grave et douloureux, l'essentiel est de rendre « plus manifeste le respect dû à toute personne » vivant ses derniers jours. Non à l'acharnement thérapeutique. Non à l'acte de tuer. Oui à un développement réel et qualitatif des soins palliatifs. Ce sont les solidarités familiales et sociales qui sont à renforcer.


Un projet de loi sur la fin de vie pourrait être déposé devant le Parlement d'ici la fin de l'année. Des rapports et des avis rendus publics ces derniers mois ont demandé des améliorations de la loi Leonetti. Cependant, améliorer la législation, ce n'est pas la changer fondamentalement. Le sujet est trop grave pour ne pas agir avec prudence.
Contrairement à d'autres [1], l'avis rédigé par un « panel de citoyens » [2] propose de légaliser le « suicide médicalement assisté », sous condition d'une demande expresse d'une personne en fin de vie ou atteinte d'une maladie jugée irréversible. Aider un malade à mettre lui-même fin à ses jours ou provoquer délibérément la mort d'un patient à sa demande, ce qui est proprement appelé euthanasie, sont inacceptables. L'avis admet même la pratique de l'euthanasie sans consentement de la personne devenue incapable de s'exprimer !

Notre société cherche à « esquiver la mort » [3] et redoute la proximité avec celui qui va mourir. Elle pourrait être ainsi conduite à des décisions inhumaines. Il importe donc de clarifier le vocabulaire et les buts poursuivis. Personne ne peut provoquer délibérément la mort, fût-ce à la demande d'une personne gravement malade, sans transgresser un interdit fondamental. « Tu ne tueras pas » [4] demeure une exigence morale majeure de toute société, et, pour les croyants, un commandement de Dieu. C'est le fondement de toute vie sociale respectueuse d'autrui, spécialement des plus vulnérables [5]. Nombre de nos contemporains, en raison d'une maladie, d'un handicap ou de leur âge, se sentent devenus une charge pour leurs proches et un poids pour la société. Ils souffrent de leur solitude, de l'indifférence d'autrui, du regard porté sur eux dans une société axée sur les valeurs d'autonomie et d'efficacité. Ceux qui en viennent à douter de la valeur et du sens de leur vie ont besoin « d'accompagnement, de solidarité et de soutien dans l'épreuve » [6]. N'aurons-nous rien d'autre à leur proposer que de mettre fin à leur existence ?

Le suicide est souvent présenté de nos jours comme « une ultime liberté ». Mais en même temps, on s'alarme, à juste titre, des taux élevés de suicides particulièrement chez les jeunes et les personnes âgées. Comment réagir contre la banalisation du suicide et en faire en même temps la promotion ? Comment pourrions-nous juger nécessaire d'aider certaines personnes à affronter un épisode de détresse pour éviter l'irréparable, et, par ailleurs, encourager et assister d'autres personnes dans leur volonté de mourir ? Qui deviendrait le juge des vies qui ne valent plus d'être vécues ? Il serait discriminatoire d'estimer aussi différemment la valeur de la vie des uns et des autres.

Tout suicide affecte la solidarité et la volonté de vivre du corps social. Il est donc nécessaire et urgent de poursuivre un véritable engagement de solidarité et de fraternité. Beaucoup se sont investis pour soulager les douleurs et les souffrances de la fin de vie mais « la tâche à accomplir est encore immense » [7]. Les campagnes médiatiques de promotion d'une nouvelle loi contribuent malheureusement à détourner l'attention des indispensables réformes à entreprendre, parmi lesquelles l'accès à « des soins palliatifs et à un accompagnement » à « toute personne malade dont l'état le requiert » [8].
Notre conviction profonde est qu'un changement législatif ne peut avoir pour objectif que de rendre plus manifeste le respect dû à toute personne en fin de vie. Cela passe par le refus de l'acharnement thérapeutique, le refus de l'acte de tuer ; ainsi que par le développement des soins palliatifs et le renforcement des solidarités familiales et sociales.

Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France
Mgr Georges PONTIER, Archevêque de Marseille, Président
Mgr Pierre-Marie CARRÉ, Archevêque de Montpellier, Vice-président
Mgr Pascal DELANNOY, Évêque de Saint-Denis, Vice-président
Cardinal André VINGT-TROIS, Archevêque de Paris
Mgr Jean-Claude BOULANGER, Évêque de Bayeux et Lisieux
Mgr François FONLUPT, Évêque de Rodez et Vabres
Mgr Jean-Paul JAMES, Évêque de Nantes
Mgr Hubert HERBRETEAU, Évêque d'Agen
Mgr Stanislas LALANNE, Évêque de Pontoise
Mgr Benoît RIVIÈRE, Évêque d'Autun, Chalon et Mâcon

[1] Notamment, Comité consultatif national d'éthique, Avis n° 121, Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir, 30 juin 2013.
[2] Conférence de citoyens sur la fin de vie, Avis citoyen, 14 décembre 2013. 18 personnes réunies par l'IFOP.
[3] Cf. Commission de réflexion sur la fin de vie en France, Penser solidairement la fin de vie, Rapport à François Hollande, Président de la République française, décembre 2012, Partie I, § I.1 : L'esquive de la mort.
[4] Livre de l'Exode - Chapitre 20, 13.
[5] Cf. Louis-Marie Billé, Président de la Conférence des évêques de France, « Un compromis impossible », Communiqué de presse, 4 mars 2000.
[6] Jean-Paul II, Evangelium Vitae, 25 mars 1995, § 67.
[7] Cf. Comité consultatif national d'éthique, Avis n° 121, Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir, 30 juin 2013, 3° Partie, III.2.
[8] Code de la santé publique, art. L1110-9.

Source : Conférence des Evêques de France.
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Message du Saint-Père pour la LIe Journée mondiale de prière pour les vocations du 11 mai 2014
"Vocation et témoignage de vérité"

"L’Evangile raconte que Jésus parcourait villes et villages. Voyant les foules, il fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Alors il dit à ses disciples : 'La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson.' Ces paroles nous surprennent, car nous savons tous qu’il faut d’abord labourer, semer et cultiver pour pouvoir ensuite, le moment venu, moissonner une récolte abondante. Jésus affirme en revanche que la moisson est abondante. Mais qui a travaillé pour que le résultat soit tel ? Il n’y a qu’une seule réponse, Dieu. Evidemment, le champ dont parle Jésus est l’humanité, c’est nous. Et l’action efficace qui est à l’origine du beaucoup de fruit est la grâce de Dieu, la communion avec lui. La prière que Jésus sollicite de l’Eglise concerne donc la demande d’accroître le nombre de ceux qui sont au service de son Royaume. Saint Paul, qui a été l’un de ces collaborateurs de Dieu, s’est prodigué inlassablement pour la cause de l’Evangile et de l’Eglise. Avec la conscience de celui qui a personnellement expérimenté à quel point la volonté salvifique de Dieu est insondable, et l’initiative de la grâce est à l’origine de toute vocation, l’apôtre rappelle aux chrétiens de Corinthe qu'ils sont le champ de Dieu. C’est pourquoi naît tout d’abord dans notre cœur l’étonnement pour une moisson abondante que Dieu seul peut accorder ; ensuite la gratitude pour un amour qui nous précède toujours ; enfin, l’adoration pour l’œuvre qu’il a accomplie, qui demande notre libre adhésion pour agir avec lui et pour lui.

Bien des fois nous avons prié avec les paroles du Psalmiste : 'Il nous a faits et nous sommes à lui, nous son peuple, son troupeau.' Ou encore : 'C'est Jacob que le Seigneur a choisi, Israël dont il a fait son bien.' Eh bien, nous sommes la propriété de Dieu non pas au sens de la possession qui rend esclaves, mais d’un lien fort qui nous unit à Dieu et entre nous, selon un pacte d’alliance qui demeure pour l’éternité car éternel est son amour. Dans le récit de la vocation du prophète Jérémie, par exemple, Dieu rappelle qu’il veille continuellement sur chacun, afin que sa Parole se réalise en nous. L’image adoptée est celle de la branche d’amandier qui fleurit avant tous les autres, annonçant la renaissance de la vie au printemps. Tout provient de lui et est don de lui, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir. Mais, rassure l’apôtre, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu. Voilà expliquée la modalité d’appartenance à Dieu : à travers le rapport unique et personnel avec Jésus, que le Baptême nous a conféré dès le début de notre renaissance à une vie nouvelle. C’est donc le Christ qui nous interpelle sans cesse par sa parole afin que nous mettions notre confiance en lui, en l’aimant de tout notre cœur, de toute notre intelligence et de toute notre force. C’est pourquoi chaque vocation, malgré la pluralité des voies, demande toujours un exode de soi-même pour centrer sa propre existence sur le Christ et sur son Evangile. Que ce soit dans la vie conjugale, que ce soit dans les formes de consécration religieuse, que ce soit dans la vie sacerdotale, il faut dépasser les manières de penser et d’agir qui ne sont pas conformes à la volonté de Dieu. C’est un exode qui nous conduit à un chemin d’adoration du Seigneur et de service à lui dans nos frères et sœurs. C’est pourquoi nous sommes tous appelés à adorer le Christ dans nos cœurs, pour nous laisser rejoindre par l’impulsion de la grâce contenue dans la semence de la Parole, qui doit croître en nous et se transformer en service concret de notre prochain. Nous ne devons pas avoir peur. Dieu suit avec passion et habileté l’œuvre sortie de ses mains, à chaque saison de la vie. Il ne nous abandonne jamais ! Il a à cœur la réalisation de son projet sur nous, mais il entend cependant l’obtenir avec notre assentiment et notre collaboration.

Aujourd’hui aussi, Jésus vit et chemine dans les réalités de la vie ordinaire pour s’approcher de tous, à commencer par les derniers, et nous guérir de nos infirmités et de nos maladies. Je m’adresse à présent à ceux qui sont bien disposés à se mettre à l’écoute de la voix du Christ qui retentit dans l’Eglise, pour comprendre quelle est leur vocation propre. Je vous invite à écouter et à suivre Jésus, à vous laisser transformer intérieurement par ses paroles qui sont esprit et sont vie. Marie, la Mère de Jésus et la nôtre, nous répète à nous aussi : 'Tout ce qu’il vous dira, faites-le'. Cela vous fera du bien de participer avec confiance à un chemin communautaire qui sache libérer en vous et autour de vous les meilleures énergies. La vocation est un fruit qui mûrit dans le champ bien cultivé de l’amour réciproque qui se fait service mutuel, dans le contexte d’une authentique vie ecclésiale. Aucune vocation ne naît toute seule ou ne vit pour elle-même. La vocation jaillit du cœur de Dieu et germe dans la bonne terre du peuple fidèle, dans l’expérience de l’amour fraternel. Jésus n’a-t-il peut-être pas dit : 'A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres' ?

Vivre cette haute mesure de la vie chrétienne ordinaire, comme le disait Jean-Paul II, signifie parfois aller à contre-courant et comporte de rencontrer également des obstacles, en dehors de nous et en nous. Jésus lui-même nous avertit : La bonne semence de la parole de Dieu est souvent volée par le Malin, bloquée par les difficultés, étouffée par des préoccupations et des séductions mondaines. Toutes ces difficultés pourraient nous décourager, en nous faisant nous replier sur des voies apparemment plus commodes. Mais la véritable joie des appelés consiste à croire et à faire l’expérience que le Seigneur, lui, est fidèle, et qu’avec lui nous pouvons marcher, être des disciples et des témoins de l’amour de Dieu, ouvrir notre cœur à de grands idéaux, à de grandes choses. Nous chrétiens nous ne sommes pas choisis par le Seigneur pour de petites bricoles, allez toujours au-delà, vers les grandes choses. Jouez votre vie pour de grands idéaux ! A vous évêques, prêtres, religieux, communautés et familles chrétiennes, je demande d’orienter la pastorale des vocations dans cette direction, en accompagnant les jeunes sur des itinéraires de sainteté qui, étant personnels, exigent une vraie pédagogie de la sainteté qui soit capable de s'adapter aux rythmes des personnes. Cette pédagogie devra intégrer aux richesses de la proposition adressée à tous les formes traditionnelles d'aide personnelle et de groupe, et les formes plus récentes apportées par les associations et par les mouvements reconnus par l'Eglise.

Disposons donc notre cœur à être un bon terreau pour écouter, accueillir et vivre la Parole et porter ainsi du fruit. Plus nous saurons nous unir à Jésus par la prière, l'Ecriture, l’Eucharistie, les sacrements célébrés et vécus dans l’Eglise, par la fraternité vécue, plus grandira en nous la joie de collaborer avec Dieu au service du Royaume de miséricorde et de vérité, de justice et de paix. Et la récolte sera abondante, proportionnée à la grâce qu’avec docilité nous aurons su accueillir en nous. Avec ce vœu, et en vous demandant de prier pour moi, j'accorde de tout cœur à tous ma bénédiction apostolique".

Source : Vatican Information Service.





Antonio Vivaldi : L'estro armonico, Op.3, No.3 en sol majeur
Ensemble de Chambre "Solistes de Saint-Pétersbourg" (Michael Gantvarg)



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