Au fil des jours ... en 2015





Vendredi 24 avril 2015

St Fidèle de Sigmaringen, religieux (capucin) et martyr

St Fidèle de Sigmaringen, religieux (capucin) et martyr (1577-1622)

Calendrier liturgique et sanctoral



Notre insensibilité

« Il faut avoir le courage de regarder souvent, sous son aspect réel et dans la lumière de vérité, cette chose horrible qui s'appelle un péché : un coup droit, violent, délibéré, capable de tuer, donné à l'Amour en nous, pour nous débarrasser de Lui et le remplacer par nous. Il faut voir cette horrible chose devenue le pain quotidien de tant d'âmes, avalée comme l'eau, et s'établissant en maître dans un monde ne devant d'être et de subsister qu'à cet Amour que l'on crucifie.

Il faut se mettre en face de cet Amour en Croix. C'est une personne vivante, c'est un homme de 33 ans, en pleine vitalité, d'une richesse de sensibilité inouïe ; toutes les délicatesses des organes, du coeur et de l'esprit ; le ciel et la terre, le Créateur et la créature, le fini et l'infini, réunis, ne faisant qu'un en Lui. Donc, tous les droits, toutes les grandeurs, toute vérité et tout bien, tout ce qui peut arracher l'admiration, le respect, la sympathie, la tendresse. Pendant 30 ans, on l'ignore, non sans le persécuter très probablement ; pendant trois ans, on le jalouse, on l'attaque, on barre la route à son action ; pendant trois heures d'agonie intime il porte en son âme filiale le poids de la colère de son Père irrité. Pendant douze heures son pauvres corps est frappé, brisé en tous sens, sous toutes les formes, et son coeur souffre de toutes les souffrances de ses aimés qui sont là pour centupler sa peine par la leur propre. Au dernier moment, quand il est à bout, à bout de forces, de sang, d'honneur, de tendresse, son Père resté son seul soutien semble comme se retirer, l'abandonner et l'achever de ce coup suprême. Alors, c'est fini, le péché est payé. Mais quel prix ! C'est le prix d'un âme qui s'est livrée au mal : « Nous pleurons une âme qu'un corps abandonne, dit Saint Augustin, mais quelles entrailles chrétiennes avons-nous donc pour ne pas pleurer une âme qui s'est séparée de son Dieu ! ».

Saint Augustin a raison de dénoncer notre insensibilité spirituelle. Mais il sait ce qui nous manque et comment l'obtenir, lui qui a tant pleuré ses fautes. Il nous manque la Lumière de l'Amour nous les faisant voir dans leur divine et affreuse vérité. Pour l'obtenir, il faut la demander et l'attendre. Elle ne brille pas toujours quand nous la demandons, mais elle se donne tôt ou tard à ceux qui savent attendre. »

Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Face à Dieu (Deuxième partie, Notre insensibilité), Roma, 1956.






Guillaume Lekeu (1870-1894) : Adagio pour quatuor d'orchestre (1891)



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