Au fil des jours ... en 2013





28 mai : calendrier liturgique



« Le péché n'est qu'un renversement de l'amour. L'amour, en effet, est don de soi à l'autre, jusqu'à l'oubli de soi ; le péché au contraire, est repliement sur soi, pour se faire le centre de tout et de tous, au service de ses convoitises personnelles : c'est de là qu'il tire son nom d'"amour-propre".

Tout homme se trouve affronté à son propre vide. Face à cette constatation, douloureuse à la nature, il peut s'y refuser, prétendre avoir sa plénitude en soi et donc se suffire par soi-même ; c'est la réaction de l'orgueil : "vous serez comme des dieux". "Toi qui disais en ton coeur... : Je monterai au sommet des nuages, je ressemblerai au Très-Haut" (Is 14,14). La conséquence est alors la chute : son vide lui devient plus évident, plus inexorable : "leurs yeux s'ouvrirent, et ils virent qu'ils étaient nus", dépouillés de tout.

Mais la réaction peut être aussi celle de l'homme humble et pénitent qui, en face de son vide, de sa nullité, y découvre un appel à se tourner vers Celui qui peut le combler, vers Dieu. "De toi mon âme a soif... Comme une terre sèche, épuisée, sans eau" (Ps 62,2). La réponse de Dieu ne se fait pas attendre ; pour combler ce vide, il donne sa présence, selon sa mesure propre : "bonne, secouée, tassée, débordante" (Lc 6,38) : une plénitude qui peut alors rejaillir pour se communiquer aux autres.

Le propre de l'attitude pénitente est de reconnaître notre pauvreté foncière et de regretter, au lieu de nous être tourné vers Dieu, d'avoir succombé au mal du repliement sur nous-mêmes, empêchant ainsi l'amour de Dieu de se communiquer à notre âme et, par nous, à nos frères. »

Dom Gabriel Braso o.s.b., Sentier de Vie - Au seuil de notre conversion, Coll. spiritualité orientale et vie monastique n°2, Abbaye de Bellefontaine, 1974.



(Crédit photo)





Gabriel Fauré : Cantique de Jean Racine
Choir of New College, Oxford - Dir. Edward Higginbottom

Le Cantique de Jean Racine (Opus 11) est une pièce vocale composée en 1864 par Gabriel Fauré, alors âgé de 19 ans. Écrite à l'origine pour chœur (soprano, alto, ténor et basse), quintette à cordes et harpe, puis dans une version avec piano ou orgue, cette pièce se situe dans la tonalité de ré bémol majeur. Cette œuvre présente un caractère solennel.

Le texte de Jean Racine (1639-1699) est en fait une paraphrase de l'hymne Consors paterni luminis datant du Moyen Âge. Attribuée à saint Ambroise, elle était chantée au début des matines (ou vigiles) de la férie tierce (c'est-à-dire du mardi).

Texte latin original :

       Consors paterni luminis,
       Lux ipse lucis et dies,
       Noctem canendo rumpimus:
       Assiste postulantibus.

       Aufer tenebras mentium,
       Fuga catervas dæmonum,
       Expelle somnolentiam
       Ne pigritantes obruat.

       Sic, Christe, nobis omnibus
       Indulgeas credentibus,
       Ut prosit exorantibus
       Quod præcinentes psallimus.

       Sit, Christe, rex piissime,
       Tibi Patrique gloria
       Cum Spiritu Paraclito
       In sempiterna sæcula.
       Amen.

Le dernier couplet (ou doxologie) possède la variante suivante :

       Praesta, Pater Piissime,
       Patrique, compar Unice,
       Cum Spiritu Paraclito
       Regnans per omne saeculum.
       Amen.

On peut percevoir dans la paraphrase française (ci-dessous) un jansénisme latent : la paternité divine n'est pas mentionnée explicitement chez Racine alors que l'original en parle deux fois. Là où l'hymne exhorte le croyant à se réveiller au cœur de la nuit pour prier et y chasser la pesanteur d'un sommeil pouvant mener à l'acédie, Jean Racine y voit le poids du péché. Enfin, si la lumière baigne la première strophe latine, écho du lumen de lumine du Credo, le texte français n'évoque que le jour éternel. Ces différences font ressentir un salut moins proche et un Dieu plus lointain dans la bouche de l'auteur du XVIIe siècle que dans l'original médiéval.

Texte de Jean Racine :

       Verbe égal au Très-Haut, notre unique espérance,
       Jour éternel de la terre et des cieux,
       De la paisible nuit nous rompons le silence :
       Divin Sauveur, jette sur nous les yeux.

       Répands sur nous le feu de Ta grâce puissante ;
       Que tout l'enfer fuie au son de Ta voix ;
       Dissipe le sommeil d'une âme languissante
       Qui la conduit à l'oubli de Tes lois !

       Ô Christ ! sois favorable à ce peuple fidèle,
       Pour Te bénir maintenant rassemblé ;
       Reçois les chants qu'il offre à Ta gloire immortelle,
       Et de Tes dons qu'il retourne comblé.

Source de ces notes : Wikipedia



Retour à l'agenda