Défense du Catholicisme

Argumentaire





"Permettez-moi de vous interroger : France, fille aînée de l'Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?
Permettez-moi de vous demander : France, fille aînée de l'Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l'homme, à l'alliance avec la sagesse éternelle ?"
Jean-Paul II, 1° juin 1980, extrait de l'homélie prononcée au Bourget.

"Chrétiens de Lyon, de Vienne, de France, que faites-vous de l’héritage de vos glorieux martyrs ? Certes, aujourd’hui, vous n’êtes pas livrés aux bêtes, on ne cherche pas à vous mettre à mort à cause du Christ. Mais ne faut-il pas reconnaître qu’une autre forme d’épreuve atteint subrepticement les chrétiens ? Des courants de pensée, des styles de vie et parfois même des lois opposées au vrai sens de l’homme et de Dieu, minent la foi chrétienne dans la vie des personnes, des familles et de la société. Les chrétiens ne sont pas maltraités, ils jouissent même de toutes les libertés, mais le risque n’est-il pas réel de voir leur foi comme emprisonnée par un environnement qui tend à la reléguer dans le domaine de la seule vie privée de l’individu ? Une indifférence massive chez beaucoup à l’égard de l’Evangile et du comportement moral qu’il exige, n’est-elle pas une manière de sacrifier aujourd’hui petit à petit à ces idoles que sont l’égoïsme, le luxe, la jouissance et le plaisir recherchés à tout prix et sans limite ? Cette forme de pression ou de séduction pourrait tuer l’âme sans attaquer le corps. L’esprit du mal qui s’opposait à nos martyrs est toujours à l’œuvre. Avec d’autres moyens, il continue de chercher à détourner de la foi. Chrétiens de Lyon et de France, ne vous y laissez pas prendre. Dans notre monde qui offre à l’homme tant de possibilités de vraie liberté et d’épanouissement spirituel, qui a réalisé des progrès immenses au service de l’homme, que faites-vous pour contribuer à démasquer ces idoles d’aujourd’hui et à vous en affranchir ? Puissiez-vous avoir toujours le discernement et le courage de la foi ! Vous avez là une tâche commune à accomplir. Un seul et même baptême vous a consacrés dans le Christ. Dans la fidélité à sa Parole et sans rien faire séparément de ce que vous pouvez faire ensemble pour répondre aux besoins de l’homme d’aujourd’hui, “restez fermes dans la foi” (2 P 5, 9)."
Jean-Paul II, 4 octobre 1986 , extrait du discours prononcé à Lyon.

"Le rôle des laïcs dans l'ordre temporel, et spécialement en politique est un rôle « clé » pour l'évangélisation de la société."
Dans son discours, le pape a expliqué que la vocation spécifique des laïcs "consiste à imprégner l'ordre temporel d'un esprit chrétien et à le transformer selon le dessein de Dieu", et qu'un "aspect significatif de sa mission" est "l'exercice de la politique".
Pour cela, il faut "les encourager à vivre, de manière responsable et avec générosité, cette importante dimension de la charité sociale", pour promouvoir "la justice, l'honnêteté, la défense des valeurs authentiques, comme le respect de la vie humaine, du mariage et de la famille. Ils contribuent ainsi au vrai bien humain et spirituel de toute la société."
Benoît XVI, 11 septembre 2008, extraits de l'audience accordée aux évêques du Paraguay en visite "ad limina".


* * * REPONSES A QUELQUES OBJECTIONS * * *



« Je ne sais pas si c'est une solution qui va arranger les choses d'empêcher les gens de dire ce qu'ils pensent. »

Ai-je préconisé la censure pour qui que ce soit ? Non. Je rappelle seulement aux catholiques leur devoir de réponse.
Chacun a en effet la liberté d’affirmer son opinion. Et il est de notre devoir d’affirmer la nôtre. Cette liberté de parole devrait-elle être abandonnée à ceux qui défigurent le visage de l’Eglise, qui l’attaquent sans complexe et sans retenue, tandis que les catholiques se contenteraient de se taire et de courber le dos en silence, en attendant que l’orage passe ? Où est le courage de notre témoignage ?

Le Seigneur disait à saint Paul :
« Courage ! De même que tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, ainsi faut-il encore que tu témoignes à Rome. »
Ac 23, 11
Oui, il nous faut du courage ! Et ce témoignage n’est pas une option facultative, mais un devoir pour chaque chrétien :
« Annoncer l'Evangile n'est pas pour moi un titre de gloire ; c'est une nécessité qui m'incombe. Oui, malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile. »
1 Co 9, 16
Ce devoir apostolique a été fortement rappelé par Vatican II, notamment dans les Constitutions Apostolicam actuositatem et Ad Gentes. Jean-Paul II le rappelait encore dans son exhortation apostolique Christefideles laici en 1988 :
Les fidèles laïcs, eux aussi, sont appelés personnellement par le Seigneur, de qui ils reçoivent une mission pour l'Eglise et pour le monde. Saint Grégoire le Grand le rappelle, lorsque, prêchant au peuple chrétien, il commente la parabole des ouvriers de la vigne : "Examinez donc un peu, mes frères, votre mode de vie, et vérifiez bien si déjà vous êtes des ouvriers du Seigneur. Que chacun juge ce qu'il fait et se rende compte s'il travaille dans la vigne du Seigneur."
Jean-Paul II (1920-2005), exhortation apostolique Christifideles laici, 30 décembre 1988.
Oui, nous aurons à rendre compte de notre apathie et de nos lâchetés !
« Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, à ne rien faire ? »
Mt 20, 6
Il n'y a pas de place pour l'inaction, lorsque tant de travail nous attend tous dans la vigne du Seigneur. Le "maître du domaine" répète avec plus d'insistance encore : « Allez, vous aussi, à ma vigne ».
La voix du Seigneur résonne certainement en chaque chrétien, au plus profond de son être. Chacun, en effet, est configuré au Christ par la foi et les sacrements de l'initiation chrétienne, est inséré comme un membre vivant dans l'Eglise, et est sujet actif de sa mission de salut. […]
Il faut donc regarder en face ce monde qui est le nôtre, avec ses valeurs et ses problèmes, ses soucis et ses espoirs, ses conquêtes et ses échecs : un monde dont les conditions économiques, sociales, politiques et culturelles présentent des problèmes et des difficultés encore plus graves que celles décrites par le Concile dans la Constitution pastorale Gaudium et spes. De toute manière, c'est là la vigne, c'est là le terrain sur lequel les fidèles laïcs sont appelés à vivre leur mission. Jésus veut pour eux, comme pour tous ses disciples, qu'ils soient le sel de la terre et la lumière du monde (cf. Mt 5,13-14).
Jean-Paul II (1920-2005), exhortation apostolique Christifideles laici, 30 décembre 1988.
« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s'affadir, avec quoi le salera-t-on ? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens. »
Mt 5, 13
Remarquez ces paroles : Vous êtes le sel de la terre. Par là, le Seigneur nous montre combien nécessaire est son précepte.
Ce n'est pas seulement de votre propre vie qu'il vous faudra rendre compte, dit-il, mais de celle du monde entier.
Saint Jean Chrysostome (v.349-v.407), 15° Homélie sur Mt 6, trad. A. Hamman, P.G. 57, 231.
Jésus nous appelle à nous montrer, non pas pour nous faire valoir, mais pour que brille aux yeux des hommes la Lumière dont nous sommes les dépositaires.

« Ce que je vous dis dans l'ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l'oreille, proclamez-le sur les toits…
Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »
Mt 10,26-33



« La "solution" que tu préconises contre les mauvaises langues fera couler du sang sur la terre comme à l'époque de l'Inquisition, et je ne crois pas que ce soit la volonté de Dieu que les choses en reviennent à ces barbaries. »

Oh là, on se calme…! Ai-je appelé à prendre les armes ? Ai-je appelé à la guerre sainte ?
Restons sérieux, et mesurés dans nos propos.

Le Christ offre la paix au monde. Mais notre vision très humaine de la paix n’est pas celle du Christ :
« Je vous laisse ma paix ; c’est ma paix que je vous donne ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne… »
Jn 14, 27
Pourquoi ? Parce que :
« Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé !...
Pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien la division… »
Lc 12, 49-51
La paix donnée par le Christ est une paix allumée au feu de son Amour, d’un Amour dévorant, radical, qui impose des choix et des attitudes qui s’opposent à la sagesse humaine :
« Si quelqu’un parmi vous croit être sage à la façon de ce monde, qu’il se fasse fou pour devenir sage ; car la sagesse de ce monde est folie auprès de Dieu. »
1 Co 3, 18-19
Que ne suivons-nous davantage l’exemple de saint Paul. S’il avait agi en son temps avec l’attitude de tant de chrétiens aujourd’hui, préférant le silence à la parole, et le retrait à l’action, il aurait certainement coulé des jours tranquilles jusqu’à la fin de sa vie. Il n’aurait été ni maltraité, ni insulté, ni persécuté, ni calomnié (cf. 1 Co 5, 11), il aurait échappé à la prison, aux coups, à la bastonnade, à la lapidation, sans compter tout le reste (cf. 2 Co 11, 23-30)…

Que vaut notre conduite, si nous laissons faire sans rien dire, sans agir, ceux qui attaquent l’Eglise du Christ ? Quels serviteurs de cette Eglise sommes-nous alors ?

« Tu n’es ni froid ni chaud – que n’es-tu l’un ou l’autre ! – Ainsi, puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. »
Ap 3, 15-16



« Que prescrit l'Évangile contre les attaques des mauvaises langues ? Elle prescrit simplement la prière et le pardon. »

C’est en effet ce qui est prescrit pour toute attaque de type personnel. Jésus en a été le premier exemple, Lui qui ne s’est pas défendu lorsque les soldats romains sont venus l’arrêter.
Mais il ne s’agit pas ici de se défendre soi-même, mais de défendre l’Eglise, et les valeurs évangéliques qu’elle préconise.
Un exemple parmi d’autres ? Avec des arguments comme celui-ci, Jean-Paul II aurait du se taire plutôt que de rappeler que l’avortement est un crime contre la vie : il aurait pu se contenter de prier et de pardonner… Croyez-vous que seul le Souverain Pontife ait le droit (et le devoir) de parler ? Bien sûr que non. Tous les ministres de l’Eglise, et l’ensemble de ses membres ont ce devoir de parole, et le devoir de la porter devant les hommes.

« Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne se peut cacher, qui est sise au sommet d'un mont. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. »
Mt 5, 14-16
Jésus nous a mis en garde :
« Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J'ai vaincu le monde. »
Jn 16, 33
Seuls auront à souffrir du monde celles et ceux qui prendront le risque de parler et d’agir contre les modes et les idées en vogue, que ce soit au sein de leur famille, de leur travail, ou de la société tout entière.




« Faut-il pour autant réagir au quart de tour ? Signer toutes les pétitions ? Descendre dans la rue tous les quatre matins ? »

A chaque fois que ce sera nécessaire, pourquoi pas ! Saint Paul le rappelait à Timothée, il n’y a pas d’autre règle à l’apostolat que celle d’un don total de soi-même, au service du Christ et de son Eglise :
« Proclame la parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d’instruire. Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l’oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers les fables. »
2 Tm 4, 1-4



« C’est pourquoi la capacité qu’ont les chrétiens à se mettre en colère lorsqu’ils sont confrontés à un monde qui les agresse aussi ouvertement est observée avec circonspection par leurs pasteurs. »

Se mettre en colère ? Qui se met en colère ?
Cette vision manichéenne des possibles réactions du chrétien prêterait à sourire, si elle n’était un appel au silence et à la "sage discipline" - entendez un appel à rentrer dans le rang la tête basse…

Il y a un large espace entre le silence et la colère, entre le "laisser-faire" et l'invective outrancière : tout l'espace d'une réponse posée et argumentée, de la parole juste, de celui qui défend sa religion devant ceux qui l'ont salie.
A-t-on accusé de colère les Juifs qui ont manifesté lors des scandaleuses dégradations de leurs cimetières ?
A-t-on accusé d'appel au meurtre les Musulmans qui ont manifesté lors des non moins scandaleuses dégradations de leurs mosquées ?
Non. On trouve normal pour d'autres religions ce que l'on rejette pour la sienne…
On ne peut justifier par l'appel à la douceur du Sermon des Béatitudes la mièvrerie de notre apathie présente. La véritable douceur n'existe que dans la force maîtrisée.

Là encore, un exemple parmi d'autres : que se serait-il passé, si l'Abbé Pierre ne s'était pas "mis en colère" au cours de l'hiver 54, pour alerter les français et les pouvoirs publics sur la précarité scandaleuse des sans-abris ?
« Vous serez mes témoins… jusqu'aux extrémités de la terre. »
Ac 1, 8
Pauvres témoins, pâles et sans saveur, silencieux et lâches, que nous sommes devenus !

Prions l'Esprit Saint, pour qu'il nous donne cette force et ce courage du témoignage, pour que la Lumière du Christ brille devant les hommes, et que la voyant, toute langue vienne à proclamer un jour que "Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père" (Ph 2, 11).

« Car ce n'est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d'amour et de maîtrise de soi. Ne rougis donc pas du témoignage à rendre à notre Seigneur… mais souffre plutôt avec moi pour l'Evangile, soutenu par la force de Dieu…
Prends ta part de souffrances, en bon soldat du Christ Jésus… »
2 Tm 1, 7-8 ; 2, 3