La Très Sainte Eucharistie

Le Saint Sacrifice de la Messe





La Messe Mystique

F. ASTRUC, Aumônier du Bon-Pasteur, Grenoble
LA MESSE MYSTIQUE
La vie Chrétienne est une « Messe »

4e Edition, 50e Mille
Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur – 10, Montée du Télégraphe, Lyon

Nihil Obstat, Grenoble, le 26 Octobre 1922, Louis Borel
Imprimatur, Grenoble, 27 Octobre 1922, A. Chastaing, v.g.

« Tu es sacerdos in aeternum ! » — Quelle joie a été la nôtre quand, au sortir de l'ordination, nous avons pris conscience de cette divine réalité : « Tu es prêtre pour l'éternité ! » Oui, nous étions infiniment heureux, et notre bonheur n'a fait qu'augmenter avec les années.
Elles sont nombreuses dans le monde, les âmes chrétiennes qui envient notre dignité sacerdotale. Ah ! je comprends leur sainte jalousie. Pour leur consolation, je veux leur rappeler une vérité que, peut-être, elles ne connaissent pas assez : Tout chrétien a reçu une véritable participation au Sacerdoce de Jésus-Christ ; membre du Corps mystique du Christ, il appartient, selon l'affirmation de saint Pierre, « à la race choisie, au Sacerdoce royal » (1). Saint Ambroise le répétait aux fidèles de Milan : « Tous les enfants de l'Eglise sont prêtres ; au Baptême, ils reçoivent l'onction qui les fait participer au Sacerdoce ; l'hostie qu'ils doivent offrir à Dieu est toute spirituelle : c'est eux-mêmes » (2). Ainsi donc, pieux fidèles, réjouissez-vous. Vous n'avez pas reçu le sacrement de l'Ordre, cependant vous êtes associés spirituellement au Sacerdoce ; vous n'êtes pas réellement prêtres, néanmoins, parce que vous êtes chrétiens, vous avez une âme sacerdotale.
Notre-Seigneur vous a donc réservé une part de son divin Sacerdoce. Mais, cette part, comment pourrez-vous l'exercer ? Comme le prêtre, en disant la messe.
Evidemment, vous ne pouvez pas dire comme lui, une messe réelle, mais vous pouvez dire une messe spirituelle, mystique ayant des analogies avec celle qui se célèbre au saint Autel : messe unique qui commence avec votre vie, qui se poursuit avec votre vie, et qui ne sera terminée qu'avec votre vie. Cette messe que vous pouvez dire, c'est en quelque sorte une reproduction de celle du prêtre. Aussi, dans votre messe mystique, on peut et on doit retrouver les trois actes essentiels qui composent la messe réelle : l'Offertoire, la Consécration et la Communion.
En procédant par analogie, par comparaison, je vais essayer de vous le faire comprendre, et en même temps que je vous apprendrai à bien dire votre messe mystique, vous verrez s'ouvrir, sur toute votre vie, de magnifiques et mystérieux horizons que, peut-être, vous ne soupçonnez pas assez.

(1) 1 Petr., II, 9
(2) S. Ambros., in Lucam, lib. V, n. 33.

I. — L'Offertoire.

1. Pour dire la messe, le prêtre a besoin d'une hostie. Vous aussi, pour dire votre messe mystique, vous avez besoin d'une hostie. Mais où donc la prendrez-vous ? Ecoutez saint Augustin qui vous le dit : « Ne cherchez pas en dehors de vous l'hostie dont vous avez besoin ; cette hostie, vous la trouverez en vous-mêmes ». Saint Paul achève de vous la montrer en disant : « Je vous en conjure, faites de votre corps une hostie vivante, sainte et agréable à Dieu » (3).
Vous l'avez entendu, l'hostie de votre sacrifice, de votre messe, c'est vous-mêmes ; c'est vous, avec tout ce que vous êtes, tout ce que vous avez, tout ce que vous faites.

2. Vous avez donc votre hostie ; mais elle doit avoir quelque ressemblance avec celle du prêtre.
L'hostie du prêtre est formée du froment le plus pur ; de plus, elle est un pain azyme, c'est-à-dire sans levain.
Vous aussi, vous devez être des hosties azymes, sans levain. Ce levain, dont je parle, symbolise tout ce qui n'est pas pur, tout ce qui est mauvais, tout ce qui n'est pas selon l'esprit chrétien. Vous devez donc éliminer de vous-mêmes toute trace de ce triste levain. Cherchez en vous, dans votre esprit, dans votre volonté, dans votre cœur, dans vos intentions, ce qui est trop naturel, trop humain, ce qui n'est pas absolument digne d'un bon et vrai chrétien, et puis, arrachez-le, détruisez-le ; chaque jour, dépouillez-vous, purifiez-vous, sanctifiez-vous ; chaque jour, devenez plus surnaturels, plus purs, plus saints, et alors, votre hostie ressemblera un peu à celle du prêtre.

3. Son hostie à lui, le prêtre la prend dans ses mains, et il l'offre à Dieu. Vous aussi, vous avez à faire l'offrande de votre hostie qui est vous-mêmes. Prenez-vous donc tout entiers, et sans faire de réserve, offrez-vous à Dieu. Prenez votre corps avec tous ses sens, votre âme avec toutes ses facultés, votre esprit avec toutes ses pensées, votre volonté avec tous ses vouloirs, votre cœur avec toutes ses affections ; prenez votre vie de chaque jour, avec vos travaux, vos souffrances, vos luttes, vos efforts, vos prières, vos bonnes actions, et dites à Dieu : Seigneur, tout cela est pour vous, je vous offre tout cela.
Cette offrande de vous-mêmes, faites-la totalement, généreusement et joyeusement. Ne faites pas comme Caïn qui n'offrait au Seigneur que ce qu'il avait de moindre, mais offrez à Dieu ce que vous avez de meilleur, le meilleur de votre âme, le meilleur de votre cœur, le meilleur de votre vie. Ne faites pas non plus comme Ananie et Saphire qui voulaient garder pour eux une partie de leurs biens, mais offrez à Dieu votre hostie tout entière ; offrez-lui bien tout ce que vous êtes, tout ce que vous avez, tout ce que vous faites ; ne réservez rien, ne gardez rien, ni pour vous, ni pour les autres.

4. Le prêtre offre son hostie en disant : « Recevez, ô Père Saint, Dieu tout-puissant et éternel, cette hostie immaculée que je vous offre, moi, votre indigne serviteur, à vous qui êtes mon Dieu vivant et véritable, pour mes péchés, mes offenses et mes négligences innombrables, pour tous les assistants et même pour tous les fidèles chrétiens vivants et morts, afin qu'elle profite à eux et à moi, pour le salut éternel. Ainsi soit-il. » (4)
Vous aussi, offrez-vous à Dieu et dites-lui : Seigneur, je m'offre à vous pour être l'hostie vivante de ma famille : je veux être sacrifié afin que mes parents et tous ceux que j'aime, soient bénis, sanctifiés et sauvés.
Seigneur, je m'offre à vous pour être l'hostie vivante d'une œuvre à laquelle je m'intéresse et me dévoue : je veux être sacrifié afin que cette œuvre vive et prospère.
Seigneur, je m'offre à vous pour être l'hostie vivante de vos prêtres : je veux être sacrifié afin de venir en aide à vos ministres, afin que leur sacerdoce soit saint et fécond.
Seigneur, je m'offre à vous pour être l'hostie vivante de votre sainte volonté : je veux être sacrifié afin que je me sanctifie, que j'aille jusqu'au bout de ma vocation, que j'accomplisse toute ma mission, que je réalise tous les desseins que vous avez sur moi.
Seigneur, je m'offre à vous pour être l'hostie vivante de votre amour : je veux être sacrifié afin que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite, afin que vous soyez plus connu, plus aimé, plus glorifié.
Seigneur, je m'offre à vous pour être la petite hostie vivante des pécheurs : Je veux être sacrifié afin d'être associé à la Rédemption de votre Fils, et d'ajouter ce qui manque à sa Passion, à ses souffrances et à sa mort ; je veux être sacrifié afin d'expier, de réparer et de mériter en union avec Lui.

En faisant ainsi, vous accomplirez un grand, un fécond, un nécessaire apostolat. Plus que jamais, le monde a besoin d'âmes saintes et généreuses qui, hosties vivantes, se vouent au sacrifice et à l'immolation. Soyez donc du nombre de ces âmes « dévouées », unies à Jésus crucifié. Nous ne saurons jamais, Dieu seul sait l'action surnaturelle, sanctifiante et féconde que, dans le secret de votre immolation, vous exercerez autour de vous.
Telle est l'offrande que vous avez à faire. Mais, remarquez-le, votre offrande reste toujours inachevée ; à tous les instants de vos jours et de vos nuits, vous pouvez et vous devez la renouveler et la compléter ; faites donc que votre vie soit une offrande continuelle. Et c'est ainsi que vous accomplirez le premier acte de votre messe mystique.

(3) Rom., XII, 1.
(4) Offrande du pain, à la messe.

II. — La Consécration.

Le prêtre disant la messe, prend dans ses mains l'hostie qu’il a offerte, et il prononce sur elle les paroles de la Consécration.
Vous aussi, vous avez à consacrer votre hostie que vous avez déjà offerte à Dieu. Ce que la Consécration réelle du prêtre produit sur l'hostie de froment, votre consécration mystique doit aussi, d'une certaine manière, le produire sur vous-mêmes, hosties vivantes. C’est ce que je vais essayer de vous montrer, en procédant toujours par analogie, par comparaison.

1. Le prêtre consacre son hostie en prononçant sur elle ces quatre mots : Hoc est corpus meum, ceci est mon corps. A l'instant même, la substance de l'hostie de froment a disparu ; d'elle, il ne reste rien si ce n'est ce quelque chose qu'on appelle espèces, apparences. Le premier résultat de la Consécration, c'est donc la disparition de la substance de l'hostie de froment.
Vous aussi, vous avez à disparaître, non pas subitement, mais peu à peu, par degrés. Vous disparaîtrez en vous humiliant, en vous oubliant, en vous renonçant, en faisant mourir en vous le moi. C'est en réalisant ainsi le « quotidie morior » dont parle saint Paul, que vous arriverez à cette mort mystique de vous-mêmes qui sera le premier résultat de votre Consécration.

2. Les paroles de la consécration que prononce le prêtre, ont un second effet plus merveilleux encore que le premier ; elles transsubstantient l'hostie en Jésus-Christ. La Consécration c'est donc le changement de la substance de l'hostie de froment en Jésus-Christ, en Jésus-Christ vivant avec sa Divinité et son Humanité.
Vous aussi, vous avez à vous changer eu Jésus-Christ, à devenir d'autres Lui-même ; je ne dis pas réellement, c'est-à-dire substantiellement, mais spirituellement, mystiquement. Vous avez donc à consacrer votre corps, afin qu'il soit pur et saint un peu comme le Corps de Jésus ; votre âme afin qu'elle soit divinisée un peu comme l'âme de Jésus, votre cœur, afin qu'il aime un peu comme aime le Cœur de Jésus ; votre esprit, afin qu'il pense un peu comme pense l'Esprit de Jésus ; votre volonté, afin qu'elle veuille un peu comme veut la volonté de Jésus ; votre vie de chaque jour, afin que devenant la continuation, le prolongement, l'extension de la vie de Jésus, elle soit un peu comme la sienne, une vie de sainteté, de charité, d'apostolat, de rédemption.
Vous travaillerez donc à votre consécration qui doit vous transformer, vous changer peu à peu en Jésus-Christ. Et lorsque vous pourrez dire comme saint Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus qui vit en moi » (5), vous aurez réalisé le second effet de votre consécration mystique.

3. Je vous ai dit qu'après la Consécration du prêtre, il ne reste de l'hostie de froment que les espèces, que les apparences. Or, ces espèces, ces apparences sacramentelles, Jésus s'en sert pour vivre de sa vie eucharistique.
A mesure que s'accomplira votre consécration mystique, Jésus se servira aussi de vous pour vivre et agir dans le monde. Il se servira de vous pour penser, parler, prier, aimer et souffrir ; il se servira de vous pour combattre et chasser le démon ; pour consoler, convertir et sanctifier ; pour réparer, expier et sauver ; en un mot, il se servira de vous pour continuer à « passer dans le monde en faisant le bien » (6). Alors, vous remplirez en quelque sorte le rôle divin des espèces, des apparences sacramentelles de l'Hostie Consacrée. Vous serez vous mêmes les espèces, les apparences vivantes, non pas sacramentelles, mais spirituelles, mystiques, voilant Jésus, cachant sa présence et son action dans le monde ; votre vie sera pour Jésus ici-bas, comme une vie de surcroît ; vous serez des membres vivants de son Corps mystique, et, d'une certaine manière, vous remplacerez sur la terre sa sainte Humanité.

Voilà la consécration que vous avez à faire. Comprenez bien que votre consécration consiste à vous transformer, à vous changer en Jésus, à faire vivre Jésus en vous, à Lui donner pour qu'il l'utilise, tout ce que vous êtes, tout ce que vous avez, tout ce que vous faites ; comprenez bien que n'étant jamais parfaite, jamais achevée, elle doit se continuer à tous les instants : faites donc que votre vie soit une consécration continuelle de tout vous-mêmes. Et c'est ainsi que vous accomplirez le deuxième acte de votre messe mystique.

(5) Gal., II, 20.
(6) Act., X, 38.

III. — La Communion.

L'Hostie qu'il a offerte, qu'il a consacrée et qui est devenue Jésus-Christ, le prêtre la prend comme on prend un aliment et il la met dans le sanctuaire de son âme. C'est la Communion, c'est-à-dire, l'union la plus intime, la plus divine du prêtre avec Jésus.
La Communion est aussi le troisième acte de votre messe mystique. De la même façon que le prêtre, vous communiez chaque fois que vous recevez à la Table Sainte Jésus-Hostie. Cette communion sacramentelle est la communion par excellence, la seule réelle à proprement parler. Mais, en dehors de la communion eucharistique, il y a encore d'autres manières de communier à Jésus-Christ. En effet, tout acte qui unit à Jésus est une communion, une communion spirituelle, mystique, sans doute, mais en un sens, une vraie communion. Cherchez donc Jésus partout où il est, partout où il cache sa présence, et communiez à Lui.

1. Jésus est le Saint-Evangile qui est une sorte d'incarnation du Christ caché sous la lettre. Lorsque vous méditez la parole de Dieu, — je ne fais que répéter ici Mgr Landriot qui résume lui-même la doctrine des Saints-Pères sur la communion spirituelle au Christ — lorsque vous creusez le sens divin et que vous en pénétrez la moelle substantielle, il s'opère en vous un véritable mystère eucharistique, le Verbe entre en vous, alimente votre intelligence, réchauffe votre cœur, renouvelle votre vie et vous transforme en Lui : alors vous communiez à Jésus caché dans le Saint Evangile.

2. Jésus est dans les âmes qui sont en état de grâce. Lui-même a déclaré formellement et publiquement qu'il habite en elles d'une manière permanente : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous viendrons en lui, et nous ferons en lui notre demeure » (7). Il l'a affirmé encore dans un grand nombre d'autres circonstances. Quand donc, par la pensée, par l'affection, par la charité, vous êtes unis à des âmes qui possèdent la vie de la grâce, vous communiez à Jésus vivant en elles.

3. Jésus est dans les petits enfants, les humbles, les pauvres, dans tous ceux qui souffrent. C'est encore Lui-même qui l'a dit : « En vérité, tout ce que vous faites à l'un de ces petits d'entre mes frères, c'est à Moi que vous le faites » (8). Ainsi donc, quand vous vous occupez de la formation intellectuelle, morale ou religieuse des petits enfants ; quand vous rendez service et que vous venez en aide à ceux qui sont dans le besoin ; quand vous visitez et que vous soignez les malades ; quand, auprès de ceux qui ont une croix à porter et un calvaire à gravir, vous remplissez le rôle de l'Ange consolateur et du bon Cyrénéen ; quand vous donnez un peu de joie, un peu de bonheur aux déshérités de la vie, vous communiez à Jésus.

4. Jésus est dans vos supérieurs. Vous rappelez-vous le mot si délicatement surnaturel de la jeune Carmélite Elisabeth de la Trinité ? Une de ses sœurs qui était venue la visiter dans sa pauvre cellule de malade, lui dit en se retirant : Je vous quitte pour aller voir notre Mère Supérieure. « Ah ! s'écria Sœur Elisabeth, vous allez voir notre Mère ! Profitez-en bien, c'est un sacrement ! » Quand donc vous êtes auprès de vos supérieurs, votre père, votre mère, votre directeur par exemple ; quand vous écoutez attentivement leurs conseils, leurs ordres ; quand vous leur obéissez et que vous suivez de votre mieux leur direction, vous communiez à Jésus présent en eux.

5. Jésus est en tout ce que vous faites. Toutes les actions, tous les sacrifices, tous les petits détails de votre vie de chaque jour sont, dit le P. Faber, « autant de sacrements, autant de présences réelles ; car, Dieu est au fond de chacun d'eux ». Ainsi donc quand, suivant le conseil de saint Paul qui a dit : « Ayez en vous les mêmes sentiments que Jésus-Christ » (9), vous vous efforcez de penser, de vouloir, d'aimer, de sentir comme Notre-Seigneur lui-même, savez-vous ce que vous faites ? Vous communiez à la vie intérieure de Jésus ; vous communiez à son esprit, à sa volonté, à son cœur, à son âme.
Quand accomplissant le précepte du Maitre qui a dit : « Je vous ai donné l'exemple afin que ce que j'ai fait, vous le fassiez aussi » (10), vous vous appliquez à reproduire sa manière de vivre, sa conduite avec les personnes, avec les événements, avec les choses, que faites-vous ? Vous communiez à la vie extérieure de Jésus.
Quand vous souffrez dans votre corps, dans votre âme, dans votre cœur ; quand, chargés de votre croix, vous gravissez péniblement le calvaire de votre vie ; quand, étendus sur votre croix, vous expiez, vous réparez, vous méritez pour vous et pour les autres, avez-vous conscience de ce que vous faites ? Le P. Faber, en disant que « la souffrance est le plus grand des sacrements », vous le laisse entendre : Vous communiez à la Passion du Sauveur.
Quand vous visitez les pauvres, les malades et que vous faites du bien à ceux qui souffrent ; quand vous aidez à la sanctification des âmes en faisant le catéchisme, en vous occupant d'un patronage et des autres œuvres de zèle ; quand vous donnez à ceux qui vous entourent l'exemple des vertus chrétiennes ; quand vous dites à propos une bonne parole, une parole qui fait du bien, qui console, qui encourage, qui édifie, qui rend meilleur, pensez-vous à ce que vous faites ? Vous communiez à l'apostolat de Jésus.
Quand vous vous recueillez, quand vous priez, quand vous faites oraison, vous communiez à la Prière de Jésus.
Vous le voyez, en vous unissant à Jésus sacramentellement ou spirituellement, en participant à sa vie intérieure et à sa vie extérieure, vous communiez comme le prêtre. Mais il faut que vous poussiez la ressemblance avec lui jusqu'au bout. Le prêtre disant la messe n'est pas égoïste : son Hostie, il la partage avec ses frères. Vous aussi, faites comme lui. Vous communiez à Jésus, mais ne gardez pas pour vous seuls Jésus qui est en vous : faites-Le passer aux autres. Pour les membres de votre famille, pour vos amis, pour tous ceux qui vivent avec vous, soyez une eucharistie vivante, soyez une table eucharistique vivante, faites-les asseoir au banquet de votre âme et de votre cœur ; partagez avec eux vos pensées, vos affections, vos paroles, vos bonnes œuvres ; à chacun d'eux distribuez charitablement et généreusement Jésus qui est en vous. Selon le mot de saint François de Sales, ayez toujours « Jésus-Christ au cerveau, au cœur, à la poitrine, aux yeux, aux mains, à la langue, aux oreilles et aux pieds » et puis, servez-Le, donnez-Le, faites-Le passer à tout venant, à quiconque vous approche. « Tu es mon sacrement vivant, disait Jésus à une mystique de nos jours. Je me donne à toi et par toi aux âmes ». Il le dit à vous aussi.
Il me semble que vous savez bien à présent ce que c'est que communier à Jésus ; il me semble que vous avez bien compris que cette manière de communier est facile et possible à tout moment : faites donc que votre vie soit une communion continuelle à Jésus. Et c'est ainsi que vous accomplirez le troisième acte de votre messe mystique.

(7) Joan., XIV, 23.
(8) Matt., XXV, 40.
(9) Philipp., II, 5.
(10) Joan., XIII, 15.


Et maintenant, bons et pieux chrétiens, souvenez-vous que vous avez une âme sacerdotale, et que vous avez une messe à dire ; chaque jour et bien souvent chaque jour, montez à l'autel de votre cœur, répétez la parole du prêtre : « Introibo ad altare Dei », et dites votre messe mystique. Dites-la pour vous d'abord, afin que toujours vous restiez les amis fidèles de Jésus ; dites-la pour vos parents, pour vos amis, pour tous ceux qui vous sont chers et que vous aimez, afin que Jésus les bénisse et les protège ; dites-la pour l'Eglise et pour la France, afin que pour elles, Jésus abrège le temps des luttes et des épreuves, et hâte le jour de la délivrance et du triomphe.
Souvenez-vous aussi que vous devez dire votre messe comme le prêtre dit la sienne : saintement, avec foi, avec piété, avec amour. Souvenez-vous encore que votre messe sera toujours commencée et jamais terminée, et que vous devez la continuer jusqu'à l'appel suprême de l'Ange de la mort. Alors seulement vous l'achèverez. Votre dernière parole sur la terre sera pour dire : « Ite, missa est », et vous serez au ciel pour répondre éternellement : « Deo gratias ! ».


Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur
10, Montée du Télégraphe - Lyon
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