Mois de Marie

d'après Bossuet



Troisième Jour

L’étudiant qui communie

Un jeune homme se destinant au barreau fut, à cet effet, envoyé à Paris, où durant quatre à cinq ans, il mena la vie d’étudiant. Nul n’ignore les dangers moraux de cette vie où à la suite de leur vertu, sombre la foi de tant de jeunes gens, même de ceux qui ont reçu une bonne éducation chrétienne, de ceux qui ont puisé dans leurs traditions de famille l’amour de tout ce qui est pur et saint. Celui dont nous parlons avait eu, au cours de ses humanités, un professeur prêtre qu’il affectionnait beaucoup. A chaque vacances de l’étudiant le prêtre recevait sa visite, et, sans qu’il lui suggère quoi que ce soit, la visite se terminait par la confession du jeune homme qui le lendemain communiait de la main de son ancien maître. Et ainsi tout le temps de ses études qu’il termina fort brillamment.
Comme tout heureux, le prêtre s’étonnait de la persévérance vertueuse de son pénitent, malgré les dangers que courait sa vertu ; celui-ci lui dit : « mon Père, je me garde pur, grâce à la communion fréquente et j’ai le courage de fréquenter les sacrements, grâce à la dizaine de chapelet que vous m’avez fait promettre de dire chaque jour, grâce au chapelet qui ne me quitte pas, même la nuit. J’en ai fait l’expérience, chaque fois que j’ai ralenti mes prières à la Sainte Vierge, je n’arrivais pas à faire l’effort de la confession et de la communion. »
Mères chrétiennes, faites promettre à vos fils, qu’ils prieront loin de vous, leur Mère du ciel.

Résolution. – Prier Jésus au nom de sa mère.


Pratique du jour

Notre misère ici-bas est extrême, et l’indigence nous enserre de tous les côtés. C’est à chaque instant que nous en sentons peser sur nous le poids écrasant, comme c’est à chaque minute presque que nous avons besoin de secours. Secours pour notre corps dont les forces s’épuisent et que la souffrance guette, secours pour notre esprit que le doute ébranle et que l’incertitude obscurcit, secours pour notre volonté que la faiblesse fait chanceler trop souvent, secours pour le cœur, que tant de séductions menacent, secours pour l’âme enfin, qu’assiège une multitude de redoutables tentations.
Heureusement Marie est là pour nous aider. Allons à elle. Quel que soit le besoin qui nous presse, adressons-nous à son Cœur sans hésiter. Faisons passer toutes nos requêtes par ses mains maternelles. Intéressons-la à toutes nos épreuves, exposons-lui toutes nos misères, découvrons-lui tous nos maux. Plus notre indigence sera grande, plus sa pitié sera profonde, et plus elle intercèdera pour nous avec force et avec efficace auprès de Dieu !


Prière

Mendiants de Dieu par notre nature elle-même, nous voulons être, ô Marie, vos mendiants aussi par notre amour. C’est à vous que cet amour veut s’adresser dans nos multiples détresses, parce que c’est de vous que nous avons à cœur de tout tenir. Votre puissance sur votre divin Fils est sans bornes, et ses trésors sont inépuisables. Nous sommes donc sûrs que notre pauvreté ne restera pas sans secours. Accordez-nous ces secours avec abondance, car ils nous sont indispensables. N’attendez pas nos demandes. Prévenez-nous de vos bienfaits. Notre légèreté et nos ingratitudes forment obstacle, il est vrai, à ces saintes largesses. Mais ne vous y arrêtez point. Passez outre : une mère n’est-elle pas toujours indulgente pour les faiblesses de ses fils ? et comblez-nous de telle sorte de ces bienfaits que, victorieusement enchaîné par les liens d’or de la reconnaissance, notre misérable cœur soit enfin contraint de suivre Jésus-Christ et de l’aimer ! Ainsi soit-il.


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