Mois de Marie

d'après Bossuet



Huitième Jour

Ne serait-ce pas la Médaille ?

En 1866, à l’hôpital militaire de Palerme, un soldat amputé offrait le triste spectacle de la révolte contre Dieu ; et cependant, il allait mourir.
Que faire en cette extrémité ? la sœur était pleine d’angoisse quand, au moment du pansement, elle fut inspirée de glisser une médaille de l’Immaculée Conception entre les bandes qui entouraient le moignon du pauvre amputé.
Le lendemain, de grand matin, elle fut plus heureuse qu’étonnée de trouver le blessé tout changé, car elle avait compté fortement sur la Sainte Vierge. Il demandait un prêtre qui lui fut amené aussitôt. Il se confessa, répara publiquement les scandales de sa vie passée et reçut avec piété le saint viatique et l’extrême-onction. Les quelques jours qu’il vécut encore furent employés à bénir Dieu qui s’était montré si miséricordieux à son égard. L’heureux converti répétait sans cesse à ses camarades : « Voyez comme Dieu est bon ; j’ai commis tant de péchés et il m’a tout pardonné ! »
(Du Mois de Marie en histoires, Paillart, page 18)

Résolution. – Renouvelons souvent nos promesses du baptême en remerciant Dieu de notre vocation chrétienne.


Pratique du jour

« Souvenons-nous donc que nous sommes enfants de Marie (1), et que c’est à la Croix qu’elle nous engendre. Méditons ces belles paroles que nous adresse l’Ecclésiastique : « Gemitus matris tuae ne obliviscaris (a) : N’oublie pas les gémissements de ta mère. » Quand le monde t’attire par ses voluptés, pour détourner l’imagination de ses délices pernicieuses, souviens-toi des pleurs de Marie, et n’oublie jamais les gémissements de cette Mère charitable : Ne obliviscaris gemitus. Dans les tentations violentes, lorsque tes forces sont presque abattues, que tes pieds chancellent dans la droite voie, que l’occasion, le mauvais exemple ou l’ardeur de la jeunesse te presse, n’oublie pas les gémissements de ta mère ; souviens-toi des pleurs de Marie et des incroyables douleurs qui ont déchiré son âme au Calvaire. Misérable, que veux-tu faire ? Veux-tu élever encore une croix, pour y attacher Jésus-Christ ? Veux-tu faire voir à marie son Fils crucifié encore une fois, couronner sa tête d’épines, fouler aux pieds à ses yeux le sang du Nouveau Testament, et, par un si triste spectacle, rouvrir encore toutes les blessures de son amour maternel ?
Ah ! ne le faisons pas ; souvenons-nous des pleurs de Marie, souvenons-nous des gémissements parmi lesquels elle nous engendre ; c’est assez qu’elle ait souffert une fois, ne renouvelons pas ses douleurs. Au contraire, expions nos fautes par l’exercice de la pénitence. Songeons que nous sommes enfants de douleurs, et que les plaisirs de sont pas pour nous. Jésus-Christ nous enfante en mourant. Marie est notre Mère par l’affliction ; et, en nous engendrant de la sorte, tous deux nous consacrent à la pénitence. Ceux qui aiment la pénitence sont les vrais enfants de Marie. »

       (1) : Bossuet, Œuvres orat., t. II, p. 361.
       (a) : Eccl. VII, 29


Prière

« Nous espérons que par vos prières nous éviterons tous les maux qui menacent notre impénitence (1). Faites donc, Mère charitable, que nous aimions le Père céleste, qui nous adopte par son amour, et ce Rédempteur miséricordieux, qui nous engendre par ses souffrances. Faites que nous aimions la croix de Jésus, afin que nous soyons vos enfants ; afin que vous nous montriez un jour, dans le ciel, le fruit de vos bénites entrailles, et que nous jouissions avec lui de la gloire que sa bonté nous a préparée. » Amen.

       (1) : Bossuet, Œuvres orat., t. II, p. 362.

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