Mois de Marie

d'après Bossuet



Vingt-neuvième Jour

Le scapulaire

Une des pauvres filles blessées à mort dans la malheureuse échauffourée de Fourmies portait sur elle le scapulaire et c’est la seule à qui on ait eu le temps de donner l’extrême-onction. N’y a-t-il pas là une marque de la protection visible de Marie ? Quand cette bonne Mère apparut à Saint Simon Stock, elle lui dit : « Quiconque mourra revêtu de ce saint habit ne souffrira pas les peines de l’Enfer ». Ne semble-t-il pas qu’en cette circonstance encore, sa promesse se soit réalisée ? La malheureuse favorisée de cette protection avait le crâne fracassé et ne devait pas, selon toute apparence, survivre un instant à ses blessures. Elle put néanmoins être relevée, transportée au presbytère et recevoir l’extrême-onction. Un quart d’heure après, elle paraissait au tribunal de Dieu, heureuse sans doute du délai que la Sainte Vierge lui avait obtenu pour sa préparation.
(Du Mois de Marie en histoires, Paillart, p. 19).

Résolution. – Mener une vie mortifiée et austère pour être vrai enfant de Marie.


Pratique du jour

A l’exemple de la très sainte Vierge, souffrons avec notre divin Maître si nous voulons un jour triompher avec lui. Car le Calvaire est la voie la plus sûre pour aller en paradis. Si compatimur ut et conglorificemur (a).
Comprenons donc le rôle glorieux et fécond de la souffrance dans la vie chrétienne. N’oublions pas qu’en elle fermente la vie, et souvenons-nous qu’il faut que le grain de blé éclate et se déchire pour que le germe paraisse, de développe et porte son épi.
Ne soyons donc pas de ces âmes efféminées qui ne recherchent dans le commerce du Maître que des consolations et des douceurs, ni de ces cœurs sans énergie, qui, tout prêts à demeurer auprès de Notre-Seigneur au cénacle, l’abandonnent dès qu’il se lève et se met en marche pour aller à Gethsémani !...
L’amour ne s’affirme nulle part avec plus d’éclat que dans la souffrance spontanément partagée ; et le sang et les larmes sont le meilleur ciment pour unir deux cœurs à jamais !

       (a) : « Si nous souffrons avec lui nous serons glorifiés avec lui », Rom. 8, 17.


Prière

Plus que jamais, Vierge sainte, au déclin de ce mois, nous nous sentons vos enfants. Pourquoi les avons-nous si peu été jusqu’à ce jour ? Nous n’avons pas goûté suffisamment les charmes si doux pourtant de votre amour. Notre confiance pour vous n’a pas été assez grande. Dans la pratique de la vie, nous n’avons pas assez cru à votre toute-puissance sur le cœur de votre Fils. Nous n’avons pas imploré votre aide avec un abandon assez complet, et par là nous vous avons certainement attristée dans votre amour. Nous le reconnaissons humblement, et nous vous en demandons pardon, Vierge bonne entre toutes. Oui, pardon ; car nous voulons être désormais pour vous des enfants pleins de confiance, de simplicité et de tendresse. A votre tour, daignez être de plus en plus notre Mère. Toujours et partout, en tous lieux et en toutes choses, nous aurons recours à vous. Toujours et partout, en tous lieux et en toutes choses, secourez-nous. Dissipez nos doutes et fortifiez nos faiblesses. Dans nos égarements, remettez-nous dans la vraie route, et dans nos tentations soutenez-nous. Adoucissez nos souffrances, relevez-nous après nos chutes, suivez-nous pas ç pas sur le chemin de la vie, et, comme une mère vigilante, conduisez-nous jusqu’au seuil de la demeure bénie où nous n’aurons plus rien à redouter des dangers du voyage, et où nous goûterons l’allégresse des fils rentrés à jamais au foyer de leur Père. Ainsi soit-il.


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