Mois de Marie

d'après Bossuet



Trente-et-unième Jour

Les processions de Lourdes

Il m’en souvient comme d’hier, disait un prédicateur à la fin d’un sermon sur la dévotion envers la sainte Vierge. J’étais à Lourdes en 1895 et j’assistais un soir, de loin et de haut, seul et pensif, à la procession aux flambeaux. On aurait dit un fleuve très large de feu, qui prenait sa source à la grotte, montait en serpentant à travers les lacets de la montagne. Ce fleuve chantait. De milliers et de milliers de bouches montait vers le ciel le refrain sans fin de l’Ave Maria. Répétée à l’infinie : s’entrecroisant ou se fortifiant par instants, cette mélodie banale produisait ainsi une harmonie étrange à l’effet grandiose. Elle s’élevait, semblait planer d’abord, puis, par-dessus les monts s’étendre sur la France et la couvrir.
Lentement le fleuve de feu s’avançait, il se condensait dans l’hémicycle formé par les montées monumentales qui conduisent à la Basilique, il devenait mer flamboyante. Tous les processionnant étaient enfin réunis. Tout à coup un silence ; instant psychologique impressionnant, saisissant ; et de toutes les poitrines, puissant, vibrant, fier et fort, jaillit le cri : « Credo in unum Deum ! »
Empoigné, je tombai à genoux, je murmurai Credo ! et je pensai : Ah ! si ma France aimée savait, si elle voulait… au milieu de ses dissensions, de ses luttes, de ses souffrances, elle se prosternerait devant la Vierge qui a pleuré sur elle, elle dirait aussi sa prière : Ave Maria ! Et après, sûrement, elle se relèverait en chantant le Credo, le Credo de la foi, le Credo de la vérité qui délivre, le Credo de l’amour qui triomphe, Amen !

Résolution. – Garder jusqu’à la mort une tendre et confiante dévotion à la Très Sainte Vierge.


Pratique du jour

Reine du ciel et de la terre, Marie fut pleine de grâces, et son âme fut enrichie par Dieu des dons les plus magnifiques et des privilèges les plus précieux. D’où lui vint cette extraordinaire opulence ? De son union si intime avec son Fils.
A notre tour, voulons-nous abonder de grâces ? Serrons-nous contre Jésus-Christ. Entrons dans son intimité divine, puisqu’il nous y appelle, et vivons-y.
Mais cette intimité est fragile et peu durable qui n’a pas pour base solide un inviolable et profond amour. Car elle est à la merci de la moindre épreuve, et le caprice qui la fit la défait après quelques jours.
Aimons donc Jésus-Christ d’un amour aussi ardent qu’efficace. Que son amour grandisse sans cesse dans nos cœurs. Qu’il ne soit pas comme les soleils qui déclinent et dont la lumière baisse et faiblit à chaque instant. Qu’il ressemble plutôt aux soleils levants dont les clartés radieuses augmentent à chaque minute pendant qu’ils montent vers leur midi. Que, parvenu lui aussi à son midi, il s’y établisse dans une sérénité inaltérable ; qu’il y défie les séductions comme les épreuves ; qu’il y demeure invincible aux unes et aux autres, et qu’il y triomphe même de la mort.


Prière

« O Dieu, j’ai connu et j’ai senti que pour vous aimer il faut être tiré et attiré (1). Hâtez-vous donc, ô Seigneur, montrez-moi en vous toute vérité, toute perfection et tout bien, afin que je coure à vous, ravi par l’odeur de vos parfums, par la douceur de vos attraits.
Mais, ô Seigneur ! est-ce assez que vous éclairiez mon intelligence ? Ne suis-je qu’un ignorant, qu’il faut instruire ? Ma volonté n’est-elle pas aussi malade par un secret et invincible attachement au bien sensible, que mon entendement est malade par une ignorance profonde de vos mérites ? Entrez donc au-dedans de moi, ô Seigneur ! Saisissez-vous du secret et profond ressort d’où partent mes résolutions et mes volontés. Remuez, excitez, animez tout, et du dedans de mon cœur, de cette intime partie de moi-même, si je pis parler de la sorte, qui ébranle tout le reste, inspirez-moi cette chaste et puissante délectation qui fait l’amour ou qui l’est. Répandez la charité dans le fond de mon cœur, comme un baume et comme une huile céleste. Que de là elle aille, elle pénètre, et qu’elle remplisse tout au-dedans et au-dehors. Alors je vous aimerai, et je serai vraiment fort pour vous aimer de toute ma force. » Ainsi soit-il.

       (1) : Méditations sur l’Evangile, XLIXe jour.


Consécration au Cœur Immaculé de Marie

O Marie, Vierge puissante et Mère de Miséricorde, Reine du ciel et Refuge des pécheurs, nous nous consacrons à Votre Cœur Immaculé.
Nous vous consacrons notre être et notre vie toute entière ; tout ce que nous avons, tout ce que nous aimons, tout ce que nous sommes. A vous nos corps, nos cœurs, nos âmes. A vous nos foyers, nos familles, notre Patrie !
Nous voulons que tout, autour de nous, vous appartienne, et participe aux bienfaits de vos bénédictions maternelles.
Et pour que cette Consécration soit vraiment efficace et durable, nous renouvelons aujourd’hui à vos pieds, ô Marie, les promesses de notre Baptême et de notre Première Communion.
Nous nous engageons à professer courageusement et toujours les vérités de la Foi, à vivre en « catholiques » pleinement soumis à toutes les directions du pape et des Evêques en communion avec lui.
Nous nous engageons à observer les Commandements de Dieu et de l’Eglise, et particulièrement la sanctification du dimanche.
Nous nous engageons à faire entrer dans notre vie – autant qu’il nous sera possible – les consolantes pratiques de la Religion chrétienne et surtout la sainte Communion.
Nous vous promettons enfin, ô glorieuse Mère de Dieu et tendre Mère des hommes, de mettre tout notre cœur au service de votre culte béni, afin de hâter, d’assurer, par le règne de votre Cœur Immaculé, le règne du Cœur de votre adorable Fils dans nos âmes et dans toutes les âmes, dans notre cher pays et dans tout l’univers, « sur la terre comme au Ciel ». Ainsi soit-il !

« Par le règne de Marie que votre règne arrive. »
St L.-M. Grignion de Montfort