Théotokos

"Jésus-Christ, Le Fils unique de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu, par l'Esprit-Saint a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme". Voilà ce que proclame le symbole de foi énoncé par le concile de Constantinople, en 381. C'est donc tout naturellement que le peuple chrétien a pris l'habitude de donner à Marie le titre de Mère de Dieu (en grec théotokos, celle qui a enfanté Dieu).

Ce titre heurte le théologien Nestorius, patriarche de Constantinople, en 428. Formé à l'école exégétique d'Antioche, qui souligne la distinction entre la divinité et l'humanité en Jésus, il part en guerre contre ce qui lui apparaît comme une nouvelle hérésie : "Je refuse de voir un Dieu formé dans le sein d'une femme !" Pour lui, Marie est la mère de l'homme Jésus, non du Verbe éternel.

Ses attaques contre le titre de Mère de Dieu, mettent en émoi le peuple de Constantinople. Le scandale parvient jusqu'à Cyrille, évêque d'Alexandrie, grand défenseur de l'unité du Christ Dieu et homme. Ce qui est en jeu, ce n'est pas le statut de Marie, mais la réalité de l'Incarnation : Jésus fils de Marie est-il vraiment Dieu ? Si oui, sa mère peut véritablement être dite Mère de Dieu.

Cyrille se dépense sans compter, écrit aux moines d'Egypte, aux évêques, au pape de Rome, à Nestorius lui-même. Après bien des péripéties, un concile œcuménique se tient en 431 à Ephèse, ville mariale par excellence : c'est là que Marie aurait résidé avec Jean après la Pentecôte. Cent cinquante évêques d'Orient et d'Occident y consacrent la reconnaissance par l'Eglise de la maternité divine de Marie.

La piété populaire a tout de suite fait sienne cette affirmation des théologiens : "Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous" (rite latin). "Toi véritablement Mère de Dieu, nous te magnifions" (rite byzantin).

Marie-Hélène Congourdeau - Jacques Fournier
Le Livre des Saints - Brépols