Confiance en la Miséricorde Divine

2. Le Sacrement de Réconciliation





« Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades.
Allez donc apprendre ce que signifie :
C'est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice.
En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. »
Mt 9, 13


Nous sommes tous pécheurs

Si nous disons : « Nous n'avons pas de péché »,
nous nous abusons,
la vérité n'est pas en nous.
Si nous confessons nos péchés,
lui, fidèle et juste,
pardonnera nos péchés
et nous purifiera de toute iniquité.
1 Jn 1, 8-9

Ne prétendons aucunement que notre vie est vertueuse et que nous sommes sans péché. Pour que notre vie mérite l'éloge, demandons pardon. Les hommes sans espérance, moins ils font attention à leurs propres péchés, plus ils sont curieux des péchés d'autrui. Ils ne cherchent pas ce qu'ils vont corriger, mais ce qu'ils vont critiquer. Et puisqu'ils ne peuvent pas s'excuser, ils sont prêts à accuser les autres. Ce n'est pas l'exemple de prière et de satisfaction envers Dieu que nous donne le psalmiste lorsqu'il dit : Car mon crime, moi, je le reconnais ; et mon péché est toujours devant moi. Celui-là n'était pas attentif aux péchés d'autrui. Il invoquait son propre témoignage contre lui-même, il ne se flattait pas, mais il s'examinait, il descendait profondément en lui-même. Il ne se pardonnait pas et c'est justement pour cela qu'il pouvait demander sans impudence d'être pardonné.
Tu veux te réconcilier avec Dieu ? Apprends à te comporter de telle sorte que Dieu se réconcilie avec toi. Remarque ce qu'on lit dans le même psaume : Car, si tu avais voulu un sacrifice, je te l'aurais bien offert ; tu ne prendras pas plaisir aux holocaustes. Tu n'auras donc pas de sacrifice ? Tu n'auras rien à offrir, tu n'auras aucune offrande pour te réconcilier avec Dieu ? Ecoute la suite, et dis à ton tour : Le sacrifice pour Dieu, c'est un esprit brisé. Le cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprise pas. Après avoir rejeté ce que tu offrais, tu as trouvé quelque chose à offrir. […]
Cherche dans ton cœur ce qui peut plaire à Dieu. Il faut briser ton cœur. Ne crains pas qu'il en meure ! On te le dit ici : O Dieu, crée en moi un cœur pur. Pour que soit créé un cœur pur, il faut briser le cœur impur.
Il faut nous déplaire à nous-mêmes quand nous péchons, parce que les péchés déplaisent à Dieu. Et puisque nous ne sommes pas sans péché, nous ressemblerons à Dieu au moins en ce que le péché nous déplaît, comme à lui. Pour une part tu seras uni à la volonté de Dieu, car ce qui te déplaît en toi, c'est ce que déteste celui qui t'a créé.
Saint Augustin, Homélie sur l'Ancien Testament, 19, 2-3.

« Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Allez donc apprendre ce que signifie : C'est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. »
Mt 9, 12-13, Mc 2, 17 & Lc 5, 31

Dieu est accusé de se pencher vers l'homme, de s'asseoir près du pécheur, d'avoir faim de sa conversion et soif de son retour, de prendre l'aliment de la miséricorde et la coupe de la bienveillance. Mais le Christ, mes frères, est venu à ce repas ; la Vie est venue parmi ces convives pour que, condamnés à mort, ils vivent avec la Vie ; la Résurrection s'est couchée pour que ceux qui gisaient se lèvent de leurs tombes ; la Bonté s'est abaissée pour élever les pécheurs jusqu'au pardon ; Dieu est venu à l'homme pour que l'homme parvienne à Dieu ; le juge est venu au repas des coupables pour soustraire l'humanité à la sentence de condamnation ; le médecin est venu chez les malades pour les rétablir en mangeant avec eux ; le Bon Pasteur a penché l'épaule pour rapporter la brebis perdue au bercail du salut.
« Il mange avec les publicains et les pécheurs ! » Mais qui est pécheur, sinon celui qui refuse de se voir tel ? N'est-ce pas s'enfoncer dans son péché, et à vrai dire s'identifier à lui, que cesser de se reconnaître pécheur ? Et qui est injuste, sinon celui qui s'estime juste ? ... Allons, pharisien, confesse ton péché, et tu pourras venir à la table du Christ ; le Christ pour toi se fera pain, ce pain qui sera rompu pour le pardon de tes péchés ; le Christ deviendra pour toi la coupe, cette coupe qui sera versée pour la rémission de tes fautes. Allons, pharisien, partage le repas des pécheurs, et le Christ partagera ton repas ; reconnais-toi pécheur, et le Christ mangera avec toi ; entre avec les pécheurs au festin de ton Seigneur, et tu pourras ne plus être pécheur ; entre avec le pardon du Christ dans la maison de la miséricorde.
Saint Pierre Chrysologue, Sermon 30 : PL 52, 285-286 (trad. En Calcat rev.)

C'est avec raison, mes frères, que l'Église applique aux saints apôtres Pierre et Paul ces paroles du Sage : « Ce sont des hommes de miséricorde, dont les bienfaits ne tombent pas dans l'oubli ; les biens qu'ils ont laissés à leur postérité subsistent toujours » (Si 44,10-11). Oui, on peut bien les appeler des hommes de miséricorde : parce qu'ils ont obtenu miséricorde pour eux-mêmes, parce qu'ils sont pleins de miséricorde, et que c'est dans sa miséricorde que Dieu nous les a donnés.
Voyez, en effet, quelle miséricorde ils ont obtenue. Si vous interrogez saint Paul sur ce point..., il vous dira de lui-même : « J'ai commencé par être un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur ; mais j'ai obtenu miséricorde de Dieu » (1Tm 1,13). En effet, qui ne sait tout le mal qu'il a fait aux chrétiens de Jérusalem...et même dans la Judée toute entière ?... Pour ce qui est du bienheureux Pierre, j'ai une autre chose à vous dire, mais une chose d'autant plus sublime qu'elle est unique. En effet, si Paul a péché, il l'a fait sans le savoir, car il n'avait pas la foi ; Pierre au contraire avait les yeux grands ouverts au moment de sa chute (Mt 26,69s). Mais « là où la faute a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20)... Si saint Pierre a pu s'élever à un tel degré de sainteté après avoir fait une chute si lourde, qui pourra désormais désespérer, pour peu qu'il veuille lui aussi sortir de ses péchés ? Remarquez ce que dit l'Évangile : « Il sortit et pleura amèrement » (v. 75)...
Vous avez entendu quelle miséricorde les apôtres ont obtenue, et désormais personne parmi vous ne sera accablé de ses fautes passées plus qu'il ne faut... Si tu as péché, Paul n'a-t-il pas péché davantage ? Si tu as fait une chute, Pierre n'en a-t-il pas fait une plus profonde que toi ? Or, l'un et l'autre, en faisant pénitence, non seulement ont obtenu le salut mais sont devenus de grands saints, sont même devenus les ministres du salut, les maîtres de la sainteté. Fais donc de même, mon frère, car c'est pour toi que l'Écriture les appelle « des hommes de miséricorde ».
Saint Bernard, 3ème sermon pour la fête des saints apôtres Pierre et Paul, passim.

1849 - Le péché est une faute contre la raison, la vérité, la conscience droite ; il est un manquement à l'amour véritable, envers Dieu et envers le prochain, à cause d'un attachement pervers à certains biens. Il blesse la nature de l'homme et porte atteinte à la solidarité humaine. Il a été défini comme "une parole, un acte ou un désir contraires à la loi éternelle" (S. Augustin, Faust. 22, 27 : PL 42, 418 ; S. Thomas d'A., s. th. 1-2, 71, 6).
1850 - Le péché est une offense de Dieu : "Contre toi, toi seul, j'ai péché. Ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait" (Ps 51, 6). Le péché se dresse contre l'amour de Dieu pour nous et en détourne nos cœurs. Comme le péché premier, il est une désobéissance, une révolte contre Dieu, par la volonté de devenir "comme des dieux", connaissant et déterminant le bien et le mal (Gn 3, 5). Le péché est ainsi "amour de soi jusqu'au mépris de Dieu" (S. Augustin, civ. 14, 28). Par cette exaltation orgueilleuse de soi, le péché est diamétralement contraire à l'obéissance de Jésus qui accomplit le salut (cf. Ph 2, 6-9).
1851 - C'est précisément dans la Passion où la miséricorde du Christ va le vaincre, que le péché manifeste le mieux sa violence et sa multiplicité : incrédulité, haine meurtrière, rejet et moqueries de la part des chefs et du peuple, lâcheté de Pilate et cruauté des soldats, trahison de Judas si dure à Jésus, reniement de Pierre et abandon des disciples. Cependant, à l'heure même des ténèbres et du Prince de ce monde (cf. Jn 14, 30), le sacrifice du Christ devient secrètement la source de laquelle jaillira intarissablement le pardon de nos péchés.
Catéchisme de l'Eglise Catholique, 3ème partie, 1ère section, chapitre 1er, article 8.

« Deux hommes montèrent au Temple pour prier ; l'un était Pharisien, et l'autre publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : "Mon Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain…" Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant : "Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis !"… »
Lc 18, 9-14

Le publicain nous présente une conscience « pénitente » qui se rend pleinement compte de la fragilité de sa nature et qui voit dans ses manquements, quelles qu'en soient les justifications subjectives, une confirmation du fait qu'il a besoin de rédemption. Le pharisien nous présente une conscience « satisfaite d'elle-même », qui est dans l'illusion de pouvoir observer la loi sans l'aide de la grâce et a la conviction de ne pas avoir besoin de la miséricorde.
Une grande vigilance est demandée à tous, afin de ne pas se laisser gagner par l'attitude pharisaïque qui prétend éliminer le sentiment de ses limites et de son péché, qui s'exprime aujourd'hui particulièrement par la tentative d'adapter la norme morale à ses capacités, à ses intérêts propres et qui va jusqu'au refus du concept même de norme. Au contraire, accepter la « disproportion » entre la loi et les capacités humaines, c'est-à-dire les capacités des seules forces morales de l'homme laissé à lui-même, éveille le désir de la grâce et prédispose à la recevoir.
Jean-Paul II, Encyclique Veritatis Splendor, 6 août 1993 (104, 105).

Le sacrement de Pénitence est la voie ordinaire pour obtenir le pardon et la rémission des péchés graves commis après le baptême. Assurément, le Sauveur et son œuvre salvifique ne sont pas liés à quelque signe sacramentel au point de ne pouvoir, en n'importe quel moment et domaine de l'histoire du salut, agir en dehors et au-dessus des sacrements. Mais à l'école de la foi, nous apprenons que le même Sauveur a voulu et disposé que les humbles et précieux sacrements de la foi soient ordinairement les moyens efficaces par lesquels passe et agit sa puissance rédemptrice. Il serait donc insensé et pas seulement présomptueux de vouloir laisser arbitrairement de côté des instruments de grâce et de salut que le Seigneur a institués et, en l'occurrence, de prétendre recevoir le pardon sans recourir au sacrement institué par le Christ précisément en vue du pardon.
Jean-Paul II, Exhortation apostolique Reconciliatio et Paenitentia, 2 décembre 1984.

Purifiez vos cœurs dans le Sacrement de la Réconciliation. Ils mentent ceux qui accusent l'Eglise de faire preuve d'une mentalité "répressive" lorsqu'elle invite à la pénitence. La confession sacramentale ne constitue pas une répression, mais une libération ; elle n'entretient pas le sens de la faute, mais elle efface la faute, elle dissous le mal commis et elle donne la grâce du pardon. […]
Tous ceux qui, parfois après de longues années et chargés de graves péchés, s'approchent du confessionnal trouvent en le quittant le soulagement désiré, ils retrouvent la joie et la sérénité de la conscience qu'on ne saurait trouver nulle part sinon dans la confession. Il n'est personne – en effet, sauf Dieu uniquement – qui puisse nous délivrer de notre péché.
Jean-Paul II, 16 mars 1980.

C'est le Sacrement de la Pénitence ou de la Réconciliation qui aplanit la route de chacun, même quand il est accablé par de lourdes fautes. Dans ce Sacrement, tout homme peut expérimenter de manière unique la miséricorde, c'est-à-dire l'amour qui est plus fort que le péché.
Jean-Paul II, Encyclique Dives in Misericordia, 30 novembre 1980.

« Je confesse à Dieu, le Père tout puissant, et je reconnais devant mes frères, que j'ai péché en pensée, en parole, par action et par omission ; oui, j'ai vraiment péché. C'est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les Anges et tous les Saints, et vous aussi, mes frères, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu. »