Paresse et Travail

La Paresse

" Va voir la fourmi, paresseux !
Observe ses moeurs et deviens sage :
elle qui n'a ni magistrat,
ni surveillant ni chef,
durant l'été elle assure sa provende
et amasse, au temps de la moisson, sa nourriture.
Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché ?
Quand te lèveras-tu de ton sommeil ? "

Proverbes 6.6-9

" Le paresseux dit : "Il y a un lion dehors !
dans la rue je vais être tué !". "

Proverbes 22.13

" Près du champ du paresseux j'ai passé,
près de la vigne de l'homme court de sens.
Or voici : tout était monté en orties,
le chardon en couvrait la surface,
le mur de pierre était écroulé.
Ayant vu, je réfléchis,
ayant regardé, je tirai cette leçon :
"Un peu dormir, un peu s'assoupir,
un peu croiser les bras en s'allongeant,
et, tel un rôdeur, viendra l'indigence
et la disette, comme un mendiant !". "

Proverbes 24.30-34

" Le paresseux est semblable à une pierre crottée,
tout le monde le persifle.
Le paresseux est semblable à une poignée d'ordures,
quiconque le touche secoue la main. "

Ecclésiastique 22.1-2

" Vous savez bien comment il faut nous imiter. Nous n'avons pas eu une vie désordonnée parmi vous, nous ne nous sommes fait donner par personne le pain que nous mangions, mais de nuit comme de jour nous étions au travail, dans le labeur et la fatigue, pour n'être à la charge d'aucun de vous : non pas que nous n'en ayons le pouvoir, mais nous entendions vous proposer en nous un modèle à imiter. "
2 Thessaloniciens 3.7-9

Le docteur des nations, le hérault de l'Evangile, celui qui a été élevé jusqu'au troisième ciel, celui qui a dit que le Seigneur déclare que les prédicateurs de l'Evangile doivent vivre de l'Evangile, lui, travaille nuit et jour dans la peine et l'épuisement pour n'être à charge de personne. Que ferons-nous donc, nous qui avons le travail en dégoût et recherchons le bien-être du corps ?
Jean Cassien, Sur les huit pensées

" Quand nous étions près de vous, nous vous donnions cette règle : si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. Or nous entendons dire qu'il en est parmi vous qui mènent une vie désordonnée, ne travaillant pas du tout mais se mêlant de tout. Ceux-là, nous les invitons et engageons dans le Seigneur Jésus-Christ à travailler dans le calme et à manger le pain qu'ils auront eux-mêmes gagné. "
2 Thessaloniciens 3.10-12

On doit prendre garde de ne point se jeter dans l'extrême, et éviter deux erreurs qui arrivent dans la vie spirituelle : la première est celle de ceux qui s'embarassent et s'embrouillent dans une trop grande multitude d'actes; et la seconde, celle d'autres qui n'en font pas assez, et qui tombent dans une oisiveté et une fainéantise d'esprit.
J.-B. Saint-Jure, De la connaissance et de l'amour du Fils de Dieu, L. III, chap. VII

Le repos du corps et l'oisiveté sont la perdition de l'âme. Ils peuvent nuire plus que les démons. Quand tu obliges le corps faible à travailler plus qu'il ne peut, tu imposes à ton âme ténèbres sur ténèbres, et tu portes en elle la confusion. Mais si tu livres le corps vigoureux au repos et à l'oisiveté, tu permets à tous les vices de se développer dans l'âme qui demeure en lui. Quand bien même on désirerait profondément le bien, l'oisiveté efface jusqu'à l'idée du bien qu'on porte en soi.
Saint Isaac le Syrien, Discours ascétiques (73° discours)

Il est dangereux de se tenir dans l'oisiveté, soit du corps, soit de l'esprit : car, comme une terre, quelque bonne qu'elle puisse être, si néanmoins elle est laissée quelque temps en friche, produit incontinent des chardons et des épines, aussi notre âme ne peut pas se tenir longtemps en repos et en oisiveté, qu'elle ne ressente quelques passions ou tentations qui la portent au mal.
Saint Vincent de Paul, Aux prêtres de la Mission, XI, 32

D. - En quoi consiste l'amendement de la paresse ?
R. - Premièrement à régler le dormir, en telle sorte que l'on ne prenne que ce qui suffit pour maintenir les forces du corps.
Secondement à corriger une certaine procédure négligente qui se glisse en ceux qui sont sujets à ce vice, qui consiste à faire lâchement toutes choses, à prendre son repos partout, et à s'appesantir principalement après le repas en une fainéante disposition d'esprit. Cela se combat par la ferveur, et sans marchander quand il est question de faire quelque chose, comme à se lever le matin et faire les fonctions de son office.
Troisièmement à se garder soigneusement de l'oisiveté, très dangereuse à l'âme; ce qui se fait par une occupation continuelle de l'esprit ou du corps, hors le repos nécessaire.

Jean-Joseph Surin, Catéchisme spirituel, 1° Partie, chap. V


Le Travail

" Qui cultive sa terre sera rassasié de pain,
qui poursuit des chimères est dépourvu de sens. "

Proverbes 12.11

Monte, mais par la voie des commandements ! L'action (la praxis) est l'échelle de la contemplation (theoria).
Saint Grégoire de Nazianze, Discours, 39

L'amour doit se mettre dans les actes plus que dans les paroles.
Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, Contemplation

Le véritable amour ne se contente point d'allumer dans le coeur des affections et des désirs pour l'objet aimé, mais de plus il fait agir et travailler pour son service.
J.-B. Saint-Jure, De la connaissance et de l'amour du Fils de Dieu, L. III, chap. I

Dieu, parlant au juste, dit qu'il vivra du travail de ses mains, comme s'il avait voulu nous donner à entendre que la plus grande obligation de l'homme, après le service qu'il doit rendre à Dieu, est de travailler pour gagner sa vie, et qu'il bénira de telle sorte la peine qu'il prendra, qu'on ne le verra point en nécessité, qu'il ne sera à charge à personne, et que de ce qu'il fera il vivra et soutiendra sa famille, et tout lui succèdera. Dieu même promet de travailler avec lui, et, en travaillant, il bénira Dieu.
Eh quoi ! si un Dieu, empereur de tout le monde, n'a jamais été un moment sans agir au dedans et au dehors depuis que le monde est monde, et jusqu'aux plus basses productions de la terre, avec lesquelles il concourt, combien est-il plus raisonnable que nous, qui sommes ses créatures, travaillions, comme il a dit, à la sueur de nos visages !

Saint Vincent de Paul, Conférence aux Filles de la Charité, IX

Chaque moment amène un devoir qu'il faut remplir avec fidélité.
Jean-Pierre de Caussade, L'Abandon à la Providence divine, I

Qu'est-ce en effet qu'être sainte, pour une créature, sinon adhérer à Dieu au maximum de ses puissances ? -et qu'est-ce qu'adhérer à Dieu au maximum, sinon remplir, dans le Monde organisé autour du Christ, la fonction exacte, humble ou éminente, à laquelle, par nature et par surnature, elle est destinée ?
Pierre Teilhard de Chardin, Le Milieu divin, 1° Partie, 5

L'état où Dieu vous a mis est celui qui vous est le plus propre, qui est plus à sa gloire, pour votre plus grande perfection, avancement et salut. Tout autre que vous choisiriez de vous-même vous serait nuisible, faute d'avoir tous ces avantages : ne songez donc qu'à vous bien acquitter des obligations de l'état où Dieu vous a mis.
Jean-Joseph Surin, L'Oratoire des âmes dévotes.

Il n'y a pour chacun de nous, à chaque instant, qu'une seule place possible, celle où nous établit la fidélité continuée aux devoirs naturels et surnaturels de la vie. En ce point, auquel nous ne nous trouverons au moment voulu que si nous déployons, sur tous les terrains, notre plus industrieuse activité, Dieu se communiquera à nous dans sa plénitude.
Pierre Teilhard de Chardin, Le Milieu divin, 3° Partie, 1

En soi, par nature, le travail est un facteur multiple de détachement pour tous ceux qui s'y livrent sans révolte, avec fidélité...
Pour qui tend convenablement sa voile au souffle de la Terre, un courant se décèle qui force à prendre toujours la plus haute mer. Plus un homme désire et agit noblement, plus il devient avide d'objets larges et sublimes à poursuivre. La seule famille, le seul pays, la seule face rémunératrice de son action ne lui suffisent bientôt plus. Il lui faudra des organisations générales à créer, des voies nouvelles à frayer, des Causes à soutenir, des Vérités à découvrir, un Idéal à nourrir et à défendre. -Ainsi, peu à peu, l'ouvrier de la Terre ne s'appartient plus. Petit à petit, le grand souffle de l'Univers, insinué en lui par la fissure d'une action humble mais fidèle, l'a dilaté, soulevé, emporté.

Pierre Teilhard de Chardin, Le Milieu divin, 1° Partie, 6

Il faut, quand il est question de quelque affaire un peu notable, consulter Dieu, souhaiter et attendre sa lumière et son assistance, même faire prier pour la demander, et, afin de savoir sa volonté, ainsi que le conseillait saint Ignace à ses enfants, faire oraison avant que de se déterminer d'exécuter quelque chose.
Jean-Joseph Surin, Catéchisme spirituel, Tome 2, 8° partie, chap. VI

Voici à quels signes on reconnaît si, dans les oeuvres de zèle, on agit pour Dieu seul :
1° Ne pas se troubler quand on n'obtient pas le succès : Dieu ne le veut pas, on ne le veut pas non plus.
2° Se réjouir du bien accompli par les autres autant que si on l'avait fait soi-même.
3° N'avoir de préférence pour aucun emploi, mais accepter volontiers celui qu'assigne l'obéissance.
4° Après son travail, ne rechercher ni remerciements ni compliments. Aussi, vienne la critique ou le blâme, on ne s'en afflige point, content toujours et uniquement du contentement de Dieu. S'il arrive, au contraire, qu'on recoive quelques louanges du monde, on n'en tire point vanité : à la vaine gloire qui se présente et sollicite le coeur, on répond avec le bienheureux Jean d'Avila : "Va-t-en, tu arrives trop tard, j'ai déjà donné tout mon travail à Dieu".

Saint Alphonse de Liguori, L'art d'aimer Jésus-Christ, VII

C'est pourquoi, on doit bien faire tout ce que l'on peut, et ne rien épargner de ce qui dépendra de nous pour mener une affaire à bonne fin; mais après, il faut en laisser le succès à Dieu, à qui elle touche bien plus qu'à nous; et si elle n'arrive pas, ne point s'en fâcher ni s'en émouvoir, mais conserver inviolablement la tranquillité de son esprit, content de ce que la volonté de Dieu s'exécute; ce qui doit être le seul but de nos desseins.
J.-B. Saint-Jure, De la connaissance et de l'amour du Fils de Dieu, L. III, chap. V


Impatience et Patience

L'Impatience

Non, chères âmes, rien ne vous manque, tout ce que vous appelez revers, contretemps, mal-à-propos et sans raison, contrariétés, si vous saviez ce que c'est, vous seriez dans une extrême confusion. Ce sont des blasphèmes, mais vous n'y pensez pas. Tout cela n'est autre chose que la volonté de Dieu; elle est blasphémée par ses chers enfants qui la méconnaissent.
Jean-Pierre de Caussade, L'abandon à la Providence divine, IX


La Patience

" Tout ce qui t'advient, accepte-le
et, dans les vicissitudes de ta pauvre condition, montre-toi patient,
car l'or est éprouvé par le feu,
et les élus dans la fournaise de l'humiliation. "

Ecclésiastique 2.4-5

Elle [la patience] a le visage tranquille et calme; le front serein, sans aucune ride de chagrin ou de colère pour le contracter; les sourcils également détendus en signe de joie; avec les yeux baissés, par humilité et non sous le poids du malheur; la bouche portant le sceau de la dignité du silence; le teint des gens paisibles et innocents...
Tertullien, Sur la patience

L'humilité et la patience sont, pour ainsi dire, les épaules de la charité, d'autant qu'elles portent ses charges.
Louis Lallemant, Addition à la Doctrine spirituelle, V

Le silence de patience dans les afflictions, les souffrances et les contradictions, est une des choses les plus difficiles à pratiquer de la morale chrétienne.
J.-B. Bossuet, Sermon (Méditation sur le silence)

Celui-là n'a pas la vraie patience qui ne veut souffrir qu'autant qu'il lui plaît et de qui il lui plaît.
L'homme vraiment patient n'examine point qui l'éprouve, si c'est son supérieur, son égal ou son inférieur, un homme de bien ou un méchant.
Mais, indifférent sur les créatures, il reçoit de la main de Dieu, avec reconnaissance, et aussi souvent qu'il le veut, tout ce qui lui arrive de contraire.

Imitation de Jésus-Christ, L. III, chap. XIX

La Patience qui est le Christ est apparue publiquement parmi les hommes sur la terre, elle s'est laissée pour ainsi dire toucher du doigt... Le geste du disciple tirant le glaive pour le venger blesse la patience du Seigneur en même temps que Malchus... Merveilleuse égalité d'âme sans aucune défaillance : celui qui avait voulu rester caché sous une forme humaine n'a rien pris de l'humaine impatience.
Tertullien, Sur la patience, 6


Colère et Douceur

La Colère " Le souhait des justes, ce n'est que le bien,
l'espoir des méchants, c'est la colère. "

Proverbes 11.23

" L'homme prompt à la colère fait des sottises,
l'homme malintentionné est odieux. "

Proverbes 14.17

" Du charbon sur les braises, du bois sur le feu,
tel est l'homme querelleur pour attiser les disputes. "

Proverbes 26.21

" Ne te hâte pas de t'irriter, car l'irritation habite au coeur des insensés. "
Ecclésiaste 7.9

" Si un homme nourrit de la colère contre un autre,
comment peut-il demander à Dieu la guérison ?
...
Reste à l'écart des querelles, et tu éviteras le péché;
l'homme passionné attise les querelles;
le pécheur sème le trouble parmi les amis,
parmi les gens qui vivent en paix il jette la brouille.
Le feu brûle suivant son combustible,
la querelle se propage d'après sa violence;
la fureur d'un homme dépend de sa force,
sa colère monte selon sa richesse.
Une querelle soudaine allume le feu,
une dispute irréfléchie fait verser le sang.
Souffle sur une flamèche, elle s'enflamme,
crache dessus, elle s'éteint :
telle est la puissance de ta bouche. "

Ecclésiastique 28.3 et 8-12

" Sachez-le, mes frères bien-aimés : que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère; car la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu. Rejetez donc toute malpropreté, tout reste de malice et recevez avec docilité la Parole qui a été implantée en vous et qui peut sauver vos âmes. "
Jacques 1.19-21

On gagne moins par un jeûne que l'on ne perd par un mouvement de colère.
Jean Cassien, Conférences, I

" Moi je vous dis : Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal; mais s'il dit à son frère : "Crétin", il en répondra au Sanhédrin; et s'il dit : "Renégat !", il en répondra dans la géhenne du feu. Quand donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère; puis reviens, et alors présente ton offrande. "
Matthieu 5.22-24

L'amma Synclétique a dit : "Il est bon de ne pas se mettre en colère, mais si cela arrive, l'Apôtre ne te concède même pas un délai d'un jour pour la passion, car il a dit : "Que le soleil ne se couche pas sur elle" (Eph. 4.26). Mais toi, tu attends jusqu'au couchant de ta vie. Pourquoi hais-tu l'homme qui t'as contristé ? Ce n'est pas lui qui commet l'injustice, c'est le diable. Hais la maladie, mais non le malade".
Sentences des Pères du désert, Synclétique, 13 (VS64)

L'oraison qui se fait contre la colère présente et pressante doit être pratiquée doucement, tranquillement, et non point violemment; ce qu'il faut observer en tous les remèdes qu'on use contre ce mal. Avec cela, soudain que vous vous apercevrez avoir fait quelque acte de colère, réparez la faute par un acte de douceur, exercé promptement à l'endoit de la même personne contre laquelle vous vous serez irritée.
Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote, III-8


La Douceur

" Le serviteur du Seigneur ne doit pas être querelleur, mais accueillant à tous, capable d'instruire, patient dans l'épreuve; c'est avec douceur qu'il doit reprendre les opposants, en songeant que Dieu, peut-être, leur donnera de se convertir, de connaître la vérité et de revenir à la raison, une fois dégagés des filets du diable, qui les retient captifs, asservis à sa volonté. "
2 Timothée 2.24-26

" Apprenez de moi (dit le Seigneur) que je suis doux et humble de coeur ". L'humilité nous perfectionne envers Dieu, et la douceur envers le prochain.
Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote, III-8

Ceux qui recherchent la perfection de la douceur doivent mettre tout leur soin non seulement à ne pas se mettre en colère contre des hommes, mais à ne pas s'irriter non plus contre les animaux ni contre les choses.
Jean Cassien, Sur les huit pensées

Tu dois, par ta douceur, guérir l'amertume des autres qui t'attaquent et panser leurs blessures, sans être blessé toi-même.
Jean Tauler, Sermon, 75