4. Le choix de Dieu

" Meilleur que la vie, ton amour;
mes lèvres diront ton éloge.
Oui, je veux te bénir en ma vie,
à ton nom, élever les mains;
comme de graisse et de moelle se rassasie mon âme,
lèvres jubilantes, louange en ma bouche.

Quand je songe à toi sur ma couche,
au long des veilles je médite sur toi,
toi qui fus mon secours,
et je jubile à l'ombre de tes ailes;
mon âme se presse contre toi,
ta droite me sert de soutien. "

Psaume 63.4-9

La seule religion enseignée par Jésus-Christ nous oblige à aimer Dieu plus que nous-mêmes, et à ne nous aimer que pour l'amour de lui. Elle nous propose pour paradis le parfait et éternel amour; elle exige le renoncement à nous-mêmes, abneget semetipsum, c'est-à-dire l'exclusion de tout amour propre, pour nous réduire à nous aimer par charité, comme quelque chose qui appartient à Dieu, et qu'il veut que nous aimions en lui. Ce renversement de tout l'homme est le rétablissement de l'ordre, et la naissance de l'homme nouveau.
Fénelon, Lettres sur divers sujets..., I, 131

Tout sous les yeux de Dieu, tout avec Dieu, tout pour plaire à Dieu. Allons mon âme, tu vas converser avec le bon Dieu, travailler avec lui, marcher avec lui, combattre et souffrir avec lui. Tu travailleras, mais il bénira ton travail; tu marcheras, mais il bénira tes pas; tu souffriras, mais il bénira tes larmes. Qu'il est grand, qu'il est noble, qu'il est consolant de tout faire en la compagnie et sous les yeux du bon Dieu, de penser qu'il voit tout, qu'il compte tout !
Disons donc chaque matin : "Tout pour vous plaire, ô mon Dieu : toutes mes actions avec vous ". Que la pensée de la sainte présence de Dieu est douce et consolante ! Jamais on ne se lasse, les heures coulent comme des minutes. Enfin, c'est un avant-goût du ciel.

Saint Curé d'Ars, Conversations

David s'écriait : "Je l'ai dit, maintenant je commence (Ps 76.11) ". Et saint Charles Borromée allait répétant : " Aujourd'hui je commence à servir Dieu ". Il nous faut agir de même, comme si jusqu'ici nous n'avions fait aucun bien. En effet, quoi que nous fassions pour Dieu, ce tout n'est rien, et ce tout n'est que notre devoir. Renouvelons donc chaque jour la résolution d'appartenir entièrement à Dieu.
Saint Alphonse de Liguori, L'art d'aimer Jésus-Christ, VIII

Se perdre en Dieu, c'est s'oublier soi-même pour n'avoir le coeur occupé que de lui, et s'absorber dans l'infinité de sa perfection, par une ferme foi, qu'on ne peut ni rien penser ni rien faire qui soit tant soit peu digne de lui.
J.-B. Bossuet, Lettre à Mme de la Maisonfort

Je suis vôtre, Seigneur, et ne dois être qu'à vous; mon âme est vôtre, et ne doit vivre que par vous; ma volonté est vôtre, et ne doit aimer que pour vous; mon amour est vôtre, et ne doit tendre qu'en vous. Je dois vous aimer comme mon premier principe, puisque je suis de vous; je dois vous aimer comme ma fin et mon repos, puisque je suis pour vous; je dois vous aimer plus que mon être, puisque mon être subsiste par vous; je dois vous aimer plus que moi-même, puisque je suis tout à vous et en vous.
Saint François de Sales, Traité de l'Amour de Dieu, X, 10


5. Confiance en la Providence divine

" Décharge sur YHWH ton fardeau
et lui te subviendra,
il ne peut laisser à jamais
chanceler le juste. "

Psaume 55.23

" De toute votre inquiétude, déchargez-vous sur lui, car il a soin de vous. "
1 Pierre 5.7

" Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en les greniers, et votre Père céleste les nourrit ! Ne valez-vous pas plus qu'eux ? Qui d'entre-vous d'ailleurs peut, en s'en inquiétant, ajouter une seule coudée à la longueur de sa vie ? Et du vêtement, pourquoi vous inquiéter ? Observez les lys des champs, comme ils poussent : ils ne peinent ni ne filent. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. Que si Dieu habille de la sorte l'herbe des champs, qui est aujourd'hui et demain sera jetée au four, ne fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi ! Ne vous inquiétez donc pas en disant : qu'allons-nous manger ? Qu'allons-nous boire ? De quoi allons-nous nous vêtir ? Ce sont là toutes choses dont les païens sont en quête. Or votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : demain s'inquiètera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. "
Matthieu 6.25-34

" Ne vend-on pas deux passereaux pour un as ? Et pas un d'entre eux ne tombera au sol à l'insu de votre Père ! Et vous donc ! Vos cheveux même sont tous comptés ! Soyez donc sans crainte; vous valez mieux qu'une multitude de passereaux. "
Matthieu 10.29-31 et Luc 12.6-7

Il n'est donc rien, depuis l'infiniment grand jusqu'à l'infiniment petit, qui échappe à l'éternelle Providence de Dieu ni qui s'en écarte, soit dans les actes libres de l'ordre moral, soit dans les actes de l'ordre physique, soit dans ce qu'on appelle oeuvres du hasard ou de la fatalité. Mais bien plus, Dieu ne peut faire une chose, qu'elle ne tombe sous l'ordre de sa Providence, comme il ne peut rien faire qui ne soit soumis à son action. La Providence divine s'étend donc à tout en général et à tout en particulier, même jusqu'aux pensées des hommes.
Saint Albert le Grand, La Perfection spirituelle, chap. XVI

La providence souveraine n'est autre chose que l'acte par lequel Dieu veut fournir aux anges et aux hommes les moyens nécessaires ou utiles pour parvenir à leur fin.
Saint François de Sales, Traité de l'amour de Dieu, II, 3

Que ferons-nous, que gagnerons-nous de n'avoir pas confiance en Dieu ? Nous la mettrons donc en notre conduite et propre industrie. Hélas ! nous ne sommes pas capables de nous conduire nous-même. Il faut laisser faire Dieu, car il est notre Père. Et ainsi, tant que nous aurons confiance en Dieu, il aura soin de nous. Mais vouloir nous retirer d'entre les bras de sa Providence pour prendre la conduite de nous-mêmes, c'est être mal conseillés, puisque nous ne pouvons pas avoir une bonne pensée, si Dieu ne nous la donne; nous ne pouvons rien faire, ni rien dire, pas seulement prononcer ces paroles : " Abba Pater ", dit saint Paul, sans la grâce de Dieu.
Saint Vincent de Paul, Conférence aux Filles de la Charité, X

Eh quoi ! Un homme confiera bien sa santé à un médecin, son différend à un avocat, et s'il est aveugle, il se laissera conduire par un enfant et, ce qui est encore plus, quelquefois par un chien, et il fera le difficile pour suivre la direction de Dieu ! Quel dérèglement ! Quelle extravagance ! Abandonnons-nous donc absolument à lui, nous assurant qu'étant très-sage il ne saurait faillir, et ayant une bonté infinie et un amour plus que paternel pour nous, il veut notre bien.
J.-B. Saint-Jure, De la connaissance du Fils de Dieu, L. III, chap. VIII

Non, Seigneur, je ne veux aucun événement, car je vous le laisse vouloir pour moi tout à votre gré; mais au lieu de vouloir les événements, je vous bénirai de quoi vous les aurez voulus.
Saint François de Sales, Traité de l'Amour de Dieu, IX, 14

" Si nous acueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ! "
Job 2.10

Le difficile, c'est de faire bon accueil à la volonté de Dieu en tous les événements, qu'ils satisfassent ou contrarient nos désirs instinctifs. Dans les événements heureux, les pécheurs eux-mêmes savent n'avoir pas d'autre volonté que celle de Dieu; les saints, eux, y parviennent également dans les choses qui s'opposent et déplaisent à notre amour de nous-mêmes. C'est là que se connaît la perfection de notre amour pour Dieu. Selon le mot du bienheureux Jean d'Avila, " Un seul Dieu soit béni ! dans les contrariétés, a plus de valeur que mille actions de grâces aux heures où tout nous réussit ".
Saint Alphonse-Marie de Liguori, Oeuvres spirituelles

La reconnaissance est la loi de mon coeur !
Elisabeth de la trinité, Lettre, 275


6. La Foi

" Béni l'homme qui se confie en YHWH
et dont YHWH est la foi.
Il ressemble à un arbre planté au bord des eaux,
qui tend ses racines vers le courant :
il ne redoute rien quand arrive la chaleur,
son feuillage reste vert;
dans une année de sécheresse
il est sans inquiétude
et ne cesse pas de porter du fruit. "

Jérémie 17.8

" Ainsi parle le Seigneur YHWH :
Voici que je vais poser en Sion un pierre,
une pierre de granit, pierre angulaire, précieuse,
pierre de fondation bien assise :
celui qui s'y fit ne sera pas ébranlé. "

Isaïe 28.16

" Dieu a tant aimé le monde
qu'il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais ait la vie éternelle.
Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde
pour juger le monde,
mais pour que le monde soit sauvé par lui.
Qui croit en lui n'est pas jugé;
qui ne croit pas est déjà jugé,
parce qu'il n'a pas cru
au Nom du Fils unique de Dieu. "

Jean 3.17-18

" Sois sans crainte; aie seulement la foi. "
Marc 5.36

" A la quatrième veille de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer. Les disciples, le voyant marcher sur la mer, furent troublés : "C'est un fantôme", disaient-ils, et pris de peur ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla en disant : "Ayez confiance, c'est moi, soyez sans crainte." Sur quoi, Pierre lui répondit : "Seigneur, si c'est bien toi, donne-moi l'ordre de venir à toi sur les eaux." - "Viens", dit jésus. Et Pierre, descendant de la barque, se mit à marcher sur les eaux et vint vers Jésus. Mais, voyant le vent, il prit peur et, commençant à couler, il s'écria : "Seigneur, sauve-moi !" Aussitôt Jésus tendit la main et le saisit, en lui disant : "Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?" Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. "
Matthieu 14.25-32

La foi est une adhérence du coeur à la vérité éternelle, malgré tous les témoignages et des sens et de la raison.
J.-B. Bossuet, Sermon (Aux nouvelles catholiques)

La foi, c'est le face à face dans les ténèbres.
Elisabeth de la Trinité, Lettre, 193

La foi est une nuit obscure pour l'âme, et c'est ainsi qu'elle l'éclaire, et plus elle la plonge dans les ténèbres, plus elle lui donne sa lumière.
Saint Jean de la Croix, La montée du Carmel, Livre II, 2

Comme on sait que l'action divine comprend tout, conduit tout, fait tout hors le péché, il est du devoir de la foi de l'adorer en tout, de l'aimer et la recevoir à bras ouverts.
Vivre de la foi, c'est donc vivre de joie, d'assurance, de certitude, de confiance en tout ce qu'il faut faire et souffrir en chaque moment par l'ordre de Dieu.
Cette foi vive est toujours en Dieu, toujours dans son action au-delà des apparences contraires qui obscurcissent les sens; les sens effarouchés crient tout à coup à l'âme : "Malheureuse, te voilà perdue, plus de ressources !" Et la foi d'une voix plus forte lui dit à l'instant : "Tiens ferme, marche, et ne crains rien."

Jean-Pierre de Caussade, L'abandon à la Providence divine, IV

Ne craignez pas de donner l'essor à votre espérance; tout ce qu'elle atteindra deviendra vôtre; si vous attendez beaucoup de Dieu, il fera beaucoup pour vous; si vous attendez peu, il fera peu.
Alphonse Rodriguez, Pratique de la Perfection, 3° Partie, 1-XVI

" La foi est la garantie des biens que l'on espère, la preuve des réalités qu'on ne voit pas. "
Hébreux 11.1

La foi est le seul moyen par lequel Dieu se manifeste à l'âme dans cette divine lumière qui surpasse tout entendement. Aussi plus une âme a de foi, plus elle est unie à Dieu.
Saint Jean de la Croix, La montée du Carmel, Livre II, 8

Avoir vraiment la foi, la foi qui inspire toutes les actions, cette foi au surnaturel qui dépouille le monde de son masque et montre Dieu en toutes choses; qui fait disparaître toute impossibilité; qui fait que ces mots d'inquiétude, de péril, de crainte, n'ont plus de sens; qui fait marcher dans la vie avec un calme, une paix, une joie profonde, comme un enfant à la main de sa mère; [...] cette foi qui fait voir tout sous un autre jour; [...] qui, faisant entrevoir la grandeur de Dieu, nous fait voir notre petitesse; qui fait entreprendre sans hésiter, sans rougir, sans craindre, sans reculer jamais, tout ce qui est agréable à Dieu : oh ! que cette foi est rare !... Mon Dieu, donnez-la moi ! Mon Dieu, je crois, mais augmentez ma foi ! Mon Dieu faites que je crois et que j'aime, je Vous le demande au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Amen.
Charles de Foucauld, Méditations sur l'Evangile (Mat 9.22)

" Celui qui a mes commandements et qui les garde,
c'est celui-là qui m'aime;
or celui qui m'aime sera aimé de mon Père;
et je l'aimerai et je me manifesterai à lui. "

Jean 14.21


La Foi agissante

" Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s'affadir, avec quoi le salera-t-on ? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens. "
Matthieu 5.13 et Luc 14.34-35

" Ayez du sel en vous-mêmes et vivez en paix les uns avec les autres. "
Marc 9.50

" Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne peut se cacher, qui est sise au sommet d'un mont. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. "
Matthieu 5.14-16

" Est-ce que la lampe vient pour qu'on la mette sous le boisseau ou sous le lit ? N'est-ce pas pour qu'on la mette sur le lampadaire ? Car il n'y a rien de caché qui ne doive être manifesté et rien n'est demeuré secret que pour venir au grand jour. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende. "
Marc 4.21-23 et Luc 8.16-17 et 11.33

" Rien, en effet, n'est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour; et ce que vous entendez dans le creux de l'oreille, proclamez-le sur les toits. "
Matthieu 10.26-27 et Luc 12.2-3

" Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui n'amasse pas avec moi dissipe. "
Matthieu 12.30

" Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux; mais celui qui m'aura renié devant les hommes, à mon tour je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux. "
Matthieu 10.32-33 et Luc 12.8-9

La parole de Dieu consiste en enseignements et en conseils. Nous donnerons une marque de notre amour si nous aimons sa doctrine et faisons profession de l'enseigner aux autres.
Saint Vincent de Paul, Conférence pour les Missionnaires

" Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles, de celui-là le Fils de l'homme rougira, lorsqu'il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. "
Marc 8.38 et Luc 9.26

" A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu'un dise : "J'ai la foi", s'il n'a pas les oeuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une soeur sont nus, s'ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l'un d'entre vous leur dise : "allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous", sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? Ainsi en est-il de la foi : si elle n'a pas les oeuvres, elle est tout à fait morte. "
Jacques 2.14-17

" Pourquoi m'appelez-vous "Seigneur, Seigneur", et ne faites-vous pas ce que je dis ?
Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il est comparable. Il est comparable à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé, creusé profond et posé les fondations sur le roc. La crue survenant, le torrent s'est rué sur cette maison, mais il n'a pu l'ébranler, parce qu'elle était bien bâtie. Mais celui au contraire qui a écouté et n'a pas mis en pratique est comparable à un homme qui aurait bâti sa maison à même le sol, sans fondations. Le torrent s'est rué sur elle, et aussitôt elle s'est écroulée; et le désastre survenu à cette maison a été grand ! "

Matthieu 7.21 et 24-27 et Luc 6.46-49

Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu, mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages... Il y en a plusieurs qui, pour avoir l'extérieur bien composé, et l'intérieur rempli de grands sentiments de Dieu, s'arrêtent à cela; et quand ce vient au fait et qu'ils se trouvent dans les occasions d'agir, ils demeurent court. Ils se flattent de leur imagination échauffée; ils se contentent des doux entretiens qu'ils ont avec Dieu dans l'oraison; ils en parlent même comme des anges; mais, au sortir de là, est-il question de travailler pour Dieu, de souffrir, de se mortifier, d'instruire les pauvres, d'aller chercher la brebis égarée, d'aimer qu'il leur manque quelque chose, d'agréer les maladies ou quelque autre disgrâce, hélas ! il n'y a plus personne, le courage leur manque. Non, non, ne nous trompons point : Totum opus nostrum in operatione consistit.
L'Eglise est comparée à une grande moisson qui requiert des ouvriers, mais des ouvriers qui travaillent. Il n'y a rien de plus conforme à l'Evangile que d'amasser, d'un côté, des lumières et des forces pour son âme dans l'oraison, dans la lecture et dans la solitude, et d'aller ensuite faire part aux hommes de cette nourriture spirituelle. C'est faire comme Notre-Seigneur a fait, et, après lui, ses apôtres; c'est joindre l'office de Marthe à celui de Marie. Voilà comme nous devons faire, voilà comme nous devons témoigner à Dieu par nos oeuvres que nous l'aimons.

Saint Vincent de Paul, Aux Prêtres de la Mission, XI, 40