Poésies d'inspiration chrétienne


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L'Hôte divin

Ainsi, ce serait vrai, mon Dieu, cette promesse ?
Quand le coeur épuisé sombre dans la détresse
Vous seriez cet ami qui s'en vient, vers le soir,
Et vous consentiriez, Seigneur, à vous asseoir
En mon logis désert, auprès de cette table ?
J'entendrais votre voix, suave, délectable,
Me dire avec l'accent de l'Amour souverain
Ces mots que l'on attend toute une vie en vain !
Et nous partagerions, seul à seul, et sans hâte
             L'adorable repas ?...
                                                   Votre main délicate
Effleurerait ma main, silencieusement,
Cependant que la nuit tomberait doucement
Et que vos yeux divins plongeraient en mon âme
Un grand regard d'amour me brûlant de sa flamme,
Pour que je puisse enfin, d'un coeur qui se soumet
  Mettre à vos pieds, Seigneur, tout mon être à jamais !  

Puisque vous l'avez dit, mon Dieu, je veux le croire,
Vos promesses, jamais ne seront illusoires !
Venez, mon Dieu, venez, puisque je vous attends
Avec une âme avide et depuis si longtemps !

Tout est bien prêt ! J'ai mis, pour cette insigne agape,
L'eau pure avec le pain, sur ma plus belle nappe
Et, pour que ce festin nous réjouisse mieux,
Ma précieuse coupe est pleine de vin vieux
Et des fruits savoureux remplissent les corbeilles !
Et puis, voici le miel de mes blondes abeilles !

Près des flambeaux d'argent que vous allumerez
De célestes parfums, comme vous les aimez,
Embaumeront le soir... et d'idéales roses,
En mon jardin secret, pour vous seront écloses !...

Seigneur, ne tardez pas, mon âme se languit !
N'ai-je pas entendu votre pas dans la nuit
S'approcher lentement de ma demeure, ô Maître !
Oui, c'est bien Vous ! Déjà, je crois voir apparaître
Votre blanche tunique au détour du chemin
Qui s'illumine enfin de ce halo divin
Dont la mauve lueur inonde l'ombre verte !

Entrez, Seigneur, entrez ! La porte est entr'ouverte...

Marlène Grunère, "L'Or du silence"



Ah ! de sa tige d'or quand cette Fleur du ciel
Tomba pour embaumer les vallons d'Israël,
Que les vents étaient doux qui passaient dans les nues !
Tu vis naître, ô Saron, des roses inconnues !
Tes palmiers, ô Gadès, émus d'un souffle pur,
Bercèrent, rajeunis, leurs palmes dans l'azur !
Ton cèdre, ô vieux Liban, noir d'une ombre profonde,
Croyant qu'il revoyait les premiers jours du monde,
Salua le soleil qui brilla sur Eden !
Le parfum oublié de l'antique jardin,
Comme un cher souvenir et comme une promesse,
Des enfants de l'exil adoucit la tristesse,
Et de célestes voix, en chants harmonieux,
Dirent ton nom, Marie, à l'univers joyeux.

Terre ! oublie en un jour ton antique détresse !
O Cieux ! comme les mers, palpitez d'allégresse !
La Vierge bienheureuse est née au sein de Dieu !
Elle vole, aux clartés de l'arc-en-ciel en feu,
La Colombe qui porte à l'arche du refuge
Le rameau d'olivier qui survit au déluge !
Le mystique rosier va parfumer les airs !
L'Etoile matinale illumine les mers !
Saluez, bénissez, créatures sans nombre,
Celle que le Très-Haut doit couvrir de son ombre,
Et qui devra porter, vierge, en ses flancs bénis,
Le Dieu qui précéda les siècles infinis !

Leconte de Lisle (1818-1894)


O mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour
Et la blessure est encore vibrante,
O mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour.

Voici mon sang que je n'ai pas versé,
Voici ma chair indigne de souffrance,
Voici mon sang que je n'ai pas versé.

Voici mon coeur qui n'a battu qu'en vain
Pour palpiter aux ronces du Calvaire,
Voici mon coeur qui n'a battu qu'en vain.

Voici mes yeux, luminaires d'erreurs
Pour être éteints aux pleurs de la prière,
Voici mes yeux, luminaires d'erreurs.

Hélas ! Vous, Dieu d'offrande et de pardon,
Quel est le puits de mon ingratitude,
Hélas ! Vous, Dieu d'offrande et de pardon.

Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,
Toutes mes peurs, toutes mes ignorances,
Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur.

Vous connaissez tout cela, tout cela
Et que je suis plus pauvre que personne,
Vous connaissez tout cela, tout cela.

Mais ce que j'ai, mon Dieu, je vous le donne.

Paul Verlaine (1844-1896)



Lorsque Tu reviendras...

Lorsque Tu reviendras, vers le déclin du monde,
Dans la nuée ardente où notre coeur surpris
Découvrira soudain la vision féconde
De tout ce que, vivant, nous n'avons pas compris;

Lorsque, libres enfin des brumes de la Terre,
Nos yeux, illuminés par le soleil des morts,
Verront poindre, au-delà des voiles du mystère,
Le but définitif promis à nos efforts,

Alors nous Te dirons, ô Dieu qui se fit homme
Et qui, par charité, vins pleurer avec nous,
Que nous ne voulons plus être ceux que nous sommes...
Et notre vain orgueil fléchira les genoux.

Eternel chemineau des routes éternelles
Qui, d'astre en astre va, glanant les coeurs meurtris,
Vers Ta divinité qui se fit fraternelle
Rouvre pour nous l'essor des chemins désappris;

Embrase-nous, ô Christ, de l'invincible ivresse
Dont l'élan, à jamais, transporte Tes élus,
Et marque-nous au front du sceau de Ta tendresse
Pour que, T'ayant trouvé, nous ne Te quittions plus.

Paul Dewailly



Simple Prière

Maître que je pressens et que j'aime déjà,
Que j'écoute parfois parler à voix très basse,
Tout au fond de mon cœur, au milieu du silence,
Maître plein d'indulgence : écoute ma prière !
Tu connais ma faiblesse et mon besoin extrême
D'aide et de réconfort ; tu sais toutes mes chutes,
Mes douloureux efforts vers un noble idéal
Et tu n'ignores pas les obstacles nombreux
Dont les Pouvoirs mauvais ont semé le chemin
Qui monte vers les Cieux… Voilà pourquoi, bon Maître,
Je viens te demander, très humblement, vois-tu,
D'étendre sur ton fils l'aile de ton amour,
De venir protéger, quoiqu'il en soit indigne,
L'enfant qui ne sait point encore bien marcher
Et dont le pied peu sûr trébuche trop souvent !...
Je veux m'abandonner entre tes bras puissants,
Mettre en Toi mon espoir, faire ta volonté,
Devenir un Disciple attentif et soumis,
Au but semblable au tien ! Mais, hélas ! ma faiblesse
M'épouvante et me navre et je sens le Karma,
Comme une lourde chaîne alourdir tous mes pas…
Aussi tournant vers Toi mon regard attristé,
Je T'implore, ô Seigneur. Viens, prends-moi par la main
Et puis, en cheminant sur le sentier divin
Que tu foulas jadis : mène-moi vers la Vie.

L. Pourrain


O Christ

Toujours le symbole et l'image
Rayons de lune, illusions !
O Christ qu'adorèrent les mages,
Soleil, suprême vision.

Par delà le mythe et la fable,
Par delà le monde moqueur,
J'aspire à la vie ineffable,
O Christ, ô lumière du cœur !

Car je suis las de ces fantômes
Qui vont et qui viennent flottants,
Danse de poussière et d'atomes,
Dans le grand mensonge du temps…

S'effacent l'Inde avec la Perse,
L'Egypte et les Olympiens !
Qu'un même tourbillon disperse
Dieux modernes et dieux anciens !

Passent même les paraboles
Qu'anima ton amour divin !
Je suis las du jeu des paroles,
Las du jeu des nombres sans fin.

Puisse tout cela disparaître,
Dans la nuit douce abandonné,
Pour qu'au plus secret de mon être
Je te sente, ô Christ, rayonner !

Jacques Heugel, in revue Psyché n°410, 1930



Espère, enfant ! demain ! et puis demain encore !
Et puis toujours demain ! Croyons dans l'avenir.
Espère ! et chaque fois que se lève l'aurore,
Soyons là pour prier Dieu, comme pour bénir !

Nos fautes, pauvres anges, ont causé nos souffrances.
Peut-être qu'en restant bien longtemps à genoux,
Quand Il aura béni toutes les innocences,
Puis tous les repentirs, Dieu finira par nous.

Victor Hugo



La Poursuite divine

O mon Dieu, vous avez des ruses adorables
Pour triompher des cœurs et vous les attacher,
Car vous êtes épris de ces cœurs misérables ;

Jusqu'au bord de l'Enfer vous courez les chercher,
Et, vous penchant sur eux doucement, vous leur dites
De céder à l'Amour et de ne plus pécher.

Puis, si l'enchantement des vanités maudites
Ne les a pas lassés, vous ne vous lassez pas,
Vous, de renouveler vos ardentes poursuites.

Vous allez devant vous et vous tendez les bras ;
Il faudra que demain la brebis égarée
Y repose, arrachée aux ronces d'ici-bas.

Ah ! comme en Emmaüs, dans la calme soirée,
Qu'au moins, sur votre sein, vers le tomber du jour,
Nous appuyons, Seigneur, notre tête éplorée !

Et que nos cœurs, longtemps cherchés par votre amour,
Afin qu'ils n'aillent pas, rejetés de la Gloire,
Loin de Vous, dans la nuit, se crisper sans retour,

Vous laissent remporter la dernière victoire.

Louis Le Cardonnel, Poèmes


Soir Pascal

Au nid bleu du beffroi, les cloches assoupies
En leurs rêves, parfois, ont un long tintement,
Qui glisse, comme une aile, au-dessus des prairies…
Un rossignol lointain s'épuise éperdument…

Tous les petits buissons fleurissent leurs épines
Pour fêter le Seigneur ressuscité ;
Une attente ineffable, une grâce divine
Donnent au paysage un aspect enchanté.

Les étoiles, ce soir, luisent dans l'air limpide
Avec tant de douceur et de mol abandon
Que l'on sent qu'en cette heure adorable et candide
Les cœurs les plus méchants ont aussi leur pardon.

La promesse du ciel baigne la terre entière,
L'espérance illumine et nimbe toute croix,
Tous les plus vifs désirs se fondent en prières,
L'âme pleure d'amour et murmure : " je crois "…

Comme un souffle divin allégeant toute épreuve
Monte dans le soir clair la voix du Bon Berger
Offrant la tendre paix où notre cœur s'abreuve :
" Venez, mon joug est doux et mon fardeau léger ".

Alice C., in revue Psyché n°414, 1931




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