Poésies d'inspiration chrétienne


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Recueillement

J'ai tout abandonné pour vous, heure céleste !
Mes mains jointes n'ont rien de plus à vous offrir
Que la simplicité candide de leur geste
Vers les mains qui viendront doucement m'accueillir.

Tous mes livres ont clos leurs pages désolées.
Vainement j'ai voulu, pour vivre et me calmer,
Attiédir dans mon coeur leurs paroles gelées :
Aucun n'a le secret que je voudrais aimer.

Loin de l'obsession de l'espace et du nombre,
Je cherche à m'oublier moi-même. Sous mon front,
Mes pensers sont pareils à des miroirs dans l'ombre
Où des reflets avec des ailes passeront.

Je suis peut-être encore ébloui de mon rêve...
Non, j'ai dit sans faiblir l'adieu qu'il a fallu.
Océan de la paix, me voici sur ta grève ;
Un autre coeur a pris mon coeur irrésolu.

Je suis la coupe vide où tu vas, goutte à goutte,
O Prière ! tomber comme un baume puissant.
Vous pouvez me parler, Seigneur ! mon âme écoute
Par delà tous les mots, hors du frisson des sens.

Je consens au départ de tout ce qui m'enivre.
Rien ne demeure en moi, vaine image ou vain bruit.
Mes yeux se sont fermés au mirage de vivre ;
Ouvrez-moi votre coeur, ô lumineuse nuit !

Le mien s'est embaumé de roses de souffrance ;
Ce n'est plus lui qui pleure et qui palpite en moi.
Emportez-le, Seigneur ! tout mon être s'élance
Vers l'abîme du Ciel que m'entrouvre la Foi...

Des ailes, donnez-moi des ailes, 0 Silence !

Sur la Route claire, 1913.
Charles Grolleau (1867-?)




Christ en croix

Je remarquais toujours ce grand Jésus de plâtre
 Dressé comme un pardon au seuil du vieux couvent, 
Echafaud solennel à geste noir, devant
Lequel je me courbais, saintement idolâtre.

Or, l'autre soir, à l'heure où le cri-cri folâtre,
Par les prés assombris, le regard bleu rêvant,
Récitant Eloa, les cheveux dans le vent,
Comme il sied à l'Ephèbe esthétique et bellâtre,

J'aperçus, adjoignant des débris de parois,
Un gigantesque amas de lourde vieille croix
Et de plâtre écroulé parmi les primevères ;

Et je restai là, morne, avec les yeux pensifs,
Et j'entendais en moi des marteaux convulsifs
Renfoncer les clous noirs des intimes Calvaires !

Motifs poétiques.
Emile Nelligan (1879-1941)



0 Dieu, si mes péchés irritent ta fureur...

0 Dieu, si mes péchés irritent ta fureur,
Contrit, morne et dolent, j'espère en ta clémence.
Si mon deuil ne suffit à purger mon offense,
Que ta grâce y supplée et serve à mon erreur.

Mes esprits éperdus frissonnent de terreur,
Et, ne voyant salut que par la pénitence,
 Mon coeur, comme mes yeux, s'ouvre à la repentance, 
Et me hais tellement que je m'en fais horreur.

Je pleure le présent, le passé je regrette ;
Je crains à l'avenir la faute que j'ai faite ;
Dans mes rébellions je lis ton jugement.

Seigneur, dont la bonté nos injures surpasse,
Comme de père à fils uses-en doucement,
Si j'avais moins failli, moindre serait ta grâce.

Mathurin Regnier (1573-1613)



Le bouquet sous la croix

D'où vient-il ce bouquet oublié sur la pierre ?
Dans l'ombre, humide encor de rosée, ou de pleurs,
Ce soir, est-il tombé des mains de la prière ?
Un enfant du village a-t-il perdu ces fleurs ?

Ce soir, fut-il laissé par quelque âme pensive
Sous la croix où s'arrête un pauvre voyageur ?
Est-ce d'un fils errant la mémoire naïve
Qui d'une pâle rose y cacha la blancheur ?

De nos mères partout nous suit l'ombre légère ;
Partout l'amitié prie et rêve à l'amitié ;
Le pèlerin souffrant sur la route étrangère
Offre à Dieu ce symbole, et croit en sa pitié !

Solitaire bouquet, ta tristesse charmante
Semble avec tes parfums exhaler un regret.
Peut-être es-tu promis au songe d'une amante :
Souvent dans une fleur l'amour a son secret !

Et moi j'ai rafraîchi les pieds de la Madone
De lilas blancs, si chers à mon destin rêveur ;
Et la Vierge sait bien pour qui je les lui donne :
Elle entend la pensée au fond de notre coeur !

Poésies.
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)




Dieu fait les questions pour que l'enfant réponde

"Les deux bêtes les plus gracieuses du monde,
Le chat et la souris, se haïssent. Pourquoi ?
Explique-moi cela, Jeanne." Non sans effroi
Devant l'énormité de l'ombre et du mystère,
Jeanne se mit à rire. "Eh bien ? - Petit grand-père,
Je ne sais pas. Jouons." Et Jeanne repartit :
"Vois-tu, le chat c'est gros, la souris c'est petit.
- Eh bien ?" Et Jeanne alors, en se grattant la tête,
Reprit : "Si la souris était la grosse bête,
À moins que le bon Dieu là-haut ne se fâchât,
Ce serait la souris qui mangerait le chat."

La légende des siècles.
Victor Hugo (1802-1885)




Fons Signatus

Oui, que mon coeur devienne une source fermée
Dont l'invisible flot ne chante que pour Toi.
Que, marqué par tes mains du signe de la foi,
Ce coeur ne s'ouvre plus qu'à ta voix bien-aimée.

Que son onde mêlée à cette onde embaumée
Qui coule de ton Coeur au plus secret de moi,
Dans ses épanchements ne suive que la Loi
Qui la veut toute pure et pour jamais calmée.

Le sable du désert ne la souillera plus.
Elle s'enrichira de secrètes vertus ;
Ton amour lui fera perdre son goût d'argile,

Et, croissant en silence avec ma charité,
Ainsi que le promet ton divin Evangile,
Elle rejaillira jusqu'à l'éternité.

Sur la Route claire, 1913.
Charles Grolleau (1867-?)




A Toi Jésus

Dans ta grande souffrance, exprimée sur la terre,
Tu as su témoigner un Amour infini,
Celui de notre père aussi celui d’un frère,
Apportant réconfort au milieu des soucis.

Cet homme en acceptant de mourir sur la croix,
Nous a montré la force infinie de l’Amour,
Mon coeur a ressenti une bien grande joie,
De paix et de lumière une Foi pour toujours.

Combien il faut tenir encore à chaque instant,
Aux épreuves cruelles d’une vie douloureuse,
A l’image de Marie cette sainte Maman,
Voyant son fils mourir en fut si malheureuse.

J’ai voulu te confier Jésus tout mon amour,
Celui que je reçois de ton père adoré,
Puisse ta volonté soit la mienne toujours,
Et monter vers le ciel avec l’âme en Paix.

Didier L.



Psaume de tous mes temps

Tourné vers toi, je t'expose ma charge :
par ta lumière, allège-la !
Puisque mon temps n'est pas achevé à son terme,
mon histoire à son dénouement,
Puisqu'à toute vie pour sa mort,
tu découvres ton avenir,
A mesure que je le dépense,
ton héritage peut grandir.
Oui, je le crois, mais aide ma parole,
serre-la sur la tienne pour la protéger.
Car sans toi ma défaite est irrévocable,
je me détacherai, la désertion me tentera.
Lorsque je fus noué dans le sein de ma mère,
ne me formais-tu pas pour l'alliance avec toi ?
Et quand d'autres noeuds se dénouèrent,
ne m'as-tu pas greffé sur celui de la vie ?
Tu n'es pas Dieu à bloquer ses approches,
mais qui veut te prendre est saisi.
Et que puis-je ajouter à ton nom de Seigneur ?
Des mots, des inflexions, tout l'inutile de ma voix.
Mon Dieu, tu n'es pas un Dieu triste,
ta nuit brûle de joie.

Psaume d'un troisième temps, 1970-1972
Patrice de La Tour du Pin
© Ed. du Cerf






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