Poésies d'inspiration chrétienne



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Noël

Le ciel est noir, la terre est blanche,
Cloches, carillonnez gaîment !
Jésus est né. La Vierge penche
Sur lui son visage charmant.

Pas de courtines festonnées
Pour préserver l'enfant du froid,
Rien que des toiles d'araignées
Qui pendent des poutres du toit.

Il tremble sur la paille fraîche,
Ce cher petit enfant Jésus,
Et, pour l'échauffer dans sa crèche
L'âne et le bœuf soufflent dessus.

La neige au chaume coud ses franges,
Mais sur le toit s'ouvre le ciel
Et, tout en blanc, le chœur des anges
Chante aux bergers : "Noël ! Noël !"

Théophile Gautier (1811-1872)



Sur la Nativité de Notre-Seigneur

Pour le salut de l'univers
Aujourd'hui les cieux sont ouverts,
Et par une conduite immense
La grâce descend dessus nous.
Dieu change en pitié son courroux,
Et sa justice en clémence.

Le vray fils de Dieu tout-puissant
Au fils de l'homme s'unissant
En une charité profonde,
Encor qu'il ne soit qu'un enfant,
Victorieux et triomphant,
De fers affranchit tout le monde.

Dessous sa divine vertu
Le péché languit abattu,
Et de ses mains à vaincre expertes
Etouffant le serpent trompeur,
Il nous assure en notre peur
Et nous donne gain de nos pertes.

Les oracles sont accomplis,
Et ce que par tant de replis
D'âge promirent les prophètes
Aujourd'hui se finit en lui,
Qui vient consoler notre ennui
En ses promesses si parfaites.

Grand roi, qui daignas en naissant
Sauver le monde périssant,
Comme père, et non comme juge,
De grâces comblant notre roi,
Fais qu'il soit des méchants l'effroi,
Et des bons l'assuré refuge.

Qu'ainsi qu'en été le soleil,
Il dissipe, aux rais de son œil,
Toute vapeur et tout nuage ;
Et qu'au feu de ses actions
Se dissipant les factions,
Il n'ait rien qui lui fasse ombrage.

Mathurin Régnier (1573-1613)


Pour le jour de Noël

Christ, Rédempteur de tous, Fils unique du Père,
       Seul qu'avant tout commencement
Engendrant en soi-même et produisant sans mère,
       Il fit naître ineffablement.

Adorable splendeur des clartés paternelles,
       Espoir immuable de tous,
Daigne écouter, Seigneur, les vœux que tes fidèles
       En tous lieux t'offrent comme nous.

Souviens-toi qu'autrefois, pour réparer l'injure
       Que te fit l'homme criminel,
Tu pris chair dans les flancs d'une Vierge très pure,
       Et voulus naître homme, et mortel.

Vois comme tous les ans ce grand jour fait entendre,
       Par l'hommage de nos concerts,
Que du sein paternel il te plut de descendre
       Pour le salut de l'Univers.

C'est ce jour que le Ciel, que la Terre, que l'Onde,
       Que tout ce qui respire en eux,
Bénit cent et cent fois d'avoir sauvé le Monde
       Par ton avènement heureux ;

Nous y joignons nos voix, nous que par ta clémence
       Ton sang retira du tombeau,
Et pour renouveler le jour de ta naissance,
       Nous chantons un hymne nouveau ;

Gloire à toi, sacré Verbe, et merveille suprême,
       Dieu par une Vierge enfanté ;
Même gloire à ton Père, au saint Esprit là-même,
       Durant toute l'éternité !

Pierre Corneille (1606-1684)



Venez, divin Messie

       Venez, divin Messie,
Sauver nos jours infortunés ;
       Venez, source de vie,
       Venez, venez, venez.

Ah ! descendez, hâtez vos pas,
Sauvez les hommes du trépas,
Secourez-nous, ne tardez pas.
       Venez, divin Messie,
Sauver nos jours infortunés ;
       Venez, source de vie,
       Venez, venez, venez.

Ah ! désarmez votre courroux ;
Nous soupirons à vos genoux ;
Seigneur, nous n'espérons qu'en vous.
       Pour nous livrer la guerre,
Tous les enfers sont déchaînés ;
       Descendez sur la terre,
       Venez, venez, venez.

Que nos soupirs soient entendus !
Les biens que nous avons perdus
Ne nous seront-ils point rendus ?
       Voyez couler nos larmes.
Grand Dieu, si vous nous pardonnez,
       Nous n'aurons plus d'alarmes ;
       Venez, venez, venez.

Eclairez-nous, divin flambeau ;
Parmi les ombres du tombeau,
Faites briller un jour nouveau.
       Au plus affreux supplice
Nous auriez-vous abandonnés ?
       Venez, Sauveur propice,
       Venez, venez, venez.

Si vous venez en ces bas-lieux,
Nous vous verrons victorieux
Fermer l'enfer, ouvrir les cieux.
       Nous l'espérons sans cesse ;
Les cieux nous furent destinés ;
       Tenez votre promesse,
       Venez, venez, venez.

Ah ! Puissions-nous chanter un jour,
Dans votre bienheureuse cour,
Et votre gloire, et votre amour !
       C'est là l'heureux partage
De ceux que vous prédestinez ;
       Donnez-nous-en le gage,
       Venez, venez, venez.

Simon Pellegrin (1663-1745)



Minuit, chrétiens…

Minuit, chrétiens, c'est l'heure solennelle
Où, dans l'heureux Bethléem, vint au jour
Le messager de la bonne nouvelle
Qui fit, des lois de sang, la loi d'amour.
Le monde entier tressaille d'espérance
A cette nuit qui lui donne un Sauveur.
Peuple, à genoux ! Attends ta délivrance !
Noël, Noël ! Voici le Rédempteur.

De notre foi que la lumière ardente
Nous guide tous au berceau de l'Enfant,
Comme autrefois une étoile brillante
Y conduisit les chefs de l'Orient !
Le roi des rois naît dans une humble crèche.
Puissants du jour, fiers de votre grandeur,
A votre orgueil c'est de là que Dieu prêche :
Courbez vos fronts devant le Rédempteur.

De l'opulence il dédaigne les charmes ;
Toute hauteur s'abaisse devant lui.
De l'infortune il vient sécher les larmes
Et du plus humble il veut être l'appui.
Pauvres souffrants, près de lui dans l'étable
Voyez les rois et le simple pasteur !
Comme eux l'Agneau vous convie à sa table :
Consolez-vous aux pieds du Rédempteur !

Le vieux monde, à sa voix, soudain se régénère,
La terre se fait libre et le ciel est ouvert.
L'homme, sans son esclave, a reconnu son frère,
Et l'amour vient unir ceux qu'enchaînait le fer.
Ah ! laissons éclater notre reconnaissance !
C'est pour nous tous qu'il naît, et qu'il souffre, et qu'il meurt.
Debout, peuple, debout ! Chante ta délivrance !
Noël ! Noël ! Noël ! Chantons le Rédempteur !

Placide Cappeau (1847)



Salut, petit Jésus !

Salut, petit Jésus, endormi dans la crèche,
       Né pour souffrir,
Qui n'avez dans l'hiver qu'un peu de paille sèche
       Pour vous couvrir.

Salut, petit Jésus, tout petit, tout aimable,
       Aux yeux si doux,
Souriant aux bergers, à genoux dans l'étable
       Autour de vous.

Salut, petit Jésus, enveloppé de langes,
       Enfant si beau,
Adoré par les rois et servi par les anges
       Dans le berceau.

Salut, petit Jésus, dans les bras d'une Mère
       Silencieux.
Enfant dominateur qui lancez le tonnerre
       Du haut des cieux.

Salut, petit Jésus, mon âme vous adore
       Roi triomphant !
Mais vous me paraissez bien plus aimable encore
       Petit enfant.

François Coppée (1842-1908)


Noël

Petit Jésus qu'il nous faut être,
Si nous voulons voir Dieu le Père,
Accordez-nous d'alors renaître

En purs bébés, nus, sans repaire
Qu'une étable, et sans compagnie
Qu'un âne et qu'un bœuf, humble paire ;

D'avoir l'ignorance infinie
Et l'immense toute-faiblesse
Par quoi l'humble enfance est bénie ;

De n'agir sans qu'un rien ne blesse
Notre chair pourtant innocente
Encor même d'une caresse,

Sans que notre œil chétif ne sente
Douloureusement l'éclat même
De l'aube à peine pâlissante,

Du soir venant, lueur suprême,
Sans éprouver aucune envie
Que d'un long sommeil tiède et blême…

En purs bébés que l'âpre vie
Destine - pour quel but sévère
Ou bienheureux ? - foule asservie

Ou troupe libre, à quel calvaire ?

Paul Verlaine (1844-1896)



Noël d'Amour

Petit enfant bouclé, petit Jésus de cire,
Qui paraissez entre l'âne gris, le bœuf roux,
Dans l'entrelacement des sapins et des houx,
Daignerez-Vous encore me parler et m'instruire ?

Je viens comme jadis quêter votre sourire
Dans la simplicité des crèches de chez nous,
Vous avez tout compris, je n'ai rien à vous dire,
Vous savez bien pourquoi je pleure à vos genoux.

Petit Enfant Jésus, entre l'âne et le bœuf,
Je Vous offre mon cœur ainsi qu'un jouet neuf,
Refermez bien sur lui vos petites mains frêles,

Qu'il demeure à l'abri dans sa chère prison,
Et pour le préserver des blessures cruelles,
Faites que votre Amour soit toute sa raison !

Yvonne Delahaye (Bleu Vitrail)




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