France Fille aînée de l'Eglise


"La France tombera très bas. Plus bas que les autres nations, à cause de son orgueil […]. Il n'y aura plus rien. Mais dans sa détresse, elle se souviendra de Dieu et criera vers Lui, et c'est la Sainte Vierge qui viendra la sauver. La France retrouvera alors sa vocation de Fille aînée de l'Eglise, elle sera le lieu de la plus grande effusion de l'Esprit Saint, et elle enverra à nouveau des missionnaires dans le monde entier."
Marthe Robin en 1936, cité in "France réveille-toi", p.178 (éd. L'Icône de Marie).


Textes fondateurs - Appels des Papes - Prières


La loi salique
Testament de saint Rémy
Testament de saint Louis
Vœu de Louis XIII
Testament de Louis XVI



La loi salique
V° siècle


Rédigée dans les dernières années du règne de Clovis, la loi salique est une succession d'articles qui s'enchaînent les uns après les autres, destinés essentiellement à régler les problèmes de procédure concernant les personnes et les biens. Le texte primitif sera plusieurs fois remanié jusque sous le règne de Charlemagne. Cette Loi restera pour l'essentiel en vigueur au royaume de France pendant mille deux cents ans.

"L'illustre nation des Francs qui a Dieu pour fondateur, puissante par les armes, constante dans la paix, profonde dans sa réflexion, corporellement noble, d'une pureté sans tache, d'une prestance sans pareille, intrépide, rapide, intraitable, récemment convertie à la foi catholique, indemne d'hérésie au temps où elle vivait à la manière des Barbares, sous l'inspiration de Dieu, a cherché la clé de la Sagesse, en désirant la justice et en restant fidèle à la piété.
La loi salique fut dictée par les grands de la nation...
Lorsqu'avec la faveur de Dieu, le roi des Francs Clovis, florissant, beau, illustre, reçut le premier baptême catholique, tout ce qui dans le pacte paraissait moins adapté fut amendé d'une façon lumineuse par Clovis, Childebert et Clotaire, par des décrets partout applicables.
Vive le Christ qui aime les Francs !
Qu'Il protège leur royaume !
Qu'Il éclaire leurs chefs de la lumière de Sa grâce !
Qu'Il protège leur armée !
Qu'Il affermisse leur foi !
Que le Seigneur des seigneurs, Jésus-Christ, par un don gratuit de son amour, leur accorde de jouir de la paix et du bonheur temporel ! Telle est cette nation dont la bravoure fait la force. Elle a rejeté de ses épaules en combattant, le joug très dur imposé par les Romains, et après avoir connu le baptême, les Francs ont recouvert d'or et de pierres précieuses les corps des saints martyrs que les Romains avaient brûlés ou décapités ou fait déchirer par les bêtes."

Prologue de la Loi salique, rédigé au VIII° siècle.




Testament de saint Rémy
V° siècle


Que le présent testament que j'ai écrit pour être gardé respectueusement intact par mes successeurs les évêques de Reims, mes frères, soit aussi défendu, protégé, partout, envers et contre tous, par mes très chers fils, les rois de France, par moi consacrés au Seigneur à leur baptême, par un don gratuit de Jésus-Christ et la grâce du Saint-Esprit.
Qu'en tout et toujours il garde la perpétuité de sa force et l'inviolabilité de sa durée. […]
Mais par égard seulement pour cette race royale qu'avec tous me frères et co-évêques de la Germanie, de la Gaule et la Neustrie, j'ai choisie délibérément pour régner jusqu'à la fin des temps, au sommet de la majesté royale pour l'honneur de la Sainte Eglise et la défense des humbles.
Par égard pour cette race que j'ai baptisée, que j'ai reçue dans mes bras, ruisselante des eaux du baptême : cette race que j'ai marquée des sept dons du Saint-Esprit, que j'ai ointe de l'onction des rois, par le Saint-Chrême du même Saint-Esprit ;
J'ai ordonné ce qui suit :

I° Malédictions
Si un jour cette race royale que j'ai tant de fois consacrée au Seigneur, rendant le mal pour le bien, lui devenait hostile, envahissait ses églises, les détruisait, les dévastait :
Que le coupable soit averti une première fois par tous les évêques réunis du diocèse de Reims.
Une deuxième fois par les églises réunies de Reims et de Trêves.
Une troisième fois par un tribunal de trois ou quatre archevêques des Gaules.
Si à la septième monition il persiste dans son crime, trêve à l'indulgence ! Place à la menace !
S'il est rebelle à tout, qu'il soit séparé du corps de l'Eglise, par la formule inspirée aux évêques par l'Esprit-Saint ; parce qu'il a persécuté l'indigent, le pauvre, au cœur contrit ; parce qu'il ne s'est point souvenu de la miséricorde ; parce qu'il a aimé la malédiction, elle lui arrivera, et n'a point voulu de la bénédiction, elle s'éloignera.
Et tout ce que l'Eglise à l'habitude de chanter de Judas le traître et des mauvais évêques, que toutes les Eglises le chantent de ce roi infidèle.
Parce que le Seigneur a dit : "Tout ce que vous avez fait au plus petit des miens, c'est à Moi que vous l'avez fait, et tout ce que vous ne leur avez pas fait, c'est à Moi que vous ne l'avez pas fait."
Qu'à la malédiction finale on remplace seulement, comme il convient à la personne, le mot épiscopat par le mot royauté !
Que ses jours soient abrégés et qu'un autre reçoive sa royauté !
Si les archevêques de Reims, mes successeurs, négligent ce devoir que je leur prescris, qu'ils reçoivent pour eux la malédiction destinée au prince coupable : que leurs jours soient abrégés et qu'un autre occupe leur siège.

II° Bénédictions
Si Notre-Seigneur Jésus-Christ daigne écouter les prières que je répands tous les jours en sa présence, spécialement pour la persévérance de cette race royale, suivant mes recommandations, dans le bon gouvernement de son royaume et le respect de la hiérarchie de la Sainte Eglise de Dieu.
Qu'aux bénédictions de l'Esprit-Saint déjà répandues sur la tête royale s'ajoute la plénitude des bénédictions divines.
Que de cette race sortent des rois et des empereurs qui, confirmés dans la Vérité et la Justice pour le présent et pour l'avenir, suivant la volonté du Seigneur, pour l'extension de la Sainte Eglise, puissent régner et augmenter tous les jours leur puissance et méritent ainsi de s'asseoir sur le trône de David dans la céleste Jérusalem où ils règneront éternellement avec le Seigneur. Ainsi soit-il.

Notes : Le testament de saint Rémy fut également signé par six autres évêques et d'autres prêtres. Trois de ces évêques sont réputés pour leur sainteté : Saint Vedast, évêque d'Arras, Saint Médard, évêque de Noyon, et Saint Loup, évêque de Soissons.
Il en existe deux versions, l'une appelée "Grand Testament" (c'est celle qui figure ci-dessus), et l'autre "Petit Testament". Ces versions ont été comparées et analysées par l'abbé Desailly dans un ouvrage paru au XIX° siècle, "L'authenticité du grand Testament de Saint Rémi" (Dumoulin, Paris, 1878)
.




Testament de saint Louis
XIII° siècle


Cher fils, la première chose que je t'enseigne, est que tu mettes tout ton cœur à aimer Dieu. Car sans cela nul ne peut se sauver.
Garde-toi de faire chose qui à Dieu déplaise, c'est-à-dire péché mortel. Tu devrais même souffrir toutes manières de tourments plutôt que de pécher mortellement.
Si Dieu t'envoie adversité, souffre-la en bonne grâce et en bonne patience, et pense que tu l'as bien méritée et qu'Il te tournera tout à ton profit.
S'Il te donne prospérité, l'en remercie humblement, en sorte que tu ne sois pas pire, ou par orgueil ou par autre manière, de ce dont tu dois mieux valoir. Car l'on ne doit pas Dieu de ses dons guerroyer.
Confesse-toi souvent, et élis confesseurs prud'hommes qui te sachent enseigner ce que tu dois faire et de quoi tu te dois garder. Tu te dois en telle manière comporter et avouer, que ton confesseur et ton ami t'osent sûrement reprendre et montrer tes défauts.
Le service de sainte Eglise écoute dévotement sans bourder ni rire, regarder ça et là ; mais prie Dieu de bouche et de cœur en pensant à lui dévotement et spécialement à la messe à l'heure que la consécration est faite.
Le cœur aie doux et pitoyable aux pauvres et aux malheureux, et les conforte et leur aide selon ce que tu pourras.
Maintiens les bonnes coutumes du royaume et combats les mauvaises.
Ne convoite pas sur ton peuple, ne le charge pas de taxe ni de taille, si ce n'est pour ta grande nécessité.
Si tu as quelque affliction de cœur, dis-la aussitôt à ton confesseur ou à quelque prud'homme. Ainsi tu la porteras plus légèrement.
Prends soin d'avoir en ta compagnie tous prud'hommes, soit religieux, soit séculiers, et parle leur souvent. Et fuis la compagnie des mauvais.
Et écoute volontiers les sermons ou publics ou privés ; et recherche volontiers prières et pardons. Aime tout bien et hais tout mal en quoi que ce soit.
Nul ne soit si hardi qu'il dise devant toi parole qui attire ou pousse à pécher, ou qu'il médise d'autrui par détraction.
Ne souffre que l'on dise devant toi nulle vilenie de Dieu ni des saints, que tu n'en fasses aussitôt vengeance.
Rends souvent grâces à Dieu de tous les biens qu'Il t'a faits, afin que tu sois digne d'en plus avoir.
Pour justice et droiture garder, sois raide et loyal envers tes sujets, sans tourner ni à droite ni à gauche, mais toujours droit.
Soutiens la plainte du pauvre jusques à temps que la vérité soit éclaircie.
Si quelqu'un a affaire ou plainte contre toi, sois toujours pour lui et contre toi jusqu'à ce que l'on sache la vérité. Car ainsi jugeront tes conseillers plus hardiment selon droiture et selon vérité.
Si tu détiens quelque chose d'autrui, par toi ou par tes devanciers, si c'est chose certaine, rends sans tarder. Si c'est chose douteuse, fais enquérir par sages hommes en hâte et diligemment.
A cela tu dois mettre toute ton attention : que tes gens et tes sujets vivent en paix et en droiture sous toi, même les religieux et toutes les personnes de sainte Eglise.
L'on raconte du roi Philippe, mon aïeul, qu'une fois un de ses conseillers lui dit que la sainte Eglise lui faisait grands torts et forfaits, parce que les clercs violaient ses droits et empiétaient sur son autorité ; que c'était bien étonnant qu'il le souffrît. Et le bon roi répondit qu'il le croyait bien. Mais quand il regardait les bontés et les courtoisies que Dieu lui avait faites, il voulait mieux abandonner de son droit que susciter contestation ou scandale à la sainte Eglise.
A ton père et à ta mère tu dois honneur et révérence porter, et garder leurs commandements.
Donne les bénéfices de sainte Eglise à personnes bonnes et dignes, et sur le conseil de prud'hommes. Et donne à ceux qui n'ont rien de sainte Eglise.
Garde-toi de faire la guerre sans très grande délibération et surtout contre tout homme chrétien. S'il faut la faire, garde sainte Eglise et ceux qui n'ont en rien méfait de tout dommage.
Apaise au plus tôt que tu pourras guerres et conflits, soit tiens, soit de tes sujets, comme saint Martin faisait.
Sois diligent d'avoir bons prévôts et bons baillis ; et enquiers souvent d'eux et de ceux de ta maison, comme ils se conduisent.
Efforce-toi d'empêcher péché et mauvais serment ; et fais détruire les hérésies de tout ton pouvoir.
Encore je te requiers que tu reconnaisses les bienfaits de notre Seigneur, et que tu lui rendes grâces et merci.
Prends garde que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables et mesurées.
Enfin, doux fils, je te conjure et requiers que si je meurs avant toi, tu fasses secourir mon âme en messes et oraisons par tout le royaume de France ; et que tu m'octroies spéciale part et plénière en tous les biens que tu feras.
En dernier, cher fils, je te donne toutes les bénédictions que le bon père et pieux peut donner à son fils. Et que la benoîte Trinité et tous les saints te gardent et te défendent de tout mal ; et que Dieu te donne sa grâce de faire sa volonté toujours, de sorte qu'il soit honoré par toi.
Et que nous puissions après cette mortelle vie être ensemble avec lui et le louer sans fin.
Amen.

Notes : de même que pour le Testament de saint Rémy, il existe plusieurs versions de ces enseignements que saint Louis légua à son fils, Monseigneur Philippe, avant de mourir à Tunis en 1270. C'est la version la plus courte – et sans doute la plus authentique – qui figure ci-dessus : elle fut recueillie par Geoffroy de Beaulieu, son confesseur. Elle est fort semblable à celle que recopia Simon de Joinville, fondateur du Bailliage de Mâcon.




Vœu de Louis XIII : Consécration de la France à la sainte Vierge
10 février 1638


Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Dieu, qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l'esprit qu'il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre Etat, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne sans y voir autant d'effets merveilleux de sa bonté que d'accidents qui nous menaçaient. Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d'en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l'on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l'artifice des hommes et la malice du démon ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables à notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice ; la rébellion de l'hérésie ayant aussi formé un parti dans l'Etat, qui n'avait d'autre but que de partager notre autorité, il s'est servi de nous pour en abattre l'orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels, en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques. Si nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes qu'à la vue de toute l'Europe, contre l'espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs Etats dont ils avaient été dépouillés. Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins, pour faire voir à toutes les nations que, comme sa Providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve, et sa puissance le défend. Tant de grâces si évidentes font que pour n'en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l'accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de " nous consacrer à la grandeur de Dieu " par son Fils rabaissé jusqu'à nous et à ce Fils par sa mère élevée jusqu'à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n'étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables, et c'est chose bien raisonnable qu'ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.

A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu'il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés à ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l'église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la croix ; nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.

Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, que tous les ans, le jour et fête de l'Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente Déclaration à la Grande Messe qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les Vêpres dudit jour il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines, et le corps de la ville, avec pareille cérémonie que celle qui s'observe aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs ; et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris.

Exhortons pareillement tous les Archevêques et Evêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu'à ladite cérémonie les cours de parlement, et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents. Et d'autant qu'il y a plusieurs églises épiscopales qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y être faite ladite cérémonie ; et d'y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d'admonester tous nos peuples d'avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse longuement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir.

Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l'an de grâce mil-six-cent-trente-huit, et de notre règne le vingt-huitième.

Louis XIII par la grâce de Dieu, Roi de France

http://www.spiritualite-chretienne.com/marie/louis.html




Testament de Louis XVI
25 décembre 1792


Au nom de la Très Sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint Esprit. Aujourd'hui, vingt cinquième jour de Décembre, moi, Louis XVIe du nom, Roy de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille, de plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l'issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m'adresser, je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.
Je laisse mon âme à Dieu, mon créateur, je le prie de la recevoir en sa miséricorde, de ne pas la juger d'après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s'est offert en sacrifice à Dieu, son Père, pour nous autres hommes, quelqu'indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans l'union de notre sainte Mère l'Eglise Catholique Apostolique et Romaine qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de St Pierre auquel Jésus Christ les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l'Eglise, les Sacrements et les Mystères tels que l'Eglise Catholique les enseigne et les a toujours enseignés.

Je n'ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d'expliquer les dogmes qui déchirent l'Eglise de Jésus Christ mais je m'en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m'accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Saint Eglise Catholique donnent et donnèrent conformément à la discipline de l'Eglise suivie depuis Jésus Christ. Je plains de tout mon coeur nos frères qui peuvent être dans l'erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus Christ suivant ce que la charité Chrétienne nous l'enseigne.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés. J'ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester, à m'humilier en sa présence. Ne pouvant me servir du Ministère d'un Prêtre Catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l'Eglise Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s'il m'accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d'un Prêtre Catholique, pour m'accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense à personne) ou ceux à qui j'aurais pu donner de mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal qu'ils croient que je peux leur avoir fait.
Je prie tous ceux qui ont de la Charité d'unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon coeur, à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en ai donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle malentendu, m'ont fait beaucoup de mal.

Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang ou par quelqu'autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter de yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa Grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable.
Je recommande mes enfants à ma femme, je n'ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux, je lui recommande surtout d'en faire de bons chrétiens et d'honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde-ci (s'ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l'Eternité. Je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s'ils avaient le malheur de perdre la leur.
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu'elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donné dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.

Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu'ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissant de tous les soins et peines qu'elle se donne pour eux, et en mémoire de moi je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Je recommande à mon fils s'il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu'il doit oublier toute haine et tout ressentiment et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j'éprouve ; qu'il ne peut faire le bonheur des Peuples qu'en régnant suivant les lois, mais en même temps qu'un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire, et qu'autrement étant lié dans ses opérations et n'inspirant point de respect, il est plus nuisible qu'utile.
Je recommande à mon fils d'avoir soin de toutes les personnes qui m'étaient attachées autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c'est une dette sacrée que j'ai contractée envers les enfants ou le parents de ceux qui ont péris pour moi et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu'il y a plusieurs personnes de celles qui m'étaient attachées qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l'ingratitude, mais je leur pardonne (souvent dans les moments de troubles et d’effervescence on n'est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s'il en trouve l’occasion, de ne songer qu'à leur malheur.

Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m'ont montré un véritable attachement et désintéressé. D'un côté si j'étais seulement touché de l'ingratitude et de la déloyauté des gens à qui je n'avais jamais témoigné que des bontés, à eux ou à leurs parents ou amis, de l'autre j'ai eu de la consolation à voir l'attachement et l'intérêt gratuit que beaucoup de personnes m'ont montrés. Je les prie d'en recevoir tous mes remerciements. Dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation si je ne recommandais ouvertement à mon fils M. De Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi, avait porté à s'enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j'ai eu tant lieu de me louer depuis qu'il est avec moi. Comme c'est lui qui est resté avec moi jusqu'à la fin, je prie Messieurs de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposées au Conseil de la Commune.

Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gènes dont ils ont cru devoir user envers moi. J'ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
Je prie Messieurs de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l'expression de ma sensibilité, pour tous les soins et les peines qu'ils se sont donnés pour moi.
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancées contre moi.

Fait en double à la Tour du Temple le vingt cinq décembre mil sept cent quatre vingt douze.

http://www.loire-france.com/histoire/testament-de-louis-xvi.htm




A consulter :
La France – Textes fondateurs du roi David à Jean-Paul II
Paris, Editions F-X de Guibert, 1996
Association pour le XV° centenaire de la France (496-1996)
B.P. 10414
75814 Paris Cedex 17



(*) : L'expression "Fille aînée de l'Eglise", employée par Jean-Paul II lors de son voyage en France mérite une précision : la France n'est pas la première nation à avoir été baptisée, mais l'Arménie - qui mériterait donc ce qualificatif de "Fille aînée de l'Eglise".

Frère Maximilien-Marie rappelle fort utilement les précisions suivantes sur son blog :
- C’est en l’an 301 que le Roi d’Arménie Tiridate IV et tout son peuple embrassent la foi chrétienne à la suite de la prédication de Saint Grégoire l’Illuminateur. Le premier Etat qui devint officiellement chrétien, est le Royaume d’Arménie.
- Esuite, entre 320 et 340, c’est l’Ethiopie (en ce temps-là on parlait plutôt d’Abyssinie) qui se convertit grâce à l’apostolat de Saint Frumence : le Roi Ezana fit du christianisme la religion d’Etat de son royaume.
- Ce n’est qu’ensuite, en 380, que l’édit de Théodose 1er le Grand fit du christianisme la religion officielle de l’Empire Romain.
- Le baptême de Clovis et la conversion de son peuple n’arrivent enfin qu’en quatrième position : en 496 selon la date couramment admise.




  Notre exposition sur la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus