Belles histoires à lire en famille


Page 1 : - Les étoiles de mer
- La pluie
- La crème glacée
- Le pain
- Les outils
- Le vieux Simon
- Le nuage et la dune
Et aussi :

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6 heures du matin. Michel, 8 ans, longe la plage où sont venues s'échouer de nombreuses étoiles de mer. Minutieusement et à force de grands moulinets, il les rejette une à une à la mer. Un homme qui l'observe depuis un bon moment l'interroge :
- Que fais-tu Petit ?
- Les étoiles, Monsieur, elles vont mourir.
- Mais Petit, c'est inutile ! La plage fait des kilomètres et les étoiles, elles sont des milliers à être échouées !
Alors le petit Michel, regardant l'étoile qu'il s'apprête à lancer, répond doucement :
- Oui... Mais pour celle-ci, ça change tout.

Recueilli sur le site de La Gerbe, association humanitaire chrétienne
Contact : ZAC du Petit Parc
13 rue des Fontenelles, 78920 Ecquevilly, France.




La mère et l'enfant se hatent dans l'orage déchaîné.
Sous le ciel noir, déversant des trombes d'eau tiède dans le vent tourbillonnant, ils vont, serrés l'un contre l'autre, sur la route interminablement droite.
Pas un arbre, pas d'abri où se réfugier. Les frêles silhouettes qui se détachent sur l'horizon morne s'unissent pour résister aux forces conjuguées des éléments déchaînés.
Dans le grondement du tonnerre et le bruit du vent la mère perçoit cependant la voix de son petit.
- Maman, pourquoi qu'Il fait pleuvoir comme ça le bon Dieu ?
La réponse toute d'inquiétude veut cependant redonner confiance à l'enfant.
- Je ne sais pas, Paul, mais tu peux Lui demander de l'arrêter !
Alors sans douter une seconde de ce que dit sa maman, dressant sa frimousse ruisselante sur laquelle les cheveux sont plaqués, le petit garçon clame vers le ciel :
- Bon Dieu, fais arrêter l'orage, veux-tu ?
Me croirez-vous ? La pluie cesse lentement, le vent peu à peu s'apaise et, roulant dans le lointain, l'orage diminue.
" Ah ! Tu vois ", dis le jeune interlocuteur, sans plus s'étonner.
La femme que le fait saisit ne peut parler, mais à l'eau qui dégoutte des cheveux sur le visage viennent se mêler maintenant les douces larmes de la reconnaissance.

Max Camis, Paroles d'enfants, 1928.




Comme ils se préparent à dîner dans un restaurant, un petit garçon de six ans demande à sa maman s'il peut prier le Seigneur et offrir les grâces.
Comme ils penchent leurs têtes, il dit: " Dieu est bon. Dieu est grand. Merci pour le manger, ... et je te remercierais même plus si maman commandait de la crème glacée pour dessert. Et liberté et justice pour tous ! Amen ! "
À travers les rires des autres clients, Kim perçoit la remarque d'une dame :
" C'est ce qui n'est pas correct dans ce pays. Les enfants aujourd'hui ne savent pas comment prier. Demander à Dieu de la crème glacée ! Pourquoi, je me le demande ! "
Kim fond en larmes, et demande à sa mère :
" Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Est-ce que Dieu est choqué après moi ? "
Pendant que la maman le prend contre elle et le rassure, elle lui dit qu'il a fait une prière fantastique et que Dieu n'est certainement pas choqué contre lui. Un monsieur plus âgé s'approche alors de leur table, fait un clin d'oeil au petit garçon et lui dit :
- Je crois savoir que Dieu pense que ce fut une très belle prière.
- Réellement ? demande Kim.
- Croix sur mon coeur, reprend le monsieur.
Et dans un murmure il ajoute (indiquant la dame qui était intervenue) :
- C'est malheureux qu'elle n'aie jamais demandé à Dieu de la crème glacée. Car un peu de crème glacée est bon pour l'âme quelquefois.

Naturellement, à la fin du repas, la maman commanda de la crème glacée pour son petit garçon.
Mais ce qui arriva ensuite fut une complète surprise.
" Mon fils réfléchit un moment et il fit quelque chose dont je me souviendrai le reste de ma vie " explique la maman. " Il prit son sundae et sans un mot, marcha vers la dame et le placa devant elle. Avec un grand sourire, il lui dit " :
- Ceci est pour vous. La crème glacée est bonne pour l'âme quelquefois, et mon âme à moi est déjà bonne.

Le bonheur de l'innocence : histoire vécue par Kim, et recueillie par Jeannette et Yvan.




Marthe croit encore avoir faim et de son lit réclame un morceau de pain.
- C'est de la fantaisie, ma petite fille, répond la mère. Nous sortons de table, tu n'auras pas de pain, mais un baiser.
- Merci, répond gentiment la petite, c'est meilleur, puisque les baisers d'une maman c'est le pain du coeur.
Et dans le fond de la chambre, la voix d'Anne, la petite soeur, murmure :
- Oui, mais Jésus est le coeur du pain !

Max Camis, Paroles d'enfants, 1928.




Il y avait une fois, il y a bien longtemps de cela, dans un petit village palestinien, un atelier de charpentier. Un jour que le maître était absent, les outils se réunirent en grand conseil sur l'établi. Les conciliabules furent longs et animés, ils furent même véhéments. Il s'agissait d'exclure de la communauté des outils un certain nombre de membres.

L'un prit la parole:
Il faut, dit-il, exclure notre soeur la scie, car elle mord et elle grince des dents. Elle a le caractère le plus grincheux du monde.
Un autre dit:
Nous ne pouvons conserver parmi nous notre frère le rabot qui a le caractère tranchant et qui épluche tout ce qu'il touche.
Quand au frère marteau, dit un autre, je lui trouve le caractère assommant. Il est tapageur. Il cogne toujours et nous tape sur les nerfs. Excluons-le.
Et les clous ? ... Peut-on vivre avec des gens qui ont le caractère aussi pointu ? .. Qu'ils s'en aillent !
Et que la lime et la râpe s'en aillent aussi. A vivre avec elles, ce n'est que frottement perpétuel. Et qu'on chasse le papier de verre dont il semble que la raison d'être dans cet atelier soit de toujours froisser !

Ainsi discouraient en grand tumulte les outils du charpentier. Tout le monde parlait à la fois. L'histoire ne dit pas si c'était le marteau qui accusait la scie et la rabot la lime, mais il est probable que c'était ainsi, car à la fin de la séance, tout le monde se trouvait exclu.

La réunion bruyante prit fin subitement par l'entrée du charpentier dans l'atelier. On se tut lorsqu'on le vit s'approcher de l'établi. Il saisit une planche et la scia avec la scie qui grince. La rabota avec le frère rabot au ton tranchant qui épluche tout ce qu'il touche. Le frère ciseau qui blesse cruellement, notre soeur la râpe au langage rude, le frère papier de verre qui froisse, entrèrent successivement en action. Le charpentier prit alors nos frères les clous au caractère pointu et le marteau qui cogne et fait du tapage. Il se servit de tous ses outils au méchant caractère pour fabriquer un berceau.
..... Pour accueillir l'Enfant à naître...
..... Pour accueillir la Vie ...

Jean Vermette




Un pasteur disait un soir, assez soucieux, au sacristain de son église : "Avez-vous remarqué le vieux aux habits râpés qui, chaque jour à midi, entre dans l'église et en ressort presque aussitôt ? Je le surveille par la fenêtre du presbytère. Cela m'inquiète un peu car, dans l'église, il y a des objets de valeur. Tâchez un peu de le questionner".
Dès le lendemain, le sacristain attendit notre visiteur et l'accosta :
- Dites donc, l'ami, qu'est-ce qui vous prend de venir ainsi dans l'église ?
- Je viens prier, dit calmement le vieillard.
- Allons donc ! Vous ne restez pas assez longtemps pour cela. Vous ne faites qu'aller jusqu'à l'autel et vous repartez. Qu'est-ce que cela signifie ?
- C'est exact, répondit le pauvre vieux; moi, je ne sais pas faire une longue prière; alors je viens chaque jour à midi et je Lui dis tout simplement : "Jésus ! ... c'est Simon". C'est une petite prière, mais je sens qu'Il m'entend.
Peu de temps après le vieux Simon fut renversé par un camion et soigné à l'hôpital.
- Vous avez toujours l'air heureux malgré vos malheurs, lui dit un jour une infirmière.
- Comment ne le serais-je pas ? Mais c'est grâce à mon visiteur.
- Votre visiteur ? reprit l'infirmière avec surprise, je n'en vois guère... et quand donc vient-il ?
- Tous les jours à midi, il se tient là, au pied de mon lit, et il me dit : "Simon... c'est Jésus !".

Extrait de "Jésus, Marie et notre temps", mai 1983
Paru au bulletin des Amitiés Spirituelles, n°144, octobre 1985




On sait que la vie des nuages est aussi courte que mouvementée. Or, un jour, un très jeune nuage entreprit sa première cavalcade à travers le ciel en compagnie d'une bande de gros nuages bouffis aux formes étranges.
Quand ils survolèrent l'immense désert du Sahara, les autres nuages, plus expérimentés, l'encourageaient : " Plus vite, plus vite ! Si tu traînes, tu es perdu ! "
Mais, comme tous les jeunes, le petit nuage était curieux et il se laissa glisser à l'arrière des autres nuages qui, eux, ressemblaient à un troupeau de bisons en pleine galopade.
" Que fais-tu, remue-toi ! " , lui cria le vent.
Mais le petit nuage avait aperçu les dunes de sable doré : un spectacle fascinant. Et il se laissait planer d'un vol de plus en plus léger. Les dunes ressemblaient à des nuages d'or caressés par le vent.
L'une d'elle lui sourit. "Bonjour ! Je m'appelle Age " .
" Et moi, Une " , répondit la dune.
" Comment vis-tu là-dessous ? "
" Eh bien… avec le soleil et le vent. Il fait un peu chaud, mais on s'y fait ! Et toi, comment vis-tu là-haut ? "
" Avec le soleil et le vent…, et de grandes courses dans le ciel. "
" Ma vie à moi est très courte. Et quand reviendra le vent, je disparaîtrai peut-être. "
" Cela t'ennuie ? " , demanda le nuage.
" Un peu. J'ai l'impression d'être inutile. "
" Moi également. Je me transformerai bientôt en pluie et je tomberai. C'est mon destin. "
La dune hésita un instant et dit : " Sais-tu que la pluie, nous l'appelons Paradis ? "
" Non ! Je ne savais pas que j'étais si important ! " , dit le nuage dans un beau sourire.
"J'ai entendu raconter par quelques vieilles dunes combien la pluie était belle. Nous nous habillons alors de parures qu'on appelle herbe et fleurs. "
" Oui, c'est vrai, je les ai vues " , confirma la nuage.
" Je ne les verrai sans doute jamais " , conclut tristement la dune.
Le nuage réfléchit un moment et ajouta : " Je pourrai te couvrir de pluie… "
" Mais tu en mourrais… "
" Oui, mais toi, tu fleurirais " , dit le nuage. Et il se laissa tomber, se transformant en pluie aux couleurs de l'arc-en-ciel.
Le lendemain, la petite dune était couverte de fleurs.

Extrait de " Graines de Sagesse ", Comme un parfum de rose, par Bruno Ferrero, traduction de Jean Hubler, Strasbourg, Editions du Signe, 1997