Sainte Marthe tout d'abord. Elle est remontée en longeant le Rhône, entre Arles et Avignon. Elle traverse bourg et villages, nombreux dans la province de Vienne, en rendant témoignage de tout ce qu'elle a vécu auprès de Jésus, de ses paroles, de ses miracles. Elle-même a reçu ce don des miracles, et lorsque cela lui est demandé, par la prière et le signe de la croix, elle guérit les lépreux, les paralytiques… Elle ramènera un jeune homme à la vie, alors qu'il s'était noyé en voulant traverser le Rhône à la nage pour l'entendre. Les conversions se multiplient sur son passage. Vous connaissez certainement cet événement célèbre de son hagiographie, raconté également par le Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich au cours de l'une de ses visions : son combat victorieux contre la "tarasque", l'un de ses monstres qui peuplaient alors les berges du Rhône, et qui donnera plus tard son nom à la ville de Tarascon. La sainte aurait dompté miraculeusement le dragon par un simple signe de croix. Une autre version rapporte que c'est en l'aspergeant d'eau bénite qu'elle le maîtrisa. Mais on s'entend pour dire qu'après la sainte intervention, le monstre devint doux comme un agneau. Marthe l'attacha avec sa ceinture et, docile comme un chien en laisse, la Tarasque fut livrée au peuple qui la fit périr à coups de lances et de pierres.
Dans une vie de Sainte Marthe du 14° siècle, on lit qu'"elle créa en ce lieu un couvent de femmes, en honneur de sainte Marie Madeleine, et elle y mena une vie très rude, ne vivant que de pain et d'eau, une fois par jour, et s'agenouillant cent fois le jour et la nuit pour prier Dieu." Elle s'était fait construire un oratoire, où elle demeura retirée durant sept années. On la représente vivant nu-pieds, portant pour tout vêtement un sac attaché autour des reins, et pour coiffure une tiare blanche faite de poils de chameau… Elle ne sort de sa retraite que pour prêcher l'Evangile.
La fondation de la première église chrétienne remonterait vers l'an 50, consacrée par les évêques Trophime d'Arles, Maximin d'Aix, et Eutrope d'Orange. Sainte Marthe mourut à Tarascon vers l'an 68. Sa fête est célébrée le 4 août. Les miracles sur son tombeau se multiplient. Clovis, le 1° Roi chrétien, viendra lui-même s'y recueillir en l'an 500, et sera délivré d'un grave mal de rein.
Durant les invasions mérovingiennes et sarrasines, les reliques de sainte Marthe furent enfouies dans une église souterraine. En 1187, tout danger étant passé, on fit l'élévation solennelle de ces reliques. L'archevêque métropolitain de Provence, Imbert d'Aiguières, présida l'événement en présence d'une grande foule, et en reconnut l'authenticité. Les saintes reliques furent transférées dans le tombeau en pierre situé actuellement dans la crypte. Les pèlerins ne cesseront jamais d'affluer, parmi lesquels on peut citer le roi saint Louis, au retour d'une croisade en 1254… Le roi Louis XI offrira une magnifique chasse en or massif, pour abriter les saintes reliques. Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu'elle disparut lors de la révolution française (mais pas les reliques qu'elle contenait, Dieu merci !)…