Redécouvrir Vatican II


2 - L’Église
"Lumen Gentium"

Le mystère de l’Église

“Le Christ est la Lumière des nations. Aussi le saint Concile, réuni dans l’Esprit-Saint, désire-t-il ardemment illuminer tous les hommes de la lumière du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église. Celle-ci, pour sa part, est dans le Christ comme un sacrement, un signe, un moyen d’opérer l’union intime avec Dieu et l’unité de tout le genre humain; elle se propose donc, en suivant de près la doctrine des précédents conciles, de faire connaître avec plus de précision à ses fidèles et au monde entier sa nature et sa mission universelle.” (1)

“Par une disposition tout à fait libre et mystérieuse de sa sagesse et de sa bonté, le Père éternel a créé l’univers. Il a voulu élever les hommes jusqu’au partage de la vie divine. Et une fois qu’ils eurent péché en Adam, il ne les abandonna pas; sans cesse il leur offrit des secours en considération du Christ Rédempteur qui est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature. D’autre part, ceux qu’il a choisis, le Père avant tous les siècles les a d’avance connus et prédestinés à reproduire l’image de son Fils, pour que celui-ci soit le premier-né d’un grand nombre de frères. Et ceux qui ont foi dans le Christ, il a voulu les rassembler en la Sainte Église qui, préfigurée dès l’origine du monde, admirablement préparée dans l’histoire du Peuple d’Israël et l’ancienne Alliance, établie en ces temps qui sont les derniers, a été manifestée par l’effusion de l’Esprit et sera glorieusement achevée à la fin des siècles...” (2)

Le Père nous a prédestinés à être ses enfants adoptifs et nous a envoyé le Fils. “C’est pourquoi le Christ, afin d’accomplir la volonté du Père, a inauguré ici-bas le Royaume des Cieux, nous a révélé le mystère du Père et, par son obéissance, a opéré la rédemption.” L’Église est le Royaume du Christ; elle se développe visiblement dans le monde grâce à la puissance de Dieu. Ce développement est signifié “par l’eau et le sang qui sortent du côté de Jésus crucifié... Le sacrement du pain eucharistique représente et produit l’unité des fidèles qui constituent un seul corps dans le Christ.” (3)

L’Église

“Une fois accomplie l’œuvre que le Père avait donné à faire au Fils, l’Esprit-Saint fut envoyé le jour de la Pentecôte, afin de sanctifier l’Église en permanence et qu’ainsi les croyants aient, par le Christ, en un seul Esprit, accès auprès du Père... jusqu’à la vie éternelle.... L’Esprit habite dans l’Église et dans les cœurs des fidèles comme en un temple; en eux il prie et rend témoignage de leur adoption filiale... Cette Église qu’il amène à la vérité tout entière... il l’édifie encore et la dirige vers des dons variés, tant hiérarchiques que charismatiques... Il la rajeunit par la force de l’Évangile, il la rénove perpétuellement et la conduit enfin à l’union parfaite avec son Époux. Car l’Esprit et l’épouse disent au Seigneur Jésus: “Viens!” Ainsi l’Église universelle apparaît-elle comme un peuple rassemblé dans l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint.” (4)

“Le mystère de la sainte Église se manifeste dans sa fondation.” tandis que le Seigneur Jésus prêchait la Bonne Nouvelle, c’est-à-dire la venue du Royaume de Dieu promis. La parole de Jésus est comme une semence jetée dans un champ; elle germe et se développe jusqu’au temps de la moisson. Les miracles de Jésus sont la preuve que le Royaume de Dieu est déjà parmi nous, sur la terre. “Mais avant tout, le Royaume se manifeste dans la personne même du Christ, Fils de Dieu et Fils de l’Homme.”

Jésus, mort et ressuscité est le Prêtre éternel qui répand sur ses disciples l’Esprit promis par le Père. L’Église “pourvue des dons de son Fondateur et attachée à ses préceptes de charité, d’humilité et d’abnégation” reçoit la mission d’annoncer et d’instaurer le Royaume de Dieu partout sur la terre.(5)

Pour présenter et définir l’Église, on a utilisé toutes sortes d’images: c’est un bercail qui accueille le troupeau guidé par le Christ, Bon Pasteur et Prince des pasteurs. L’Église, c’est le champ de Dieu, la terre qu’il cultive, c’est la vigne choisie. Jésus s’est comparé à la pierre angulaire de l’édifice de Dieu qui est l’Église, maison de Dieu, temple sacré, tabernacle, cité sainte, Jérusalem nouvelle. Nous, nous sommes les pierres vivantes de l’Église.

Mais l’Église, la Jérusalem d’en haut, c’est surtout l’épouse immaculée de l’Agneau sans tache. Cette épouse, le Christ l’a aimée; il la nourrit, la soigne “et a voulu, après l’avoir purifiée, qu’elle lui soit soumise dans l’amour et la fidélité.” (6)

Enfin, l’Église c’est le Corps mystique du Christ

Par sa mort et sa Résurrection le Christ a racheté l’homme et en a fait une créature, nouvelle car, ”en communiquant son Esprit, il a mystiquement établi ses frères, appelés d’entre toutes les nations, comme son propre corps. Dans ce Corps la vie du Christ se diffuse en ceux qui croient et qui, par les sacrements, sont unis, d’une façon mystérieuse mais bien réelle, au Christ souffrant et glorifié... Baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps, nous avons été ensevelis avec lui dans la mort; et si nous avons été greffés sur lui par une mort pareille à la sienne, de même le serons-nous par une résurrection pareille. Dans la fraction du pain eucharistique nous avons réellement part au Corps du Seigneur... et tous nous devenons membres de ce Corps et respectivement membres les uns des autres.

La diversité des membres et des fonctions se vérifie dans l’édification du Corps du Christ,” mais “unique est l’Esprit qui distribue ses dons... suivant les besoins des ministères.” Le plus grand de ces dons, c’est la grâce des apôtres “à l’autorité desquels l’Esprit soumet ceux qui ont reçu des charismes. C’est le même Esprit qui unifie le Corps par sa propre puissance...” Au moyen de ces dons que le Christ distribue à son Corps qui est l’Église, nous nous aidons les uns les autres. “En conséquence, si un membre a quelque souffrance à supporter, tous les membres, associés à ses souffrances comme le corps à sa tête, souffrent avec lui; ou si un membre est honoré, tous les membres partagent sa joie.”

De ce corps, le Christ, image du Dieu invisible, est le chef. Principe, premier-né d’entre les morts, et en lui tout a été créé. “Il comble des richesses de sa gloire son corps tout entier dont les membres doivent tendre à lui ressembler jusqu’à ce que le Christ soit formé en eux,“ et nous donne d’avoir part à son Esprit.

Le Christ aime l’Église, son corps et son plérôme, soumise à son Chef comme son épouse, et la comble de ses dons divins. (7)

Le Christ est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes, et l’Église est son Corps mystique composé de l’Église terrestre et de l’Église déjà pourvue des biens célestes. Telle est l’unique Église du Christ, une, sainte, catholique et apostolique, que “notre Sauveur, après sa résurrection, a remise à Pierre, et à ses successeurs, pour qu’il la paisse.”

Il convient de noter ce qui suit, qui est très important: “Le Christ a accompli son œuvre rédemptrice dans la pauvreté et la persécution; ainsi l’Église est-elle appelée à prendre la même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut... L’Église n’est pas établie pour rechercher la gloire terrestre, mais pour prêcher, même par son exemple, l’humilité et l’abnégation... L’Église reconnaît dans les pauvres et en ceux qui souffrent l’image de son Fondateur pauvre et souffrant. Elle s’emploie à soulager leur détresse et veut servir le Christ en eux.”

Toutefois, alors que le Christ était saint, innocent, sans souillure, l’Église de la terre, qui est sainte, renferme cependant en son sein des hommes pécheurs, et doit sans cesse être purifiée dans la pénitence et le renouvellement. (8)


Le Peuple de Dieu

Dieu n’a pas voulu sanctifier et sauver les hommes individuellement, mais faire d’eux un peuple qui Le serve. Il choisit d’abord le peuple des israélites qu’Il éduqua longuement et avec qui Il conclut une alliance. Puis le Christ, le Verbe de Dieu, le Messie annoncé, scella un nouveau Pacte, une nouvelle Alliance en son sang, et constitua ”une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis... qui a pour chef le Christ livré pour nos fautes et ressuscité pour notre sanctification.” Le peuple messianique, germe d’unité, d’espérance et de salut pour toute l’humanité, a pour loi un commandement nouveau: celui d’aimer le Christ comme Lui-même nous a aimés. “L’Église, nouvel Israël, le Christ lui-même l’a acquise par son sang, remplie de son Esprit, pourvue e moyens aptes à procurer une union visible et sociale,” et, munie des moyens nécessaires pour se soutenir au milieu des embûches et des tribulations, devenir l’épouse fidèle digne de son Seigneur, et parvenir à la lumière qui ne connaît pas de déclin. (9)

Le Christ, Pontife suprême, a fait de son Église un royaume de prêtres, de consacrés en vue d’offrir des sacrifices spirituels. Les disciples du Christ sont donc appelés à s’offrir eux-mêmes comme des hosties vivantes, saintes et agréables à Dieu. Fidèles et prêtres participent de l’unique sacerdoce du Christ “Le prêtre accomplit... le sacrifice eucharistique et l’offre à Dieu au nom de tout le peuple ; les fidèles, en vertu de leur sacerdoce royal, ont part à l’offrande eucharistique.” (10)

Les sacrements

“Après avoir été régénérés par le Baptême pour devenir enfants de Dieu, les fidèles sont tenus à professer publiquement la foi qu’ils ont reçue de Dieu par l’Église” Dans cette foi, ils ont été confirmés par le sacrement de Confirmation. Aussi doivent-ils répandre la foi et la défendre par la parole et par les œuvres. De plus, “en participant au Sacrifice Eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la divine Victime et eux-mêmes avec elle.” En se nourrissant du Corps du Christ, ils manifestent l’unité du Peuple de Dieu.

“Ceux qui s’approchent du sacrement de Pénitence reçoivent de la Miséricorde de Dieu le pardon des offenses qu’ils lui ont faites... et se réconcilient avec l’Église que leur péché avait blessée... Par l’Onction des malades, l’Église recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié... Les fidèles revêtus d’un Ordre sacré sont établis au nom du Christ pour paître l’Église par la Parole et la grâce de Dieu. Enfin, les époux chrétiens, en vertu du sacrement de Mariage... expriment le mystère d’unité et d’amour fécond entre le Christ et l’Église.” Le décret insiste beaucoup ici sur l’importance de la famille et conclut: “Munis de tant de moyens de salut si admirables, les fidèles, quels que soient leur état et leur condition, sont appelés par le Seigneur... à la perfection de cette sainteté dont le Père jouit en plénitude.” (11)

Le Peuple des fidèles, ayant reçu l’onction du Saint-Esprit, et uni au magistère sacré, ne peut pas errer dans la foi. L’Esprit-Saint distribue ses dons à chacun comme Il lui plaît et dispense des grâces spéciales adaptées aux services spécifiques dans l’Église: ce sont les charismes qui “doivent être accueillis avec gratitude et joie spirituelle.” (12)

“Tous les hommes sont appelés à former le peuple de Dieu... qui doit s’étendre au monde entier et en tous les siècles afin que s’accomplisse le dessein de Dieu: rassembler en un seul corps ses enfants dispersés... À cette fin, Dieu envoya son Fils... Maître et Roi de l’univers... et l’Esprit de son Fils, Seigneur et Vivificateur... Principe d’unité dans l’enseignement des apôtres, dans la communion, dans la fraction du pain et les prières.”

Le Peuple de Dieu intègre toutes les nations puisque “c’est de toutes les nations qu’il tire ses membres, citoyens d’un Royaume dont le caractère n’est pas terrestre mais céleste.. Le Royaume de Jésus n’est pas de ce monde.” Aussi l’Église, Peuple de Dieu, assume-t-elle, en les purifiant, et dans la mesure où elles sont bonnes, les coutumes et les richesses culturelles des peuples. “Ce caractère d’universalité qui distingue le Peuple de Dieu est un don du Seigneur lui-même qui porte l’Église catholique à s’employer efficacement et sans arrêt à rassembler toute l’humanité et la totalité de ses biens sous le Christ Chef, en l’unité de son Esprit... En conséquence, le peuple de Dieu non seulement se rassemble à partir de divers peuples, mais il se compose lui-même de catégories différentes.... De là vient l’exigence légitime... des églises particulières qui jouissent de traditions propres, sans préjudice du primat de la Chaire de Pierre... Tous les hommes sont appelés à cette unité catholique du Peuple de Dieu, unité qui annonce et promeut la paix universelle.” (13)

Le Saint Concile enseigne que l’Église voyageuse est nécessaire au salut. ”Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie du salut, lui qui se rend présent pour nous dans son Corps qui est l’Église.” C’est la meilleure preuve de la nécessité de l’Église, “dans laquelle on est introduit par le baptême comme par une porte.” Sont pleinement incorporés à la communauté ecclésiale ceux qui possèdent l’Esprit du Christ et acceptent les moyens de salut établis par l’église, et qui reçoivent les sacrements. Ceci n’est pas un privilège, mais une grâce spéciale du Christ.(14)

“Avec ceux qui, baptisés, s’honorent du nom de chrétiens, mais ne professent pas intégralement la foi ou ne conservent pas l’unité de la communion avec le successeur de Pierre, l’Église se sait unie par de multiples rapports.” Beaucoup vénèrent la sainte Écriture, croient au Père, au Fils et à l’Esprit-Saint. “Plusieurs parmi eux ont aussi l’épiscopat, célèbrent l’Eucharistie, et cultivent la dévotion envers la Vierge Mère de Dieu.” L’Esprit “agit également en eux par ses dons et ses grâces.” Pour obtenir l’unité de tous les chrétiens, “l’Église ne cesse de prier, d’espérer et d’agir. Elle exhorte ses fils à se purifier et à se renouveler, afin que l’image du Christ resplendisse, plus nette, sur le visage de l’Église.” (15)

Les peuples et hommes qui n’ont pas encore reçu l’Évangile peuvent aussi être reliés au peuple de Dieu. Ce sont:
- le Peuple juif qui reçut les alliances et les promesses de Dieu,
- ceux qui reconnaissent un seul Créateur, tels les musulmans,
- ceux qui cherchent le Dieu inconnu,
- ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ, et cherchent cependant Dieu d’un cœur sincère.
“Aussi, en vue de promouvoir la gloire de Dieu et le salut de tous ces hommes, l’Église, se souvenant du commandement du Seigneur qui dit: “Prêchez l’Évangile à toute créature.” s’emploie-t-elle avec sollicitude à développer les missions... (16) Allez donc, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé”, dit Jésus à ses apôtres. “Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles.” L’Église a reçu ce mandat des apôtres, aussi “continue-t-elle sans répit à envoyer des missionnaires jusqu’à ce que les nouvelles églises soient pleinement établies et qu’elles poursuivent à leur tour l’œuvre de l’évangélisation.” (17)


La hiérarchie dans l’Église

“Le Christ Seigneur, pour paître et accroître toujours davantage le Peuple de Dieu, a établi dans son Église divers ministères qui tendent au bien de tout le Corps.”

À la suite du Concile Vatican I, le Concile Vatican II enseigne: “Jésus-Christ, Pasteur éternel, a envoyé les apôtres comme lui-même avait été envoyé par le Père... Il a mis à la tête des apôtres, le bienheureux Pierre qu’il a établi comme principe et fondement perpétuel autant que visible de l’unité de la foi et de la communion. Cette doctrine de l’institution, de la perpétuité, de la valeur et de la raison de la sacrée primauté du Pontife romain et de son infaillible magistère, le saint Concile la propose de nouveau à tous les fidèles pour qu’elle soit crue fermement.” (18)

C’est le Seigneur Lui-même qui constitua ses Apôtres en collège ou corps stable, à la tête duquel Il mit Pierre, choisi parmi eux. Puis Il les envoya “pour qu’ils soient, sous sa conduite, les ministres et les pasteurs de son Église. Ils furent pleinement confirmés dans cette mission, le jour de la Pentecôte... (19) Cette mission divine confiée par le Christ aux Apôtres durera jusqu’à la fin des siècles... C’est pourquoi les Apôtres, dans cette société hiérarchiquement organisée, eurent soin de se donner des successeurs... choisis parmi leurs collaborateurs immédiats.” Plus tard d’autres hommes éprouvés prirent leur place. “Ainsi, par l’intermédiaire de ceux que les Apôtres consacrèrent évêques et de leurs successeurs jusqu’à nous, la tradition apostolique est manifestée et conservée dans tout l’univers.”

Et le saint Concile enseigne que les évêques, de par l’institution divine, ont occupé, dans la succession, en tant que pasteurs de l’Église, la place des Apôtres. “Et quiconque les écoute, écoute le Christ.” (20)

En la personne des évêques assistés par les prêtres, le Seigneur Jésus-Christ est présent au milieu de ses fidèles. Les évêques, enrichis par le Christ des trésors de l’Esprit-Saint, sont les ministres du Christ. “Le saint Concile enseigne que la consécation épiscopale confère la plénitude du sacrement de l’Ordre... et qu’elle confère aussi avec la charge de sanctifier, celle d’enseigner et de gouverner...” Mais ces “charges ne peuvent être exercées que dans la communion hiérarchique avec le Chef et les membres du collège.” (21)

“Pierre et les autres apôtres constituent, par ordre du Seigneur, un seul collège apostolique...” D’où le caractère et la nature collégiale de l’ordre épiscopal, caractère confirmé au cours des siècles, par les conciles œcuméniques. “Le Collège ou corps épiscopal n’a cependant d’autorité que si on le conçoit uni à son chef, le Pontife romain, successeur de Pierre.” Ce Collège “signifie l’unité du troupeau du Christ. C’est à l’intérieur de ce Collège que les évêques, tout en respectant la primauté et la prééminence de leur Chef, exercent leur propre pouvoir pour le bien de leurs fidèles et même de toute l’Église, tandis que le Saint-Esprit en assure constamment la cohésion et la concorde.” (22)

Le décret Lumen Gentium donne ensuite un certain nombre de règles concernant:
- les relations des évêques entre eux et avec le Pontife romain,
- le fonctionnement de l’ordre épiscopal et du Collège, notamment lors des conciles œcuméniques,
- le gouvernement des évêques et leurs obligations,
- le soin d’annoncer l’Évangile partout dans le monde, et d’inculquer aux fidèles l’amour de tout le Corps mystique,
- l’aide des missions, dans la mesure de leurs possibilités. (23)
“Les évêques... reçoivent du Seigneur... la mission d’enseigner à toutes les nations et de prêcher l’Évangile à toute créature.” Cette charge est un service “qui dans les saintes Écritures est précisément appelé “diakonia” c’est-à-dire ministère.” (24)

“Parmi les principaux devoirs des évêques se distingue la prédication de l’Évangile... Les évêques sont, en effet les hérauts de la foi... Ce sont des docteurs authentiques, revêtus de l’autorité du Christ... Les évêques, quand ils enseignent en communion avec le Pontife romain, doivent être respectés par tous comme les témoins de la vérité divine et catholique; et les fidèles doivent accepter l’avis donné par leur évêque au nom de Jésus-Christ...

Considérés isolément, les évêques ne jouissent pas de la prérogative de l’infaillibilité; cependant... “ lorsque, dans leur enseignement “ils déclarent, d’un commun accord qu’il faut soutenir sans hésiter tel point de doctrine, ils énoncent alors infailliblement l’enseignement du Christ... Cela est encore plus évident lorsqu’ils sont rassemblés en Concile oecuménique... Cette infaillibilité, le Pontife romain la possède en vertu de son office, lorsque, en sa qualité de pasteur et de docteur suprême... il proclame, en la définissant, une doctrine de foi ou de morale.” (25)

Les évêques ont une très importante fonction de sanctification des fidèles, spécialement en ce qui concerne l’Eucharistie dont l’Église vit. “Toute assemblée eucharistique relevant du ministère sacré de l’évêque est un signe de cette charité et de cette unité du Corps mystique, sans laquelle il ne peut y avoir de salut. Dans ces assemblées eucharistiques,... le Christ est présent qui, par sa puissance rassemble l’Église une, sainte, catholique et apostolique. En effet, la participation au corps et au sang du Christ ne fait rien d’autre que de nous transformer en ce que nous prenons.” (26)

“Les évêques gouvernent les Églises locales qui leur sont confiées en qualité de vicaires et légats du Christ; ils le font par leurs conseils, leurs paroles persuasives, leurs exemples... par des décisions faisant autorité, et par le pouvoir sacré... En vertu de ce pouvoir, les évêques ont le droit sacré, et, aux yeux du Seigneur, la charge de légiférer pour leurs sujets, de juger et de régler tout ce qui touche au domaine du culte et de l’apostolat... Pour gouverner sa famille, l’évêque aura devant les yeux l’exemple du Bon Pasteur qui est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour ses brebis... Il se montrera prompt à annoncer l’Évangile à tous et à exhorter ses fidèles à l’activité apostolique et missionnaire. Les fidèles, de leur côté, doivent adhérer à l’évêque comme l’Église adhère à Jésus-Christ et Jésus-Christ au Père.” (27)

Le ministère ecclésiastique est exercé par les évêques aidés par les prêtres et les diacres:
- Les prêtres, bien qu’ils ne possèdent pas la plénitude du sacerdoce sont unis à leur évêque dans la dignité sacerdotale et forment avec lui un unique corps sacerdotal. Ils sont consacrés pour prêcher l’Évangile, paître les fidèles et célébrer le culte divin, spécialement la synaxe eucharistique, là où tenant la place du Christ, “ils le rendent présent à nouveau... Ils exercent en outre le ministère de la réconciliation et du réconfort auprès des fidèles repentants ou malades... Les prêtres reconnaissent dans l’évêque leur père et lui obéissent avec respect.”
Modèles du troupeau qu’ils dirigent, les prêtres “doivent présenter aux fidèles comme aux infidèles, aux catholiques et aux non catholiques, les traits d’un ministère vraiment sacerdotal et pastoral.” 28)
- Au degré suivant se trouvent les diacres qui reçoivent l’imposition des mains en vue du ministère qu’ils exercent de concert avec l’évêque et son clergé. Ils sont principalement chargés du ministère de la prédication, des secours de la charité. Ils peuvent administrer le Baptême, distribuer l’Eucharistie, bénir les mariages, lire la Sainte Écriture aux fidèles, exhorter le peuple, administrer les sacramentaux, accomplir les rites des funérailles et de la sépulture.
À propos des diacres, le Concile souhaite “que le diaconat soit rétabli comme degré distinct et permanent de la hiérarchie.” (29)

Les laïcs

Tout ce qui a été dit du Peuple de Dieu s’adresse aussi bien aux laïcs qu’aux clercs et aux religieux. Sous le nom de laïcs, le Concile entend, à l’exception des membres engagés, tous les fidèles incorporés au Christ par le Baptême. Leur domaine propre est le temporel: “De par leur vocation propre, il revient aux laïcs de chercher le Royaume de Dieu en administrant les choses temporelles et en les ordonnant à Dieu.” Ils sont appelés par Dieu à gérer les affaires du monde, et à travailler ce monde comme de l’intérieur, à la manière d’un ferment. (30 et 31)

Le Peuple élu de Dieu est un: “Un seul Seigneur, une seule foi et un seul Baptême.” La dignité des membres est la même pour tous car “il n’y a plus ni juifs, ni gentils.” Tous sont appelés à la sainteté, et tous sont égaux devant Dieu. Ainsi, les évêques peuvent dire avec Saint Augustin: “Pour vous, je suis évêque et avec vous je suis chrétien. Le premier titre est celui de la dignité dont je suis revêtu, et le second, celui de la grâce. L’un ne présente que des dangers, l’autre est pour moi un gage de salut.” (32)

“Les laïcs, rassemblés dans le peuple de Dieu et constitués en Corps unique du Christ sous un seul chef, sont tous appelés, quels qu’ils soient, à contribuer comme des membres vivants et de toutes les forces qu’ils ont reçues de la bonté du Créateur et de la grâce du Rédempteur, à l’accroissement de l’Église et à son ascension continuelle dans la sainteté. L’apostolat des laïcs est donc une participation à la mission salvatrice de l’Église elle-même... Cependant, les laïcs sont par-dessus tout appelés à rendre l’Église présente et agissante en tout lieu et en toute circonstance où elle ne peut devenir le sel de la terre que par leur intermédiaire... Outre cet apostolat qui incombe à tous les fidèles sans exception, les laïcs peuvent également être appelés, de diverses manières, à collaborer plus immédiatement à l’apostolat de la hiérarchie... ils sont, en outre, susceptibles d’être appelés par la hiérarchie à exercer certaines tâches ecclésiastiques dans un but spirituel...

Que de toutes parts donc, la voie leur soit ouverte afin que, selon leurs forces et les besoins actuels, ils puissent, eux aussi, travailler avec ardeur à l’œuvre salvatrice de l’Église.” (33)

Les laïcs sont vivifiés par l’Esprit du Christ de sorte que “voués au Christ et consacrés par l’Esprit-Saint, ils soient... merveilleusement pourvus pour que les fruits de l’Esprit croissent toujours en eux en plus grande abondance.” Même leurs épreuves peuvent devenir des sacrifices spirituels agréables à Dieu... “De cette manière, les laïcs, en une sainte et universelle adoration, consacrent à Dieu le monde même.” (34)

Le Christ est notre grand prophète. Il accomplit son office prophétique à la fois par le moyen de la hiérarchie qui enseigne, et par le moyen des laïcs dont Il fait aussi ses témoins et les hérauts de la foi aux choses que l’on espère. Cette vocation du laïc est un état de vie de grande valeur sanctifié par le sacrement du Mariage. Par le Mariage, “la religion chrétienne pénètre la vie tout entière... La famille, par son exemple et par son témoignage convainc le monde de péché et illumine les hommes en quête de vérité... Le Seigneur, en effet, désire, même avec la collaboration des fidèles laïcs, étendre son Royaume, Royaume de vérité et de vie, Royaume de sainteté et de grâce, Royaume de justice, d’amour et de paix.” Pour atteindre ce but, les fidèles doivent s’aider les uns les autres en vue d’une vie plus sainte, même par des œuvres proprement profanes, et, afin que le monde soit imprégné de l’Esprit du Christ, ils auront à cœur de mettre en valeur les biens créés, d‘assainir les institutions humaines et les conditions de vie, selon le commandement donné par le Créateur, et à la lumière de sa Parole.

En toute chose temporelle, les fidèles doivent se guider d’après la conscience chrétienne “De même qu’on doit reconnaître qu’une cité terrestre aux prises -et à juste titre- avec des problèmes terrestres, obéisse à des lois qui lui sont propres, de même faut-il, et au même titre, rejeter la théorie néfaste qui prétend construire la société sans tenir aucun compte de la religion, et qui combat ou détruit la liberté religieuse des citoyens.” (35 et 36)

En conclusion, il convient de redire que “tout laïc doit être, à la face du monde, un témoin de la résurrection et de la vie du Seigneur Jésus, un signe du Dieu vivant... En un mot, ce qu’est l’âme dans le corps, que les chrétiens le soient dans le monde.” (38)

La vocation de l’Église à la sainteté

Par la foi, nous croyons que l’Église est sainte. En effet, “le Christ, Fils de Dieu, qui avec le Père et le Saint-Esprit est proclamé le seul saint, a aimé l’Église comme son épouse et s’est donné pour elle afin de la sanctifier. Il l’a unie à lui comme son corps et l’a comblée du don de l’Esprit-Saint, pour la gloire de Dieu.” En conséquence tous les membres de l’Église sont appelés à la sainteté. “La sainteté de l’Église, manifestée par les richesses de la grâce du Saint-Esprit... apparaît proprement dans la pratique des conseils que l’on appelle d’ordinaire évangéliques. Cette pratique des conseils... porte, et doit porter dans le monde un témoignage remarquable et un éclatant exemple de sainteté.” (39)

Jésus a prêché cette sainteté, en a donné l’exemple, et a invité ses disciples à le faire. En effet “il envoya à tous le Saint-Esprit qui les incite intérieurement à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit et de toutes leurs forces, et à s’aimer les uns les autres comme le Christ les a aimés.” Les chrétiens sont devenus, par le Baptême, des fils de Dieu. Ils doivent donc maintenir et perfectionner dans leur vie la sainteté qu’ils ont reçue. “Et puisque tous, nous commettons bien des fautes, nous avons continuellement besoin de la miséricorde de Dieu et devons demander chaque jour: remets-nous nos dettes... Quel que soit son état ou son rang, chacun des fidèles est appelé à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité, selon la mesure du don du Christ.” Ainsi, devenus conformes à l’image du Christ et soumis à la volonté du Père, les fidèles se consacreront à la gloire de Dieu et au service du prochain. (40)

C’est une unique sainteté que l’Esprit propose à tous ceux qui suivent le Christ pauvre, humble et chargé de la Croix. “À l’image du Grand-prêtre éternel, pasteur et évêque de nos âmes, les pasteurs du troupeau du Christ doivent, avant toutes choses, accomplir leur ministère dans la sainteté, avec élan, humilité et courage... À l’instar des évêques dont ils forment la couronne spirituelle,... les prêtres doivent, par l’accomplissement de leur devoir, grandir dans l’amour de Dieu et du prochain.” Les prêtres, en s’acquittant du devoir de la prière et du Saint Sacrifice, loin d’être arrêtés par les soucis et les fatigues de l’apostolat, parviendront à une haute sainteté “s’ils ont soin de nourrir et d’alimenter leur action aux sources inépuisables de la contemplation pour la joie de l’Église de Dieu tout entière...”

Les prêtres peuvent être aidés par les diacres qui participent, eux aussi, à la grâce du sacerdoce suprême. “Adonnés à l’oraison, fervents dans la charité, les diacres seront attentifs à tout ce qui est vrai, juste et de bonne renommée, agissant uniquement pour la gloire et l’honneur de Dieu.”

Viennent ensuite les laïcs, “époux et parents chrétiens qui doivent s’aider mutuellement dans la grâce durant toute leur vie. Leurs enfants seront élevés dans la doctrine chrétienne... Les personnes veuves et les gens non mariés peuvent aussi contribuer notablement à la sainteté et à l’activité de l’Église.”

Le décret Ad Gentes n’oublie, ni les travailleurs manuels, ni ceux qui sont accablés par la pauvreté, la faiblesse, la maladie, les persécutions. “Tous sont unis de façon particulière au Christ souffrant pour le salut du monde.” (41)

Les moyens de la sainteté

Dieu est Amour; et celui qui demeure dans l’Amour demeure en Dieu et Dieu en lui. “Voilà pourquoi le don primordial et souverainement nécessaire est la charité... mais pour que la charité, comme le bon grain, croisse et produise des fruits, chacun des fidèles doit s’ouvrir à la Parole de Dieu... recevoir fréquemment les sacrements, surtout l’Eucharistie et participer souvent aux célébrations liturgiques. Ils s’appliqueront constamment à la prière, à l’abnégation d’eux-mêmes, à servir assidûment leurs frères... Ainsi la charité envers Dieu et envers le prochain est-elle la marque distinctive qui caractérise le vrai disciple du Christ.” Certes, le martyre, “où le disciple devient semblable au Maître en acceptant volontiers la mort pour le salut du monde, et où il lui devient conforme,” est le lot d’un petit nombre. Mais tous les chrétiens doivent être prêts à confesser le Christ devant les hommes.

Une mention spéciale est réservée à ceux qui se consacrent à Dieu seul par la virginité ou le célibat.

“La charité et l’humilité du Christ ne peuvent en aucun moment se passer de l’imitation ou du témoignage qu’en donnent ses disciples... Tous les fidèles donc, sont invités -et même tenus- à rechercher la sainteté et la perfection de leur état...” (42)

Les religieux

Les conseils évangéliques de la chasteté consacrée à Dieu, de la pauvreté et de l’obéissance, “sont un don divin que l’Église a reçu de son Seigneur et qu’elle conserve toujours avec sa grâce.” Les multiples genres de vie consacrée: vie solitaire ou vie commune, “développent leurs ressources tant pour le bien de leurs membres que pour celui de tout le Corps du Christ.” Ces fidèles consacrés sont appelés par Dieu à jouir d’un don spécial et à aider l’Église dans sa mission salvatrice. (43)

Le fidèle qui s’engage à observer les trois conseils évangéliques se donne totalement à Dieu dans un suprême acte d’amour. Par cette profession, signifiant l’union indissoluble du Christ avec l’Église, son épouse, le fidèle entend se libérer des entraves qui pourraient diminuer chez lui la ferveur de la charité autant que la perfection du culte divin, et se consacrer plus intimement au service de Dieu. “Les conseils évangéliques unissent d’une manière spéciale leurs adeptes à l’Église et à son mystère: aussi convient-il que la vie spirituelle de ces derniers soit consacrée au bien de toute l’Église. De là vient pour eux le devoir de travailler, soit par la prière, soit par d’autres activités, à enraciner et à consolider dans les âmes le Règne du Christ et à l’étendre à toutes les parties du monde.”

La profession des conseils évangéliques est un signe qui annonce la future résurrection et la gloire du Royaume céleste et qui manifeste la prééminence du Royaume de Dieu sur toutes les choses terrestres. (44)

Docile aux impulsions du Saint-Esprit, la hiérarchie de l’Église accueille les règles proposées par les fondateurs, les examine, puis, les approuve ou demande des modifications avant de donner son approbation. Les instituts de perfection dépendent, soit de la juridiction de l’ordinaire du lieu, soit du Souverain Pontife. Cependant tous les religieux doivent, conformément aux lois canoniques, respect et obéissance aux évêques.

“L’Église... reçoit les vœux de ceux qui font la profession, état consacré à Dieu; elle supplie Dieu, par sa prière publique, de les aider et de leur accorder ses grâces, elle les recommande à Dieu et leur impartit la bénédiction spirituelle, en associant leur offrande au Sacrifice eucharistique.” (45)

Les religieux sont des témoins du Christ devant les hommes. “Tous auront égard au fait que la profession des conseils évangéliques, qui comporte le renoncement à des biens sans doute très estimables, loin de s’opposer au progrès véritable de la personne humaine, cherche plutôt, par sa nature même, à le promouvoir au plus haut point... Ces conseils... aident ... à la purification du cœur et à la liberté spirituelle. Ils tiennent continuellement en éveil la ferveur de la charité.” Les religieux, de par leur consécration, ne deviennent ni étrangers aux hommes, ni inutiles dans la cité terrestre. Au contraire, d’une manière cachée ou visible, ils collaborent toujours avec leurs contemporains. (46)

En conclusion: “Chacun de ceux qui sont appelés à la profession de conseils s’emploiera avec le plus grand soin, à persévérer et à exceller davantage dans la vocation à laquelle Dieu l’a appelé. Il en résultera pour l’Église une plus abondante sainteté,” et une plus grande gloire pour la Sainte Trinité. (47)


L’Église en marche

Caractère eschatologique de la vocation chrétienne

“L’Église ne trouvera son achèvement que dans la gloire céleste... En vérité le Christ, au jour de son exaltation, attira tout à lui. Ressuscité des morts, il envoya aux apôtres son Esprit vivifiant et, par lui, se constitua un Corps, l’Église, sacrement universel du salut. Assis à la droite du Père, il opère continuellement dans le monde pour conduire les hommes à l’Église et, par elle, les unir plus étroitement à lui... La restauration promise aux hommes progresse avec l’envoi du Saint-Esprit et, grâce à lui, nous apprend le sens de notre vie temporelle, tandis que nous accomplissons, dans l’espérance des biens futurs, l’œuvre que le Père nous a donné à faire en ce monde...

... Le renouvellement de l’univers a vraiment commencé dès ici-bas. Dès ici-bas l’Église est, en effet, auréolée d’une sainteté véritable, si imparfaite qu’elle soit...” Tant que les cieux nouveaux et la nouvelle terre ne seront pas arrivés, “l’Église voyageuse portera, dans ses sacrements et dans ses institutions, qui appartiennent à l’ère présente, le reflet de ce monde qui passe; elle-même vit au milieu des créatures qui soupirent et souffrent les douleurs de l’enfantement en attendant la révélation des fils de Dieu.”

“Unis avec le Christ dans l’Église et marqués par le Saint-Esprit... nous sommes appelés fils de Dieu, et en vérité, nous le sommes“, quoique nous vivions exilés loin du Seigneur. “Aussi nous efforçons-nous de plaire au Seigneur et nous revêtons-nous des armes de Dieu afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable et, au jour mauvais résister. Mais comme nous ne connaissons ni le jour ni l’heure, il nous faut... veiller assidûment afin qu’au terme de notre unique vie terrestre nous méritions... d’être comptés parmi les bienheureux... En effet, avant de régner avec le Christ glorieux, nous comparaîtrons tous devant le tribunal du Christ pour recevoir chacun le salaire du bien et du mal que nous aurons accompli durant notre vie corporelle...” (48)

“En attendant que le Seigneur... revienne dans sa gloire, certains de ses disciples cheminent sur la terre tandis que d’autres, après cette vie, subissent la purification et que d’autres jouissant de la gloire, contemplent clairement Dieu un et trine, tel qu’Il est. Tous cependant... communient dans le même amour de Dieu et du prochain.”

Nous sommes tous unis en une seule Église, mais ”les bienheureux affermissent davantage dans la sainteté l’Église tout entière... et ne cessent d’intercéder pour nous auprès du Père... C’est en effet dans la vie de ceux qui, tout en partageant notre condition humaine, reflètent pourtant davantage les traits du Christ que Dieu se fait présent... Il convient donc que nous aimions ces amis... nos frères et nos bienfaiteurs, et que nous leur adressions des supplications et recourions à leurs prières et à leur aide puissante pour obtenir de Dieu des grâces par son Fils Jésus-Christ, qui seul est notre Rédempteur et Sauveur... Ainsi, quand nous célébrons le sacrifice eucharistique, nous nous unissons très intimement au culte de l’Église céleste...” (49 et 50)

Le vrai culte des saints c’est de chercher “dans leur vie un exemple, dans leur communion une participation à leurs biens et dans leur intercession un secours...” Nos relations avec les bienheureux, vécues dans la foi, “ne diminuent en rien le culte d’adoration rendu à Dieu par le Christ, dans l’Esprit, mais au contraire l’enrichissent davantage... Et quand le Christ apparaîtra et que se produira la glorieuse résurrection des morts, la Cité céleste, dont l’agneau sera la lampe, s’illuminera de la clarté de Dieu.” (51)


La bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le Mystère du Christ et de l’Église

Dieu a envoyé son Fils afin de nous sauver, de nous libérer du péché et de faire de nous des fils adoptifs. Le Fils de Dieu venu dans le monde est né d’une femme. Ce divin mystère du salut, les fidèles “doivent en vénérer le souvenir, et, avant tout, le souvenir de la glorieuse et toujours vierge Marie, Mère de Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ... (52) La Vierge Marie... accueillit dans son corps le Verbe de Dieu: elle est reconnue et honorée comme la vraie Mère de Dieu et du Rédempteur... Elle est la fille préférée du Père et le temple de l’Esprit-Saint.” Marie est également la Mère de l’Église, et des membres du Corps mystique du Christ. L’un des buts du Concile “est de mettre soigneusement en lumière la fonction de la bienheureuse Vierge dans le mystère du Verbe incarné et du Corps mystique, et, d’autre part, les devoirs des hommes rachetés envers la Vierge, Mère du Christ et Mère des hommes.” (53 et 54)

Rôle de la Sainte Vierge dans l’économie du salut

Les livres de l’Ancien Testament, dès la Genèse, “mettent peu à peu, en une lumière toujours plus claire la figure d’une femme: la Mère du Rédempteur.” Elle accomplira la promesse faite à nos premiers parents: la Vierge concevra et mettra au monde un Fils qui sera appelé l’Emmanuel. (55)

De même qu’une femme, Ève, avait contribué à la mort, une femme, Marie, devait servir à redonner la vie. Ainsi, “Marie, la Mère de Jésus a donné au monde la Vie qui renouvelle tout, et elle a été enrichie par Dieu de dons correspondant à une si haute fonction... Toute sainte, elle s’est consacrée totalement comme servante du Seigneur à la personne et à l’œuvre de son Fils, toute au service du mystère de la Rédemption en dépendance de son Fils et en union avec Lui, par la grâce de Dieu tout puissant... Grâce à elle, le nœud de la désobéissance d’Ève a été dénoué par l’obéissance de Marie, la Mère des Vivants... (56) Cette union de la Mère et de son Fils dans l’œuvre de la Rédemption se manifeste depuis le moment de la conception virginale du Christ jusqu’à sa mort.” (57 et 58)

Préservée du péché, la Vierge Immaculée fut, au terme de sa vie terrestre, élevée au ciel en son âme et en son corps. (59)

Marie et l’Église

Il n’y a qu’un seul Médiateur entre Dieu et les hommes: l’Homme-Christ, Jésus. C’est Dieu Lui-même qui a voulu l’action de la Vierge Marie sur les hommes, action qui facilite l’union immédiate des croyants avec le Christ. “La maternité de Marie dure sans cesse dans l’économie de la grâce... Dans sa charité maternelle, elle s’occupe... des frères de son Fils qui sont encore des pèlerins et qui sont en butte aux dangers et aux misères... Elle est invoquée dans l’Église sous les titres d’Avocate, d’Auxiliatrice, d’Aide et de Médiatrice,” car la médiation unique du Rédempteur n’exclut pas la coopération de la Très Sainte Vierge, sa Mère. (60 à 62)

La Mère de Dieu est intimement liée à l’Église dont elle est la figure “dans l’ordre de la foi, de la charité et de l’union parfaite avec le Christ.” (63) Contemplant la charité et sainteté mystérieuse de Marie, l’Église qui accomplit la volonté du Père devient mère, elle aussi. “À l’imitation de la Mère de son Seigneur, elle conserve d’une façon virginale, par la vertu de l’Esprit-Saint, une foi intacte, une espérance ferme et une charité sincère.” (64) Marie est un modèle de vertu pour tous les fidèles. (65)

Le culte rendu à Marie dans l’Église

“L’Église honore, à juste titre, d’un culte spécial, celle que la grâce de Dieu a faite inférieure à son Fils, certes, mais supérieure à tous les anges et à tous les hommes.” Le culte rendu à Marie exista toujours dans l’Église, mais c’est surtout à partir du Concile d’Éphèse qu’il grandit particulièrement selon la prophétie de Marie elle-même: “Toutes les générations me diront bienheureuse.”

En conséquence, le Saint Concile “exhorte tous les fils de l’Église à pratiquer généreusement le culte, spécialement le culte liturgique, à l’égard de la bienheureuse Vierge; à tenir en grande estime les pratiques et les exercices de dévotion de caractère marial que le magistère de l’Église recommande depuis des siècles...” en s’abstenant, cependant, tout autant de la fausse exaltation que de toute étroitesse d’esprit. (66 et 67)

“Si la Mère de Jésus, déjà glorifiée en son corps et en son âme, est l’image et le commencement de ce que sera l’Église en sa forme achevée, au siècle à venir, eh bien! sur la terre, jusqu’à l’avènement du jour du Seigneur, elle brille; devant le peuple de Dieu en marche, comme un signe d’espérance et de consolation... (68) Que tous les fidèles adressent avec instance des prières à la Mère de Dieu et à la Mère des hommes.” (69)


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