Chemin de Croix

Chanoine Crozier (1850-1916) - édité en 1904



Biographie du chanoine Crozier

Il naît le 8 février 1850 à Duerne dans le Rhône, au sein d'une famille qui comptera quatre enfants. Baptisé deux jours plus tard, le petit Antoine grandit à Lyon, où ses parents sont venus s'installer peu après sa naissance, sur le territoire de la paroisse Saint-François, qui restera l'un de ses saints préférés. Mais c'est à Saint-Nizier qu'il suit le plus souvent les offices religieux, et qu'il apprend à servir la Messe. "Etant enfant de chœur, à douze ou treize ans, une fois seulement, devant le Saint-Sacrement, j'ai encore senti Dieu comme jamais. Je n'étais certes pas un modèle de sagesse, mais le bon Dieu s'est dit : Choisissons cet insupportable pour le triomphe de ma grâce…" Il y fait sa première communion. Jeune encore, il se sent appelé à la prière perpétuelle : "A 13 ans, je me souviens comme hier, j'ai senti dans une rue de Lyon cet appel à l'apostolat par la prière sans fin".

Vers 1867, il entre au petit séminaire de l'Argentière, à 10 km de sa ville natale. Avec la déclaration de guerre en 1870, il rentre aider sa famille, qui travaille à la diffusion d'un remède naturel très célèbre à cette époque : la Toile Souveraine. Ce sont les revenus provenant de ces ventes qui soutiendront pour beaucoup les entreprises apostoliques et caritatives du futur Père Crozier. En 1871, il rejoint le grand séminaire de Saint-Irénée à Lyon (le même où sont passés Jean-Marie Vianney en 1819 et Antoine Chevrier en 1846). "La vie du prêtre est une Messe perpétuelle. Chaque partie du divin Sacrifice se renouvelle et se perpétue incessamment en lui… Prêtres, … nous donnerons Jésus aux âmes si nous Le montrons nous-mêmes, si nous Le faisons vivre dans toute notre personne. Le monde a besoin de voir et d'entendre Jésus comme aux jours de sa vie publique. C'est Jésus qui lui manque… Soyons donc des semeurs, des semeurs du divin Amour, des semeurs d'éternité et de bonheur sans fin, des semeurs de pureté, des semeurs de dévouement, des semeurs de sainteté, puisqu'il faut des saints pour sauver et renouveler l'humanité !"

Il est ordonné prêtre le 22 décembre 1877, et est aussitôt nommé préfet des études à l'institution secondaire des Chartreux, à Lyon. Il y reste deux ans, puis part pour Rome achever son cycle de théologie. Il est reçu à son Doctorat le 25 juin 1881. C'est à Rome qu'il "rencontre" Sainte Catherine de Sienne (1347-1380). "J'aime d'amour cette grande sainte, parce qu'elle m'a plus que les autres saints appris à aimer Notre Seigneur et à prier pour le Souverain Pontife."

Rentré en France, il est nommé vicaire à la paroisse Notre-Dame de Saint-Chamond, à 12 km de Saint-Etienne. En 1882, il est amené à assurer un service d'aumônerie auprès des Carmélites, et devient le directeur spirituel de la Prieure, Mère Raphaël (1829-1914). C'est elle qui l'encourage à mettre par écrit l'essentiel de sa doctrine, qui sera publiée dès 1894 sous le titre Comment il faut aimer le bon Dieu. La diffusion de ce livret dépassera le million d'exemplaires. Il devient également le Père spirituel d'une jeune postulante au Carmel, Antonine Gachon (1861-1945). Celle-ci est bientôt obligée de regagner sa ville natale, et c'est donc par courrier qu'en juillet 1883 elle informe le Père Crozier de la 1° apparition de Jésus dont elle sera gratifiée, le Cœur ouvert et rayonnant. L'Abbé écrira à ce sujet en 1886 : "Depuis longtemps, j'ai pensé aux analogies qui existent entre la bienheureuse Marguerite-Marie et Antonine, et après les manifestations qu'Antonine a reçues du Sacré-Cœur, je me surprends à supposer qu'Antonine achèverait, ou au moins continuerait la mission de Marguerite-Marie…" Cette rencontre l'engage à fonder une association, œuvre d'apostolat universel et de sanctification mutuelle, qu'il intitule Union dans le Sacré-Cœur et pour le Sacré-Cœur. Elle voit le jour en 1888, et fonctionne sans aucune inscription, simple famille d'âmes croyantes liées entre elles par une même volonté de tout faire dans et pour l'Amour, dans et pour le Cœur de Jésus, "application efficace de la Communion des saints entre tous ceux qui veulent aimer et faire aimer le bon Dieu et le Cœur de Jésus". Elle servira de tremplin pour l'Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus que fondera le Père de Foucauld quelques années plus tard.

En octobre 1883, il est nommé vicaire à la paroisse Saint-Polycarpe de Lyon, où il rencontre sa 2° fille spirituelle, Sédulie Dévenaz (1859-1940), et tous trois resteront indissolublement liés par la prière et l'édification spirituelle pour le salut des âmes, dans "ce Cœur qui s'est entrouvert pour nous recevoir, nous unir, et nous garder toujours." Le Père Crozier considéra toujours cette "Trinité mystique" comme l'une des plus grandes grâces de sa vie.

En mai 1886, il postule pour entrer dans l'œuvre du Prado (fondée par le P. Chevrier en 1860), et y est nommé à la tête de l'école apostolique à Notre-Dame de la Roche, où il prend ses fonctions en octobre. Il y sera un éveilleur de vocations au sacerdoce et à la sainteté. "C'est là mon ministère principal pour cette année, peut-être pour plusieurs années : donner à Notre-Seigneur des prêtres selon son Cœur." En 1891, suite à un changement de direction à la tête de l'Institut, le Père Crozier démissionne et part se reposer quelques mois chez ses sœurs.

Vers l'année 1888, il a pris conscience de subir chaque vendredi une recrudescence de ses douleurs morales et physiques, ces dernières se portant précisément aux mains, aux pieds, au côté et à la tête. Alors qu'il célèbrera l'Eucharistie le 10 janvier 1901, cette union aux souffrances du Christ en Croix deviendra visible, avant qu'il ne demande au Seigneur d'en effacer les marques, pour garder cette stigmatisation secrète jusqu'à sa mort.

Début 1893, il est appelé comme directeur spirituel au collège et séminaire de Belley. D'une bonté et d'une disponibilité inlassables, il y fait éclore de nouvelles vocations, parmi lesquelles celles du Père Prosper Monier (1886-1977), et de l'Abbé Constant Pel (1878-1966), tous deux prédicateurs infatigables de l'Amour de Jésus. Les mesures anti-cléricales du gouvernement Combes l'obligent à quitter le collège le 1° juillet 1904 avec tous les religieux, qui sont remplacés par des instituteurs laïcs. Il est alors appelé à Lyon, comme second aumônier au Pensionnat des Lazaristes tenu par les Frères des Ecoles Chrétiennes, qui a du lui aussi s'ouvrir à l'enseignement laïc. Il y reste six ans, y déployant la même ferveur apostolique, appelant inlassablement les jeunes à rejoindre Jésus dans une vie de prière et d'amour, centrée sur l'Eucharistie.

A la fin de l'année scolaire 1911, la maladie l'oblige à prendre des repos de plus en plus fréquents. Il demande alors à prendre sa retraite et partage désormais son temps entre son domicile et la maison familiale, poursuivant ses directions spirituelles et son abondante correspondance. Il rédige encore de nombreux livrets et feuillets apostoliques. C'est à cette époque qu'il rencontre le Père Mateo (1875-1960), qui devient son ami, et Charles de Foucauld, qu'il aidera dans sa fondation de l'Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus. Sa patience et sa douceur augmentent à proportion de ses souffrances. En 1915, son état s'aggravant, il rentre à Lyon. Une chute en février 1916 le cloue définitivement au lit, et il rend le dernier soupir le 10 avril, après une longue agonie.

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