A l'approche de la mort

Textes d'accompagnement




La mort n'est rien. Je suis seulement passé dans la pièce à côté.
Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné. Parlez de moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel et triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte, sans une trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours signifié.
Elle est ce qu'elle a toujours été. Le fil n'est pas coupé. Pourquoi serais-je hors de votre pensée simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je vous attends. Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.
Vous voyez, tout est bien.

Chanoine (Canon) Henry Scott-Holland (1847-1918), traduction d'un extrait de "The King of Terrors", sermon sur la mort, 1910.

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Rentrer chez Dieu

Rentrer chez Dieu...
Comme on rentre chez soi

Au bout de chaque jour,
Au bout de nos voyages,
Et trouver près de Lui
Le repos de son coeur.

Apprendre auprès de Lui
Ce que veut dire Aimer...
Et rallumer ce feu
Qu‘Il est venu répandre.

Savoir Lui dire merci,
Et demander pardon,
Et L'embrasser sans crainte
À la face du monde !

Chercher dans Son regard
À se perdre sans fin...
Silence bienheureux
Des gens simples qui se comprennent.

Tristesse et joie de l'âme,
Angoisse et espérance,
Passions et inquiétudes...
Tout, tout passe dans nos yeux.

Il sait tout, c'est vrai.
Il voit tout. Pourtant...
Il attend que nos coeurs
Se posent dans le Sien.

Rentrer chez Dieu...
Comme on rentre chez soi.
Fatigués, consumés,
Mais capables d'aimer.

Être là... Juste être là...
Laisser tomber les bras...
Et puis se laisser prendre
Quand Il ouvre les siens.

Je T'aime, Dieu,
je T'aime,
Plus loin que tout amour,
plus fort que toute faute.

Et je me sais aimé,
Non pas tout seul, non,
Mais bien avec tous ceux et celles
Que Tu m'as confiés.

Ils sont là à mes côtés,
Et je Te les apporte :
Qu'ils entrent, eux aussi, auprès de Toi,
Comme on rentre chez soi...

Robert Lebel

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« Que votre demeure est agréable, ô Dieu des vertus, je soupire après vous, je me hâte vers vos sacrés parvis. »
Psal., 83.

Mes frères bien-aimés, ranimons notre foi, fortifions notre âme, préparons-nous à accomplir la volonté divine et, bannissant toute crainte de la mort, songeons à l'immortalité qui doit la suivre. Que notre conduite s'accorde avec notre croyance : ne pleurons plus la perte de ceux qui nous sont chers et, quand l'heure du départ sonnera pour nous, allons, sans hésitation et sans retard auprès du Dieu qui nous appelle. […]
Considérons, mes frères bien-aimés, que nous avons renoncé au monde, et que nous sommes sur la terre comme des étrangers et des voyageurs. Saluons le jour qui assigne à chacun son domicile véritable, le jour qui nous délivre des liens de cette vie pour nous rendre au Paradis et au royaume céleste. Qui donc, vivant sur la terre étrangère, ne se hâterait de revenir vers sa patrie ? Quel homme, traversant les mers pour rejoindre sa famille, ne désirerait un vent favorable pour embrasser plus tôt ces êtres si chers ? Notre patrie c'est le Ciel : là se trouvent nos ancêtres, c'est-à-dire, les patriarches ; pourquoi ne pas nous hâter de jouir de leur vue ? Là nous attendent ceux qui nous sont chers : nos pères, nos frères, nos fils, l'assemblée entière des bienheureux, assurée de son immortalité, mais inquiète de notre salut. Quel bonheur pour eux et pour nous de se rencontrer, de se réunir à nouveau ! Quelle volupté d'habiter le royaume céleste sans craindre de mourir et avec la certitude de vivre éternellement ! Peut-il exister une félicité plus complète ? Là, se trouve l'assemblée glorieuse des apôtres, le chœur des prophètes, le peuple innombrable des martyrs victorieux dans les combats et dans la souffrance. Là sont les vierges triomphantes, qui ont soumis aux lois de la chasteté la concupiscence de la chair. Là sont les miséricordieux qui ont distribué aux pauvres d'abondantes aumônes et qui, selon le précepte du Seigneur, ont transporté leur patrimoine terrestre dans les trésors du Ciel. Hâtons-nous, mes frères, de nous joindre à cette auguste assemblée ; souhaitons d'être bientôt avec eux en présence du Christ. Que cette pensée soit connue de Dieu ; que le Christ, notre maître, la trouve gravée dans nos cœurs. Plus nos désirs seront ardents, et plus la récompense qu'il nous destine sera abondante.

Saint Cyprien de Carthage (v.200-258), Traité "De la mortalité" : 3. Désir du Ciel, in Histoire et Œuvres complètes, traduction française par l'Abbé Thibaut, Tome II, Tours, Cattier, 1869.

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La grande et triste erreur de quelques-uns, même bons, c'est de s'imaginer que ceux que la mort emporte nous quittent. Ils ne nous quittent pas. Ils restent.
Où sont-ils ? Dans l'ombre ? Oh non, c'est nous qui sommes dans l'ombre. Eux sont à côté de nous sous le voile, plus présents que jamais. Nous ne les voyons pas parce que le nuage obscur nous enveloppe, mais eux nous voient. Ils tiennent leurs beaux yeux pleins de gloire arrêtés sur nos yeux pleins de larmes. Oh consolation ineffable, les morts sont des invisibles, ce ne sont pas des absents.
J'ai souvent pensé à ce qui pourrait le mieux consoler ceux qui pleurent. Le voici : c'est la foi à cette présence réelle et ininterrompue de nos morts chéris. C'est l'intuition claire, pénétrante que par la mort ils ne sont ni éteints, ni éloignés, ni même absents, mais vivants, près de nous ; heureux, transfigurés, et n'ayant perdu dans ce changement glorieux ni une délicatesse de leur âme, ni une tendresse de leur coeur, ni une préférence de leur amour ; ayant au contraire, dans ces profonds et doux sentiments grandi de cent coudées. La mort pour les bons est la montée éblouissante dans la lumière, dans la puissance et dans l'amour. Ceux qui jusque-là n'étaient que des chrétiens ordinaires, deviennent parfaits ; ceux qui n'étaient que beaux deviennent bons ; ceux qui étaient bons deviennent sublimes !

Mgr Bougaud (1823-1888).

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Par la mort, la famille ne se détruit pas,
elle se transforme, une part d'elle va dans l'invisible.
On croit que la mort est une absence, quand elle est une présence secrète.
On croit qu'elle crée une infinie distance, alors qu'elle supprime toute distance,
en ramenant à l'esprit ce qui se localisait dans la chair.
Que de liens, elle renoue,
que de barrières elle brise,
que de murs elle fait crouler,
que de brouillard elle dissipe,
si nous le voulons bien.
Plus il y a d'êtres qui ont quitté le foyer, plus les survivants ont d'attaches célestes.
Le ciel n'est plus alors uniquement peuplé d'anges, de saints connus ou inconnus et du Dieu mystérieux.
Il devient familier, c'est la maison de famille, la maison en son étage supérieur, si je puis dire
et du haut en bas, le souvenir, les secours, les appels se répondent.

Père A.-G. Sertillanges O.P.(1863-1948)

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La Mort : Témoignages de vies !

La Mort : Témoignages de vies !

Suite à la parution d'un numéro spécial de la revue la Bonne Nouvelle sur la mort qui a porté énormément de fruits comme : espérances, joies, conversions, consolations et guérisons..., la Cité de l'Immaculée a reçu de multiples témoignages, tous plus beaux les uns que les autres...
Des témoignages sur la mort :
    - avant
    - pendant
    - après
Un approfondissement sur :
    - les NDE
    - le deuil
    - la prière + la messe

C’est pour cela qu'elle a décidé de rassembler ces récits dans ce livre pour tous, car c’est une bombe d’espérance !
Le livre 160 pages : 5 euros l'unité. Merci d'ajouter 2€ pour les frais de port.
A commander à l'adresse ci-dessous :
Cité de l'Immaculée
BP24 - 53170 Saint Denis du Maine (France)
Tel : 02.43.64.23.25
E.mail : communion@mariereine.com
site : www.mariereine.com

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Comme si les morts existaient !
Il n'y a pas de morts, Seigneur,
Il n'y a que des vivants, sur notre terre, et au-delà.
La mort existe, Seigneur.
Mais elle n'est qu'un moment,
Un instant, une seconde, un pas,
Le pas du provisoire au définitif,
Le pas du temporel à l'éternel.
Ainsi meurt l'enfant quand naît l'adolescent,
     la chenille quand s'envole le papillon,
     le grain quand s'annonce l'épi.
[...]

Seigneur, ils sont près de moi mes morts,
Je les sais qui vivent dans l'ombre ;
Je ne les touche plus de mes yeux, car ils ont un moment abandonné leur enveloppe charnelle comme on laisse un vêtement usé ou démodé.
Leur âme privée de leur déguisement, désormais, ne me fait plus signe.

Mais en Vous, Seigneur, je les entends qui m'appellent,
Je les vois qui m'invitent,
Je les écoute qui me conseillent,
Car ils me sont davantage présents.
Jadis, nos chairs se touchaient, mais non pas nos âmes.
Maintenant, je les rencontre, lorsque je Te rencontre,
Je les reçois en moi, lorsque je Te reçois,
Je les porte lorsque je Te porte,
Je les aime lorsque je T'aime.
O mes morts, vivants éternels qui vivez en moi,
Aidez-moi à bien apprendre, en cette courte vie, à vivre éternellement.

Seigneur, je Vous aime et je veux Vous aimer davantage,
C'est Vous qui éternisez les amours et je veux éternellement aimer.

P. Michel Quoist (1921-1997), Prières, Editions ouvrières, 1954.

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Ce qui se passe de l'autre côté, quand tout pour moi aura basculé dans l'Eternité... Je ne le sais pas ! Je crois, je crois seulement qu'un grand Amour m'attend. Je sais pourtant qu'alors, pauvre et dépouillé, je laisserai Dieu peser le poids de ma vie. Mais ne pensez pas que je désespère... Non, je crois, je crois tellement qu'un grand Amour m'attend. Maintenant que mon heure est proche, que la voix de l'Eternité m'invite à franchir le mur, ce que j'ai cru, je le croirai plus fort au pas de la mort. C'est vers un Amour que je marche en m'en allant, c'est vers son Amour que je tends les bras, c'est dans la vie que je descends doucement. Si je meurs ne pleurez pas, c'est un Amour qui me prend paisiblement. Si j'ai peur... et pourquoi pas ? Rappelez-moi souvent, simplement, qu'un Amour m'attend. Mon Rédempteur va m'ouvrir la porte de la joie, de sa Lumière. Oui, Père ! voici que je viens vers toi comme un enfant, je viens me jeter dans ton Amour, ton Amour qui m'attend.

Saint Jean de la Croix

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Voici que je me tiens sur le rivage de la mer.
Un navire appareille.
Il déploie ses voiles blanches à la brise du matin et cingle vers l'océan.
C'est là un objet de beauté, et je restais à le regarder jusqu'à ce qu'enfin, il s'efface à l'horizon, et que quelqu'un à mes côtés dise : « Il est parti ».
Parti où ? parti de ma vue, c'est tout.
Il garde la même taille, mâts, bastingage, et coque, que lorsque je le voyais, et il est tout aussi capable de porter son fardeau et son fret vivant à sa destination.
Qu'il diminue, qu'il échappe totalement à ma vue, voilà qui est en moi, pas en lui ;
Et juste au moment où quelqu'un dit à mes côtés : « il est parti », voici que d'autres le regardent venir et d'autres voix s'élèvent : « Le voici, il vient ».
C'est cela qu'on appelle mourir.

William Blake

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Tu ne parles plus mais tu es vivant.
Tu ne bouges plus mais tu es vivant.
Tu ne souris plus mais en arrière de tes yeux tu me regardes.
De très loin ?
Peut-être de très près, je ne sais rien de ces distances.
Je ne sais plus rien de toi, mais tu sais maintenant davantage de choses sur moi.
Tu es en Dieu.
Je ne sais pas ce que cela peut vouloir dire mais sûrement ce que tu voulais et ce que je veux pour toi.
Je le crois.
Toute ma foi, je la rassemble.
Elle est maintenant mon seul lien avec toi.
Jésus, donne-moi de croire à ta victoire sur la mort.
Celui que j'aime veut entrer dans ta joie.
S'il n'est pas prêt, je te prie pour lui.
Achève sa préparation.
Pardonne-lui comme tu sais pardonner.
Aide-moi à vivre sans sa voix, sans ses yeux.
Que je ne le déçoive pas maintenant qu'il va me voir vivre et m'attendre.

André Sève (1913-2001)

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Habitants de la Cité céleste

Les habitants de cette Cité,
Après avoir triomphé de ce monde,
Sont tous dans la gloire
Et ont des visages pleins de joie,
Car ils sont délivrés de tous les maux.

Ils n'ont tache ni rouille
Dans ce ciel pur comme le cristal :
L'Agneau divin
A essuyé leurs larmes
Et leur donne le prix de leur course.

Leur chair est pacifiée,
Soumise à l'esprit
Et spiritualisée,
Unie au Dieu souverain
Et embrasée de son amour.

Ils jouissent d'une paix éternelle
Sans que rien les fatigue jamais :
Ils sont tout enveloppés
De la véritable gloire,
Unis à leur Principe et à leur Créateur.

Ils contemplent dans la joie
La présence du Dieu qu'ils ont tant aimé.
Ils se désaltèrent à cette source
Qu'ils ont tant désirée,
A cette eau dont ils avaient tant soif.

Saint Jean de la Croix
Poème XXI

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Ne pleure pas, si tu m'aimes !
Si tu savais le don de Dieu et ce que c'est que le ciel !
Si tu pouvais d'ici entendre le chant des Bienheureux et me voir au milieu d'eux !
Si tu pouvais voir se dérouler sous tes yeux les immenses horizons et les nouveaux sentiers où je marche !
Si un instant, tu pouvais contempler comme moi la Beauté devant laquelle toutes les beautés pâlissent !
Quoi ?… tu m'as vu… tu m'as aimé dans le pays des ombres et tu ne pourrais ni me revoir ni m'aimer dans le pays des immuables réalités ?
Crois-moi, quand la mort viendra briser tes liens comme elle a brisé ceux qui m'enchaînaient, et quand, un jour que Dieu seul connaît et qu'il a fixé, ton âme viendra dans ce ciel où l'a précédé la mienne… ce jour-là, tu me reverras et tu retrouveras mon affection purifiée.
A Dieu ne plaise qu'entrant dans une vie plus heureuse, je sois infidèle aux souvenirs et aux vraies joies de mon autre vie et sois devenu moins aimant !
Tu me reverras donc, transfiguré dans l'extase et le bonheur, non plus attendant la mort, mais avançant, d'instant en instant, avec toi, dans les sentiers nouveaux de la Lumière et de la Vie !
Alors… essuie tes larmes, et ne pleure plus… si tu m'aimes !…

Saint Augustin

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Seigneur Dieu, Père tout-puissant,
Seigneur Jésus-Christ, mon Seigneur,
Marie, ma douce maman,
je sais que je ne suis pas seul,
je veux croire que vous êtes là tout près de moi,
mais je souffre, j'ai mal,
ne m'abandonnez pas dans ma peine,
aidez-moi à ne pas désespérer.
Je vous en supplie, portez ma peine,
venez à mon secours
car l'être que j'aimais n'est plus.
Je ne le vois plus, je n'entends plus sa voix, son pas,
je ne devine plus sa présence près de moi.
Je sais Seigneur que tu es ressuscité des morts,
je sais que tu m'as racheté à la vie éternelle,
je sais que la mort ne s'arrête pas là,
qu'elle n'est qu'un passage.
Je sais que tu es la résurrection et la vie,
je sais que l'être que j'aimais est né d'une nouvelle vie,
près de toi, en toi, pour toujours.
Je sais que tu m'appelleras aussi un jour
près de toi où je retrouverai celui que j'aime
et qui m'aime encore plus fort aujourd'hui.
Je sais que par toi, la vie triomphe de la mort,
que tu ne me veux pas abattu.
Mais je souffre Seigneur, viens à ma rencontre,
aide-moi je t'en supplie à porter la Croix
qui pèse aujourd'hui si lourd sur mes épaules.
Soulage-moi Seigneur, le fardeau est trop lourd,
j'ai peur de défaillir, mon cœur et ma raison se brisent.
Viens à mon secours, Seigneur,
du fond de ma nuit, je t'appelle.
Je t'aime Seigneur.
Garde mon corps, mon âme, mon esprit dans l'espérance ;
j'ai confiance en toi Seigneur Jésus,
je veux avoir confiance en toi.
Fais-moi voir, fais-moi sentir ta lumière,
dans cette nuit qui m'accable.
Reçois, Seigneur Dieu, l'âme de celui que j'aime,
ne regarde pas ses péchés,
écoute mes prières.
O Père très bon et miséricordieux, ne retiens que le bien
qu'il a pu faire quand il était parmi nous.
Tu connais la nature humaine,
faible et pécheresse que Ton Fils a voulu pourtant
épouser pour nous sauver.
O Seigneur, reçois l'âme de …
Pardon et miséricorde, pour lui, pour nous,
je t'en supplie, Seigneur.
Et donne-moi la force,
donne-moi ta force pour poursuivre ma route dans l'épreuve
afin que nous soyons un jour à jamais réunis
dans notre patrie,
en Toi, avec …
en Dieu et avec notre Mère.
Amen.

Jean Paul Dufour
Extrait de "Veillez et Priez" - Recueil de la prière chrétienne
Ephèse Diffusion Editeur – B.P.36 53170 Saint-Denis du Maine (France), Janvier 2000 (3° édition).

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… J'ai sondé d'un regard leur poussière bénie,
Et j'ai compris
Que leur âme a laissé comme un souffle de vie
Dans ces débris.
Que, dans ce sable humain qui dans nos mains mortelles
Pèse si peu,
Germent pour le grand jour les formes immortelles
De presque un Dieu !

Lieux sacrés où l'amour pour les seuls biens de l'âme
Sut tant souffrir,
En vous interrogeant, j'ai senti que sa flamme
Ne peut mourir.
Qu'à chaque être d'un jour qui mourut pour défendre
La vérité
L'Etre éternel et vrai, pour prix du temps, doit rendre
L'Eternité.

C'est là qu'à chaque pas on croit voire apparaître
Un trône d'or…
Et qu'en foulant aux pieds des tombeaux, je crus être
Sur le Thabor.
Descendez, descendez au fond des catacombes,
Au plus bas lieux.
Descendez, le cœur monte, et, du haut de ces tombes,
On voit les cieux !

Abbé Gerbet

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« Où va la vie ? Où va ma vie ? » Lorsqu'à mon tour je l'ai demandé, non pas aux hommes, mais à Dieu, une voix d'En-Haut s'est fait entendre qui disait : « C'est moi qui suis la voie, la vérité, la vie ! » Vie de l'esprit, vie du cœur. Vie de lumière, de grâce, de sainteté, d'amour. Vie de la terre, vie du ciel. Et c'est vous qui parliez ainsi, ô Jésus ! vous qui venez du Père, source et plénitude de vie ; vous qui descendîtes du ciel pour donner la vie au monde ; vous qui la déversez sur la société des âmes, les seules âmes qui vivent ; et qui la ferez rejaillir pour elles en flots de gloire et de béatitude, jusqu'à la vie éternelle !
Maintenant, Seigneur, soyez béni ! Où va ma vie, je le sais. Le sens de la vie, je le sais ; le prix de la vie, je le sais. J'étais donc dans la bonne voie. Vous me l'aviez ouverte dès les jours de mon enfance ; vous y avez fait courir l'élan de ma jeunesse ; assurez-y les pas tremblants de ma vieillesse. La vieillesse est la station terminale du voyage. Le chemin qui me reste à parcourir n'est que le rapide et petit espace d'une soirée. Soyez-y jusqu'à la fin, ô Dieu, mon viatique, ma lumière, ma force, mon appui. Vous êtes déjà mon espérance, car je sais que je vous retrouverai, les bras ouverts, au terme de ma course. « Seigneur, dit votre Prophète, vous m'avez montré les voies de la vie ; et vous me remplirez de la lumière de votre face ! »

Mgr Bougaud
Le Vieillard – La vie montante, Paris, Poussielgue 1911.

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Vivre mon deuil

Aujourd’hui, je ne porte plus la robe noire
signe extérieur de mon deuil
cette robe qui te disait : « Je vis un temps bien difficile, je suis davantage fragile, s’il te plaît, veille un peu sur moi. »

J’enterre parfois mes morts si hâtivement
que je me prive, en ma profonde tristesse,
de la présence d’amis, de frères, de sœurs, de chers parents.

Grande calamité, temps de déchirement
et pourtant…
Je m’arrache des bras qu’on m’ouvre
pour reprendre vitement mon boulot, fuir ma douleur,
cacher ce grand trou dans ma poitrine,
ce vide qui me gêne
qui me fait peur.

Je ne prends pas le temps de me donner du temps.

Mon cri funèbre est retenu, mon angoisse étouffée.
Je refuse l’occasion d’un silence, la durée d’un « Adieu ».

Pourtant vulnérable en cette secousse pénible,
je me bouscule !

Pourquoi ?

Je me réclame de ma peine de façon individuelle
je ne sais plus invoquer Dieu ?
Le rite est devenue langue morte,
le silence me fait peur
mes relations sont superficielles ?
Ma course quotidienne trop accélérée
je ne peux plus m’arrêter ?

Je ne sais pas…

Mais je sais que la peine chassée
revient en sourdine, exige d’être mienne,
persiste à cogner, cherche l’accueil,
s’installe au seuil de mon être
et menace mon cœur fermé.

Je peux bien me doser de médicaments, ravaler…
ignorer cette visiteuse, la nier…
elle restera là et j’aurai un jour à l’apprivoiser,
je devrai apprendre à la connaître…
elle fait partie de moi, ma peine
elle a besoin de moi.

Vivre mon deuil, c’est peut-être me reposer… prier… dormir… communier… parler…
Entrer dans ce lieu secret en moi
et faire place à celui qui m’a quittée, à celle qui s’en est allée.
Intérioriser mes bien-aimés, les porter, les continuer, les faire grandir et vivre encore, en moi…
leur offrir une autre saison fleurie ou le temps d’une moisson.

La société qui m’entoure, frénétique, informatique, automatique
m’invite à passer outre…
La mort ? Tourne le dos ! c’est inutile… futile… perte d’énergie, de temps…
Le deuil est gênant.
Reprends vite ton salaire !
Souris, allez souris…
Un jour ou deux de larmes… ça suffit !
Prends-toi en main ! Tourne la page !
Un jour ou deux de congé… et puis allez, c’est fini !

Je pense à Marie, la Mère de Jésus,
Celle, qui, entourée des disciples de son Fils…
a pris le deuil, a partagé sa souffrance.

Marie, ma Mère, qui dans la nuit de ma Vie,
m’accompagne dans l’Espérance…
vers la Lumière d’une Pentecôte toujours actuelle
sur le chemin de la félicité éternelle.

Choisir de vivre mes chagrins en Église
…c’est m’accorder un soutien bien précieux.

Pourquoi marcher seule ?
Si j’ose vivre pleinement mon deuil
j’apprendrai peut-être à vivre pleinement ?
Ainsi, lorsque sonnera mon heure
j’aurai appris à mieux mourir,
à dire À DIEU dignement !

Lysette Brochu
Regard de foi mai – juin 1989 Volume 85 – Numéro 3