Poésies d'inspiration chrétienne



Plaintes d’amour

Jésus, Jésus, quel martyre indicible
De t’aimer tant et de t’aimer si peux !
De ton amour la flamme inextinguible
Brûle en mon âme avec l’ardeur du feu.

Ah ! Que je souffre ! Oui c’est une torture…
Et plus je souffre, oh ! plus j’ai de bonheur !
Toi seul, Jésus, tu sais ce que j’endure…
Garde–moi bien consumée en ton Cœur.

Le jour, la nuit, je languis, je soupire,
Et c’est vers Toi que montent mes élans ;
Ah ! Je t’appelle… Oh ! que je te désire !...
Je pleure… hélas ! encor, toujours, j’attends…

Comme un oiseau prisonnier en sa cage
Je vis sur terre, ô mon divin Époux ;
Oui je voudrais déchirer le nuage
Pour rencontrer ton regard pur et doux.

Jésus, Jésus, je t’aime ! Ah ! que je t’aime !
Ton nom béni seul me fait tressaillir ;
Quand donc enfin, Jésus, mon Bien suprême,
Vais-je t’aimer assez pour en mourir !

J’ai soif de Toi ! d’une soif dévorante,
J’ai faim, j’ai faim de ton amour, de Toi ;
Prends donc pitié de ma fièvre brûlante,
Pour l’apaiser, mon Jésus, viens à moi.

Ah ! que je souffre et que je suis heureuse !
Mon dur martyre est un fleuve de paix ;
Et si ma joie est bien mystérieuse
Le pur amour en a tous les secrets.

Puisqu’il me faut ici-bas encor vivre,
Oui, je le veux, selon ta volonté ;
Anéantie en ton Cœur, je me livre
Aux saints excès, Jésus, de ta bonté.

Et laisse-moi, loin de Toi, sur la terre,
Si tu le veux, durant l’éternité :
Mon seul vouloir, Jésus, c’est de te plaire,
Et tes désirs font ma félicité.

Non, d’un moment, n’abrège pas ma vie,
Ferme l’oreille à mes plaintes d’amour ;
Mais soutiens-moi par ta grâce infinie
En attendant de m’admettre à ta Cour !

Bienheureuse Dina Bélanger (1897-1929)
Le 1er novembre 1924, à la Toussaint.


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