Poésies d'inspiration chrétienne



La petite fleur du divin prisonnier

Entre deux froids barreaux, croissait une humble plante
Qui charmait les ennuis d'un pauvre prisonnier ;
C'était le seul bonheur de son âme souffrante,
L'unique passe-temps de son triste foyer !…
Sous les murs ténébreux de sa sombre retraite,
Sa main l'avait plantée… il l'arrosait de pleurs !…
Et pour prix de ses soins, il voyait la pauvrette
Lui donner à l'envi ses parfums et ses fleurs…

Ah ! mon divin Maître, au fond du tabernacle,
Depuis 1800 ans prisonnier par amour,
Malgré notre froideur, par un constant miracle,
Vous avez près de nous fixé votre séjour ;
Et là, plus délaissé, plus solitaire encore,
Que le pauvre captif dont je plains l'abandon,
De vos enfants pervers, votre tendresse implore
Ces cœurs dont les ingrats vous refusent le don…

Hélas ! puisqu'à vous fuir, ils s'obstinent sans cesse,
Puisqu'ils vous laissent seul, ô le Dieu de mon cœur !
Abaissez par pitié les yeux sur ma bassesse,
Je serai, mon JESUS, votre petite fleur…
De mon âme écoutez l'incessante prière,
C'est Vous qui l'inspirez, Seigneur, exaucez-la.
Ah ! dites-moi comment, humble fleur, pour vous plaire,
Mon âme entre vos mains, sans retour s'oubliera.

Jésus

Eh ! bien, c'est dans la FOI… c'est dans une FOI NUE…
Que ma main planterait cette petite fleur,
Qui vivant pour MOI SEUL… des hommes inconnue,
N'aurait d'autre Soleil qu'un regard de mon cœur.

A cette tendre fleur, je voudrais pour Racine,
Cette espérance en moi qui jamais ne faiblit ;
Espérance infinie en ma Bonté divine…
Abandon de l'enfant qui sait qu'on le chérit…

Pour Tige, il lui faudrait, sans désir et sans crainte
Un tranquille, un joyeux, un prompt acquiescement
Au plus léger appel de ma volonté sainte…
Sans hésitation… sans nul raisonnement.

Elle me ravirait, si, prenant pour Feuillage
Le mépris de l'estime et des regards humains,
Elle savait voiler à l'œil qui l'envisage,
Les dons qu'elle a reçus de mes divines mains.

Je lui voudrais pour Fleur une constante joie,
Que ne pourraient troubler ni revers… ni douleur…
Qui même à la souffrance, à l'amertume en proie,
Saurait se réjouir encor de mon bonheur.

Son Fruit enfin serait cette vertu si pure
Qui ne voit que DIEU SEUL… ici-bas, comme aux cieux…
Qui n'a plus de regard pour nulle créature,
Qui ne cherche qu'en MOI le terme de ses vœux…

Par là de mes desseins réalisant l'attente,
Elle aura mérité la plus douce faveur ;
Et sur mon cœur sacré, greffant mon humble plante
En l'unissant à MOI, je ferai son bonheur.

(Image pieuse du XIXe siècle)


Retour au Sommaire des Poésies