Mois de Marie

d'après Bossuet



Douzième Jour

L’Ave Maria de l’heure et le Curé d’Ars

C’est une pieuse coutume, établie dans bon nombre de communautés en Espagne et en France, de réciter un Ave Maria à chaque heure du jour : on l’appelle pour cette raison « l’Ave Maria de l’heure ». Cette coutume sourit tellement au vénérable curé d’Ars qu’il l’établit dans sa paroisse. Etait-il en conversation, si l’heure venait à sonner, il s’interrompait aussitôt et récitait un Ave Maria avec un recueillement profond. Etait-il en chaire, il se levait incontinent et avec lui son auditoire, récitait un Ave Maria, et continuait son instruction. Pour faciliter cette pratique, il fit placer dans son église une horloge dont les sonneries pussent être facilement entendues.
Plusieurs personnes imitèrent l’exemple du vénérable curé, et l’on vit souvent, au milieu de la place publique même, des hommes se découvrir aux premiers coups de l’horloge qui annonçaient une nouvelle heure, et réciter l’Ave Maria !
« L’Ave Maria, disait le vénérable curé, est une prière qui ne lasse jamais. »
(Tiré de la vie du Bienheureux)

Résolution. – Dire pieusement et régulièrement l’Angelus avec le désir d’obtenir l’humilité par cette prière.


Pratique du jour

« Dans tous vos desseins (1), dans toutes vos difficultés, dans tous vos projets, recourez à la charité de Marie. Etes-vous traversés, allez à Marie ; si les tempêtes et les tentations se soulèvent, élevez vos cœurs à Marie ; si la colère, si l’ambition, si la convoitise vous troublent, pensez à Marie, implorez Marie (a). Ses prières toucheront le Cœur de Jésus, parce que le Cœur de Jésus est un cœur de fils, sensible à la charité maternelle. Et que n’attendrons-nous point de Marie, par laquelle Jésus même s’est donné à nous ? « Mais si nous voulons, nous dit saint Bernard (b), recevoir l’assistance de ses oraisons, suivons les leçons de sa vie. » Et que choisirons-nous dans sa vie ? Suivons toujours les mêmes principes : entendons que notre ruine étant un ouvrage d’orgueil, le mystère qui nous répare devait être l’œuvre de l’humilité ; et afin que nous évitions la malédiction et la rébellion orgueilleuse d’Eve, obéissons avec Marie pour être les véritables enfants de cette mère commune de tous les fidèles. »

       (1) : Bossuet, Œuvres orat., t II, p. 11.
       (2) : S. Bernard, sup. Missus, homil. II, n. 17.

       (3) : Append. oper. S Bernard, in Salve Regina, serm. I, n. 1.


Prière

« O sainte, ô incomparable Marie (1), nous crions, nous gémissons après vous, misérables bannis, enfants d’Eve. Car à qui auront leurs recours les enfants captifs d’Eve l’exilée, sinon à la mère des libres ? Et si telle est la doctrine des anciens Pères, si telle est la foi des martyrs, que vous soyez l’avocate d’Eve, ne prendrez-vous pas aussi la défense de sa postérité condamnée ? Si donc Eve inconsidérée nous a présenté autrefois le fruit empoisonné qui nous tue, est-il rien de plus convenable que nous recevions de vos mains le fruit de vos bénites entrailles, qui nous donne la vie éternelle ? »
Ne nous le refusez pas, ô Mère de miséricorde ; si indignes que nous en soyons, donnez-le-nous, sur la terre, en attendant qu’il daigne lui-même se donner à nous pour toujours au plus haut des cieux. Ainsi soit-il.

       (1) : Œuvres orat., t II, p. 7.


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