La Passion de Jésus
racontée par les mystiques


Angèle de FOLIGNO (1248-1309)

Marie d'AGREDA (1602-1665)

Anne-Catherine ÉMMERICK (1774-1824)

Maria VALTORTA (1897-1961)
Introduction générale
Vie de Marie d'Agreda
Avertissements et remarques
La Cène du Seigneur
L'agonie et l'arrestation
Chez Anne et Caïphe
Chez Pilate et Hérode
Le portement de Croix
Le crucifiement
Du crucifiement à la mort
Réflexions à propos de la mort
La Résurrection


La Passion de Jésus selon Marie d'Agreda


Le portement de Croix

Pilate prononça la sentence par laquelle il condamnait Jésus de Nazareth à mourir de la mort de la croix. On remit à Jésus ses propres habits, y compris la tunique sans couture, et les soldats chargèrent, "sur les épaules délicates et meurtries de Jésus la lourde croix sur laquelle Il devait être crucifié... et afin qu'Il pût la tenir et la porter, ils Lui délièrent les mains, sans délier pourtant le corps." (1360)

Saint Jean fut le seul des apôtres qui se trouvât présent à ce spectacle, car, en se tenant auprès de la bienheureuse Vierge Marie, il fut témoin de tout ce qui se passa quoiqu'ils restassent un peu à l'écart de la multitude." (1356)


Remarque

Curieusement Maria d'Agreda relate que Saint Jean et les saintes femmes se trouvèrent mal en voyant Jésus et qu'ils furent réconfortés par Marie. Chez les autres mystiques, comme nous le verrons plus loin, c'est le contraire qui se produit: Marie, parfois défaillante est soutenue par Jean et par ses compagnes. Au fond cela est sans importance, car, si l'on se reporte à la remarque du chapitre 4, on peut supposer que les faits rapportés se sont produits successivement: tantôt Marie soutenait ses compagnes, et tantôt c'étaient les saintes femmes qui apportaient du réconfort à la pauvre Mère affligée.


Sur le chemin du Calvaire

"Les soldats, abjurant tout sentiment de pitié naturelle, menaient notre Sauveur avec une cruauté incroyable. Les uns Le tiraient avec les cordes par devant pour hâter sa marche, les autres par derrière pour augmenter ses peines. Les pierres qu'Il rencontrait en tombant Le blessèrent surtout aux genoux... le poids de la croix Lui causa en outre, un grand ulcère à l'épaule... et par les secousses qu'on lui imprimait, tantôt la croix heurtait contre sa tête, et tantôt sa tête contre la croix, et alors les épines de la couronne s'enfonçaient davantage dans les parties les plus vives de la chair... Ils aggravaient les douleurs de leur victime par des blasphèmes exécrables et en couvrant sa face divine de leurs immondes crachats et de poussière. Ils Lui en jetaient avec un tel acharnement qu'ils Lui en remplissaient les yeux." (1367)

Bientôt Marie, Jean, Madeleine et les autres femmes rencontrèrent Jésus. Le Fils et la mère se regardèrent avec une immense douleur, mais ils ne se parlèrent pas. (1368)

Ce fut enfin la rencontre avec d'autres femmes de Jérusalem qui pleuraient et s'affligeaient de voir Jésus si maltraité. Jésus eut encore le courage de les consoler, mais bientôt ses forces L'abandonnant il fallut faire appel à Simon de Cyrène. (1370 et 1371)


Instructions de Marie

"Il y a beaucoup de gens qui disent qu'ils désirent suivre Jésus-Christ; mais le nombre de ceux qui se disposent véritablement à L'imiter est fort petit; car aussitôt que la croix des souffrances se fait sentir, on la rejette et on Lui tourne le dos... (1372) Autre illusion commune: celle des personnes qui s'imaginent suivre Jésus-Christ, leur divin Maître, sans souffrir et sans agir; elles se contentent de n'être pas fort hardies à commettre les péchés, et font consister toute la perfection en une espèce de prudence ou d'amour tiède qui leur permet de ne rien refuser à leur volonté, et de se dispenser de la pratique des vertus qui sont pénibles à la chair... (1373)

On peut noter que la tiédeur est condamnée par la Sainte Vierge, sans appel.

"Pour vous, ma fille,... il faut que dans le cours de la vie passagère, vous trouviez votre gloire dans les persécutions, le mépris, les maladies, les outrages, la pauvreté, les humiliations, et dans tout ce qui est pénible et contraire à la chair mortelle.... Tenez pour règle générale que toutes les consolations humaines amènent des imperfections et des dangers. Vous ne devez recevoir que celles que le Très-Haut vous enverra par soi-même ou par ses saints anges." (1374)


Remarque

Ce discours de Marie à l'attention de Marie d'Agreda, qui vivait au 17ème siècle, est d'une actualité de plus en plus brûlante. Didier Rance dans l'un de ses derniers ouvrages: Un siècle de témoins - Les martyrs du 20ème siècle (publié en 2000 par le département Le Sarment de la Librairie Arthème Fayard) fait remarquer que Jésus, qui présentait ses Béatitudes à la troisième personne "Heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu!" change brusquement d'interlocuteur lorsqu'Il arrive à la dernière, et dit: "Bienheureux êtes-vous si l'on persécute..." Autrement dit, selon Didier Rance, "il n'y a pas d'échappatoire, pas d'autre voie pour le bonheur que la situation de persécution." Car le martyre est la preuve suprême de l'amour, que le martyre soit physique ou moral.

Jésus a donné l'exemple. Mais Jésus est mort et, pour l'atteindre, les persécuteurs, ceux que Didier Rance appelle les loups, ne peuvent que s'en prendre à ses disciples. Cela est constamment actuel, et le 20ème siècle, siècle de la persécution à grande échelle par excellence, a assisté au martyre de millions de témoins, au martyre d'hommes et de femmes qui ont préféré souffrir et mourir dans des conditions souvent atroces, plutôt que de renier Jésus.




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