Mois de Marie

d'après Bossuet



Vingt-septième Jour

Le Salve Regina

Hermann, l’auteur du Salve Regina, naquit en 1013. Il fut élevé dans la crainte du Seigneur, et montra dès son enfance une tendre piété envers Marie. Dès l’âge de six ans, une cruelle maladie arrêté sa croissance et déforma ses membres. La patience et la foi d’Hermann étaient admirables, il puisait la résignation dans les souffrances de Notre Seigneur et la piété dans les exemples de la très Sainte Vierge.
Il avait seize ans lorsque la Reine du Ciel lui apparut : « Mon enfant, lui dit-elle, Dieu, dans ses conseils adorables, a voulu, en guérissant votre maladie, révéler sa puissance et sa bonté. Votre résignation lui a plu : vos prières de chaque jour sont montées vers lui et ont été entendues. Vous avez souhaité la santé et la science, demandez donc l’un de ces deux dons : santé ou science. » - Hermann n’hésita pas ; il demanda la science qui lui permettrait de travailler à la gloire de Dieu. Et la Sainte Vierge répondit : « Vous aurez donc la science et avec la permission de Dieu, j’ajoute à ce don la santé. » - Hermann devint bientôt l’un des hommes les plus savants de son époque. Il entra dans l’ordre de Saint Benoît, et, parmi de nombreux témoignages de sa piété envers Marie, il composa l’immortel Salve Regina. – Plus tard, comme on terminait le chant du Salve Regina dans la cathédrale de Spire, Saint Bernard s’écria : O clemens, o pia, o dulcis Virgo Maria. – Et jamais plus ces paroles n’ont été détachées de l’hymne d’Hermann.
(De la vie d’Hermann).

Résolution. – Vivre de la pensée du Ciel.


Pratique du jour

En face de la croix au pied de laquelle la très sainte Vierge se tient debout avec vaillance, apprenons la grande science, qui est la science du salut. « Elle consiste principalement dans la rémission des péchés, dont nous avons besoin toute notre vie (1) ; en sorte que notre justice est plutôt dans la rémission des péchés que dans la perfection des vertus. »
Or nul péché n’est remis s’il n’est expié, et il n’y a pas d’expiation sans pénitence. L’arbre sanglant où notre Maître agonise nous prêche donc la pénitence. « Si vous ne faites point pénitence, nous dit-il comme Jésus-Christ à la foule, vous périrez tous. » Car « si Dieu traite ainsi le bois vert » dans le Fils en qui il a mis toutes ses complaisances, « comment traitera-t-il donc le bois sec » dans les pécheurs ?
Ne restons pas sourds à ces exhortations salutaires. Ecoutons-les. Faisons enfin une place dans notre vie à la pénitence qui rachète et qui purifie. Et si nous n’avons pas assez de courage au cœur pour l’assumer librement, ayons du moins assez de sagesse pour l’accueillir sans révolte, quand Dieu nous l’envoie sous la forme de la souffrance, puisqu’elle nous est indispensable et que, pécheurs misérables, sans elle nous ne pouvons pas nous sauver.

       (1) : Elévations, XVe sem., VIe élévat.


Prière

O Mère de douleurs, divine consolatrice des affligés de la terre, pendant que vous contemplez l’innocente victime, meurtrie, sanglante, défigurée, qui est clouée sur la croix, souvenez-vous que vous avez d’autres enfants encore, des enfants adoptifs qui vous furent donnés au Calvaire et qui vous ont voué leur amour. Vous ne seriez pas Mère de Dieu si vous ne pouviez pas les consoler, et, si vous ne le vouliez pas, vous ne seriez pas leur Mère. Or vous êtes notre Mère et la Mère de Dieu en même temps. Mater Dei, mater mea. Sur les souffrances de nos âmes, faites donc passer ce souffle merveilleux sous lequel nos mères se plaisaient à guérir nos maux d’enfants, en souriant de leur sourire inoubliable. Enveloppez-nous de cette tendresse apaisante, inépuisable aux cœurs des mères, qui calme tous les soucis, dissipe toutes les anxiétés, adoucit toutes les douleurs. Et après nous avoir ainsi assuré la paix sur la terre, ô consolatrice douce entre toutes, ouvrez-nous l’entrée du séjour d’où le deuil est à jamais banni et où l’on ne verse plus de larmes. Ainsi soit-il.


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