Pour la défense de la Vie

Déclaration des évêques de France



Préface de Mgr Aillet, au livre "Naître ou ne pas être" - 2013


« Existe-t-il une instance humaine, existe-t-il un parlement, qui ait le droit de légaliser le meurtre d'un être humain innocent et sans défense, qui ait le droit de dire : "Il est permis de tuer", et pour finir : "Il faut tuer", là où il faut au contraire protéger et aider la vie au maximum ?
Quand une société ne reconnaît pas que toute autorité vient de Dieu, l’accumulation des maux qui la traversent engendre ce que le bienheureux Jean-Paul II appelait « les structures de péché ». Ainsi, ces dernières, finissant par envahir tout l’espace public, anesthésient les consciences et contraignent des personnes à des comportements mortifères.
Le consensus démocratique n’a pas l’apanage de la vérité et de la justice. En ce sens, la légitimité du politique découle de son respect de la loi naturelle, de cet ordre voulu par Dieu, inscrit au plus profond de la création. Comme l’écrit saint Thomas d’Aquin :
"Une loi contraire à la raison est plus une violence qu’une loi".
Et Benoît XVI ajoute : "Le droit humain fondamental, le présupposé pour tous les autres droits, est le droit à la vie elle-même. Ceci vaut pour la vie, de la conception à sa fin naturelle. En conséquence, l’avortement ne peut être un droit humain – il est son contraire".
Lever les tabous et autres censures au sujet du crime le plus abominable, n’est pas le moindre des exercices ! On saura gré au Docteur Philippe de Cathelineau d’aborder la question de l’avortement avec un immense respect des personnes, sans omettre l’audace du témoignage rendu à la vérité. Son expérience personnelle, associée à celle de son épouse, et sa réflexion de fond s’entremêlent ici sans se nuire. »

Mgr Aillet
Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron

Extrait de la préface au livre :
Naître ou ne pas être - De la dictature de nos libertés à la faillite de nos solidarités
du docteur Philippe de Cathelineau
Saint-Léger Editions

Naître ou ne pas être - De la dictature de nos libertés à la faillite de nos solidarités - Philippe de Cathelineau


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Déclaration de Mgr Aubry, Evêque de La Réunion - 22 janvier 2008


Faire réussir la Vie !

J'ai donné mon accord pour faire partie du Comité de Soutien de « la marche pour la vie » qui s'est déroulée à Paris dimanche dernier 20 janvier. En effet, il est grand temps de s'interroger sur le fonctionnement et l'utilisation de la loi concernant l'avortement provoqué. Il s'est créé une mentalité qui assimile souvent l'avortement à la contraception. Il s'agit d'interpeller des consciences et l'opinion publique.

La vie humaine est une vie humaine dès le premier instant de la conception dans le sein maternel. C'est toute la personne humaine qui est déjà dans la première cellule, dans l'embryon puis le fœtus. Cet être humain sans défense a le droit de mûrir, de naître et de vivre. C'est donc notre devoir de protéger la vie humaine en développant les conditions de sa réussite. Faire réussir la vie !

En 1995, le Conseil Permanent de la Conférence des Evêques de France avait déjà affirmé : « Nul ne peut déclarer droit humain ce qui implique un déni d'humanité. Les dispositions législatives [...] qui dépénalisent dans certaines conditions l'avortement provoqué, ne sauraient être interprétées comme exprimant ou créant un droit ». En rigueur de terme, contrairement à ce qui se dit dans le langage courant, il n'y a pas de « droit à l'avortement ». Par contre, il y a un droit des femmes en détresse à être soutenues et aidées pour échapper aux contraintes qui peuvent les conduire à ne voir d'autre issue à leur situation que l'avortement.

L'avortement est toujours un drame pour la femme concernée, pour l'être humain détruit, pour la société. Il faut donc travailler en amont pour mettre en œuvre les moyens nécessaires à la vie et à la santé, pouvoir travailler, disposer d'un toit, fonder une famille dans un climat de respect des personnes, de paix et de sécurité. Les femmes qui envisagent l'avortement doivent pouvoir compter sur un réseau de soutiens affectifs et effectifs grâce à des personnes qualifiées : réfléchir sur la vie, sur leur vie et s'entraider. L'Eglise, pour sa part, y travaille régulièrement.

S'il y a malheureusement avortement, l'acte sera toujours grave. Mais la responsabilité sera graduée selon les personnes et ce qu'elles ont vécu. Il faut toujours distinguer l'acte et la personne. La femme qui connaît le drame de l'avortement doit toujours être accueillie et ne pas être jugée. Il s'agit de l'aider, toujours dans un réseau de relations, à surmonter la situation en assumant les conséquences de son geste souvent à l'origine d'un traumatisme. Hélas, dans la plupart des cas, c'est la solitude.

En définitive, quelle idée nous faisons-nous de la sexualité humaine ? Quel sens à la sexualité ? Dans une société hyper érotisée, où l'on confond liberté et licence, où certains revendiquent le « droit » à la perversité, où des adolescents réalisent leur propre film porno sur téléphone portable, faire l'apologie du « droit à l'avortement » c'est faire sauter encore un peu plus les repères dont toute société a besoin si elle ne veut pas se détruire. Une personnalité comme le Dalaï-Lama affirme d'une manière forte : « l'avortement est un meurtre ».

A La Réunion, selon les critères de l'INSEE, le nombre d'IVG a tendance à diminuer depuis dix ans avec un maximum atteint de 4827 IVG en 1994. En 2004, il y a eu 4264 IVG pour 14545 naissances et en 2005, 4518 IVG pour 14610 naissances. Mais une étude de la DRASS souligne que « la part des IVG de mineures dans le nombre total d'IVG a presque doublé, de 6,2% en 1996 à 11,3% en 2004 ». C'est alarmant quant aux conséquences ! N'oublions pas que l'IVG est un avortement. Avec des approches différentes, n'y aurait-il pas moyen de rechercher et de promouvoir un langage dynamisant sur la vie, le couple, la famille, la société... pour donner à nos jeunes envie de vivre avec une parentalité responsable ? Il nous faut tous travailler à faire reculer le fléau de l'avortement par l'éducation et la responsabilité et faire reculer les détresses qui empêchent de faire réussir la vie dans l'intégralité de l'amour humain. Avec beaucoup d'amour et de miséricorde.

Le 22 janvier 2008
Monseigneur Gilbert Aubry


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Déclaration de Mgr Aumonier, Evêque de Versailles - Novembre 2006


"Une société qui traite les plus petits comme des objets inutiles, ou utiles seulement comme matériau de recherche, est une société suicidaire"

Quitter la peur de vivre

Le nombre d’avortements, loin d’avoir diminué depuis la loi Weil, a augmenté, comme tout le monde le sait. Nous apprenons maintenant que l’avortement chez soi va pouvoir se pratiquer plus facilement que par le passé. On nous dit que cela exige quand même plusieurs consultations médicales préalables, et certains se félicitent de ce que cela aiderait à dédramatiser ce qu’on ne veut pas qualifier de meurtre.

On nous explique comment les centres de planning familial prennent et prendront le plus grand soin à "aider" la mère. De quoi s’agit-il ? Les centres ne se cachent pas que leur pédagogie ne consiste pas à aider la femme en désarroi en lui ouvrant la possibilité de garder l’enfant, mais "accompagnent", comme on le dit pudiquement, la décision d’avorter en cherchant à ce que cela traumatise la mère le moins possible..., à ce qu’elle ait "le moins de peine possible".

Hélas quand on occulte le vrai, on ne fait de bien à personne. A moins d’avoir la conscience complètement anémiée, la mère sait le plus souvent, - ce n’est pas une culture bourgeoise et ringarde qui le lui a dit, mais sa conscience - elle sait que ce n’est pas une chose qu’elle jette. L’aide-t-on à comprendre que s’il y a une victime, ce n’est pas d’abord elle, mais c’est l’enfant ?

On voit bien que dans ce drame, l’anesthésie des consciences ne peut remplacer la guérison de l’âme. Nous savons bien et nous ne nous lassons pas de le dire et de le redire : une société qui traite les plus faibles et les plus petits et les plus démunis de ses membres, incapables de se défendre, comme des objets inutiles, ou utiles seulement comme matériau de recherche scientifique pour le bien être du reste le plus riche de l’humanité et des laboratoires de production rentables, une telle société est suicidaire.

Nous savons aussi que la clef de la vie d’une société est sa capacité à éduquer sur la vie humaine, comme belle et digne d’être vécue. Cela nous oblige certes à rendre la terre de plus en plus habitable. Cela ne se fera pas seulement en faisant la chasse à la pollution, mais en laissant prévaloir la générosité et l’entraide et la vraie solidarité, et en leur donnant les moyens de se développer. C’est-à-dire en encourageant le développement et en soulignant la place irremplaçable de la famille. Celle-ci est faite d’un homme et d’une femme et d’enfants reçus et aimés par eux ; non pas loués, achetés, revendiqués comme un droit, pour compléter deux solitudes; non pas jetés quand ils dérangent. C’est la responsabilité de tous de s’y engager, du simple citoyen aux responsables de la Nation.

+ Eric Aumonier, Evêque du diocèse de Versailles


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Déclaration de Mgr Bouchex, Evêque d'Avignon - Décembre 2004


Trente ans après la loi sur l’avortement

L’année 2005 sera le 30ème anniversaire de la loi dépénalisant l’avortement (j’utilise le mot avortement, celui d’IVG me paraissant occulter la gravité de l’acte). En effet le 21 décembre 1974, était adoptée la loi présentée par Madame Simone Veil. Le texte était promulgué le 17 janvier 1975. Le Parlement confirmait la loi le 31 décembre 1979.
Le livre anniversaire de Madame Simone Veil a pour titre « Une loi pour l’histoire » (chez Stock). La loi de 1975 est bien « une loi pour l’histoire » et « les hommes aussi s’en souviennent » selon le sous-titre du journal « La Croix » (04/11/04). Mais, contrairement à ce que pensent l’auteur et ses commentateurs favorables, l’histoire s’en souviendra et les hommes s’en souviendront comme d’une atteinte à la dignité de l’être humain lourde de conséquences. Ces trente dernières années ont en effet été marquées de dérives de plus en plus graves sur le plan éthique.


L’avortement

La pratique de l’avortement a toujours existé. Ce n’est pas une invention de notre époque ni de la loi de 1975. Cette dernière pensait même pouvoir en limiter le nombre, ce qu’elle n’a pas réussi à faire. Jusqu’à cette loi, l’avortement était considéré comme un acte de mort, condamné par la loi. Même la loi de 1975, dans son article 1er, affirmait que la vie doit être protégée dès le premier instant de son existence. Elle reconnaissait encore que l’avortement est une transgression.
Mais immédiatement après ces affirmations, la loi dépénalisait l’avortement. Elle l’autorisait en certaines situations de détresse et avec des conditions précises : dialogue préalable, clause de conscience pour le personnel médical, nécessité de l’autorisation parentale pour les mineures. Il était à prévoir que cette porte entr’ouverte allait s’ouvrir de plus en plus. Et de fait, un pas de plus a été fait avec le remboursement, à la fin de 1982, par la Sécurité Sociale, ce qui faisait de l’avortement un acte de santé. Très vite, sous la pression de certains groupes, l’avortement est devenu une liberté, puis un droit, enfin une exigence pouvant conduire devant la justice celui ou celle qui aurait empêché d’une façon ou d’une autre l’avortement. Les autorités compétentes n’ont pas réagi à ces diverses violations de la loi. Le légal est vite devenu le critère du moral.
D’abord autorisé jusqu’à 10 semaines, l’avortement a été légalisé sous le gouvernement de Monsieur Lionel Jospin jusqu’à 12 semaines (4 juillet 2001). Notons, mais est-ce une consolation ?, que l’avortement est autorisé jusqu’à 22 semaines, cinq mois, en Espagne Il a été déclaré cause prioritaire des soins de santé, avec financement important pour développer les services hospitaliers nécessaires en vue de répondre rapidement à toutes les demandes. On présente comme anormal le fait qu’il ne puisse pas être répondu rapidement à toutes les demandes. Le dialogue préalable est devenu caduc.
Les médecins chefs de service sont obligés d’admettre les avortements dans leur service. Les mineures sont dispensées, en certains cas, de l’autorisation parentale. La distribution de la pilule du lendemain est devenue libre et gratuite pour les mineures dans les établissements scolaires, ou dans les pharmacies, qui sont obligées de la distribuer, ce qui pose de graves cas de conscience à certains pharmaciens. Les avortements thérapeutiques, pour raisons de santé de la mère, peuvent être pratiqués jusqu’à la naissance.
Monsieur Douste Blazy, notre ministre de la santé, vient d’autoriser, en juillet 2004, l’avortement médicamenteux à domicile, avec remboursement par la Sécurité sociale. Il a déclaré se réjouir de cette méthode qui rend l’avortement plus facile et le rend moins traumatisant pour les femmes. Ainsi moins l’avortement devient traumatisant, mieux cela vaut. Alors qu’on cherche par tous les moyens à diminuer les déficits de la Sécurité sociale, parfois au détriment de certains malades, nul ne parle de remettre en cause ou d’aménager ce remboursement de l’avortement.
Remarquons la manière dont il est parlé de l’avortement dans les médias officiels. Non seulement il est toujours présenté comme une avancée remarquable de la liberté, mais jamais aucune émotion ne transparaît envers les êtres humains ainsi supprimés. L’émotion est beaucoup plus sensible lorsqu’il est question des mauvais traitements infligés aux animaux. Tout laisse entendre que l’avortement est devenu une pratique normale, ne posant pas de problème social, sauf bien entendu pour les femmes qui le subissent, ce dont elles parlent peu et dont on ne parle jamais.
Juridiquement l’embryon est peu protégé par la loi. Un amendement proposé par un député de la majorité actuelle (UMP), prévoyant qu’un fœtus de six mois, tué accidentellement, devait être considérés comme un homicide, donc que le foetus était une personne humaine, a été immédiatement retiré par la même majorité. Un courant est pourtant plein d’espérance. Des parents, dont le fœtus est mort à 4, 5 ou 6 mois, demandent que ce fœtus soit reconnu comme leur enfant, qu’il ait un lieu de sépulture. Un mouvement se crée pour réclamer que ces fœtus soient pleinement reconnus comme des enfants.
La loi Veil était soi-disant faite pour diminuer le nombre des avortements. En réalité, le nombre n’a pas diminué,- il est officiellement de 225.000-, ce qui inquiète d’ailleurs certains médecins et certains hommes politiques. L’avortement n’a pas été voulu comme un moyen de contraception, mais il l’est devenu en fait. Il est la conclusion devenue évidente de la mentalité contraceptive. Si les autres moyens de contraception échouent ou si l’on oublie de les utiliser, le recours à l’avortement devient la solution normale.
Ces progressives dérives favorisent l’homme et l’adolescent toujours absents de ce débat. Elles incitent les mineures aux relations sexuelles. Elles banalisent de plus en plus l’acte sexuel, ce qui, avec l’invasion de la pornographie, explique que certains adolescents, parfois en bande, violent des adolescentes sans que cela leur pose de problème de conscience : « Je n’y vois rien de grave, d’ailleurs elles sont consentantes », a-t-on entendu parfois après une de ces « tournantes ». Tandis qu’elle est, à juste titre, sévère envers des actes comme la pédophilie et le viol, notre société est de plus en plus permissive et même incitatrice sur le plan sexuel.
La banalisation de l’avortement ne tient pas compte du traumatisme causé à la femme par l’avortement, traumatisme dont on se garde bien de parler, que pourtant certaines femmes commencent à reconnaître publiquement en tel magazine ou en telle émission télévisée, dont certains ouvrages soulignent la gravité, dont de nombreux faits attestent qu’il est souvent la cause de divorces. La loi de 2004 marginalise les parents par rapport à la vie de leurs enfants, alors que par ailleurs on tend à les juger coupables des délits de ces mêmes enfants.
L’Eglise catholique, mais pas elle seule, est absolument opposée à l’avortement dès la fécondation. Ce faisant, elle ne prétend pas condamner les femmes en cause, mais s’adresser à la conscience de la société et l’inciter à aider les jeunes filles et les femmes à garder l’enfant qu’elles portent. Car l’embryon doit être respecté comme un être humain dès le premier instant de sa formation. Ce n’est pas le cas pour bien des chercheurs, qui prétendent fixer l’humanisation de l’embryon à certains stades de son développement. Leurs positions vont de une semaine après la fécondation jusqu’à six mois.
Certains font dépendre l’humanité de l’embryon du « projet parental » : la qualité humaine d’un embryon dépend du projet de ses parents d’en faire un homme ou une femme. Cela revient à dire que le statut humain d’un être dépend du choix de ses parents, donc du jugement que portent sur lui d’autres hommes. On décrète ainsi pratiquement que les êtres humains ne sont pas également humains aux différentes étapes de leur croissance.
L’Eglise catholique a toujours opté pour le fait que l’embryon dès la fécondation doit être respecté comme une personne. Nous trouvons la condamnation de l’avortement dès les premiers textes chrétiens. Le Concile de Vatican II a une formule forte : « L’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables » (G. S. 51, § 3). La position de l’Eglise va dans le sens des données actuelles de la science qui disent que, dès la constitution du premier noyau, tout l’avenir génétique de l’être humain commençant est présent en lui. D’ailleurs si l’embryon fécondé par l’Assistance médicale à la procréation est implanté dans le sein de la mère, c’est bien qu’il est, non un petit paquet de chair ni un caillot de sang ni un embryon indifférencié, mais un embryon humain.
Il n’y a pas un instant où il ne serait qu’un petit amas de cellules pour passer ensuite à un stade humain. Il évoluera quant à sa personnalité psychologique, non quant à son être de personne. Il est un être humain dès le début ou il ne le sera jamais. Aucun projet parental ne peut faire qu’un embryon non humain devienne humain à un moment quelconque de son évolution. Là, si l’on peut dire, est le fondement du véritable esprit républicain : tous les êtres humains, dès leur fécondation, sont égaux. Ils ont à être traités comme tels avant même leur naissance.


L’assistance médicale à la procréation (AMP) ou la procréation médicalement assistée (PMA)

Il s’agit, non de la création de la vie par les chercheurs, mais de la fécondation d’un embryon en dehors du sein de la mère par l’union de la semence masculine et de l’ovule féminin réalisée dans un milieu chimique. De là vient le nom de « bébé-éprouvette ». L’embryon est ensuite implanté dans le sein de la mère où il va se développer jusqu’à la naissance. Cela se fait soit avec les gamètes du mari (AMP homologue), soit avec ceux d’un donneur qui n’est pas le mari (AMP hétérologue). Cette assistance médicale est utilisée pour remédier à l’impossibilité pour un couple d’avoir un enfant d’une manière naturelle, ou, et ceci va se développer, pour mieux choisir l’enfant désiré.
L’Eglise catholique est opposée aux deux formes d’AMP. Outre que l’hétérologue aboutit à un enfant adultérin, les deux formes d’assistance médicale sont refusées par l’Eglise pour les raisons suivantes :
Il faut créer plusieurs embryons pour être sûr qu’il y en ait un qui atteigne le but recherché. De là est né le problème des milliers d’embryons surnuméraires congelés dont on ne sait que faire et qui vont être de plus en plus utilisés pour la recherche, donc destinés à la destruction programmée. Cette multiplicité des embryons produits pour la fécondation de quelques-uns accentue la chosification des embryons, donc leur dévaluation, et par suite l’acceptation qu’ils soient traités comme un matériau disponible au prix de leur suppression.
On entre dans un processus irréversible du tri des embryons, donc dans un processus d’eugénisme, par volonté de vouloir des enfants parfaits (enfants zéro-défaut). Le choix de l’enfant par les adultes devient peu à peu une chose normale. Or l’enfant est un don. Il doit être voulu pour lui-même quel qu’il soit, libre d’être différent de ce que veulent les parents. Pour nous chrétiens, il est un don de Dieu. L’enfant n’est pas le fruit d’un simple choix parental. Il est à l’image de Dieu avant d’être à l’image des parents.
On insiste beaucoup sur l’enfant désiré. Plus important que d’être désiré est le fait pour un enfant d’être aimé et adopté tel qu’il est quand il arrive. Là est la valeur de l’adoption. Il y a dans l’AMP une volonté de maîtriser l’origine de la vie qui peut devenir une véritable hantise : avoir les enfants qu’on veut, quand on veut, tels qu’on les veut. Le désir d’enfant est bon, mais l’enfant ne doit pas être voulu pour la seule satisfaction des adultes. Avec l’AMP hétérologue, dont le donneur doit être anonyme, on empêche l’enfant de savoir d’où il vient, au moment où on insiste sur la nécessité pour l’enfant de connaître ses parents, par exemple dans le cas des enfants nés sous X.
Surtout, pour l’Eglise, le mystère de la procréation disparaît derrière l’intervention technique du praticien. La procréation ne se fait plus à deux mais à trois, avec intervention extérieure. Or la fécondation est une action de Dieu à l’intérieur de la relation d’amour. Le mystère de l’origine, donc de la filiation, est occulté par l’action technique. Le sein maternel est le lieu de la rencontre de l’homme et de la femme et de la mère et de l’enfant. La fécondation est le fruit d’une alliance entre l’homme et la femme par l’engagement du corps, et d’une alliance de la mère et de l’enfant par l’engagement de la parole. La prise de conscience de la succession des générations tend à disparaître. On occulte la fécondation comme lieu exceptionnel d’expérience humaine.
Les AMP permettent la maternité de femmes de 60 ans et plus, le phénomène des mères-porteuses avec ou sans rétribution, la gestation d’un enfant par une grand-mère ou une tante pour sa fille ou sa nièce, l’insémination d’une femme avec le sperme du mari décédé, la fécondation d’un enfant pour couples homosexuels.
Il faut ajouter que le processus est très éprouvant et très coûteux. On a pu parler d’un véritable « parcours du combattant ». Il y faut souvent de nombreux essais, aboutissant parfois à des échecs définitifs.


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Les recherches sur l’embryon

L’avortement devenu, pratiquement et théoriquement, de plus en plus normal est à la source d’une multitude de pratiques qui ne pourraient pas exister sans lui. Une des conséquences de cet affaiblissement de la conscience réside dans la dérive, adoptée par la dernière loi française de bioéthique (2004), de la recherche sur les embryons. Cette dérive vient de la pratique de la création des nombreux embryons surnuméraires pour l’assistance médicale à la procréation (AMP). Que faire de ces embryons ? Les laisser mourir ? Les utiliser pour la recherche ? La réponse, de plus en plus admise dans l’opinion, est de les utiliser pour la recherche. Même si une telle possibilité est « encadrée » par la loi, elle est une dégradation de plus dans la conception de l’être humain commençant. Les arguments utilisés sont de plusieurs ordres.
Plutôt que de laisser mourir ces embryons, il vaut mieux les utiliser pour la recherche. Cette recherche peut apporter de grands progrès à la médication de certaines maladies. Si nous ne le faisons pas chez nous, d’autres pays le font ou vont le faire. Il convient donc de ne pas prendre de retard. De grands enjeux économiques sont en cause. Il existe déjà un commerce international de cellules- souches- embryonnaires issus d’embryons surnuméraires ou d’embryons fabriqués pour cela grâce au don d’ovules de femmes, surtout de femmes pauvres, en attendant les cellules- souches produites par clonage. L’Eglise n’admet une telle recherche sur les embryons vivants présents dans le sein de leur père qu’en vue de soigner ces embryons. Mais elle est opposée aux recherches sur l’embryon en vue de prélever des cellules-souches pour un usage médical. Car peu à peu des embryons humains vont être transformés en carrières de matériau utilisable.
En effet la tentation, à laquelle a déjà succombé tel chercheur qui le reconnaît, sera de créer des embryons uniquement pour la recherche, y compris, bientôt sans doute, par le clonage thérapeutique. Qui pourra empêcher d’autres formes d’utilisation des êtres humains pour la santé et le confort d’autres êtres humains (par exemple, comme cela s’est fait, et non seulement en Allemagne nazie, les expérimentations sur des hommes vivants, ainsi sur des condamnés à mort)? Or cette recherche ne peut se faire que par la mort des embryons utilisés. Les embryons ne peuvent servir à la recherche que si l’on accepte comme normale leur suppression. Cela ne fait plus de problème lorsqu’on parle de la recherche sur les embryons. On met en avant les bénéfices, jamais la condition indispensable de ces bénéfices.


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L’inévitable clonage

De l’utilisation des embryons pour la recherche, il est naturel de passer au clonage. Puisqu’il faut des embryons pour la recherche, pourquoi ne pas fabriquer des embryons par clonage ? On parle d’un double clonage : le clonage thérapeutique et le clonage reproductif. En réalité il n’y en a qu’un. Car le clonage thérapeutique est un clonage reproductif interrompu. Qu’est le clonage ?
C’est un procédé technique qui consiste à créer un embryon en introduisant dans un ovule féminin privé de son noyau une cellule somatique provenant d’un individu humain. On met ainsi en route un embryon identique à l’être humain sur lequel a été prélevée la cellule. En arrêtant le développement de cet embryon au bout de cinq ou six jours, on détruit cet embryon et on prélève sur lui des cellules, qui peuvent être multipliées à l’infini. C’est ce qu’on appelle les cellules- souches- embryonnaires. On pourra alors réimplanter ces cellules qui vont régénérer l’organisme malade. Tel est le clonage thérapeutique.
Si on laisse se développer l’embryon ainsi cloné, il deviendra au bout de dix jours un embryon pouvant aboutir à un être identique à celui sur lequel a été prélevée la cellule. Tel est le clonage reproductif. D’un côté il y a toujours destruction de l’embryon. De l’autre on aboutit à un être humain, non pas procréé par fécondation humaine, mais fabriqué en série. Le clonage est la négation de la création telle que nous l’entendons, la négation de la fécondation humaine par la rencontre d’un homme et d’une femme, la négation de l’unicité de chaque être humain, la négation de la suite des générations, la négation de la participation d’un être humain à une généalogie, ce qui est fondamental pour qu’un homme soit vraiment un membre de l’humanité. C’est l’homme transformant la création en fabrication. Cela fait dire à certains que le clonage est un crime contre l’humanité.
Jusqu’à présent tout le monde s’oppose au clonage reproductif, sauf tel ou tel médecin ou groupe qui se dit prêt à réaliser un tel clonage. Mais le clonage thérapeutique est déjà admis en Grande Bretagne. L’ONU récemment n’est pas arrivé à se mettre d’accord sur une déclaration interdisant le clonage. Il semble difficile qu’il ne se généralise pas. Car, dit-on, il ne faut pas prendre scientifiquement de retard sur d’autres pays. Il faut sauvegarder le prestige scientifique de son pays. Si on ne le fait pas, il faudra acheter des cellules- souches- embryonnaires à d’autres pays. Tel chercheur français reconnaît qu’il est dommage que le clonage thérapeutique ne soit pas admis pour l’instant en France.
Le clonage thérapeutique aboutira à transformer plus encore les embryons en simple matériau utilisable pour d’autres fins que leur propre vie. Il risque d’aboutir à une commercialisation des ovules féminins, donc à un nouveau marché de femmes, surtout celles des pays pauvres. Cela est d’autant plus regrettable qu’il est possible de développer la recherche sur les cellules- souches- adultes, qui ne posent pas de problème éthique. Encore faut-il que la société encourage et finance une telle recherche.
L’annonce de la naissance de la brebis Dolly, puis, de la naissance vraie ou fausse d’un enfant cloné au sein de la secte raëlienne, a soulevé beaucoup de protestations de la part d’hommes politiques et de scientifiques. Combien de temps tiendront ces protestations ? Aux Etats Unis déjà, des hommes politiques et des savants plaident pour que ne soit pas légalisée l’interdiction absolue du clonage reproductif. Surtout il y a une immense hypocrisie à protester contre le clonage reproductif tout en demandant de plus en plus dans le monde scientifique que soit admis le clonage thérapeutique ?
D’une part, la technique est absolument la même pour les deux formes de clonage, la seule différence étant que dans un cas on arrête le développement de l’embryon cloné à cinq ou six jours et qu’on le laisse se développer dans l’autre cas. Plus gravement, personne ne souligne que tout clonage thérapeutique se fait au prix de la destruction obligatoire de l’embryon dans le but de recueillir des cellules qui pourront être multipliées à l’infini (les cellules- souches- embryonnaires). La mort des embryons fabriqués par clonage en vue de la recherche devient de plus en plus normale, devient un processus qui va de soi, devant lequel nulle indignation de ne s’élève, dont on ne parle pas.
Nous avons l’impression qu’un certain nombre de chercheurs se servent de la gravité du clonage reproductif et protestent violemment contre lui pour laisser entendre que le clonage thérapeutique est une technique parfaitement innocente sur le plan éthique, qu’il est un procédé bénéfique dont il serait grave de se passer, donc qu’il serait criminel d’interdire. Le clonage thérapeutique est la voie ouverte au clonage reproductif. Quand la technique de ce clonage thérapeutique sera parfaitement au point, comment empêcher que des chercheurs, sous le couvert du clonage thérapeutique, fabriquent un embryon cloné qu’ils laisseront se développer jusqu’à la production d’un embryon cloné ? C’est ce que craignent et disent clairement un certain nombre de chercheurs.
La tentation du clonage reproductif, dont le clonage thérapeutique assurera la technique, va être d’autant plus grande qu’il facilitera l’eugénisme et permettra des expérimentations génétiques illimitées.
Ne soyons pas naïfs : la cause du clonage thérapeutique, magnifiquement servie par la menace du clonage reproductif, est une étape de plus dans l’anesthésie des consciences et dans la dérive anti-humaine devenant de plus en plus normale pour l’ensemble des français, y compris de la majorité des catholiques. Une fois de plus il apparaît que l’Eglise catholique, en interdisant non seulement le clonage reproductif, mais aussi le clonage thérapeutique, est la gardienne de la valeur unique de l’être humain.


Les différents diagnostics et l’eugénisme

Les progrès techniques permettent de connaître de mieux en mieux ce que sera l’enfant, donc de trier et de choisir les embryons, donc d’aller vers un eugénisme qui ne dit pas son nom, qu’on dit ne pas être un eugénisme d’Etat, mais qui devient en fait un eugénisme officiel. Quels sont ces diagnostics ?
* Le diagnostic préimplantatoire. Il s’agit du diagnostic réalisé sur les embryons obtenus par AMP avant qu’ils ne soient implantés dans le sein de la mère. Ce diagnostic permet de choisir l’embryon qu’on veut mener jusqu’à la naissance. Parmi les quelques embryons ainsi produits, on fait un tri pour ne retenir que celui qui semble le plus sain ou qui correspond le mieux au désir des parents. Cela se réalise déjà, sans que cela ne pose de problème à l’opinion, qui y voit au contraire un progrès prometteur.
* le diagnostic prénatal. C’est le diagnostic réalisé sur l’embryon dans le sein de la mère, en particulier par l’amniocentèse. Cette manière de faire aboutit au même résultat que le précédent, à savoir qu’on en vient à éliminer par destruction tout embryon qui ne semble pas de bonne qualité ou qui ne correspond pas au modèle désiré. Il faut noter en outre, ce qu’on ne dit jamais, qu’en prélevant le liquide amniotique qu’on va analyser, bien des embryons en bonne santé sont détruits.
* l’échographie. L’échographie permet de voir les anomalies, même minimes, des embryons et des foetus. Ces examens aboutissent souvent à l’avortement, y compris pour des défauts minimes de l’embryon. L’arrêt Perruche, c’est-à-dire la décision de la cour de cassation de verser des indemnités à un jeune handicapé dont l’échographie n’avait pas décelé les symptômes de handicap, a fortement ébranlé les médecins échographes, qui se sont senti menacés de procès pour n’avoir pas pu ou su déceler un défaut de l’embryon, et dont les assureurs étaient tentés d’augmenter dans des proportions énormes leurs cotisations. L’assemblée nationale, grâce à l’intervention du professeur Mattei, a quelque peu remis en cause ce qui s’est passé avec Nicolas Perruche.
Ces divers diagnostics aboutissent de plus en plus à des avortements, les avortements des enfants qui ne correspondent pas au choix des adultes. En d’autres termes, nous sommes de plus en plus dans une société d’où les handicapés et les malades sont exclus. On a pu écrire qu’on allait vers l’éradication du mongolisme par l’éradication des mongoliens avant leur naissance. C’est d’autant plus vrai que certains hommes politiques déclarent publiquement qu’il faut aller vers l’obligation faite aux parents,- et aux médecins -, d’éliminer par avortement les futurs enfants menacés de handicap, sous peine de se voir supprimer toute aide financière pour l’éducation des enfants handicapés qu’ils auront décidé de garder. Au lieu de développer la recherche médicale pour soigner certaines maladies, on prône la suppression de ces futurs malades. Il est heureux que les associations de handicapés et ceux qui les soutiennent et les accompagnent réagissent fortement contre cette vision d’une société rejetant les plus faibles.


La volonté de maîtriser le début et la fin de vie

Il y a une corrélation entre les dérives concernant le début de la vie et celles concernant la fin de la vie. D’une part, la dérive eugénique commence à toucher les nouveaux-nés. Tel chercheur ne craint pas de dire qu’il faut supprimer les nouveaux-nés handicapés dont les diagnostics avant la naissance n’ont pas décelé le handicap. On ne parle plus alors d’avortement, mais d’euthanasie néo-natale. Et l’avortement lui-même devient une euthanasie anté-natale. La maîtrise sur la vie tend à devenir aussi une maîtrise sur la mort, pour l’empêcher quand cela est possible, pour la donner quand la vie semble ne plus avoir de sens.


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Vers des recherches futures

- Un vaste domaine d’expérimentations est ouvert. Ainsi il est possible de prévoir la production d’hommes génétiquement modifiés, en vue de donner naissance à des êtres humains aux capacités physiques, intellectuelles, sociales, choisies et performantes dans tel ou tel ou tel domaine. Va-t-on vers un autre type d’hommes ? Les opposants aux OGM devraient se pencher sur de telles possibilités à venir. Je n’ai pas connaissance que des associations écologiques luttent pour la protection de l’humanité comme elles luttent pour la protection des plantes ou des animaux.
- Certains envisagent même des « chimères » provenant d’une association de gênes d’êtres humains et d’animaux, comme on le fait pour la production de plantes, de fleurs, d’animaux. Est-il besoin d’insister sur la qualification éthique de telles recherches ?


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Conclusion

Il nous faut bien comprendre et expliquer la position de l’Eglise catholique et sa radicalité. Elle ne refuse pas les recherches, les progrès, le bonheur humain. Elle ne se situe pas seulement sur un plan moraliste. Elle dit un « oui » clair à l’être humain, à sa vie, à sa vocation éternelle découlant du projet créateur de Dieu et du salut accompli par le Fils de Dieu devenu homme. L’Eglise est pour tout ce qui se fait pour l’homme. Elle estime hautement ceux qui oeuvrent pour l’homme. Elle appelle ses membres et la société à agir pour la dignité de l’homme partout où elle est en cause.
Ce qui se passe dans les domaines de la vie commençante comme de la vie finissante touche l’homme dans sa globalité. Il ne s’agit pas là, comme on le dit souvent, de la vie privée des personnes. La preuve en est que les instances gouvernementales et parlementaires sont amenées à légiférer. La preuve en est encore que la nation, donc tous les citoyens, y compris ceux qui sont opposés à certaines pratiques, l’avortement par exemple, est appelée à financer leur pratique. La preuve en est enfin que ce qui est en train de se jouer dans ces domaines entraîne une profonde modification des mentalités et des jugements, ayant des conséquences parfois dramatiques sur le comportement des enfants, des jeunes et des générations à venir.
Prétendre devenir les maîtres absolus de la vie et de la mort conduit certains à se croire en effet les maîtres absolus de la vie et de la mort. Pourquoi la société interdirait-elle certains actes, et pourquoi certains agissements seraient-ils humainement condamnables, si officiellement, en toute légalité, des actes de mort peuvent être accomplis ? Dans son apparente intransigeance, l’Eglise catholique prend le parti de l’homme.

On qualifie parfois de fascistes ou de néo-nazis les opposants à l’avortement, à l’eugénisme, à la suppression des handicapés, à la stérilisation forcée ou d’autres pratiques. Nous savons qu’il y a, vis-à-vis du nazisme, un « révisionnisme » positif mettant en cause l’existence des camps de concentration et des chambres à gaz par exemple. Un tel « révisionnisme » est inacceptable et mensonger, étant donné les preuves irréfutables de ces réalités et la souffrance de millions d’êtres humains, parmi lesquels des chrétiens, qui en ont été victimes (Saint Maximilien Kolbe, Sainte Edith Stein, le bienheureux Leisner, et d’autres). Nous en avons pour témoignages, parmi d’autres, les interventions d’évêques allemands comme Clemens August von Galen, évêque de Munster, Konrad von Preysing, évêque de Berlin, Michael von Faulhaber, évêque de Munich.
Mais il y a un « révisionnisme » que j’appellerai négatif, qui consiste à taire une autre face du nazisme, celle qui touche l’avortement, l'eugénisme et l’amélioration de la race, les expériences médicales, la suppression des handicapés, des malades mentaux, des vieillards, des non-aryens, considérés comme des sous-hommes. Ce « révisionnisme » négatif est très présent dans notre société, dans les discours politiques et scientifiques, dans les médias. Lorsqu’il est question du nazisme, on occulte le plupart du temps ces faits.
Or ces faits sont aussi caractéristiques du nazisme que les autres faits. En témoignent les sermons du cardinal Clémens August von Galen, évêque de Munster, surnommé le « lion de Munster », osant dénoncer les projets nazis d’extermination des infirmes, des vieillards, des malades mentaux, des enfants handicapés. On parle peu aussi de ce qui s’est passé en Chine, en Inde, au Japon, où l’équilibre de la population, et plus profondément la conception même des êtres humains, sont mis en danger.
Ce domaine de la vie humaine est parmi les champs les plus urgents et décisifs de la nouvelle évangélisation. Ceux qui œuvrent dans ce champ de mission parmi les plus importants, doivent avoir conscience qu’ils sont des missionnaires de premier plan. Il ne s’agit pas de lutter par la violence, ce qui serait contredire ce qu’ils veulent promouvoir. Il s’agit d’une évangélisation en profondeur, portant sur le sens de l’homme aux yeux de la foi chrétienne et d’abord aux yeux d’une véritable conception rationnelle de l’homme.
En ces domaines, l’Eglise catholique est, comme l’a dit quelqu’un, « conservateur de l’avenir » de l’humanité. Un certain découragement peut s’emparer de ceux qui oeuvrent en ce domaine. Quelqu’un vient de m’écrire : « Nous avons subi une défaite totale ». Peut-être avons-nous perdu la bataille, ai-je envie de lui répondre, mais pas la guerre. Bien des hommes et des femmes, pas forcément chrétiens, sont conscients des enjeux et travaillent à leur place et selon leurs moyens en ces domaines. Il ne fait donc pas perdre courage, mais nous entraider à avancer, à petits pas.

Mgr Bouchex, 18 décembre 2004, à la réunion des associations pro-vie du Sud-Est.

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Ce texte est une actualisation de l'article paru dans le Bulletin Religieux du Diocèse d'Avignon, le 8 Juin 2002 :
La position de l’Église catholique sur les principaux domaines de la bioéthique.

Du même auteur, lire aussi :
Mgr Raymond Bouchex : Vers quelle éthique va notre société ? (25 Mai 2002)