Au fil des jours ... en 2016





Mardi 11 octobre 2016

Maternité de la Bienheureuse Vierge Marie

« Deus, qui de beátæ Maríæ Vírginis útero Verbum tuum, Angelo nuntiánte, carnem suscípere voluísti : præsta supplícibus tuis ; ut, qui vere eam Genitrícem Dei crédimus, eius apud te intercessiónibus adiuvémur. Per eumdem Dóminum. »
« O Dieu, vous avez voulu qu’à l’annonce de l’Ange, le Verbe votre Fils prenne chair dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie : accordez à ceux qui vous supplient, et qui croient qu’elle est vraiment la Mère de Dieu, qu’elle nous secoure par son intercession. »
(Collecte de la Messe de ce jour)




fatigue, tristesse, dégoût, ennui...

« Simone Weil souligne souvent, dans ses notes intimes, la présence conjuguée de la fatigue et du dégoût, des ennemis presque invincibles qui avancent de front et qui semblent tout ronger sur leur passage. Sans pouvoir attaquer de plein fouet, elle propose plutôt dans ses Cahiers, à la suite de Pascal quant aux maladies, de faire un bon usage de la fatigue et du dégoût :
« L'extrême difficulté que j'éprouve souvent à exécuter la moindre action est une faveur qui m'est faite. Car ainsi, avec des actions ordinaires, et sans attirer l'attention, je peux couper les racines de l'arbre [...] Trouver une difficulté extraordinaire à faire une action ordinaire est une faveur dont il faut être reconnaissant. Il ne faut pas demander la disparition de cette difficulté. Il faut désirer ardemment, il faut implorer la grâce d'en faire usage. »
D'une certaine façon, cette douleur du vide, de l'ennui, de l'amertume est un lieu de perte, de déréliction, de pesanteur qui peut préparer un chemin vers la grâce. Faire face à l'insoutenable, c'est mener l'éternel combat du patriarche Jacob contre l'Inconnu qui ne se révèlera qu'à la fin. Ainsi s'établit une imitation du Christ, sachant que c'est Lui qui cherche et qui, en définitive, est vraiment fatigué et triste, triste à en mourir et fatigué près du puits de ce même Jacob. [...] L'ennui et la fatigue peuvent devenir des auxiliaires pour un accroissement de la vie spirituelle. Jusqu'à atteindre ce point extrême que Simone Weil définit ainsi :
« Ce n'est pas à moi à aimer Dieu. Que Dieu s'aime à travers moi. »
[...]
Le pèlerin de saint Jacques de Compostelle, aujourd'hui encore, s'il accomplit la route dans les règles du dépouillement, mais plus encore bien sûr au Moyen Âge où les dangers étaient multiples, découvre à quel point le chemin est revêtu d'ennui et qu'il n'est pas avare que d'une chose : la fatigue. Chaque matin, après une mauvaise nuit sous les étoiles, il faut reprendre sans entrain et avec dégoût, malgré les douleurs, ce qui a été entrepris dans l'enthousiasme du premier jour. Ce seront les tours jumelles de la cathédrale où repose l'Apôtre qui, soudain, révèleront que l'ennui et la fatigue donnent à la joie sa chair. A cet instant où le regard aperçoit la ville sainte, l'ennui et la fatigue se transforment, retournés comme des gants de peau. Ils ne sont pas oubliés mais ils apparaissent pour ce qu'ils sont vraiment : les introducteurs de la joie. Maintenant à distance, ils revêtent leur noblesse après n'avoir été que vauriens et manants. Certes, un tel effort de marche, au-delà de la peine, de la douleur, est libre. Pourtant, c'est un peu comme un boeuf attelé à la charrue que le pèlerin a mis un pas devant l'autre sans se lasser tout en pestant contre les éléments, contre lui-même, contre le monde tout entier. En fait, il est livré à cet effort, à cette fatigue. »

Père Jean-François Thomas, s.j., Comme un lys au milieu des épines (ch. VII : L'ennui et la fatigue), Via Romana, Versailles, 2014.



Photographie prise à Petra, en Jordanie





Heinrich Schütz (1585-1672) : Selig sind die Toten, SWV 391
The Cambridge Singers

Selig sind die Toten,
die in dem Herren sterben,
von nun an.
Ja der Geist spricht:
Sie ruhen von ihrer Arbeit
und ihre Werke folgen ihnen nach.

Heureux, dès à présent, les morts qui meurent dans le Seigneur.
Oui, dit l’Esprit, qu’ils se reposent de leurs peines, car leurs actes les suivent !

(Ap 14, 13)



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