Au fil des jours ... en 2013





24 décembre : Vigile de la Nativité

calendrier liturgique

« A la vérité, cette messe de vigile, le 24 décembre, ne devrait pas avoir lieu puisque la messe primitive de vigile est celle qui se célébrait cette nuit après l’office nocturne dans l’oratoire ad Praesepe. Pourtant, après les Conciles d’Éphèse et de Chalcédoine, la solennité de Noël acquit une telle célébrité, que l’antique rit romain de Noël dut être modifié, en sorte qu’il comporta un jeûne et un mois de préparation, à la ressemblance de la fête de Pâques. En outre, la solennité du 25 décembre elle-même, au lieu de deux messes, l’une de la vigile, l’autre de la fête, avec une troisième messe intercalaire en mémoire de sainte Anastasie, finit par en admettre quatre, et, toutes, en mémoire du mystère ; c’est-à-dire une vers le soir du 24 décembre au commencement de l’office nocturne, une à minuit au premier chant du coq, une au petit jour et la dernière à l’heure de tierce. Sainte Anastasie passa en seconde ligne au temps de saint Grégoire, et retint tout au plus l’honneur d’une simple commémoraison. »

Bx Cardinal Schuster (1880-1954), Liber Sacramentorum - Notes historiques et liturgiques sur le Missel Romain, Tome I, Vromant, Bruxelles, 1933.

« Entrons dans l’esprit de la sainte Église, et préparons-nous, dans toute la joie de nos cœurs, à aller au-devant du Sauveur qui vient à nous. Accomplissons fidèlement le jeûne qui doit alléger nos corps et faciliter notre marche ; et, dès le matin, songeons que nous ne nous étendrons plus sur notre couche que nous n’ayons vu naître, à l’heure sacrée, Celui qui vient illuminer toute créature ; car c’est un devoir, pour tout fidèle enfant de l’Église Catholique, de célébrer avec elle cette Nuit heureuse durant laquelle, malgré le refroidissement de la piété, l’univers entier veille encore à l’arrivée de son Sauveur : dernier vestige de la piété des anciens jours, qui ne s’effacerait qu’au grand malheur de la terre.
La sainte Église éclate par un cri d’avertissement qui sert d’Invitatoire à Matines, d’Introït et de Graduel à la Messe. C’est la parole de Moïse annonçant au peuple la Manne céleste que Dieu enverra le lendemain. Nous aussi, nous attendons notre Manne, Jésus-Christ, Pain de vie, qui va naître dans Bethléhem, la Maison du Pain.
Hódie sciétis quia véniet Dóminus : et mane vidébitis glóriam eius.
Sachez aujourd’hui que le Seigneur viendra ; et dès le matin vous verrez sa gloire. »

Dom Guéranger o.s.b. (1805-1875), L’Année Liturgique, Vigile de la Nativité.



Ant. ad Introitum. Exodi 16, 6 et 7.
Hódie sciétis, quia véniet Dóminus et salvábit nos : et mane vidébitis glóriam eius.
Aujourd’hui, vous saurez que le Seigneur va venir et qu’il nous sauvera. Et demain matin, vous le verrez dans sa gloire.



« Les richesses du salut, c'est la conception très pure du Christ par laquelle je puis racheter l'impureté de ma propre conception. Mais ce n'est pas encore assez, Seigneur Jésus, ajoutez encore des miracles, ajoutez des merveilles nouvelles aux anciennes (Eccl. XXXVI, 6)...
A qui pourra-t-il sembler rude ou dur, celui qui n'a apporté pour sa mère, à sa naissance, ni souffrance, ni dommage ? Ô merveille vraiment toute nouvelle ! Il fut conçu sans honte, enfanté sans douleur. Dans notre Vierge, la malédiction d'Eve s'est changée : car elle enfante son fils sans douleur. La malédiction, dis-je, a été changée en bénédiction, selon la parole de l'ange Gabriel : "Vous êtes bénie entre toutes les femmes" (Lc I, 28). Ô bienheureuse, tu es la seule d'entre les femmes qui soit bénie au lieu d'être maudite, la seule qui soit exempte de la malédiction générale et étrangère aux douleurs de l'enfantement...
Les richesses croissent encore, la gloire augmente, les signes sont renouvelés et les miracles changent de nature. Non seulement la conception est sans honte et l'enfantement sans douleur, mais la mère est sans corruption. Ô nouveauté vraiment inouïe ! Une vierge a enfanté et après l'enfantement elle est demeurée intacte, donnant le jour à un enfant et gardant l'intégrité de sa chair, et la joie de la mère avec l'honneur de la virginité...
Mais il y a de plus grandes richesses encore et une gloire plus vaste. La Mère n'a pas perdu sa virginité, le Fils est exempt de toute souillure du péché. Si la malédiction d'Eve ne tombe pas sur la mère, l'enfant ne tombe pas non plus sous cette condition générale... Voilà cet enfant sans souillure, seul vrai entre tous les hommes, ou plutôt la Vérité même. "Voici l'Agneau sans tache, l'Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde" (Jn I, 29). Qui, en effet, enlèverait mieux les péchés que celui en qui le péché n'est pas survenu ? Oui, celui-là seul peut sans nul doute me laver, qui manifestement n'est pas souillé. Que sa main, la seule que la poussière n'a pas salie, vienne enlever la boue dont mon oeil est couvert. Qu'il enlève la paille de mon oeil, celui qui n'a pas de poutre dans le sien (cf. Mt VII, 3 ; Lc VI, 41), ou plutôt, qu'il enlève la poutre du mien, lui qui n'a pas dans le sien la moindre poussière. »

Saint Bernard, IVe Sermon pour la veille de Noël (3-5), in Oeuvres traduites par M.-M. Davy, Tome II, Aubier, Coll. "Les maîtres de la spiritualité chrétienne", 1945.






Minuit Chrétien
Les Petits Ecoliers Chantants de Bondy

Minuit ! Chrétiens, c'est l'heure solennelle
Où l'homme Dieu descendit jusqu'à nous,
Pour effacer la tache originelle
Et de son père arrêter le courroux :
Le monde entier tressaille d'espérance
A cette nuit qui lui donne un Sauveur
Peuple, à genoux attends ta délivrance,
Noël ! Noël ! Voici le Rédempteur !
Noël ! Noël ! Voici le Rédempteur !

De notre foi que la lumière ardente
Nous guide tous au berceau de l'enfant
Comme autrefois, une étoile brillante
Y conduisit les chefs de l'Orient
Le Roi des Rois naît dans une humble crèche,
Puissants du jour fiers de votre grandeur,
A votre orgueil c'est de là qu'un Dieu prêche,
Courbez vos fronts devant le Rédempteur !
Courbez vos fronts devant le Rédempteur !

Le Rédempteur a brisé toute entrave,
La terre est libre et le ciel est ouvert
Il voit un frère ou n'était qu'un esclave
L'amour unit ceux qu'enchaînait le fer,
Qui lui dira notre reconnaissance ?
C'est pour nous tous qu'il naît, qu'il souffre et meurt :
Peuple, debout ! chante ta délivrance,
Noël ! Noël ! chantons le Rédempteur !
Noël ! Noël ! chantons le Rédempteur !




Messe de la Nuit à la Basilique Saint-Pierre


Les cloches de Saint-Pierre battent à toute volée après que le Pape François a entonné le Gloria, le chant de Noël par excellence. C’est le début de la messe de la Nuit de Noël, en la Basilique Saint-Pierre.

Entouré d’une trentaine de cardinaux concélébrants, d’une quarantaine d’évêques et de deux-cent-cinquante prêtres environ, le Pape François a donc célébré sa première messe de minuit. Arrivé à l’autel de la basilique à l’issue de la procession d’entrée, il a ensuite porté l’Enfant Jésus dans une mangeoire en forme de trône. Il a repris lui-même l’Enfant à la fin de la célébration pour le déposer dans la crèche de la basilique vaticane, accompagné de dix enfants représentant les cinq continents : deux Italiens, deux Philippins, deux Congolais, deux Libanais et deux Argentins.

Comme lors de chaque messe de la Nuit de Noël, le Kalenda a été chanté. Les prières universelles ont été lues en araméen pour l’Eglise, en français pour le clergé, en chinois pour les persécutés à cause de leur foi, en italien pour les pauvres, les malades et les exclus et en polonais pour les défunts.

Marcher et voir

Dans son homélie, le Pape est revenu sur la prophétie d’Isaïe : « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ». Il a ainsi développé sa réflexion autour de deux mots clés : marcher et voir car « nous sommes un peuple en chemin » qui « voit une grande lumière ». Depuis Abraham, « notre identité de croyants est celle de personnes en marche vers la terre promise. Cette histoire est toujours accompagnée par le Seigneur » a expliqué le Pape.

Si Dieu « est toujours fidèle à son alliance et à ses promesses », qu’il est « lumière », « de la part du peuple, au contraire, alternent des moments de lumière et de ténèbres, de fidélité et d’infidélité, d’obéissance et de rébellion ; moments de peuple pèlerin et de peuple errant ». Et cette dualité nous marque aussi précise le Pape. « Si nous aimons Dieu et nos frères, nous marchons dans la lumière, mais si notre cœur se ferme, si l’orgueil, le mensonge, la recherche de notre intérêt propre dominent en nous, alors les ténèbres descendent en nous et autour de nous ».

Les bergers, les premiers à voir

« La grâce qui est apparue dans le monde c’est Jésus » qui « est venu dans notre histoire, qui a partagé notre chemin ». « Jésus est l’Amour qui s’est fait chair ». « Il n’est pas seulement un maître de sagesse, il n’est pas un idéal vers lequel nous tendons et dont nous savons que nous sommes inexorablement éloignés, il est le sens de la vie et de l’histoire, qui a placé sa tente au milieu de nous ». Et les premiers à avoir vu cette tente, ce sont les bergers. « Ils ont été les premiers parce qu’ils étaient parmi les derniers, les marginalisés, parce qu’ils veillaient dans la nuit ».

Le Pape François a alors demandé aux fidèles de s’arrêter un instant en silence pour remercier « le Seigneur de nous avoir donné Jésus ». Et de faire siennes les paroles du Seigneur « ne craignez-pas » en les répétant. « Notre Père est patient, il nous aime, il nous donne Jésus pour nous guider sur le chemin vers la terre promise. Il est la Lumière qui resplendit dans les ténèbres. Il est notre paix. »

Source : Radio Vatican.

Homélie du Pape François

« 1. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9,1).

Cette prophétie d’Isaïe ne finit jamais de nous émouvoir, spécialement quand nous l’écoutons dans la liturgie de la nuit de Noël. Et ce n’est pas seulement un fait émotif, sentimental ; elle nous émeut parce qu’elle dit la réalité de ce que nous sommes : nous sommes un peuple en chemin, et autour de nous – et aussi en nous – il y a ténèbres et lumière. Et en cette nuit, tandis que l’esprit des ténèbres enveloppe le monde, se renouvelle l’évènement qui nous émerveille toujours et nous surprend : le peuple en chemin voit une grande lumière. Une lumière qui nous fait réfléchir sur ce mystère : mystère du marcher et du voir.

Marcher. Ce verbe nous fait penser au cours de l’histoire, à ce long chemin qu’est l’histoire du salut, à commencer par Abraham, notre père dans la foi, que le Seigneur appela un jour à partir, à sortir de son pays pour aller vers la terre qu’il lui indiquerait. Depuis lors, notre identité de croyants est celle de personnes en marche vers la terre promise. Cette histoire est toujours accompagnée par le Seigneur ! Il est toujours fidèle à son alliance et à ses promesses. Parce qu'il est fidèle, « Dieu est lumière, en lui point de ténèbres » (1 Jn 1, 5).

De la part du peuple, au contraire, alternent des moments de lumière et de ténèbres, de fidélité et d’infidélité, d’obéissance et de rébellion ; moments de peuple pèlerin et moments de peuple errant. Dans notre histoire personnelle aussi, alternent des moments lumineux et obscurs, lumières et ombres. Si nous aimons Dieu et nos frères, nous marchons dans la lumière, mais si notre cœur se ferme, si l’orgueil, le mensonge, la recherche de notre intérêt propre dominent en nous, alors les ténèbres descendent en nous et autour de nous. « Celui qui a de la haine contre son frère – écrit Jean – est dans les ténèbres : il marche dans les ténèbres, sans savoir où il va, parce que les ténèbres l’ont rendu aveugle » (1 Jn 2, 11). Peuple en marche, mais peuple de pèlerins, qui ne veut pas être un peuple errant.

2. En cette nuit, comme un faisceau de lumière d’une grande clarté, résonne l’annonce de l’Apôtre : « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tt 2, 11).

La grâce qui est apparue dans le monde c’est Jésus, né de la Vierge Marie, vrai homme et vrai Dieu. Il est venu dans notre histoire, il a partagé notre chemin. Il est venu pour nous libérer des ténèbres et nous donner la lumière. En Lui est apparue la grâce, la miséricorde, la tendresse du Père : Jésus est l’Amour qui s’est fait chair. Il n’est pas seulement un maître de sagesse, il n’est pas un idéal vers lequel nous tendons et dont nous savons que nous sommes inexorablement éloignés, il est le sens de la vie et de l’histoire, qui a placé sa tente au milieu de nous.

3. Les bergers ont été les premiers à voir cette “tente”, à recevoir l’annonce de la naissance de Jésus. Ils ont été les premiers parce qu’ils étaient parmi les derniers, les marginaux. Et ils ont été les premiers parce qu’ils veillaient dans la nuit, gardant leurs troupeaux. C'est la loi du pèlerin que de veiller, et ils veillaient. Avec eux, arrêtons-nous devant l’Enfant, arrêtons-nous en silence. Avec eux remercions le Seigneur de nous avoir donné Jésus, et avec eux laissons monter du plus profond de notre cœur la louange de sa fidélité : "Nous te bénissons, Seigneur Dieu Très-Haut, qui t’es abaissé pour nous. Tu es immense, et tu t’es fait petit ; tu es riche, et tu t’es fait pauvre ; tu es le Tout-Puissant, et tu t’es fait faible."

En cette Nuit, partageons la joie de l’Évangile : Dieu nous aime, il nous aime tant qu’il a donné son Fils comme notre frère, comme lumière dans nos ténèbres. Le Seigneur nous répète : « Ne craignez pas » (Lc 2, 10). Comme les anges l'ont dit aux bergers : "Ne craignez pas!" Et moi aussi je vous répète : "Ne craignez pas !" Notre Père est patient, il nous aime, il nous donne Jésus pour nous guider sur le chemin vers la terre promise. Il est la miséricorde, notre Père pardonne toujours. Il est la lumière qui resplendit dans les ténèbres. Il est notre paix. Amen. »





Camille Saint-Saëns : Oratorio de Noël Op. 12 - 10. Tollite hostias
Lautten Compagney Berlin - Staats und Domchor Berlin - Dir. Kai-Uwe Jirka (2012)

Extraits du Psaume 95 (96) v. 9,11,13 :

Tollite hostias,
et adorate Dominum in atrio sancto ejus.
Laetentur coeli, et exultet terra !
A facie Domini, quoniam venit, Alleluia !

Presentez vos victimes en offrande
Et adorez le Seigneur en son parvis.
Que les cieux se réjouissent et qu'exulte la Terre !
Devant la face du Seigneur, car il vient ! Alleluia !



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