« Nous avons de la peine à nous accepter, à reconnaître que nous sommes aimés, à nous aimer. Nous avons de la peine à croire que Dieu n'est pas pour nous un surveillant qui nous regarde continuellement pour nous prendre en défaut, qu'il nous regarde avec amour, qu'il veut notre bonheur, qu'il nous trouve beaux alors que nous nous trouvons "moches", qu'il veut faire de grandes choses en nous et par nous, même si elles ne sont pas grandes aux yeux des critères mondains. Dans le désert qui est le nôtre, Jésus est présent pour dire : "Les temps sont accomplis", le temps du salut est là. "Le Règne de Dieu est tout proche", ce Règne qui est la présence même de Dieu sous le visage humain du Christ. Alors "convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle" (Mc 1, 12-15), ne soyez pas toujours tournés vers vous-mêmes et votre désert, mais tournez-vous vers Celui qui veut faire de votre désert une demeure habitée par lui qui a dit : "Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28, 20).

Jésus, à qui la voix du ciel a dit lors de ton baptême : "C'est toi mon Fils bien aimé ; en toi j'ai mis tout mon amour" (Mc 1, 11), fais grandir en nous la certitude qu'aucun désert ne t'effraie, mais qu'en tous nos déserts l'Esprit Saint te pousse pour y semer la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu. Apprends-nous à prier pour que nous sachions accueillir et reconnaître ta Présence. »

Mgr Raymond Bouchex, Vivre le Carême, Parole et Silence, 2008.