Les saints Anges gardiens

L'Eglise Catholique


« Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. »
(Mt 18, 10)





  Théologie

1. Insaisissabilité
2. Initiation théologique
3. Somme théologique de St Thomas d'Aquin
4. Degrés de certitude des vérités théologiques
5. Ministère des Anges auprès des hommes
6. Du discernement des esprits
7. Expressions désignant l'Ange gardien chez les Pères de l'Eglise




  Insaisissabilité

Les substances angéliques étant supérieures à notre intelligence, celle-ci de saurait les appréhender selon ce qu'elles sont en elles-mêmes.

Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, I, q. 50, art. 2

Je ne sais pas trop en quels termes on peut et doit parler de ces purs esprits, car ils n'ont ni mains, ni pieds, ni figure, ni forme, ni matière ; or l'esprit et la pensée ne peuvent saisir un être qui n'a rien de tout cela ; comment alors pourrait-on parler de ce qu'ils sont ? Nous ne pouvons pas les connaître, et ce n'est pas étonnant, puisque nous ne nous connaissons pas nous-mêmes. Nous ne connaissons pas l'Esprit qui nous fait homme, et dont nous recevons tout ce que nous avons de bien : comment pourrions-nous dons connaître ces esprits supérieurs dont la noblesse est bien au-dessus de tout ce que peut présenter le monde entier ?

Jean Tauler, Sermon n° 67
Coll. Foi Vivante n° 199, Ed. du Cerf, Paris, 1980
Sermons de Jean Tauler, Trad. des Pères Hugueny, Théry et Corin, Editions de la Vie spirituelle, 1928-1935, T. III.


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  Initiation théologique

a. Existence des Anges.

Que Dieu utilise de fait les anges pour le salut des hommes, c'est une vérité qui pour n'avoir pas été définie solennellement n'en appartient pas moins à la foi catholique. Nous en avons déjà relevé maintes fois les manifestations. Avec le Psaume 15, 11-12, l'Evangile parle des anges envoyés aux "petits" ; et il serait trop long de relever en détail les titres que les Pères leur ont donné : Tuteurs, Précepteurs, Pasteurs, Guides et Compagnons, Boucliers, Armures et Enceinte fortifiée, Médecins et Cultivateurs, Concitoyens et Médiateurs... L'Eglise en a fait un point de son enseignement courant, doctrinal et pratique. Les bénédictions du Rituel, les textes du Bréviaire et du Missel en témoignent suffisamment :
Custodes hominum psallimus angelos... Nous chantons les anges gardiens
des hommes que le Père a donnés pour compagnons à nos faibles natures,
pour qu'elles ne succombent pas aux embûches de l'ennemi (2 oct., Hymn,
I Vêpr.).

La dévotion populaire elle-même achève de fournir la preuve. Par son côté concret et familier elle est restée vivante dans le monde chrétien. Certains lui donnent un caractère trop utilitaire, la transformant parfois en simple moyen d'éviter les accidents. Ne nous scandalisons pas : c'est encore aimer le Père céleste que de recourir filialement aux protecteurs qu'il nous a donnés.
La théologie s'est efforcée de préciser ces données. Les conclusions qu'elle nous propose ne découlent pas toutes avec la même rigueur sur des vérités de foi ; la plupart, cependant n'en constituent pas moins un enseignement sûr et bienfaisant pour l'âme.

b. Protégés et protecteurs.

L'âme chrétienne possède un droit particulier à la protection des anges. Par le baptême, le petit enfant devient malgré son jeune âge le fils du Père, le frère du Christ, le temple de l'Esprit ; et sur ce trésor les anges veillent d'une façon spéciale, "Gardez-vous de mépriser un de ces petits, car, je vous le dis en vérité, leurs anges au ciel voient toujours la face du Père. (Mat. 18.10).
Mais tous les hommes sans exception sont appelés à devenir les enfants de Dieu ; tous sans exception sont rachetés par le sang du Christ. A tous donc Dieu enverra ses anges, chrétiens et non chrétiens ; et ceux-là mêmes qui seront finalement réprouvés ne sont pas exclus : ainsi font-ils moins de mal à eux et aux autres.
Les saints confirmés en grâce, et jusqu'à Marie la Reine des anges, ont bénéficié d'un tel secours. Même s'ils ne péchaient pas, il leur fallait progresser sans cesse, et leur gardien intervenait pour suggérer un bon mouvement, offrir une occasion de vertu. Au Christ, seul "parfait" dès sa conception, le privilège d'avoir les anges pour le servir et non pour le protéger.
Qu'à chaque homme soit "affecté" un ange particulier, on peut le déduire légitimement du caractère de l'action providentielle. Si la faiblesse de notre nature demande un secours, il nous est accordé d'une manière conforme à la dignité de notre personne, à la grandeur de notre vocation, sous la forme d'une amitié avec un ange.
Rien, par contre, de certain, ni même de simplement probable, sur le choix des anges employés à notre service. Nous sommes trop peu renseignés sur les hiérarchies angéliques pour qu'il soit possible de distinguer encore par une interprétation trop matérielle d'un texte de Daniel (7.1), les anges qui "assistent" Dieu sans quitter le ciel, et ceux qui le "servent" en portant ses messages sur la terre.
Ne peut-on cependant pas admettre, au moins à titre d'hypothèse, une certaine correspondance entre la perfection du protégé et celle du protecteur ? On expliquerait ainsi comment sainte Françoise Romaine eut trois anges successifs pour la conduire aux différents degrés de son ascension spirituelle.

c. La Garde des anges.

Les modalités de l'intervention des anges auprès des hommes sont diverses ; elles s'éclairent par l'étude des lois qui régissent les rapports de l'esprit et de la matière ; et, réciproquement, la doctrine révélée, ainsi que l'expérience ascétique et mystique des saints, aident les recherches de psychologie humaine.

I. Esprit et matière.

L'ange entre en contact avec le monde sensible par une présence d'"action" ; non la présence de l'âme liée au corps et formant avec lui un seul être, mais la présence du pur esprit d'autant plus habile à manier un instrument qu'il en est plus indépendant et plus libre. Déjà l'exemple de l'homme montre ce que peut l'esprit sur la matière. La science a discipliné les forces naturelles ; notre propre volonté se fait obéir de nos membres ; et parfois des individus fortement trempés pétrissent leur organisme au point de se refaire un tempérament nouveau.
L'ange possède une connaissance encore plus parfaite des lois de l'univers ; il sait mettre en contact et faire réagir corps et éléments, de là pour lui la possibilité d'obtenir des résultats extraordinaires et en apparence miraculeux.
Dieu seul peut agir directement sur notre intelligence (Som. Th., I, 105, 3-4; C.G., III, 8-92) ; l'ange agira sur elle par l'intermédiaire de la partie sensible de notre être. Il peut, par exemple, revêtir un corps d'emprunt comme Raphaël (Tob., 12.19). Il peut influer sur nos sens et créer une sorte d'hallucination. Il peut surtout intervenir dans notre imagination, dans ce creuset où d'une façon si étrange se fondent, se forment et se coordonnent les images. Ordinairement cette dernière action nous échappe parce qu'elle se moule sur notre activité naturelle ; nous appelons cela, suivant les moments, rêve prophétique, intuition ou pressentiment, illumination ou inspiration, bonne pensée, idée pieuse...
Rien ne manifeste son origine ; l'ange peut en avoir été l'instigateur secret. Présenter le bien à réaliser ne suffit pas, il faut entraîner vers lui la volonté ; là encore Dieu seul peut intervenir directement (Som. Th., I, 105, 3-4) ; mais d'autres moyens sont à la disposition de l'ange. Qui de nous n'a pas éprouvé l'influence de sa sensibilité sur sa vie morale ? Le trouble passionnel diminue la force de résistance et incline au péché ; au contraire, un certain attrait facilite la pratique de la vertu ; l'ange, maître de nos "humeurs", provoque en nous les dispositions favorables ; nous restons libres de suivre ou de ne pas suivre le "bon mouvement" ainsi amorcé, mais comme la tâche devient plus légère quand la balance penche du bon côté ! Que ce soit pour le bien ou que ce soit pour le mal, nous nous laissons faire si facilement !
Si notre âme a besoin d'être excitée, elle a non moins besoin d'être protégée. La triple tentation de la chair, du monde et du démon éveille le feu de nos passions. A l'ange de neutraliser les influences pernicieuses, de calmer le sang qui bouillonne, de détourner les occasions dangereuses, de repousser la puissance diabolique.

2. Nos ambassadeurs auprès de Dieu.

L'action "descendante" des anges ne doit pas faire oublier leur rôle "ascendant", par lequel ils offrent à Dieu nos prières et nos sacrifices. L'idée se retrouve dans les religions païennes et certains systèmes philosophiques ; rien d'étonnant, car elle correspond à une loi naturelle et surnaturelle. mais c'est le livre de Tobie (12.12) et l'Apocalypse (5.8; 8.3-4) qui la mettent en plein relief ; aussi, elle est devenue un lieu commun de l'enseignement catholique sur la prière, d'Origène à saint Bernard, de saint Cyprien à Bossuet. Dans la liturgie, le Canon de la messe en fait mention, et les prières de l'offertoire parlent de Michel qui présente à Dieu les offrandes des saints. Faut-il découvrir là l'exercice d'un rôle quasi-sacerdotal que Dieu aurait conféré à ses anges ? En soi la chose serait possible, mais en fait il est prudent de l'interpréter plus simplement : l'ange provoque, soutient notre prière et nos bonnes oeuvres, et il y joint l'appui de sa propre intercession.

3. Mort et jugement.

La mort fixe notre destin éternel ; à ce moment décisif, la mission de l'ange gardien atteint son point culminant ; et dans les prières des agonisants, l'Eglise l'invoque pour repousser les attaques que le démon dans sa haine ne peut manquer de déclencher contre un corps débilité, une volonté amoindrie et une intelligence obscurcie.
Laissons de côté les tableaux que les prédicateurs, fussent-ils saint Cyrille d'Alexandrie (Hom., XIV, P.G., 6,77,1072), font d'un jugement où anges et démons plaident devant le tribunal de Dieu ; ce sont là des moyens oratoires, légitimes tant qu'ils restent discrets, mais qui ne doivent pas masquer le vrai caractère spirituel et instantané du jugement particulier. Repoussons plus catégoriquement l'idée d'un ange "peseur d'âmes", fût-il reproduit sur les vitraux des cathédrales ; l'ange connaît certes le sort de son protégé, mais ce n'est pas à lui de le juger au sens propre ; tout juste peut-il témoigner par sa présence de ce que Dieu a fait pur cette âme.
L'action de l'ange ne cesse probablement pas avec l'épreuve de son protégé. Le Christ (Luc, 16.22) et après lui la liturgie (1) ont parlé des âmes accueillies et amenées au ciel par les anges. Plus encore qu'un "transport" local, d'importance au fond secondaire, voyons-y une intervention bienfaisante, par exemple sous forme d'illumination, qui se prolongerait au ciel et même, selon certains, au purgatoire. Les fonctions des anges au jugement général ne doivent pas non plus être interprétées dans un sens anthropomorphique. La "voix de l'Archange" (I Thess., 4.16) et la "trompette de l'ange" (Mat., 24.31; I Cor., 15.52) ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Dieu donnera probablement un certain cadre extérieur au Jugement dernier ; mais celui-ci reste essentiellement "la révélation éclatante, l'explosion fulgurante de tout l'ordre et de toutes les harmonies du plan divin, se dévoilant dans une clarté triomphante devant les intelligences évoquées pour le regarder et pour trouver dans ce regard même leur absolution et leur condamnation, leur triomphe ou leur défaite, leur humiliation ou leur glorification (2)". Au sens large, on peut dire que les anges seront Juges avec le Christ : juges par l'exemple de leur fidélité et des efforts faits pour sauver les hommes ; juges aussi par l'approbation qu'ils donneront à la sentence divine dont le bien-fondé apparaîtra à tous ; et dans le même sens les élus jugeront à leur tour les anges (I Cor., 6.3). Rien ne s'oppose enfin à ce que ces derniers jouent d'une façon réelle le rôle d'exécuteurs que leur attribue expressément l'Evangile par la séparation de bons et des méchants (Mat., 13.39; 24.31).

(1) : Ant. Vêp. S. Michel; Prières des Agonisants; Ant. in Paradisum; Offert. messe des Défunts
(2) : P. Félix, Le Châtiment.

Initiation théologique, par un groupe de théologiens, Tome II,
Dieu et sa Création, Le Mystère du gouvernement divin, chap. X,
Les Anges dans le gouvernement divin, par Dom Paul Benoist d'Azy, o.s.b., Le Cerf, Paris, 1957


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  Somme théologique de Saint Thomas d'Aquin

Saint Thomas d'Aquin a consacré la troisième section de la première partie de la Somme théologique au gouvernement divin (103-119). Cette section contient la question 113, qui traite de la garde des hommes par les anges.

Extraits :

art.1 :

1. Grâce au libre arbitre, l'homme peut plus ou moins éviter le mal, mais insuffisamment, car son amour du bien est affaibli par les multiples passions de l'âme. Pareillement, la connaissance universelle de la loi naturelle, qui appartient naturellement à l'homme, le dirige un peu vers le bien, mais insuffisamment ; car, en appliquant les principes universels du droit aux actions particulières, il arrive que l'homme dévie de bien des façons. C'est pourquoi la Sagesse dit (Sg 9, 14) : " Les pensées des mortels sont timides, et nos prévisions sont incertaines. " L'homme a donc besoin d'être gardé par un ange.

art.2 :

Pour la garde de chaque homme un ange particulier est désigné. Car la garde des anges accomplit la providence divine à l'égard des hommes. La providence de Dieu est différente selon qu'il s'agit des hommes ou des autres créatures corruptibles, parce qu'ils ont un rapport différent avec l'incorruptibilité. Les hommes ne sont pas seulement incorruptibles selon l'essence commune à l'espèce, mais aussi dans la forme propre à chacun d'eux, l'âme rationnelle. On ne peut pas en dire autant des autres êtres corruptibles. Or, il est évident que la providence de Dieu s'attache à titre premier aux êtres qui demeurent toujours, tandis que les êtres qui passent sont ordonnés par Dieu aux réalités perpétuelles. Ainsi donc, la providence de Dieu se comporte à l'égard de chaque homme comme elle se comporte à l'égard des genres et des espèces des choses corruptibles.

art. 4 :

L'homme, durant cette vie terrestre, est établi comme sur une route pour atteindre la patrie. Sur cette route de nombreux périls le menacent, du dedans et de dehors, selon le Psaume (142, 4) : " Sur la route où je marchais, ils m'ont caché un piège. " Et c'est pourquoi, comme on donne une garde aux hommes qui parcourent une route peu sûre, ainsi tout homme dans l'état de voyageur reçoit la garde d'un ange.

art. 5 :

Certains affirment que l'ange est désigné pour la garde de l'homme depuis son baptême ; d'autres dès la naissance. Cette dernière opinion est appuyée par S. Jérôme, et c'est avec raison. Car les bienfaits de Dieu qui sont donnés à l'homme du fait qu'il est chrétien, ne commencent qu'au moment du baptême, comme la réception de l'Eucharistie, etc. Mais les bienfaits destinés par Dieu à l'homme en tant qu'il a une nature rationnelle, lui sont accordés dès que par la naissance il acquiert cette nature. La garde des anges est un de ces bienfaits, comme cela apparaît clairement d'après ce qui précède. C'est pourquoi l'homme reçoit dès la naissance un ange chargé de le garder.

art. 6 :

La garde exercée par l'ange, comme nous l'avons montré accomplit la providence divine à l'égard des hommes. Mais il est manifeste que ni l'homme ni aucune autre chose ne peuvent échapper totalement à la providence divine. Car, en tant qu'une chose participe de l'être, elle est soumise à la providence universelle à l'égard de tous les êtres. Mais on dit que Dieu abandonne l'homme selon l'ordre de sa providence en tant qu'il permet que l'homme souffre de quelque défaut, de peine ou de péché. De même encore, nous devons dire que l'ange gardien n'abandonne jamais totalement l'homme ; mais il l'abandonne parfois partiellement, en ce sens qu'il ne l'empêche pas d'être soumis à quelque épreuve, ou même de tomber dans le péché, selon l'ordination des jugements divins. En ce sens on dit que Babylone et la maison d'Israël sont abandonnées par les anges, car leurs anges gardiens n'ont pas empêché qu'elles subissent des malheurs.

voir la Somme théologique sur le sujet des Anges : Prima Pars, q. 50 à 64 et q. 103 à 114.

Extraits de question 76, article 3 :

"De même, dit S. Augustin, que les corps plus grossiers et inférieurs sont régis, d'après certaines lois, par ceux qui sont plus subtils et plus puissants, de même Dieu gouverne tous les corps par les esprits doués de la vie raisonnable." S. Grégoire dit aussi quelque chose de semblable. D'où il suit que Dieu se sert du ministère des anges pour tout ce qui regarde le monde matériel.
[...]
De même, les anges gardiens coopéreront à la résurrection de ceux qui leur étaient confiés.

Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, la Résurrection, trad. J.-D. Folghera, o.p., Ed. de la Revue des Jeunes, Desclée, Paris, 1937. Question 76, article 3.


Commentaires

L'homme est confié à un ange gardien à sa naissance ; ce privilège n'étant pas surnaturel, il ne lui advient pas par le baptême, il le possède de par sa nature sur laquelle s'exerce la providence divine d'une manière spéciale. Dès lors "... Ce qui est donné à l'homme par Dieu, en tant qu'il a une nature rationnelle, lui est confié à partir du moment où, en naissant, il reçoit cette nature" (1). Jusqu'à sa naissance, l'enfant n'étant pas séparé de sa mère est confié à la garde de l'ange qui veille sur sa mère : "... L'ange gardien maternel veille sur l'enfant présent dans le sein de sa mère" (2). Cette action de l'ange gardien ne met pas l'homme à l'abri de tout danger, car bien que tout soit soumis à la providence universelle, Dieu peut laisser l'homme subir un mal, et de même l'ange gardien n'abandonne jamais celui sur lequel il veille, quoique selon l'ordre des jugements divins, il ne le préserve pas de toute tribulation ou de tout mal.

(1) : Somme théologique : Ia, q. 113, a. 5, c.
Saint Thomas, évidemment, n'entend pas par là que l'enfant dans le sein de sa mère ne possède pas la nature humaine, mais qu'il n'exerce pas encore d'opérations sur le mode qui est propre à l'homme, une fois apparu à la lumière du jour.
(2) : Somme théologique : Ia, q. 113, a. 5, ad 3m.

Jean-Marie Vernier, Les Anges chez Saint Thomas d'Aquin,
Nouvelles Editions Latines, Coll. Angelologia III, Paris, 1986.


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  Degrés de certitude des vérités théologiques

Notes théologiques ou degrés de certitude des vérités théologiques relatives aux anges :

Il est une vérité de foi (de fide) que :
- Dieu a créé du néant, au commencement des temps, des êtres spirituels (les anges)
- la nature des anges est spirituelle.
- une partie des anges s'est détournée de Dieu et se tient à son égard dans une hostilité éternelle.
- les mauvais anges (les démons) ont été créés bons par Dieu ; ils sont devenus mauvais par leur propre faute.
- les démons possèdent, en raison du péché d'Adam, une certaine domination sur les hommes.
- la tâche secondaire des saints anges est la protection des hommes et le souci de leur salut.

Il est une vérité certaine (sententia certa) que :
- Dieu a fixé aux anges une fin surnaturelle, la vision directe de Dieu, et les a ornés de la grâce sanctifiante pour l'atteindre.
- les anges ne se propagent pas ou ne s'engendrent pas.
- la tâche première des saints anges est la glorification et le service de Dieu.
- chaque fidèle possède, depuis son baptême, son saint ange gardien, particulier.
- (relativement aux anges déchus) les anges furent soumis à une épreuve morale.

Il est une vérité commune à presque tous les théologiens (sententia communis) que :
- les anges sont par nature immortels.
- (relativement aux saints anges) les anges furent soumis à une épreuve morale.
- tout homme, même infidèle, a, dès sa naissance, son saint ange gardien particulier.

Vincent Klee, Les plus beaux textes sur les saints anges,
Nouvelles Editions Latines, Paris, 1984, Collection Angelologia.


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  Ministère des Anges auprès des hommes

Le ministère de gardiens exercé par les anges auprès des hommes est affirmé par la sainte Ecriture, et par tous les représentants de la tradition ; l'Eglise a fait entrer la dévotion envers les anges gardiens dans son culte public, en établissant une fête en leur honneur le 2 octobre ; nous avons vu aussi qu'un grand nombre de conciles récents ont recommandé cette dévotion. Aussi les théologiens regardent-ils la fonction des anges auprès de nous, comme une doctrine qui appartient à la foi.

A. Vacant, Dictionnaire Théologique Catholique, T. I,
"Angélologie dans les Conciles et doctrine de l'Eglise sur les anges".


(...)
Quant aux anges, nous savons qu'ils sont "tous des esprits dont la fonction est d'être envoyés en service, au profit de ceux qui doivent obtenir l'héritage du salut" (1). C'est vrai surtout des anges gardiens spécialement attachés à chacun de nous. Leur charité à notre égard n'est qu'une manifestation de leur dévouement à la cause divine et de leur zèle pour l'honneur de Dieu. Nous pouvons compter sur leur aide puissante dans la lutte contre le mal et recourir à eux pour obtenir par leur intermédiaire, avec la protection de notre vie temporelle, les grâces qui sous forme de bonnes pensées, d'élans vers le bien, d'horreur du mal, nous permettront de déjouer les ruses et les pièges du "malin", de répondre aux appels de Dieu et de nous préparer ainsi à prendre, avec joie, place auprès de ceux qui se seront montrés si fraternels pendant notre pèlerinage d'ici-bas.

(1) : Heb., 1.14

Joseph de Guibert s.j., Leçons de théologie spirituelle,
tome I (seul paru), Apostolat de la Prière, Toulouse, 1943.



Du rôle des Anges dans la vie chrétienne.

Des Anges gardiens.

Parmi ces anges, il en est qui sont délégués pour s'occuper de chaque âme en particulier : ce sont les anges gardiens. L'Eglise, en instituant une fête en leur honneur, a consacré la doctrine traditionnelle des Pères, basée d'ailleurs sur des textes de la Sainte Ecriture et appuyée sur de solides raisons. Ces raisons se tirent de nos rapports avec Dieu : nous sommes ses enfants, les membres de Jésus-Christ et les temples du Saint-Esprit. "Or, nous dit M. Olier (1), parce que nous sommes ses enfants, il nous donne pour gouverneurs les princes de sa cour, qui se tiennent même bien honorés de cette charge, à cause que nous avons l'honneur de lui appartenir de si près. Parce que nous sommes ses membres, il veut que ces mêmes esprits qui le servent soient toujours auprès de nous pour nous rendre mille bons offices. Et parce que nous sommes ses temples, et que lui-même habite en nous, il veut que nous ayons des anges qui soient remplis de religion envers lui, comme ils sont en nos églises ; il veut que là ils soient en hommage perpétuel envers sa grandeur, suppléant à ce que nous sommes obligés de faire, et gémissant souvent pour les irrévérences que nous commettons contre lui". Il veut aussi par là, ajoute-t-il, relier étroitement l'Eglise du ciel et celle de la terre : "C'est pourquoi il fait descendre en terre ce corps mystérieux des Anges, qui, s'unissant à nous, et nous liant à eux, nous mettent ainsi dans leur ordre, pour ne faire qu'un corps de l'Eglise du ciel et de la terre".
Par notre ange gardien nous sommes donc en communication permanente avec le ciel, et, pour en mieux profiter, nous ne pouvons mieux faire que de penser souvent à notre ange gardien, pour lui exprimer notre vénération, notre confiance et notre amour : - a) notre vénération, en le saluant comme un de ceux qui voient sans cesse la face de Dieu, qui sont près de nous les représentants de notre Père céleste ; nous ne ferons donc rien qui puisse lui déplaire ou le contrister, mais au contraire nous nous efforcerons de lui témoigner notre respect en imitant sa fidélité au service de Dieu : ce qui est une manière délicate de lui marquer notre estime ; b) notre confiance, en nous rappelant la puissance qu'il possède pour nous protéger, et la bonté qu'il a pour nous qui sommes confiés à sa charge par Dieu lui-même. C'est surtout dans les tentations du démon que nous devons l'invoquer, puisqu'il est accoutumé à déjouer les ruses de cet ennemi perfide ; comme aussi dans les occasions périlleuses, où leur prévoyance et leur dextérité peuvent si opportunément nous venir en aide ; dans la question de la vocation, où il peut mieux connaître que personne les desseins de Dieu sur nous. En outre quand nous avons quelque affaire importante à traiter avec le prochain, il importe de nous adresser aux anges gardiens de nos frères pour qu'ils les préparent à la mission que nous voulons remplir auprès d'eux ; c) notre amour, en nous disant qu'il a toujours été et est encore pour nous un excellent ami, qui nous a rendu et est toujours prêt à nous rendre d'excellents services ; ce n'est guère qu'au ciel que nous en connaîtrons l'étendue ; mais nous pouvons l'entrevoir par la foi, et ceci nous suffit pour lui exprimer notre reconnaissance et notre affection. C'est particulièrement lorsque la solitude nous pèse que nous pouvons nous rappeler que nous ne sommes jamais seuls, que nous avons près de nous un ami dévoué et généreux, avec qui nous pouvons nous entretenir familièrement.
N'oublions pas du reste qu'honorer cet Ange c'est honorer Dieu lui-même, dont il est le représentant sur terre, et unissons-nous parfois à lui pour le mieux glorifier.

(1) : Pensées, p. 171-172

Adolphe Tanquerey, Précis de théologie ascétique et mystique, 11° édition, Desclée, Paris, 1958. Chapitre II : Nature de la vie chrétienne, 186 et 187.

L'ange gardien : guide des chrétiens ou de tous les hommes ?

L'action des anges accompagne toute la vie de l'homme. Mais une question se pose, celle de savoir si tous les hommes ont des anges gardiens ou seulement les chrétiens. En d'autres termes, l'ange gardien est-il donné à la naissance ou au baptême ? Origène connaît les deux opinions et montre que chacune a pour elle des autorités scripturaires (Co. Math., 27-28; Klostermann, 254-258). La question sera encore rangée parmi les questions disputées par Etienne Gobar, au VI° siècle. Saint Thomas lui consacrera une question de la Somme (I, 113, 5), où il cite d'ailleurs le passage d'Origène. La conclusion à laquelle aboutit saint Thomas est d'ailleurs celle à laquelle incline la tradition : l'homme reçoit un ange gardien dès la naissance ; mais cet ange joue un rôle tout nouveau à partir du baptême. L'analogie des anges des nations inclinait d'ailleurs déjà Origène à cette solution.

Les fonctions de l'ange gardien auprès des hommes.

Entre les fonctions que les anges gardiens accomplissent auprès de ceux qui leur sont confiés, il en est certaines dont nous avons déjà parlé ou dont nous reparlerons. Tel est en particulier le rôle "d'instructeur", par lequel ils sont les messagers auprès des âmes des bonnes inspirations. Ils commencent cette mission auprès des païens qui leur sont confiés pour les conduire à la foi. Ils la poursuivent auprès des catéchumènes, puis auprès des néophytes. Et nous verrons qu'elle se continue au long de l'ascension spirituelle jusqu'au seuil de l'union à Dieu. Nous voudrions ici indiquer d'autres fonctions qui leur sont attribuées par les Pères. Ils protègent l'âme contre les troubles extérieurs et intérieurs. Ils sont chargés de la reprendre et de la punir lorsqu'elle se détourne du droit chemin. Ils l'assistent dans sa prière et transmettent ses demandes à Dieu. Ces trois fonctions sont désignées par les Pères sous trois titres donnés à l'ange gardien : il est l'ange de la paix (Chrysostome), l'ange de la pénitence (Hermas) et l'ange de la prière (Tertullien).

Jean Danielou, Les anges et leur mission (chap. VII : L'ange gardien), coll. "Irenikon", Chevetogne, 1951.

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  Du discernement des esprits

Nombreuses sont les séries de signes fournies par les divers auteurs pour nous aider à discerner le bon esprit du mauvais : sans parler des écrits plus anciens : saint Ignace, dans ses Exercices ; saint François de Sales, dans son Traité de l'amour de Dieu ; Sarnelli et Scaramelli, dans leurs traités spéciaux, nous énumèrent divers indices plus ou moins décisifs. Voici une des séries les plus complètes, celle où Scaramelli résume les données de ses devanciers (1).

Bon Esprit
Esprit Mauvais
pour l'intelligence :
1. Vrai Faux
2. Pas de choses inutiles Choses futiles, inutiles, vaines
3. Eclaire l'intelligence (bien que parfois il reste de l'obscurité dans l'imagination) Ténèbres, ou fausse lumière dans l'imagination
4. Docilité intellectuelle Obstination de jugement
5. Discrétion Exagérations, excès
6. Pensées humbles Orgueil, vanité
pour la volonté :
1. Paix intérieure Trouble, inquiétude
2. Humilité vraie, effective Orgueil, fausse humilité (en paroles, non en actes)
3. Confiance en Dieu et défiance de soi Présomption et désespoir
4. Volonté pliable, facilité à se faire connaître Obstination; coeur dur et fermé
5. Intention droite dans les actions Intention tortueuse
6. Patience dans les douleurs du corps et de l'âme Impatience dans les épreuves
7. Mortification intérieure Révolte des passions
8. Simplicité, véracité candide Duplicité, simulation
9. Liberté spirituelle Coeur prisonnier des attachements aux choses terrestres
10. Soin d'imiter le Christ Aversion pour le Christ
11. Charité douce, bonne, oublieuse d'elle-même Faux zèle, amer, pharisaïque
signes de l'esprit
douteux :
1. Après avoir bien fait l'élection d'un état, aspirer à un autre.
2. Etre porté à des choses insolites, singulières, qui ne sont pas en rapport avec son état.
3. Amour des choses extraordinaires dans l'exercice des vertus.
4. Parfois, rechercher de grandes pénitences extérieures.
5. Trop de consolations sensibles.
6. Consolations et délices spirituelles continuelles, jamais interrompues ;
7. Les larmes elles-mêmes peuvent être suspectes.
8. Révélations fréquentes chez des personnes de bonté médiocre.


On remarquera que chacun de ces derniers signes peut se trouver dans des âmes très saintes et conduites par un esprit excellent : aussi sont-ils donnés simplement comme signes d'un esprit douteux et suspect, invitant donc à considérer attentivement le cas et à ne pas le trancher favorablement trop vite.

(1) : Je résume les c; 6-10 du Discernimento. On pourra se rapporter, à défaut de l'édition originale, à la bonne traduction française donnée par le chanoine Brassevin (Le Discernement des esprits, Paris, 1893).

Joseph de Guibert s.j., Leçons de théologie spirituelle, tome I (seul paru), Apostolat de la Prière, Toulouse, 1943

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  Expressions désignant l'Ange gardien chez les Pères de l'Eglise

Il est intéressant de relever quelques-unes des expressions qui désignent l'ange gardien et qui nous aident à comprendre son rôle. Il est appelé gardien ou garde (Eusèbe, Co. Psalm., 47; P.G. XXIII, 428 C). Nous rencontrons aussi les termes de préposés (Eusèbe, Dem. Ev., IV, 6; P.G. XXII, 268 A) ou de surveillants (Eusèbe, loc. cit.) (Basile, Ep., II, 238; P.G. XXXII, 889 B) (Greg. Naz., Or., XLII, XXXVI, 492 B). Une autre dénomination est celle d'assistant (Basile, Sp. Snct., 13, 29; P.G. XXXII, 120 A). Particulièrement intéressante est celle de pasteur. Son ange gardien apparaît à Hermas vêtu en pasteur (Vis., V, 4). Basile connaît l'expression (P.G. XXIX, 656). Eusèbe écrit, rassemblant ces formules : "De peur que les hommes pécheurs ne soient sans gouvernement et sans présidence, comme des troupeaux sans raison, Dieu leur a donné des préposés et des surveillants, les saints anges, en guise de bergers et de pasteurs. A tous il a préposé son Fils Premier-Né." (Dem. Ev., IV, 6; P.G. XXII, 268 A).

Jean Danielou, Les anges et leur mission (chap. VII : L'ange gardien), coll. "Irenikon", Chevetogne, 1951.


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