Les saints Anges gardiens

Textes de référence


« Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. »
(Mt 18, 10)





  A.M.D.G. (*)

"Les Anges de Dieu Amis des hommes" - Clermont-Ferrand, à la Librairie Catholique, et Paris, Lhuillier et Périsse frères, 1860.

(*) : les initiales A.M.D.G. sont celles de la devise de la Compagnie de Jésus ("Ad majorem Dei gloriam"), qui furent utilisées par de nombreux auteurs de la Compagnie désireux de garder l'anonymat.


Chapitre VIII : Des Anges Gardiens

"Quelle merveille ! s'écrie saint Bernard. Chrétiens, le pourrez-vous croire ? Les Esprits célestes ne sont pas seulement les Anges de Dieu, mais encore les Anges des hommes. Oui, Seigneur, ils sont vos Anges, ils sont nos Anges."
O chrétiens ! "vous croyez n'être associés qu'avec les hommes. Vous ne pensez qu'à les satisfaire, comme si les Anges ne vous touchaient pas. Désabusez-vous. Il y a un peuple invisible qui vous est uni par la charité. Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la ville du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, d'une troupe innombrable d'Anges." (Job XII, 22.) Un de leur compagnie bienheureuse est attaché spécialement à votre conduite ; et tous prennent part à vos intérêts plus que vos parents les plus tendres, plus que vos amis les plus confidents." (Bossuet.)
C'est le sentiment commun des saints Pères et des Théologiens, fondé sur des témoignages évidents de l'Ecriture, et qui est reçu comme une vérité de foi, que tous les hommes, sans en excepter les infidèles et les hérétiques, ont un Ange qui les garde, qui les conduit, qui les protège, les instruit et les défend, depuis le premier instant de leur naissance jusqu'à leur mort. Dieu peut sans aucun doute nous instruire et nous gouverner par lui-même, cependant il veut se servir des Anges comme de ses ministres pour nous faire connaître la grandeur de son empire, et surtout pour unir tous les hommes par les liens d'une charité semblable, proportions gardées, à celle des trois personnes de la sainte Trinité. C'est pour cela que saint Denis appelle Dieu le Père des unions. Or, quel motif plus puissant pour nous faire aimer et respecter notre prochain, que de considérer qu'il a un Ange qui l'accompagne, qui l'aime, qui prend ses intérêts à cœur, et qui venge toutes les injures qu'on lui fait ? Enfin Dieu ayant créé l'homme pour le sauver, il faut, dit saint Thomas, que tout ce qui est entre Dieu et l'homme soit un moyen, et fasse l'office de médiateur pour le conduire au ciel.
Ainsi l'air est entre le ciel et la terre comme la voie par laquelle répand ici-bas sa lumière. Or il est clair que l'Ange, qui est un pur esprit, est au-dessous de Dieu et au-dessus de l'homme ; par conséquent c'est un milieu par lequel Dieu répand ordinairement ses grâces et ses bienfaits sur nous. Saint Augustin, De Civ. Dei, c.18, témoigne que cette vérité n'a pas été ignorée des païens mêmes. Il dit que Socrate mettait dans l'air des esprits par lesquels les hommes avaient commerce avec Dieu, et que leur emploi était de lui porter les prières des hommes, et d'en rapporter les biens qu'ils désiraient. "Lors donc que tous les peuples, outre la Providence divine, se croient encore soumis à l'influence subalterne d'êtres surhumains, d'esprits bons ou méchants, ils ne croient que ce qui est. Et si, plus d'une fois, ils se trompen,t dans l'application, l'erreur en ceci, comme en tout le reste, n'est qu'une vérité dont on abuse, de même que le mal n'est que l'abus du bien."
Mais nous avons un témoignage plus certain que l'accord de tous les peuples. Le Saint-Esprit nous déclare, dans l'un et dans l'autre Testament, qu'il y a des Anges qui exécutent les ordres de Dieu et qui travaillent au salut des hommes, non seulement en général, mais encore en particulier. Je veux dire que nous avons un Ange tutélaire qui prend soin de nous durant tout le cours de notre vie. David l'affirme en termes exprès : "L'Ange du Seigneur environne ceux qui le craignent et les délivre de leurs maux. Dieu a ordonné à ses Anges de vous garder dans toutes vos voies." (Ps. 33 et 46.) Qui dit toutes, n'en excepte aucune, et marque un soin aussi universel qu'exact sur tout ce qui regarde le bien spirituel et temporel des hommes. Sur quoi saint Bernard rempli d'admiration s'écrie : "O faveur admirable ! ô amour ! ô charité incomparable ! Considérons attentivement et gravons dans notre esprit quel est celui qui ordonne, ce qu'il ordonne, et pourquoi il l'ordonne." Abraham était si persuadé de cette vérité qu'envoyant Eliézer en Mésopotamie, il lui dit avec une foi digne du père des croyants : "Le Seigneur Dieu du Ciel vous enverra son Ange qui vous conduira dans le chemin."
Judith dans le camp d'Holopherne attribue à la protection de son bon Ange le succès de son entreprise : "Le Seigneur vit, car son bon Ange m'a gardée, et quand je suis venue ici, et quand j'y suis demeurée, et quand j'en suis revenue." (Jud. 13.) Le nouveau Testament, l'histoire de l'Eglise, abondent en preuves de cette consolante vérité. Notre-Seigneur lui-même nous l'a révélée en termes précis dans l'Evangile. "Prenez bien garde, dit-il à ses disciples, de ne mépriser aucun de ces petits, car je vous déclare que leurs Anges voient sans cesse la face de mon Père qui est au ciel."
Dans les Actes des Apôtres, saint Pierre, délivré de prison par un Ange, venant à frapper à la porte de la maison où plusieurs disciples étaient rassemblés, une jeune fille nommée Rhode, l'ayant reconnu à la voix, vient sans avoir ouvert annoncer aux fidèles que l'Apôtre était là. Mais eux, ne la voulant pas croire, disaient : "C'est son Ange : Angelus ejus est." (Act. 12,15.) Saint Paul, dans un naufrage imminent, conjure le Seigneur de sauver la vie à l'équipage tout entier, et il apprend de son Ange que sa prière est exaucée. "Cette nuit même, dit-il aux passagers consternés, un Ange de Dieu à qui j'appartiens et que je sers m'est apparu et m'a dit : Paul ne craignez rien."
Saint Jean dans l'Apocalypse, se jetant aux pieds de l'Ange qui lui avait montré les merveilles de la cité sainte : "Gardez-vous de faire cela, lui dit le céleste Esprit, car je suis serviteur de Dieu comme vous, comme vos frères les prophètes, et comme ceux qui observent les paroles de prophétie de ce livre. Adorez Dieu." (Apoc. 22,9.)
Le sentiment des Pères sur cette vérité est unanime : ils appellent les Anges les précepteurs, les gouverneurs, les maîtres, les pasteurs, les protecteurs des hommes ; et de siècle en siècle cette vérité a été confirmée par leur témoignage.
Saint Denis, au premier siècle, appelle les saints Anges nos bons docteurs, bonos doctores nostros. Saint Justin martyr dit que notre bon Ange ne nous quitte qu'après la mort. Origène au troisième siècle dit expressément : "Chacun des fidèles, même des plus petits, a un Ange pour le conduire, l'avertir, le gouverner, le corriger et implorer en sa faveur les miséricordes de Dieu, en la présence duquel il est sans cesse. Et il l'appelle son prince, son tuteur, son admoniteur, qui ne manque à personne. Au quatrième et au cinquième siècle, les saints Basile, Ambroise, Chrysostome l'invoquent comme leur docteur et leur maître. C'est mon capitaine, dit saint Cyrille, au cinquième siècle ; c'est mon médiateur, ajoute saint Augustin au même siècle. Saint Fulgence dans le siècle d'après, saint Ildefonse au septième, le vénérable Bède au huitième et tant d'autres Pères dans les siècles suivants, ont tous reconnu cette vérité si clairement établie dans les saintes Ecritures. Disons-le donc avec saint Jérôme : "Oh ! combien grande est la dignité des âmes pour que Dieu, dès notre naissance, ait commis à la garde de chacun de nous un de ses Anges !"
"O bonheur ! ô miséricorde ! qui pourrait croire que ces sublimes intelligences ne dédaignent pas de faibles mortels ; qu'étant au séjour de la félicité et au centre même du repos, elles veuillent bien se mêler parmi nos continuelles agitations, et lier une si étroite amitié avec des créatures si peu proportionnées à leur naturelle grandeur ?" (Bossuet.)
Afin de réveiller notre foi sur cette consolante vérité, le Seigneur a souvent permis aux saints Anges de se manifester à quelques âmes choisies. Sainte Françoise Romaine, si favorisée des Anges, voyait sans cesse l'Archange député à sa garde, non seulement dans son oratoire, mais à l'église, dans les rues, dans les sociétés. Enfin, placé constamment à sa droite, il l'accompagnait partout et ne s'en éloignait jamais. Cet Archange lui apparaissait sous la forme d'un enfant de neuf ans, le visage élevé, les yeux dirigés vers le ciel, et les bras croisés sur la poitrine. Sa chevelure semblait d'or ; elle était crépue et assez longue pour couvrir son cou et flotter sur ses épaules. Sur une robe d'une éblouissante blancheur, il portait une tunique de sous-diacre dont la couleur n'était pas toujours la même. Elle paraissait tantôt blanche, tantôt d'un bleu céleste, tantôt d'un rouge de feu. Ces vêtements couvraient entièrement son corps emprunté, et descendaient jusqu'à ses pieds. Son aspect lui semblait comme un miroir très pur dans lequel se réfléchissait la beauté divine, et qui suffisait pour l'enflammer et l'élever vers Dieu. Il y avait quatre occasions où elle pouvait contempler son radieux visage : la première, lorsque dans la conversation quelqu'un prononçait quelque parole coupable : alors elle le voyait voiler sa face de ses deux mains ; la seconde, lorsqu'elle faisait oraison ; la troisième, quand elle parlait de lui, et la quatrième lorsque les démons la tourmentaient de tentations importunes ; alors surtout, elle le voyait très distinctement, car il laissait davantage éclater sa gloire, pour mettre en fuite ces esprits de ténèbres qui ne pouvaient supporter sa splendeur. Elle voyait dans ce radieux visage comme dans un très clair miroir, la dignité de la nature angélique et sa propre bassesse. Et tel était l'éclat de cet Esprit céleste qu'en sa présence la nuit était pour sainte Françoise plus lumineuse que le plus beau jour.


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Chapitre IX : Les bons offices de nos Anges gardiens pendant notre vie

Labeur et douleur, telle est notre vie sur la terre. Qui pourrait énumérer le nombre des peines de corps et d'esprit dont un homme est travaillé depuis sa naissance jusqu'à sa mort ? Il faudrait compter tous les moments de sa vie. "L'homme né de la femme, vivant peu de temps, est rempli d'une multitude de misères. Il s'épanouit comme la fleur, et se fane comme l'herbe. Il décline comme l'ombre et ne demeure jamais dans un même état." (Job.)
L'homme est né pour souffrir et pour travailler, comme l'oiseau pour voler. En attendant son dernier combat, sa dernière souffrance, c'est là, avec la mort, la peine et le solde du péché. Partout, toujours, l'homme cherche le repos et le bonheur ; mais comment le trouverait-il sur la terre, puisque tout y est en mouvement, et qu'étant criminel il est condamné à faire pénitence ?
Or, notre Ange tutélaire nous assiste dans toutes ces douleurs du corps et de l'âme. C'est lui, dit saint Bernard, qui nous accompagne en tout lieu, s'attachant à nos pas comme un fidèle serviteur, ne cessant de solliciter notre âme, de l'avertir par ses conseils assidus, lui disant sans relâche au fond du cœur : Délectez-vous dans le Seigneur, et il accomplira tous les désirs de votre cœur : Delectare in Domino et dabit tibi petitiones cordis tui.


Article 1° : Du soin que les saints Anges prennent de notre corps

Ce sont les Anges, en qualité de ministres de la Providence, qui président à la conservation du monde, qui règlent les saisons, purifient l'air, et qui empêchent les démons de troubler l'harmonie de l'univers. Et s'il est probable, comme dit saint Thomas, qu'il y a un Ange chargé de la conservation de chaque espèce et de ses individus, de quelque nature qu'elle soit, qui doutera que notre Ange n'ait soin de nos corps eux-mêmes, et ne pourvoie à toutes leurs nécessités ? Notre-Seigneur ne dit-il pas que tous nos cheveux sont comptés, qu'il n'en tombe pas un sans la permission de Dieu ? Et qui prend de nous ce soin plus que maternel, sinon l'Ange à qui le Roi du ciel a confié la garde de notre âme et de notre corps ? Non, sous la protection de ce guide céleste, il n'y a ni homme sur la terre ni démon dans l'enfer qui puisse nous enlever ce qui est infiniment plus précieux qu'un cheveu de notre tête, nos biens, notre honneur, notre santé, notre vie, si Dieu ne le permet.
Le Seigneur l'a promis, "il enverra son Ange autour de ceux qui le craignent." (Ps. 33.) Et il l'envoie à notre secours, sans que nous le sachions, dans les dangers qui nous menacent. Combien de pressentiments secrets nous ont mis à couvert et préservés ! Combien de fois les choses mêmes qui paraissaient contrarier nos projets, rompre toutes nos mesures, ont-elles tourné à notre avantage ! Le monde n'y voit qu'un heureux coup de la fortune ; une foi vive y découvre la sollicitude éclairée de nos Anges gardiens. "Tenez-vous en repos, disait à saint Ephrem son Ange tutélaire ; cessez ces poursuites inquiètes qui produiraient des effets opposés à ce que vous désirez."
C'est surtout pendant notre enfance que nos chers Gardiens redoublent leurs soins pour nous préserver des accidents auxquels cet âge est sujet, et surtout de ceux qui auraient pu nous empêcher de recevoir le baptême. A Vienne, en Autriche, en janvier 1634, trois âmes du purgatoire, apparaissant à un religieux de la compagnie de Jésus, pour le remercier des prières et des mortifications qu'il avait faites pour les trépassés, ajoutèrent : "Le jour de votre naissance, nos bons Anges nous en apportèrent la nouvelle et nous promirent que vous seriez un jour notre libérateur ; ce qui nous consola fort. Au reste, sachez que vous êtes redevable de la vie et du saint baptême à votre Ange gardien, car le jour de votre naissance on vous avait tellement serré la poitrine et la gorge, que si cet aimable guide n'eût pris soin de desserrer vos langes, vous eussiez été suffoqué."
Une mère chrétienne et bien digne de foi racontait il y a peu d'années le fait suivant : "Chaque jour je recommande à Dieu et à ses saints Anges ma nombreuse famille. Une nuit, je suis réveillée par ces paroles très distinctement prononcées : Lève-toi. Je regarde autour de moi… tout est tranquille, je crois avoir rêvé, je me rendors. Une seconde fois, une voix plus impérative réitère l'avertissement : Lève-toi. Alors je me décide, je fais le tour de ma chambre, et quel n'est pas mon effroi, et tout ensemble ma reconnaissance, quand j'aperçois le plus jeune de mes enfants, âgé seulement de vingt-deux mois, tombé de son berceau, et tellement emmailloté dans ses couvertures, qu'il étouffait, sans pouvoir ni se débarrasser ni pousser un cri. Je le délivre, je le remets dans son berceau, l'embrassant comme un petit ressuscité, et remerciant son bon Ange et le mien, intimement persuadée de leur entremise dans ce fait si providentiel."
Parmi les périls qui nous menacent, ceux que nous courons en voyage éveillent surtout la sollicitude de nos Anges gardiens, et nous voyons que les anciens patriarches mettaient après Dieu leur principale confiance dans le secours des Anges. "Que l'Ange du Seigneur vous accompagne dans votre voyage et qu'il vous conduise en bonne santé, disait Raguel à sa fille et au jeune Tobie." Et c'était en présence même de l'Ange Raphaël, envoyé de Dieu pour accompagner son fils, que le père de Tobie lui avait dit : "Que le Seigneur bénisse votre voyage, et que son Ange vous accompagne." Aussi la sainte Eglise a-t-elle une prière particulière pour les voyageurs, dans laquelle sa demande expresse est celle-ci : "Que l'Ange Raphaël nous tienne compagnie dans le chemin, afin que nous revenions pleins de joie et de santé."
Les soins de ces chers gardiens s'étendent encore à tous nos besoins, à toutes nos épreuves du temps. Agar proscrite s'étant éloignée de son fils Ismaël dans le désert, pour ne pas le voir mourir de soif, l'Ange de l'enfant l'appela, disant : "Que faites-vous, Agar ? Ne craignez point, car Dieu a entendu la voix de l'enfant du lieu où il est… Et ses yeux s'étant ouverts, elle vit un puits d'eau vive, elle y emplit une outre et donna à boire à son fils." (Gen. 21.)
Quand Jacob voulut bénir les fils de Joseph, Ephraïm et Manassé, il s'exprima ainsi : "Que l'Ange qui m'a délivré de tous maux bénisse ces enfants." Paroles que saint Jean Chrysostome et saint Jérôme rapportent aux Anges gardiens.
Elie s'étant endormi dans le désert, accablé tout à la fois de tristesse et de lassitude, l'Ange du Seigneur le réveilla lui disant : "Levez-vous et mangez, car il vous reste un long chemin à faire." Il regarda, et vit près de sa tête un pain cuit sous la cendre et un vase d'eau ; il mangea et il but ; et il marcha quarante jours et quarante nuits dans la force que lui avait communiquée cette nourriture, jusqu'à la montagne de Dieu en Horeb."
Le roi de Syrie ayant envoyé un corps de gens armés pour se saisir d'Elisée dans Samarie, son serviteur voyant la ville entourée de soldats et de chevaux : "hélas ! hélas ! mon maître, que ferons-nous ? cria-t-il au prophète. – Ne crains point, lui répondit Elisée, il y en a plus avec nous que contre nous." – Et s'étant mis en prières, il dit tout haut : "Seigneur, ouvrez les yeux de mon serviteur, afin qu'il voie." Et le Seigneur lui ouvrit les yeux, et il vit la montagne couverte de cavaliers célestes et de chariots de feu, envoyés au secours d'Elisée.
L'Ange de Daniel prit Habacuc par les cheveux et le transporta à Babylone pour y donner à manger au serviteur de Dieu, dans la fosse aux lions.
Sous la loi de grâce, les Anges ne nous sont pas moins secourables dans nos nécessités temporelles. – Deux religieux, envoyés en mission par saint Dominique, se trouvèrent un jour épuisés de force, n'ayant encore rien pris, bien qu'il fut plus de trois heures de l'après-midi, et sans savoir d'où ils pourraient avoir de quoi manger. Comme ils roulaient tout inquiets cette pensée dans leur esprit, un jeune homme ravissant de beauté se présente à eux et leur dit : Comment donc pouvez-vous douter que Dieu ait soin de vous nourrir, vous qui, pour l'amour de lui, avez su quitter et abandonner toutes choses ? Celui qui donne aux animaux leurs aliments, laissera-t-il mourir de faim ses enfants ? Vous en ferez aujourd'hui l'expérience. Cela dit, il disparut ; quant à eux, ayant poursuivi leur chemin, à peine furent-ils entrés dans le village voisin, que le curé du lieu les invita à venir prendre leur réfection chez lui. – Ils le suivaient, lorsqu'un soldat se présente, disputant au curé cet honneur. Mais le seigneur du lieu, survenant, mit fin au débat en les conviant à vider leur différend à sa table où il les traita splendidement. (Platus, De bono stat. Rel., l.3.)
Le saint martyr Venceslas, duc et roi de Bohême, reçut du Ciel une assistance plus merveilleuse encore. Le prince Radislas, s'étant soulevé contre lui et étant près de le percer de sa lance, vit à côté du saint un Ange qui lui dit : Ne ferias : Ne frappe pas. Radislas épouvanté se jette aux pieds du saint et lui demande pardon.
Adressons-nous donc à nos saints Anges, dans nos nécessités, dans nos dangers, dans nos périls : ils nous porteront entre leurs mains, selon la promesse divine, de peur que notre pied ne heurte contre quelque pierre.


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Article 2 : Bons soins que les saints Anges prennent de notre âme

Comme l'âme est infiniment plus précieuse que le corps, elle est aussi l'objet principal des soins de ce charitable protecteur. C'est à son salut et à sa perfection qu'il applique tout son esprit, cet esprit d'un ordre si relevé, si éminent, que nous n'en pouvons rien comprendre sur terre.
"Les Anges nous aiment, ils désirent ardemment nous sauver, dit saint Bernard, et pour Dieu, et pour nous, et pour eux-mêmes : Propter Deum, propter nos, propter semetipsos."
Pour Dieu, dont ils veulent imiter la charité et la miséricorde envers les hommes ; pour nous, parce qu'ils nous aiment, et qu'ils ont compassion de leurs semblables. Pour eux-mêmes, afin de voir plutôt remplies les places des Anges rebelles. "Voilà, mes bien aimés, poursuit saint Bernard, le triple lien qui attire du plus haut des cieux la suréminente charité des Anges pour nous consoler, nous visiter, nous aider sur la terre."
Qui pourrait expliquer les secours que nous donne notre Ange Gardien, cet ami si fidèle ?
1° Il nous éclaire dans nos ténèbres ;
2° Il nous conseille dans nos doutes ;
3° Il nous inspire et nous seconde dans les œuvres du zèle ;
4° Il nous réchauffe dans notre tiédeur ;
5° Il nous fortifie dans nos faiblesses ;
6° Il nous console dans nos ennuis ;
7° Il présente à Dieu nos bonnes œuvres et nos souffrances ;
8° Il nous secourt dans nos tentations ;
9° Il combat pour nous contre les démons ;
10° Il prend parti pour nous contre ceux qui nous offensent ;
11° S'il faut des miracles pour nous sauver, il les obtient de Dieu ;
12° Il réprime nos vices.


I° : Il nous éclaire dans nos ténèbres

Pour rendre plus efficaces les soins de notre bon Ange, Dieu augmente quelquefois son pouvoir naturel, et il se sert de lui pour nous découvrir ses mystères, nous en donnant l'intelligence d'une manière admirable, dit saint Augustin, aussi difficile à concevoir qu'à expliquer. Dieu seul, sans doute, continue le saint docteur, donne par lui-même l'intelligence, parce qu'il est la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde… Les Anges nous éclairent comme on dit qu'un architecte éclaire un édifice, en y pratiquant les ouvertures par lesquelles s'introduit la lumière.
Ils nous font toucher au doigt la vanité des plaisirs qui passent, sans jamais s'arrêter comme l'eau du torrent, et qui entraînent l'âme dans les abîmes éternels ; la vanité des honneurs, qui brillent un moment, comme le soleil en son midi, et qui, d'une course aussi précipitée, disparaissent en un jour ; la vanité des richesses, ces épines qui blessent d'autant plus que plus on les serre ; la vanité de la beauté, qui se flétrit comme la fleur, dans l'espace d'un jour.
En un mot, les Anges nous font comprendre que tout ce qui ne concerne pas le salut de l'âme n'est que folie, et qu'il faut demander à Dieu avec larmes l'intelligence de la vérité.
C'est ainsi qu'un Ange, donnant à saint Elruphe l'intelligence de ces paroles du saint Evangile : "Quiconque laissera son père, ou sa mère, ou ses frères, ou ses sœurs, ou ses biens pour me suivre, recevra le centuple en ce monde, et la vie éternelle dans l'autre", marcha devant lui et disparut après lui avoir montré dans le désert un lieu propre à lui servir de demeure.
Gardez le silence, fuyez et cachez-vous. Arsene, fuge, tace, late, dit l'Ange gardien d'Arsène, à ce grand serviteur de Dieu, en le tirant de la cour de Théodose et l'engageant à la solitude.

II° : Notre Ange nous conseille dans nos devoirs

Il arrive souvent que l'indécision nous arrête dans la voie, et que nous ne savons à qui recourir pour nous tirer de la peine ; il faut nous prévaloir alors du secours que nous pouvons tirer de cet ami fidèle, qui jamais ne nous manque et dont les lumières égalent la puissance.
C'était à son bon Ange que s'adressait dans toutes ses difficultés le Père Jean Carrera encore novice ; il s'entretenait familièrement avec lui et en recevait la solution de tous ses doutes. (1551, Ann. Soc. J.)
La bienheureuse marguerite de Savoie, Dominicaine, recevait de son saint Ange les mêmes secours. Notre-Seigneur lui apparut un jour, tenant trois flèches, dont l'une représentait la calomnie, l'autre la persécution, et la dernière les maladies, lui commandant d'en choisir une ; la servante de Dieu consulta son bon Ange, qui lui dit : Répondez à votre époux que vous n'avez pas d'autre volonté que la sienne ; qu'il sait mieux que vous laquelle de ces flèches vous donnera le coup le plus salutaire ; que votre cœur sera le but, qu'il décoche celle qui lui plaira, et toutes les trois, et davantage s'il veut ; que votre bonheur et votre joie dépend uniquement de l'accomplissement de ses volontés. Marguerite obéit aux sages avis de son céleste gardien. Elle fut frappée des trois flèches du Seigneur, et fit par ces épreuves de si grands progrès dans la vertu, que les cloches sonnèrent d'elles-mêmes à sa mort, pour autoriser l'opinion qu'on avait déjà de sa sainteté.

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III° : Il nous inspire et nous seconde dans les œuvres de zèle

Les Anges, étant de pures flammes qui voudraient embraser toute la terre du feu qui les dévore, sont si ravis de voir les hommes combattre dans un corps mortel pour la sainte cause du Seigneur, qu'ils leur viennent en aide d'une façon merveilleuse. Combien de païens ne furent-ils pas convertis en assistant à l'interrogatoire des martyrs, parce qu'ils virent les Anges tenir devant les confesseurs de la foi, un livre ouvert dans lequel ils lisaient les admirables réponses qui confondaient leurs juges. "Un des Ariens les plus endurcis et les plus ardents à la dispute rendit témoignage qu'étant dans l'église comme saint Ambroise prêchait, il avait vu un Ange qui lui parlait à l'oreille, en sorte qu'il ne semblait faire que rapporter les paroles de l'Ange. L'Arien qui avait eu cette vision se convertit et commença à défendre la foi qu'il avait combattue" (Rohrbacher).
Saint Camille de Lellis, fondateur des clercs réguliers, ce zélé consolateur des pauvres et des malades, brûlait d'un tel amour de Dieu et du prochain, qu'il mérita le surnom d'Ange de la terre, et qu'il reçut en effet en mille occasions le secours des célestes Esprits. Saint Philippe de Néri attesta avoir vu souvent aussi les Anges eux-mêmes suggérer aux disciples de Camille les paroles les plus propres à toucher l'âme des agonisants qu'ils assistaient.

IV° : Il nous réchauffe dans notre tiédeur

Ce n'est pas tout d'entrer dans la voie étroite, il faut y avancer sous peine de reculer ; et souvent c'est au milieu de la route que l'ennemi nous attend pour triompher de notre constance et nous faire jeter les yeux en arrière. L'esprit s'obscurcit, le cœur s'affadit, on ne marche plus dans les entiers divins avec la même allégresse ; on va tomber dans le plus dangereux des pièges, la tiédeur, l'ennui de Dieu, des choses de Dieu : Toedium de Deo. Mais notre saint Ange, cet esprit toujours brillant de lumière, toujours embrasé d'amour, nous réveille dans notre assoupissement.
Un religieux allemand, d'une illustre naissance, nommé Laffard, commençait à chanceler dans sa vocation, quand son bon Ange, le conduisant dans un cimetière, et lui montrant un cadavre en putréfaction, lui dit : Tel tu seras dans peu de jours ; ne voudrais-tu pas alors avoir persévéré dans le service de Dieu ?
Un jeune gentilhomme français, raconte le Père Coret, vint me trouver au mois de juillet 1663, et me fit une confession générale de toute sa vie, avec tant de larmes, qu'il lui était impossible de prononcer trois ou quatre paroles de suite. Il me dit qu'il s'était vu la nuit au milieu de son bon Ange et du démon ; que celui-ci, après lui avoir fait le dénombrement de ses crimes, voulait s'emparer de son âme et la précipiter dans l'enfer ; mais que son bon Ange le prit par la main, et empêcha le démon d'exécuter son malheureux dessein.

V° : Il nous fortifie dans nos faiblesses

Nous tombons, le juste même pèche sept fois le joue, dit le Sage ; et notre plus grand malheur, ce n'est pas toujours notre chute, c'est le désespoir du cœur qui la suit, et la succession de fautes, souvent plus graves, qui accompagne un premier oubli de nos devoirs. Mais notre Ange est là pour relever notre courage.
Saint Martin, pressé par la compassion que lui inspiraient des condamnés dont il sollicitait la grâce auprès de l'Empereur Maximien, finit par communiquer avec les hérétiques ithaciens ; c'était la condition qui avait été mise au pardon qu'il sollicitait. Toutefois il avait seulement assisté à l'ordination de l'un d'entre eux, sans vouloir souscrire à cet acte, en signe de communion. Le lendemain, il sortit promptement de Trèves et gémissait le long de la route d'avoir trempé tant soit peu dans cette communion criminelle. Etant près d'un bourg aujourd'hui nommé Echternach, il s'arrêta un peu dans les bois, laissant marcher devant lui ceux de sa suite. Là, comme il examinait cette faute que la conscience lui reprochait, un Ange lui apparut et lui dit : Ton remords est bien fondé, mais tu n'as pas pu en sortir autrement ; reprends courage, de peur de mettre en péril ton salut même" (Sulp. Sév., 3° Dial.)
L'un des compagnons de saint Ignace avait pris la résolution de le quitter, dans la persuasion qu'il valait mieux vaquer au salut de son âme dans l'éloignement de tout commerce avec le monde, que de s'exposer pour le salut des âmes, et cependant risquer la sienne. Mais comme il exécutait ce dessein, il rencontra en son chemin un cavalier qui, courant sur lui à toute bride les armes à la main, l'obligea de retourner et de continuer le généreux emploi qu'il avait reçu du Ciel : il lui fit comprendre qu'il n'y avait pas de voie plus haute que de s'employer à gagner les âmes, puisque ce fut celle du Fils de Dieu fait homme.

VI° : Il nous console dans nos ennuis

L'épreuve, la souffrance, la maladie, la vie même toute seule, amène à sa suite l'ennui, ce dégoût, cette lassitude qui poursuit l'âme humaine jusque dans ses plaisirs. Qu'il fait bon alors avoir un consolateur aussi puissant que dévoué ! Notre Ange est là, prêt à nous réconforter ; mais nous n'y songeons point, et nous allons aux créatures, aussi impuissantes que nous à calmer nos douleurs. On lit dans la vie des Pères, qu'un bon religieux qui vivait solitaire dans le désert étant tombé malade, son bon Ange le servait, l'assistait visiblement et le consolait dans ses douleurs. Mais quelques moines étant venus le visiter, l'Ange disparut aussitôt. Le malade, sensiblement affligé, ne put s'empêcher de dire à ses hôtes charitables : "Je vous en prie, mes frères, retirez-vous, car aussitôt que vous êtes arrivés ici, mon bon Ange, qui daignait me servir, me consoler et se montrer à moi visiblement, a disparu." A peine avait-il prononcé ces paroles, sans doute pour l'instruction et l'édification des moines, qu'il expira.
Surius rapporte la même chose de sainte Lyduvine, dans les continuelles et douloureuses maladies qui exercèrent sa patience. Son bon Ange, qui la soutenait, l'entretenait familièrement, disparaissait dès qu'on la visitait, et surtout lorsqu'elle était tombée dans quelque faute, si légère qu'elle fût. Aussi la Sainte n'avait-elle pas de repos qu'elle ne se fût confessée ; et aussitôt son Ange se faisait voir à elle comme auparavant.

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VII° Il présente à Dieu nos bonnes œuvres et nos souffrances

Nous avons dit au chapitre qui traite de la principale occupation des Anges, la prière, qu'ils offrent à Dieu nos supplications et nos vœux ; mais ils offrent encore nos aumônes et nos bonnes oeuvres ; "ils recueillent jusqu'à nos désirs ; ils font valoir devant Dieu jusqu'à nos pensées. Surtout qui pourrait assez exprimer combien abondante est leur joie, quand ils peuvent présenter à Dieu, ou les larmes de leurs pénitents, ou les travaux soufferts pour l'amour de lui en humilité et en patience ? car pour les larmes des pénitents, que puis-je dire de l'estime qu'ils font d'un si beau présent ? Comme ils savent que la conversion des hommes pécheurs fait la fête et la joie des Esprits célestes, ils assemblent leurs saints compagnons, ils leur racontent les heureux succès de leurs soins et de leurs conseils : - Enfin ce rebelle endurci a rendu les armes, cette tête superbe s'est humiliés, ces épaules indomptables ont subi le joug, cet aveugle a ouvert les yeux et déploré les erreurs de sa vie passée ; il a rompu ces liens trop doux qui tenaient son âme captive, il renonce à tous ces trésors amassés par tant de rapines ; les pleurs du pupille ont blessé son cœur, il se résout à faire justice à la veuve qu'il a opprimée. – Là dessus, il s'élève un cri d'allégresse parmi les Esprits bienheureux ; le Ciel retentit de leur joie, et de l'admirable cantique par lequel ils glorifient Dieu dans la conversion des pécheurs. Et vous, vous surtout qui vivez dans les afflictions ou qui languissez dans les maladies, si vous souffrez vos maux avec patience, en bénissant la main qui vous frappe, quoique vous soyez peut-être le rebut du monde, réjouissez-vous en Notre-Seigneur de ce que vous avez un Ange qui tient compte de vos travaux. Mon cher frère, je te le veux dire pour te consoler, il regarde avec respect tes douleurs, comme de sacrés caractères qui te rendent semblable à un Dieu souffrant. Je dis quelque chose de plus, il les regarde avec jalousie ; et afin de le bien entendre, remarquez que ce corps qui nous accable de maux, nous donne cet avantage au-dessus des Anges de pouvoir souffrir pour l'amour de Dieu, de pouvoir représenter en notre corps glorieux la vie glorieuse de Jésus ; en notre corps mortel et passible la vie souffrante du même Jésus : Ut vita Jesu manifestetur in carne nostra mortali. Ces Esprits immortels peuvent être compagnons de la gloire de Notre-Seigneur, mais ils ne peuvent pas avoir cet honneur d'être les compagnons de ses souffrances. Ils peuvent bien paraître devant Dieu avec des cœurs tout brûlants d'une charité éternelle ; mais leur nature impassible ne leur permet pas de signaler la constance d'un amour fidèle par cette généreuse épreuve des afflictions…
"Ils ne peuvent présenter à Dieu leurs propres souffrances, ils empruntent les nôtres pour les lui offrir… Et je lis avec joie dans Origène la belle description qu'il nous fait des enfants de Dieu assemblés autour de son trône, où ils louent les combats de Job, où ils admirent le courage de Job, où ils publient la constance et la foi de Job, toujours ferme et inviolable dans les ruines de sa fortune et de sa santé. Et d'où vient qu'ils prennent plaisir à rendre à Job ce beau témoignage ? C'est qu'ils estiment ce saint homme heureux de signaler sa fidélité par cette épreuve. Ils voient qu'ils ne peuvent avoir cet honneur, ils se satisfont en le louant, ils suivent la pompe du triomphe et prennent part à l'honneur du combat en chantant la vaillance du victorieux." (Bossuet)
Ce que nous lisons dans la vie de Marguerite-Marie, confirme admirablement ces paroles remarquables de Bossuet. "Un jour, écrit la vénérable servante de Dieu, je me retirai à l'heure du travail dans une petite cour près du Saint-Sacrement, où, faisant mon ouvrage à genoux, je me sentis d'abord toute recueillie intérieurement et extérieurement. Alors il me fut représenté en même temps le cœur aimable de mon adorable Jésus (*) plus brillant que le soleil. Il paraissait comme au milieu des flammes, et ces flammes étaient celles de son amour. Il était environné de Séraphins, qui d'un concert admirable chantaient ces paroles : L'amour triomphe, l'amour jouit, l'amour en Dieu se réjouit. Comme ces esprits bienheureux m'invitaient à m'unir avec eux dans ce cantique des louanges du cœur de Jésus-Christ, je n'osait pas le faire ; mais ils m'en reprirent et me dirent qu'ils étaient venus afin de s'associer avec moi pour rendre à ce sacré Cœur un continuel hommage d'amour, d'adoration et de louange ; que pour cela ils tiendraient ma place devant le Saint-Sacrement, afin que je le pusse aimer sans discontinuation par leur entremise ; qu'ils participeraient à l'amour souffrant en ma personne, de même que je participerais en la leur à l'amour jouissant. En même temps ils me parurent écrire en lettres d'or cette association dans le Cœur sacré avec les caractères ineffaçables de l'amour. Cela dura environ deux ou trois heures. J'en ai ressenti les effets toute ma vie, tant par le secours que j'ai reçu de cette association, que par la suavité qu'elle avait produite en moi, et qu'elle y produit encore. J'en restai tout abîmée de confusion ; cependant, en priant ces saints Anges, je ne les nommais plus que mes divins associés. Cette grâce me donna tant de désirs de la pureté d'intention, et une si haute idée de celle qu'il faut avoir pour converser avec Dieu, que toutes choses me paraissent impures, en comparaison de la ferveur des Séraphins."

(*) : voir sur le Cœur Sacré de Jésus : http://spiritualite-chretienne.com/s_coeur/index.html

VIII° : Il nous secourt dans nos tentations

La vie de l'homme est un combat à outrance ; sans trêve, sans relâche. Comme le fer éprouve le feu, ainsi la tentation éprouve l'homme juste. Véritablement celui qui n'est point tenté ne sait rien ; la tentation est une école à laquelle nous apprenons à connaître Jésus-Christ Notre-Seigneur, à nous connaître nous-mêmes, à connaître le prochain.
Nous trouvons dans la vie de Jésus-Christ, notre chef, notre modèle, éprouvé de toutes les façons, comme dit l'Apôtre, tentatus per omnia, l'exemple de toutes les vertus, la réponse à toutes nos difficultés ; et nous n'avons guère la pensée de chercher lumière et consolation dans les détails de sa vie, dans ses paroles, dans ses souffrances, qu'à l'heure de l'épreuve. La tentation nous fait encore toucher au doigt notre propre misère ; elle nous humilie, elle nous assouplit, elle nous préserve de toute vaine gloire ; elle nous rend compatissants et charitables pour les faiblesses des autres, dont nous sentons le germe dans notre propre cœur. Aussi, Notre-Seigneur, dans sa prière, ne demande-t-il pas que nous soyons délivrés de la tentation, mais que nous n'y succombions pas. Et au secours de sa grâce qu'il ne nous refuse jamais, il ajoute la puissante intervention de notre Ange gardien. Ce cher guide nous rappelle le souvenir de la passion de Jésus-Christ. Il nous met en main le bâton de la croix, il nous cache dans les plaies du Sauveur, il nous arme de ce bouclier du cœur, que Dieu promet à son peuple dans Jérémie, pour le rendre invulnérable : Dabis eis scutum cordis laborem tuum (Thren). Alphonse de Portugal étant près de livrer bataille aux infidèles, Notre-Seigneur l'avertit en songe de dresser un étendard représentant ses cinq plaies ; il obéit, et à l'ombre de ce drapeau céleste il triompha de ses ennemis. Quand le péril est pressant, notre bon Ange nous le signale, et nous en retire par ses charitables avertissements. Les annales des Ursulines rapportent le fait suivant. La sœur Catherine fut une fois si violemment assiégée des suggestions du démon, son esprit s'obscurcit, sa volonté se refroidit tellement, qu'elle se trouva sur le bord de l'abîme, près d'y périr. Mais son Ange gardien lui vint puissamment en aide par ces seules paroles : - Donne à Dieu ta volonté, il ne te demande que cela. – Aussitôt elle reprit courage, se jeta à genoux, suppliant la volonté divine d'avoir pitié d'elle, non pour la délivrer des peines qu'elle endurait, mais pour la rendre victorieuse des pièges du démon. Dieu lui donna alors de si vives lumières sur le mérite des souffrances, qu'elle ne pouvait exprimer les choses merveilleuses qu'elle avait apprises à si bonne école ; elle disait seulement qu'il lui en était resté un continuel désir de souffrir.

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IX° : Il combat pour nous contre les démons

L'occupation continuelle du démon ici-bas est de tenter les hommes. Saint Matthieu ne lui donne pas d'autre nom que celui de tentateur : Accedens tentator. (Matth. 4) Saint Paul parlant de lui, dit : Celui qui tente : Is qui tentat. (1 Thess., 3) "Il y a six mille ans, dit saint Cyprien, que le démon combat contre les hommes, et cette longue expérience lui a appris les artifices et les embûches propres à lui assurer la victoire ; si donc le soldat de Jésus-Christ n'est pas sur ses gardes, s'il ne veille sans cesse et de tout son cœur, il sera circonvenu, il tombera faute de précaution, il sera surpris dans son inexpérience. La rage de ces esprits réprouvés contre l'image de Dieu qui reluit dans l'homme est telle, qu'ils attaquent, dit saint Chrysostome, ceux-là mêmes qu'ils n'ont aucun espoir de vaincre, par le seul désir de les fatiguer, de les inquiéter et de les troubler.
Saint Hilaire affirme que tous les maux qu'endurent les amis de Dieu n'ont point d'autres instigateurs, d'autres ministres que les démons. L'exécution vient des hommes, ajoute—t-il, l'inspiration part du malin esprit. Aussi la sainte Eglise, persuadée du pouvoir que Dieu laisse au tentateur pour nous éprouver, emploie-t-elle les prières, les bénédictions, les signes de croix et les exorcismes sur les créatures qui doivent servir de matière aux sacrements et aux autres usages de la religion, comme on peut le voir surtout dans les cérémonies du baptême. Toutefois, ayons confiance, les démons ne peuvent nuire qu'à ceux qui ne sont pas protégés par la main puissante du Seigneur, et qui méprisent les choses saintes. Pour les justes, qui servent Dieu de tout leur cœur, les démons les craignent. (Lact.) De plus, nous avons pour nous seconder dans la lutte, l'expérience et le dévouement des saints Anges, et spécialement de notre cher gardien. C'est par leur ministère, dit saint Thomas, que le secours divin se communique à l'homme ; et saint Hilaire dit que ces Esprits bienheureux "sont comme les mains de Dieu qui répandent sur nous ses bienfaits."
Attaquer pour nous et avec nous l'ennemi de nos âmes, découvrir ses ruses, déjouer ses projets, et, s'il le faut, lier et enchaîner cette bête cruelle qui cherche à nous dévorer, c'est là surtout l'office de notre bon Ange, et il s'y emploie avec un zèle si infatigable, que la plus tendre mère, veillant sur le berceau de son enfant, et lui faisant un rempart de son corps dans les dangers, n'est qu'une faible image de sa vigilance et de son dévouement. Nous dormons souvent sur le bord de l'abîme sans le savoir, mais notre Ange veille. Nous nous jetons dans les périls par ignorance, par entraînement, mais notre Ange nous arrache à la perdition. L'Ange Raphaël ne délivra-t-il pas le jeune Tobie du poisson monstrueux qui allait le dévorer ? Il enchaîna et relégua dans les déserts de l'Egypte le démon qui avait déjà fait périr les sept maris de Sara, la délivrant ainsi de cet hôte homicide et de l'opprobre que faisait rejaillir sur elle la fin tragique de ceux qui avaient voulu l'épouser.
Qui pourrait dire la sollicitude des Anges pour la jeunesse et les soins qu'ils prennent de la conserver pure ? Que de miracles de protection ne nous seront connus que dans le ciel, quand tous les secrets de l'amour divin nous seront révélés ! un exemple peut nous donner une idée de tant de traits de Providence que nous ne soupçonnons pas : Je connais, dit le Père Coret, un prédicateur très vertueux et très digne de foi qui me raconta le fait suivant. – Dans une ville d'Artois, l'an 1640, un jeune gentilhomme, beau comme un ange, vint me trouver pour me prier d'empêcher au plus tôt, qu'un écolier très recommandable par sa vertu, et que je connaissais parfaitement, n'allât faire collation avec des libertins qui l'avaient invité. – C'en est fait de sa pureté, me dit-il ; s'il y va, il fera une perte qu'il ne réparera jamais : sous prétexte de la collation on cache un malheureux dessein qu'il ne soupçonne pas. – J'eus aussitôt la pensée que celui qui me parlait était un Ange, et je me trouvai en effet saisi d'une telle crainte mêlée d'une indicible douceur, que les larmes me vinrent aux yeux, et qu'à peine me fut-il possible de répondre. Ce qui me confirma dans ma pensée, puisque la crainte suivie d'une pareille joie est l'effet ordinaire de l'apparition des bons Anges. Mais j'en fus bien autrement convaincu quand, après lui avoir demandé avec respect qui il était, d'où il venait, s'il y avait longtemps qu'il habitait cette ville, d'où il connaissait cet enfant, comment il avait appris le piège tendu à son innocence, il se contenta de me répondre : Cet écolier est pur comme un ange, Dieu l'aime extraordinairement, son Ange tutélaire fait tous ses efforts pour conserver son innocence, et je sais assurément le dessein formé contre lui. Pour vous, ne cherchez point à savoir qui je suis, ni d'où je viens : il suffit que vous reconnaissiez que Dieu m'a envoyé pour empêcher un si grand mal. Au reste, soyez persuadé que, comme le démon ne néglige rien pour corrompre la jeunesse, aussi l'Ange gardien fait-il tous ses efforts pour la préserver. – Après ces paroles, il prit congé du Père, qui, ayant averti l'écolier et les parents de ce qu'il venait d'apprendre, parcourut toute la ville pour chercher cet insigne bienfaiteur, mais inutilement, personne ne l'ayant jamais vu.
Si notre ennemi appelle quelquefois à son aide des esprits plus méchants encore que lui, notre Ange de son côté nous amène du renfort et nous assure la victoire. L'abbé Moyse, sur le point de succomber à une furieuse tentation, alla trouver l'abbé Isidore. Celui-ci, le voyant accablé de tristesse et tout découragé, lui dit : Regardez vers l'occident. Moyse regarde, voit une armée effroyable de démons rangés en bataille. Ce spectacle l'épouvanta et allait le jeter dans le désespoir, quand le saint abbé lui dit : Regardez vers l'orient. Et il vit une armée deux fois plus considérable d'Anges, éclatants de lumière, les armes à la main, prêts à combattre pour lui. – Eh bien, repris Isidore, ne voyez-vous pas que nous sommes plus forts que nos ennemis, et que ceux qui nous défendent sont en plus grand nombre que ceux qui nous attaquent ? – Cette vision merveilleuse releva le courage abattu de Moyse, et dissipa la tentation.

X° : Il prend parti pour nous contre ceux qui nous offensent

Les Anges regardent comme faite à eux-mêmes l'injure adressée à leurs clients, et en tirent vengeance. Au contraire, ils assistent de leur crédit auprès de Dieu celui qui contribue au bien de leur cher protégé. Autant de fois que nous offensons le prochain, son Ange et le nôtre nous avertissent : Gardez-vous bien de lui rien dire ; n'allez pas vous venger, car c'est à nous que vous aurez à faire. Si vous vous vengez de lui, nous nous vengerons de vous ; si vous lui faites le moindre déplaisir, nous vous rendrons la pareille ; sachez qu'il nous appartient, et que l'injure qu'on lui fait s'adresse à nous, puisqu'il est sous notre sauvegarde.
Laban, ayant appris que Jacob s'était enfui secrètement avec ses filles et ses troupeaux, le poursuivait transporté de colère. Lorsqu'il était près de l'atteindre, il lui fut dit en songe : Prenez garde de ne rien dire d'offensant à Jacob : Cave ne quidquam asperè loquaris contra Jacob. Laban était un païen, et cependant un Ange que l'Ecriture appelle Dieu lui parle uniquement pour la défense de Jacob.
Saint Paulin rapporte qu'un aruspice nommé Innocentius, ayant employé tous les maléfices qu'il put inventer contre saint Ambroise, alla même jusqu'à envoyer des démons pour le tuer. Mais ils lui rapportèrent qu'ils n'avaient pu approcher, non seulement de la personne, mais de la porte même de son logis, parce que toute la maison était environnée d'un feu insurmontable qui les brûlait même de loin. Lui-même raconta tout cela depuis, car, étant mis à la question pour d'autres crimes, il criait que l'Ange qui gardait Ambroise lui faisait souffrir de plus grands tourments encore, et il se vit forcé de déclarer ce qui vient d'être dit.

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XI° : S'il faut des miracles pour nous sauver, il les obtient de Dieu

S'il faut des prodiges pour nous préserver, pour nous encourager ou pour nous convertir, nos Anges les obtiennent de la divine bonté. Ce furent eux qui retirèrent sainte Aldegonde de la cour où elle courait risque de se perdre ; et afin de la mettre en sûreté, ils la firent marcher sur les eaux, la soutenant des deux côtés, tandis qu'on la cherchait de toutes parts ; et à sa mort ils réjouirent son cœur et ses oreilles par ces douces paroles : Ecce sponsus venit : Voilà l'Epoux, il vient vous couronner.
Sous Julien l'apostat, un jeune homme appelé Théodore fut tourmenté depuis le matin jusqu'au soir par plusieurs bourreaux tour à tour, avec tant de cruauté, qu'on ne se souvenait de rien de semblable. Cependant le martyr attaché au chevalet, avec deux bourreaux à ses côtés, ne faisait que répéter d'un visage tranquille et riant le psaume qu'on avait chanté la veille à l'église. Le Préfet le remit en prison chargé de chaînes, fit son rapport à Julien, exalta la constance du jeune homme, et conclut que cette façon de persécuter les chrétiens leur vaudrait autant de gloire, que de confusion à l'Empereur. Rufun, qui rapporte ce fait, dit avoir vu lui-même Théodore à Antioche ; et comme il lui demandait s'il avait senti la douleur, il répondit qu'il en avait un peu senti d'abord, mais qu'ensuite il voyait auprès de lui un jeune homme qui lui essuyait la sueur du visage avec un linge très blanc, et lui donnait souvent de l'eau fraîche ; que cette eau le consolait à tel point, qu'il fut désolé quand on le détacha du chevalet. (Rufin, 1, liv. 10, cité par Rohrbacher.)
Le père de Lacerda rapporte le fait suivant au livre de l'Excellence des Anges (c. 7.) : Un jeune seigneur, qui fut depuis Patriarche d'Aquilée, ne laissait pas, bien qu'il fût tout dévoué à son bon Ange, de fréquenter de mauvaises compagnies, et de s'abandonner au libertinage. Un jour qu'il se livrait à ces coupables plaisirs, voilà qu'un furieux orage s'élève accompagné de vents, d'éclairs et de tonnerres si terribles, qu'il se prosterne en terre, demandant avec beaucoup de larmes la protection de son bon Ange. A ce moment, la foudre éclata et tomba avec un fracas si épouvantable, qu'il en resta à demi mort. Son bon Ange n'avait suscité cette tempête que pour toucher son âme endurcie, car il se présenta au même instant devant lui, et d'un visage sévère lui dit : Tu ne méritais pas mon assistance, mais bien plutôt des châtiments proportionnés à tes crimes ; cependant je me suis laissé persuadé par tes larmes. Va donc promptement confesser tes péchés, et je t'en promets le pardon. Mais si tu diffères, tu seras infailliblement foudroyé. Il obéit au charitable conseil de son Ange, et depuis il vécut si saintement, qu'à l'article de la mort des légions d'Anges portèrent au ciel son âme pénitente.

XII° : Il réprime nos vices

Notre bon Ange nous prouve encore sa tendre sollicitude en réprimant nos vices. Ces corrections sont des preuves d'amour, non de colère ; ce sont des grâces, non des peines, dit saint Jérôme : Non poena sed gratia. Or, entre tous les péchés il y en a quatre que les Anges punissent sévèrement. Le premier, c'est de NIER LA PROVIDENCE OU DE MURMURER CONTRE SA CONDUITE. Le Sage nous en avertit : "Gardez-vous bien de dire devant l'Ange : Il n'y a point de Providence, de peur que Dieu, irrité de vos discours, ne détruise tous les ouvrages de vos mains," et ne vous apprenne, par le mauvais succès de vos affaires, qu'il y a une Providence qui punit les méchants. Remarquez ces paroles : Devant l'Ange ; car celui qui nous garde entend nos discours, et se tient extrêmement offensé de notre impiété et de notre ingratitude envers le Dieu qu'il aime uniquement.
Le second péché qui irrite surtout les Anges, c'est LA PROFANATION DES LIEUX SAINTS confiés à leur garde. N'ayons donc point la hardiesse d'entrer dans les églises pour y voir, pour y être vus ; gardons-y le silence et la modestie que réclame ce lieu terrible. Prions-y en présence de Dieu et de ses Anges, les yeux baissés, les mains jointes, dans le plus profond recueillement. Saint Paul ne recommande-t-il pas aux femmes chrétiennes de n'y paraître que voilées, par respect pour les Anges, Propter Angelos ? La Mère Magdeleine de Saint-Joseph, carmélite, avoua que la grâce de voir son bon Ange lui était ordinaire. Cette présence opérait en elle d'admirables effets, lui imprimant surtout une profonde révérence envers Dieu. Il s'appliquait à toutes ses actions, lui donnait ses avis dans le besoin, et la reprenait charitablement. Cette vénérable Mère, retenue par quelques affaires, ayant un jour de grande fête tardé à se rendre promptement à l'office divin, son bon Ange lui dit : On vous attend au chœur. Une autre fois, une de ses religieuses l'engageait à se reposer, lui disant avoir remarqué les efforts qu'elle avait faits pour combattre le sommeil au commencement des Matines. – "Bien m'en a pris de faire effort, repartit la Mère en souriant avec sa gaieté ordinaire, car je n'ai jamais vu mon bon Ange si fâché, ni avec un visage si sévère ; il m'a tirée me disant : Eveillez-vous, quelle négligence devant Dieu !" Ces paroles m'ont effrayée, et m'ont empêchée de dormir le reste de Matines. Le jour de la fête de saint Gabriel, Dieu lui montra la chute des Anges et lui en fit connaître les causes. Elle vit aussi en esprit la gloire et la beauté de saint Michel, son union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, et le pouvoir qu'il lui a donné sur la conduite des âmes. Enfin elle avait une conversation presque aussi familière avec ces Esprits bienheureux que si elle-même eût déjà été délivrée des liens du corps. Ce qui ne doit point étonner, tant elle prenait soin de les imiter dans leur pureté et dans leur élévation continuelle à Dieu, dans leur promptitude à accomplir toutes ses volontés.
La troisième faute qui excite la colère des Anges, c'est le SCANDALE. Enseigner le mal par ses exemples, l'enseigner par ses discours, c'est précisément remplir l'office de Satan et se poser en adversaire des saints Anges, dont l'office propre est de porter les âmes à la vertu. C'est offenser non seulement son bon Ange, mais celui des personnes qu'on entraîne au mal. Il n'y a point de péché qui les irrite davantage. Ils en demandent vengeance à Dieu ; et Notre-Seigneur nous en avertit dans l'Evangile, quand il dit : "Prenez garde de mépriser aucun de ces petits, car leurs Anges dans le ciel voient sans cesse la face de mon Père. Malheur à celui qui scandalise ! Il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attachât au cou une meule de moulin et qu'on le jetât à la mer."
Le dernier péché qui offense surtout les Anges, comme essentiellement opposé à leur très pure nature, qui n'est qu'esprit, et à leur éminente sainteté, c'est, comme nous l'avons dit en parlant du respect qui leur est dû, le vice DE L'IMPURETÉ. Ils en tirent souvent de très grands châtiments, témoin l'embrasement de Sodome ; et ils ne peuvent en souffrir même l'apparence avec leurs amis. A Saint-Omer, le 14 décembre 1652, un jeune écolier, s'étant rencontré en mauvaise compagnie, et ayant couri grand risque de perdre son innocence, en fut si vivement inquiété, qu'il ne trouvait plus de repos ni jour ni nuit. Trois jours après, comme il essayait de s'endormir, voilà que vers minuit on ouvre les rideaux de son lit, on le tire par le bras et on l'éveille. Il voit alors près de lui un jeune homme qui, l'ayant regardé d'un visage sévère, lui montre dans sa chambre un grand brasier allumé, et disparaît aussitôt. A ce spectacle, il ne put maîtriser sa frayeur, et jeta un tel cri que tous les gens de la maison accoururent. Interrogé, il dissimula adroitement et rejeta sur la maladie l'effroi qu'on lut sur son visage. Persuadé que c'est son bon Ange qu'il vient de voir, qu'il est irrité, que ces feux sont le châtiment promis au malheureux engagement dont il n'est échappé qu'avec tant de peine, il passe le reste de la nuit à trembler, à pleurer et à gémir. Le lendemain il vint me trouver, écrit le Père Coret, à qui nous empruntons ce récit, et me raconta ce qui s'était passé la nuit ; mais avec tant de sanglots, de si vifs sentiments de regret, que je ne doutai point que ce ne fût une faveur extraordinaire de son bon Ange, qu'il honorait tous les jours très particulièrement. En effet, non content de se confesser, il résolut de quitter le monde, ce qu'il exécuta courageusement six mois après.


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Th. Laval : Révolte et fidélité
J.-H. Waggoner : Le Ministère des Anges
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P. Angély : Les Anges dans le monde
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