Les saints Anges gardiens

Hiérarchies angéliques


« Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. »
(Mt 18, 10)





  Saint Michel

Saint Michel, Gardien de la Croix
Comment Saint-Michel compte l'âge des âmes
Saint Michel, Gardien de l'Evangile
Saint Michel, Gardien de l'Autel
Saint Michel, Gardien des Papes


  Saint Michel, Gardien de la Croix

Saint Michel est le céleste gardien de la Croix, signe sacré de notre rédemption, de nos espérances éternelles et de notre force contre les puissances du mal. Aussi, malgré ses ennemis et ses profanateurs, la croix du Sauveur surmonte-t-elle encore le diadème des puissants de ce monde et la coupole de nos temples ; c'est elle qu'on attache sur la poitrine des braves et qu'on dresse sur les tombes ; c'est elle que l'on voit non seulement dans nos églises, mais dans toutes les familles au foyer desquelles il est resté un rayon de la foi du baptême et de la première communion ; c'est elle qui plane encore victorieuse sur nos villes et nos bourgades, dans nos plaines et au sommet de nos montagnes. O Crux, ave ! O Croix, joie et consolation du chrétien, garde-nous et protège-nous toujours !
Saint Michel, prince des milices angéliques, pourrait-il ne pas être le protecteur spécial de la croix, lui qui, selon les docteurs et les interprètes des saints Évangiles, recueillait avec amour le sang précieux qui jaillissait du Calvaire, et l'offrait à Dieu conjointement avec Jésus et Marie pour le salut du genre humain ?
Depuis le jour où il a arboré au ciel l'étendard de la foi et de l'obéissance, en arrachant à Lucifer celui de la révolte, il en est l'invincible et glorieux dépositaire. C'est le sentiment de l'Eglise qui, dans ses prières, donne le nom de Porte-drapeau à l'Archange et chante : « Pendant que des milliers d'Anges forment une couronne de chefs et de combattants autour de Notre-Seigneur, saint Michel déploie l'étendard de la Croix, et en fait resplendir au loin la souveraine majesté. »
Aussi quand, à l'aurore de l'Eglise, il apparut à Constantin, ce fut à travers les rayons d'une croix éblouissante portant ces mots : Tu vaincras par ce signe. C'est de la même manière qu'il se montrera plus tard à saint François d'Assise, sur le mont Alverne, en Italie, lorsqu'il imprimera dans sa chair les stigmates du Sauveur ; aux Portugais, dans un combat contre les Maures, au XII° siècle ; et à la pieuse bergère de Domrémy, lui ordonnant d'aller sauver la France humiliée, ensanglantée, par les discordes civiles et sous le joug de l'étranger.
Après ces preuves historiques de la prédilection de saint Michel pour la croix, pourquoi ne serait-il pas permis de croire à cette gracieuse et populaire légende ? Partout, dit-elle, où la piété élève une croix, soit sur le pinacle d'un édifice ou sur une place publique, soit au bord du chemin, au fond d'une vallée, ou au sommet d'une montagne, surtout si cette croix a reçu les bénédictions de l'Église, saint Michel place aussitôt autour d'elle une garde d'Anges protecteurs. Oh ! combien coupables, ceux qui enlèvent le crucifix de l'école, brisent la croix des carrefours et ne veulent pas même la voir sur la porte des cimetières !
Ce rôle tutélaire de saint Michel pour la Croix durera jusqu'au jour où, précédant Notre-Seigneur à son dernier avènement, il prendra et portera majestueusement ce trophée de l'amour de Dieu, pour l'offrir en spectacle à toute la création tremblante et renouvelée.
Ce sera le solennel et définitif triomphe, entrevu par saint Jean et ainsi célébré par l'Archange : « C'est maintenant le salut, le règne de Dieu, et la puissance de son Christ dans les siècles des siècles. »
Dans l'attente de ce grand jour, ô mon Dieu, qu'il doit en coûter à votre séraphique mandataire, lorsque votre miséricordieuse patience force son glaive vengeur à rester immobile, pendant que des mains sacrilèges, pétries de boue et de sang, osent souiller, briser, profaner votre divine Croix !
Mais aussi quelle joie nous donnons à saint Michel, lorsque nous la pressons tendrement sur nos lèvres, la saluons avec respect et en traçons le signe auguste sur notre front ou sur notre poitrine ! Cette joie de l'Archange sera encore plus grande quand, les jour d'erreur et d'impiété ayant disparu, on entourera 1a croix, dans notre France, d'honneurs publics, comme aux siècles de foi. Alors ceux qui l'avaient oubliée et méconnue uniront leurs voix à celles du peuple resté fidèle, pour l'acclamer et la bénir ; alors l'Église chantera avec allégresse ces paroles de l'hymne du Prince des Anges : Saint Michel arbore en triomphe la croix symbole de la victoire. C'est lui qui a écrasé la tête du cruel dragon et l'a précipité au fond de l'enfer, et du haut de la cité céleste foudroie Satan avec tous ses satellites.
O croix bien-aimée, reste sur mon cœur pour compter ses pulsations et les diriger vers le Ciel ! Sois mon guide, mon défenseur, ma consolation, et prêche-moi toujours l'immense amour de mon Dieu !

Extrait de "L'Ange Gardien" n° 2, Juin 1896, pp.39-42.


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  Comment Saint-Michel compte l'âge des âmes

Une pieuse légende canadienne nous dit le prix de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus.
Un bon religieux était en oraison dans son couvent de Montréal. Tandis qu'il priait avec ferveur pour l'extension du règne de Dieu et la sanctification des âmes, saint Michel lui apparut tout environné d'une lumière trop belle pour être de ce monde. « Je viens, dit l'Archange, confier à votre piété et à votre zèle une mission sacrée. Écoutez bien ! Un des trônes, perdu par l'un des plus grands entre les anges qui tombèrent avec Lucifer, est resté sans possesseur jusqu'à ce jour. Il faut que vous me trouviez une âme digne d'occuper ce trône radieux. Et moi, Michel, prince de la cour céleste, je ne manquerai pas de récompenser généreusement le service que vous m'aurez rendu. Seulement, afin de ne pas perdre trop de temps dans vos recherches, rappelez-vous bien ceci : l'âme que vous choisirez ne doit pas être trop jeune. »
A peine eût-il entendu ce gracieux message, que le religieux se mit en route. Il marchait, la joie au cœur ; car il se disait :
« Les âmes pieuses ne manquent pas sur les rives pittoresques du Saint-Laurent, et il me sera facile d'en trouver une qui aura passé de nombreuses années dans le service du bon Dieu. » Mais, à mesure qu'il avançait, la dernière recommandation de Monseigneur saint Michel résonnait de plus en plus fort à son oreille, et toutes les âmes qu'il rencontrait lui paraissaient un peu trop jeunes.
Un soir, il arriva à la porte d'un monastère : les religieux l'invitèrent à passer la nuit sous leur toit, et le reçurent avec toutes les attentions de la charité chrétienne. Le lendemain, ils lui firent visiter leur couvent, et lui montrèrent, à 1'infirmerie, un vénérable vieillard qui avait vécu cinquante années dans les missions, et qui passait pour avoir fait des miracles.
- Voilà bien, se dit le voyageur, celui que je cherchais !
Et, ravi de sa précieuse découverte, il s'empressa d'aller signaler son candidat à l'Archange.
- Oh ! non, dit saint Michel, il est trop jeune ! Sans doute, il a quatre-vingts ans, si l'on tient compte de son acte de naissance, mais le registre de l'Ange gardien n'en porte encore que soixante. Seules, les cinquante années de son apostolat sont pleines et complètes ; quelques-unes des précédentes sont en partie remplies ; mais le reste est vide. Toutefois, une belle place l'attend au ciel. Cherchez une âme plus âgée !
Le religieux, un peu étonné de ce calcul, reprit son bâton de voyage, en se disant : « Il paraît que les bonnes places sont chères, en paradis. Par bonheur, 1'éternité dure longtemps ! »
Après beaucoup de recherches, il revint avec trois nouveaux candidats. L'un était un pauvre, qui, paralysé depuis quinze ans, avait souffert son épreuve avec patience et bonne humeur, sans cesser de prier Dieu, tout le long du jour. L'autre était un doux vieillard, curé d'une modeste paroisse, aussi saint que M. de. Galonne, de Trois-Rivières. Le troisième, une mère de quinze enfants, âgée de soixante-dix ans. Elle se nommait Angèle : sa candeur et sa piété était vraiment angéliques.
Saint Michel examina avec attention les trois personnages qui lui étaient proposés :
- Tous trop jeunes ! dit-il. Le vieux Canadien n'a que dix-sept ans sur le registre du paradis ; quinze ans de mérites, pendant sa maladie, et deux ans, dans sa jeunesse. Le bon vieux prêtre, si humble et si fervent, n'a que trente-cinq ans, au calcul du ciel. Angèle, trente seulement. Les vingt-cinq années, employées à élever ses enfants, sont de bonnes années. Mais celles qui suivirent furent marquées par trop peu de progrès dans les hautes voies de la perfection. La croix en était absente, et sa vie tranquille et heureuse n'a pas été remplie de grands mérites. Ils seront tous trois de glorieux saints dans le paradis ; mais aucun d'eux n'a la maturité voulue pour être digne d'un trône séraphique. Serviteur de Dieu, cherchez encore et hâtez-vous.
Après trois jours, le vieillard perdait courage, quand son attention se fixa sur un jeune homme associé de la confrérie du Sacré-Cœur de Québec.
Dès ses premières années, cet associé avait été consacré au Cœur du divin Maître, et il vivait avec lui dans la plus étroite et la plus intime union, lui offrant les pensées, les projets, les actions de chacune de ses journées. Ses communions étaient, dans ses intentions, une réparation pour les péchés et la froideur des hommes. Sa vie s'immolait, comme un holocauste sans cesse renouvelé, à la gloire du Dieu qui a dit : J'aime ceux qui m'aiment. Des journées, comme celles de ce jeune homme, peuvent bien compter pour des années !
Pourtant le messager de saint Michel rentrait désappointé dans son couvent ; il ne soupçonnait pas la valeur du trésor qu'il avait découvert.
- Glorieux Archange, dit-il tristement, j'ai fait de mon mieux. Je n'ai plus qu'une âme à vous présenter, et elle me semble bien jeune. Je ne vois pas qu'elle ait accompli des prodiges de vertu dignes d'attirer spécialement l'attention des juges du paradis. Quant à ses souffrances, je n'en connais pas dont on puisse parler.
Mais à peine avait-il prononcé le nom de son client, que le religieux vit sa cellule s'éclairer d'une splendeur mystérieuse, et entendit une céleste mélodie. Il comprit alors que l'élu était trouvé, que cette âme allait prendre possession du trône resté vide au milieu des Séraphins.
- Mais quel âge a donc cette âme ? s'écria le religieux émerveillé. Quelle singulière façon vous avez, ô saints Anges, de compter les années !
- Le jeune homme que vous m'avez présenté, répondit saint Michel, n'avait que vingt-trois ans, d'après les calculs humains ; il en avait cent vingt-deux, d'après les appréciations angéliques. Il doit tous ses mérites, toute sa félicité à sa dévotion, à son union au Sacré-Cœur. Rien ne se perd de ce qui est offert à Dieu, par une âme aimante et délicate. Un verre d'eau, donné par amour du divin Maître, devient une source abondante qui coule pour toute l'éternité ; un monceau d'or, donné sans amour de Dieu et dans un but d'intérêt humain, n'obtient aucun souvenir dans le livre du jugement. Vivre aux yeux de Dieu et des Anges, c'est éviter le péché et faire le bien par un motif d'amour divin.
Ces révélations célestes firent encore mieux comprendre au religieux, la fausseté trop ordinaire des calculs d'ici-bas. Tombant à genoux, il éleva son cœur vers Dieu dans une ardente prière, tandis que saint Michel retournait au ciel lui préparer la récompense de ses nombreux voyages.

O Cœur béni de Jésus, puissions-nous, à notre dernière heure, n'être pas trouvés trop jeunes ! Puissent les Anges dire de chacun de nous : Il a peu vécu et il a rempli la course d'une longue vie.

Extrait de "L'Ange Gardien" n° 2, Juin 1896, pp.42-45.


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  Saint Michel, Gardien de l'Evangile

Dieu qui confia à saint Michel d'après les docteurs, la promulgation de sa loi, sur le mont Sinaï, aux enfants d'Israël, a aussi donné à ce puissant Archange la garde des saintes Écritures et surtout de l'Évangile, code divin du chrétien, nouvelle loi de grâce, d'amour, de miséricorde, que le Sauveur est venu sur la terre apporter aux hommes.
Le nom Evangile est, par une frappante coïncidence, emprunté dans la langue grecque au nom même des Anges ; il signifie, en effet, bonne nouvelle, heureux message. L'Évangile est, par excellence, le livre des révélations divines, livre sacré qui doit durer plus que le ciel et la terre, et dont pas un iota ne saurait être, dit saint Paul, changé ou ôté, même par un Ange descendu du ciel.
« L'Évangile qui nous a été donné, ajoute saint Jean Chrysostome, c'est l'annonce de la guérison du genre humain arraché à ses maladies par la seule bonté du Médecin spirituel ; c'est la prédiction d'une voie nouvelle ouverte à des hommes égarés, à des aveugles dans les ténèbres, à des condamnés sans espérance. Les instructions de la loi ancienne et les oracles des prophètes n'ayant pas suffi pour nous ramener à la connaissance de la vérité, et le genre humain courant à sa perte, la miséricorde divine, l'amour de Jésus-Christ pour les hommes l'ont emporté sur leur iniquité et leur ingratitude. L'Évangile du royaume des cieux a été proclamé par tout l'univers comme étant le manifeste du monarque universel, pour ceux-là même qui n'en profiteraient pas. Avec lui a été proclamée la grâce, qui dispense tant d'autres bienfaits, affranchit de la captivité, enrichit l'indigence, met un terme à l'exil, et se fait tout à tous. »
Saint Michel, que les Pères de l'Église appellent parfois l'Ange de la loi divine, le Secrétaire de la Divinité, a certainement reçu de Dieu la sublime mission d'inspirer les quatre évangélistes : saint Mathieu, saint Marc, saint Luc, saint Jean, et de propager la parole divine parmi les nations confiées à sa garde, à sa puissante protection contre Satan et ses légions infernales. Oui, gardien de la croix de Jésus-Christ, saint Michel est bien plus encore gardien de sa parole, puisque la croix, instrument passif de la foi, doit le céder à l'Évangile, qui en est la sève et la vie.
La croyance à l'intervention des Anges, comme inspirateurs et propagateurs de l'Écriture sainte, a été si universelle, que même les législateurs païens - sans parler des prétendues pythonisses et visionnaires de tous les temps - n'ont donné de poids à leurs écrits, qu'en les disant inspirés par quelque esprit céleste. De plus, certains auteurs ont cru voir saint Michel dans cet Ange géant de l'Apocalypse qui, portant un livre et tenant un pied sur la mer et l'autre sur la terre, s'écrie d'une voix formidable : « Malheur à qui touchera à ce livre, qui en retranchera une syllabe, car il sera lui-même retranché du Livre de vie. »
Au rapport d'autres commentateurs, c'est saint Michel qui, au jour de la Pentecôte, après avoir signalé par le souffle impétueux du Cénacle la descente du Saint-Esprit sur les apôtres, fit entendre leur parole, à Jérusalem même, dans toutes les langues connues, et de là en porta les accents jusqu'aux extrémités de la terre.
Depuis, par la voix infaillible de l'Eglise, il n'a pas cessé de faire retentir, de défendre et de graver dans les âmes, cette divine parole que rien ne peut enchaîner. Heureux qui écoute et met en pratique cette divine parole qui a les promesses de la vie éternelle !
Pour mieux rendre notre cœur docile aux enseignements de l'Evangile, saluons avec un profond respect et une sincère reconnaissance saint Michel, le promulgateur et le propagateur des préceptes divins ; rendons-lui hommage pour cette charge de confiance, et demandons-lui les secours qu'il donne à ses privilégiés pour les soutenir dans l'accomplissement ponctuel des commandements de Dieu.
O glorieux Archange, faites-nous comprendre combien le joug du Seigneur est doux et son fardeau léger ; inspirez-nous une vive douleur de nos fautes, implorez pour nous la miséricorde de Dieu, afin qu'à l'heure de notre mort, nous puissions recevoir la récompense promise aux fidèles observateurs de la loi divine !
Extrait de "L'Ange Gardien" n° 3, Juillet 1896, pp.75-78.


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  Saint Michel, Gardien de l'Autel

L'Apôtre saint Jean parle clairement, dans son Apocalypse, de sept Anges plus beaux, plus puissants que les autres, et ayant le privilège d'entourer le trône de Dieu. A ces anges, l'Église rend un culte spécial : ce sont les sept grands Archanges dont saint Raphaël apprit l'existence à Tobie, en l'honneur desquels les papes Jules III et Pie IV élevèrent, à Rome, une magnifique basilique sur l'emplacement des Thermes de Dioclétien, et à qui une tradition attribue le gouvernement suprême du monde physique et moral, sous la direction de saint Michel, le chef de toutes les hiérarchies célestes.
D'après des docteurs et de savants théologiens, Dieu a aussi confié à chacun de ces Archanges, la garde spéciale de l'un des sept sacrements. Le baptême est assigné à saint Gabriel, la confirmation à saint Uriel, la pénitence à saint Jéhudiel, l'extrême-onction à saint Raphaël, le mariage à saint Barachiel, et l'eucharistie, le sacrement par excellence, à saint Michel, l'ange le plus parfait et le confident de la sainte Trinité.
Comme le fait remarquer saint Liguori, n'est-il pas naturel que saint Michel, ministre ou Ange gardien de Jésus-Christ durant les trente-trois années de sa vie mortelle, soit également le gardien de sa vie eucharistique ? Saint Eutrope ajoute que, dans une révélation, saint Michel lui déclara qu'il était l'Ange gardien de la sainte Eucharistie, et que cette sublime fonction lui avait été confiée par la très sainte Trinité, le jeudi saint, dès que Jésus eut institué cet auguste sacrement. D'autres révélations de la sainte Vierge et de saint Michel, des miracles même, ont plusieurs fois confirmé cette créance de tous les siècles de l'ère chrétienne.
Aussi dirons-nous avec un pieux et savant auteur, M. l'abbé Fierville : « O âme qui aime l'Eucharistie, ton Dieu et ton tout, lève les yeux vers le ciel, ils verront l'Archange Michel abritant de son aile le divin Tabernacle ; apprends de lui à adorer le Dieu caché sous les espèces eucharistiques ; entends-le te conviant à te nourrir de son corps et de son sang qui te communiqueront la force divine et déposeront dans ton être entier le germe de l'immortalité. Mais prends garde, songe à la majesté de Celui qui est caché sous ces apparences, purifie ton cœur avant de t'asseoir à la Table sainte, agis avec discernement, car là encore saint Michel venge la divinité et l'humanité du Verbe fait chair, en terrassant les profanateurs et les ingrats. »
Mais saint Michel n'est pas seulement le gardien de l'Eucharistie, il en est pour ainsi dire le sacrificateur avec le prêtre. De même qu'il arrêta le bras d'Abraham prêt à immoler son fils et pourvut à la victime, disent les commentateurs de l'Écriture, de même c'est lui qui présente la Victime elle-même à Dieu le Père, avec l'encens de nos prières et de nos adorations.
Le prêtre offre, il est vrai, au nom du peuple fidèle, le pain et le vin, mais dès que cette offrande est devenue, entre ses mains, par les paroles de la consécration, le corps et le sang de Notre-Seigneur, c'est un ange qui reçoit l'ordre de la faire agréer au Très-Haut, et cet ange, disent les liturgistes, est saint Michel Archange.
L'Église elle-même a confirmé cette croyance, puisqu'elle fait réciter au prêtre durant l'offertoire cette expressive prière : « Que le Seigneur daigne bénir cet encens et le recevoir comme un doux parfum, par l'intercession du bienheureux Archange saint Michel qui est à la droite de l'autel. » Et après l'élévation, au moment où s'inclinant pour demander à Dieu d'agréer l'immolation de la sainte Victime eucharistique, le célébrant ajoute cette touchante invocation : « Nous vous en supplions et conjurons, ô Dieu tout-puissant, commandez que ces mystères ineffables soient portés, par les mains de votre saint Ange, à votre autel sublime, en la présence de votre divine majesté, afin que, après avoir participé à ces mystères célestes et reçu le très saint Corps et très précieux Sang de votre adorable Fils, nous soyons remplis de toutes les bénédictions et inondés de toutes les grâces du ciel. »
Unissons-nous donc au prêtre priant saint Michel, pendant l'auguste sacrifice de la messe, d'intercéder pour nous auprès de Dieu, notre Sauveur. Demandons aussi à ce céleste gardien de Jésus-Hostie de réveiller notre foi, de fortifier notre espérance et d'exciter dans nos âmes les sentiments du plus ardent amour pour l'Hôte divin qui réside jour et nuit dans le tabernacle de l'autel ; supplions-le surtout, quand nous nous approchons de la table eucharistique, de nous présenter à Notre-Seigneur, de lui offrir notre cœur, et de remplir notre âme des grâces que Dieu réserve à ceux qui, dignement préparés, participent souvent au divin banquet des Anges.

Extrait de "L'Ange Gardien" n° 4, Août 1896, pp.111-113.


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  Saint Michel, Gardien des Papes

Une croyance générale fondée sur l'histoire du peuple juif, sur celle de l'Eglise catholique et de chacun des successeurs de saint Pierre, assigne toujours saint Michel pour Ange gardien au Pontife régnant. Aussi, depuis saint Pierre jusqu'à Léon XIII, les papes ont-ils rendu au Prince de la milice céleste un culte de prédilection, pour obtenir, par sa puissante intercession, la lumière et le courage dont ils avaient besoin dans le gouvernement de l'Eglise.
Notre-Seigneur Jésus-Christ, s'élevant glorieusement au ciel, n'a pas laissé ses disciples orphelins ; il a perpétué sa présence dans l'Eucharistie et dans le Pontife romain. Dans l'hostie, nous le retrouvons lui-même, comme aliment et comme victime ; dans le pape, comme docteur infaillible et suprême pasteur, divinement secondé par l'Archange saint Michel.
Dans le terrible et perpétuel combat de Lucifer contre la Papauté, le successeur de Pierre n'est donc jamais seul pour soutenir l'épouvantable lutte ? Non, répond saint Basile, car Dieu a constitué saint Michel pour Ange gardien du Chef visible de l'Eglise, Ange gardien qui, dans la suite des temps, nous apparaît toujours le protecteur, le conseiller et le vengeur de la papauté. Saint Michel secondera toujours le Vicaire de Jésus-Christ, il combattra pour lui et avec lui, il le soutiendra dans ses preuves, il le fera triompher de ses ennemis.
Les annales de l'Eglise nous fournissent des preuves évidentes de cette protection.
A l'origine, saint Michel garde la papauté au milieu de la persécution du glaive, persécution brutale de la force matérielle, qui aurait noyé l'Eglise dans des flots de sang, si la main de Dieu n'avait conduit la barque de Pierre.
Dès lors, on voit se réaliser tous les calculs de l'ennemi du Christ ; les puissants du siècle forment des complots pour arrêter les progrès de l'Evangile et étouffer les germes de la sainte doctrine. Les prisons les plus obscures, les chaînes rivées avec soin aux mains et aux pieds des confesseurs, les gardes choisis parmi les plus féroces et les plus aguerris, les glaives les mieux affilés, les promesses les plus séduisantes et les menaces les plus terribles, rien n'est épargné pour assurer le triomphe de Satan et de ses suppôts.
Mais l'Ange de la papauté est là. Il attend la veille du jour où les esprits de ténèbres doivent consommer leur oeuvre d'iniquité. Et alors, à la prière des fidèles, il pénètre dans la prison où Pierre est captif et chargé de chaînes ; il frappe d'aveuglement les émissaires d'Hérode ; il dit au Pontife : levez-vous et suivez-moi. Et aussitôt tous les obstacles disparaissent et Pierre est rendu à la liberté !
L'Eglise est ravie de joie, et c'est à peine si elle croit à son bonheur. Mais il est impossible de le nier : c'est bien le pape qui est délivré de sa prison. Il peut de nouveau faire entendre sa voix à toutes les nations. Son Ange a dit comme autrefois : Qui est semblable à Dieu ?
Il y a plus ; les bourreaux deviennent les victimes ; ceux qui devaient immoler le pape sont soumis à la question et livrés à la mort. Hérode épouvanté prend la fuite et va fixer sa demeure loin du séjour de Pierre.
Ce n'est jamais impunément qu'on s'attaque au rocher inébranlable sur lequel Jésus-Christ a bâti son Eglise.
Voici l'intrépide Léon le Grand en face du terrible Attila. Qui dons fait reculer à sa voix le fléau de Dieu ? Le barbare a vu près de Léon un céleste guerrier brandissant une épée et le menaçant de mort, s'il n'obéit au Pontife désarmé. Lui seul l'a vu, lui-même le déclare à ses officiers, surpris d'une pareille obéissance.
Au IX° siècle, les Sarrasins inondent l'Italie et veulent faire de Rome une cité musulmane, mais le souverain Pontife Léon IV triomphe de l'invasion, grâce à la protection de saint Michel. C'est pour l'attester qu'il fait bâtir, au Vatican, un temple dédié à l'Archange des combats.
Notons encore l'appui que saint Michel donna à Grégoire VII dans ses luttes contre Henri IV, l'inique empereur d'Allemagne. Rome était menacée du feu, de la famine et du pillage, quand elle voit accourir les Normands qui la délivrent. Leur chef visible était Roger Guiscard, mais leur guide céleste était le Prince des Anges.
Il faudrait résumer la vie de chacun des papes, depuis saint Pierre jusqu'à Léon XIII glorieusement régnant, si nous voulions relater tous les effets de la merveilleuse protection de l'Archange saint Michel, en faveur des souverains Pontifes et de l'Eglise. Voilà pourquoi les papes lui ont érigé tant de sanctuaires et les ont enrichis de si précieuses indulgences ; pourquoi ils lui ont consacré tant d'hymnes et de prières ; pourquoi ils ont recommandé son culte d'autant plus instamment que l'Eglise était plus menacée. Aux jours de schisme et de persécution, à l'heure des plus furieux assauts du monde et de l'enfer, ils se réfugient toujours sous le bouclier de saint Michel, vainqueur de Satan.
Combien, par exemple, Pie IX, de sainte mémoire, a sollicité et obtenu de faveurs signalées par l'entremise de l'Ange gardien des papes ! N'est-ce pas ce céleste protecteur qui favorisa si merveilleusement sa fuite à Gaëte, puis sa rentrée triomphante à Rome, et qui, jusqu'à la mort du Pontife, le défendit contre ses ennemis frémissants ? il était désarmé, captif, et cependant toujours puissant, toujours respecté. Saint Michel était là pour protéger le Vicaire du Christ. Il en est de même pour son auguste successeur Léon XIII. Puisse-t-il, comme Léon le Grand, refouler les nouveaux barbares, comme il a déjà jeté sur la fin de notre siècle, à l'exemple de Léon XI, une splendeur si grande, que l'histoire pourra nomme le XIX° siècle, le siècle de Léon XIII !
Oui, saint Michel continue sa mission ; il veille jour et nuit. S'il permet à Satan de nouer des intrigues, il l'empêche de triompher. L'épreuve est parfois longue et douloureuse. Le courage faiblit dans un grand nombre d'âmes ; Jésus-Christ semble sommeiller et la barque de Pierre est violemment agitée par les flots ; mais la barque de l'Eglise ne sera jamais submergée, car son divin pilote commande aux vents et aux marées. Dieu est patient, parce qu'il est éternel ; l'Eglise souffre longtemps, parce qu'elle est immortelle.
En ce mois consacré à honorer tout spécialement saint Michel, prions ce puissant Ange gardien de notre S. P. le Pape, de veiller plus particulièrement sur lui, de le fortifier, de le consoler, à l'heure où il est en butte aux traits et aux pièges de ses ennemis. Qu'il triomphe de l'enfer, pour la plus grande gloire de Dieu et de sa sainte Eglise !

Extrait de "L'Ange Gardien" n° 5, Septembre 1896, pp.146-151.


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