Les saints Anges gardiens

L'Association de Lyon


« Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. »
(Mt 18, 10)





  Les premiers articles de la revue "L'Ange Gardien"


1897
N°9 - Janvier
   d°
N°10 - Février
N°11 - Mars
   d°
N°12 - Avril
N°1 - Mai
N°2 - Juin
N°3 - Juillet
N°6 - Octobre
   d°
Apparition de Saint-Michel au Mont Gargan
Les Souhaits du Jour de l'an
Apparition de Saint Michel à Rome
Apparition de Saint Michel à Licata
Sainte Françoise Romaine (1384-1440)
Conclusion sur la dévotion à Saint-Michel
L'Ange de saint Polycarpe
La conversion de saint Justin par un Ange
Un aimable et prompt messager
Le Saint Ange Gardien
Une mystérieuse apparition

Voir également : 1891 - 1892 - 1893 - 1894 - 1895 - 1896 - 1897 - 1898 - 1899 - 1900 - 1901 - 1902 - 1903 - 1904


NB : tous les articles concernant l'Archange saint Michel ont été placés au chapitre le concernant.


  Les Souhaits du Jour de l'an

Chaque année qui commence est comme une nouvelle étape dans la vie. Pour l'entreprendre avec plus d'entrain et de courage, l'usage est de s'adresser mutuellement des souhaits de bonheur. On marche mieux, lorsqu'on ne se sent pas isolé, et que le cœur s'ouvre à l'espérance.
Cet usage est bon, excellent même, et la religion applaudit à cet échange de bienveillance et de charité, surtout si le véritable esprit chrétien l'inspire. Mais, dans le monde, que de souhaits superficiels, purement extérieurs, stériles en réalité, parce qu'ils partent de cœurs étrangers au sentiment religieux, de cœurs qui ne montent pas vers Dieu ! Dieu seul peut donner l'efficacité à nos paroles, et changer nos désirs en réalités.
Que se souhaite-t-on, au jour de l'an ? La santé, la paix, la prospérité, le succès dans les affaires, une longue vie. Mais cela est-il suffisant ? N'y a-t-il pas une santé de l'âme infiniment plus précieuse que celle du corps ? Une paix que le monde ne donne pas ? une prospérité qui échappe à son pouvoir ?
La prospérité temporelle est peu de chose, et les affaires ne sont rien en comparaison du salut, l'unique affaire importante, celle qui nous donne le bonheur éternel. Si prolongée que soit notre vie ici-bas, elle est nécessairement bien courte, et nous attendons un au-delà, une vie qui ne finit pas : l'éternité.
Pieux lecteurs de L'Ange Gardien, souhaitez à vos parents, à vos amis, à tous ceux qui vous sont chers, non pas seulement la félicité temporelle, mais aussi et surtout le bonheur du ciel. Souhaitez aux croyants la force plus que jamais indispensable pour affirmer nettement leurs convictions ; aux incrédules, la lumière qui éclaire et la grâce qui transforme ; aux justes, la persévérance, la conversion aux pécheurs ; à tous, la patience pour supporter chrétiennement les épreuves de la vie présente.
Sans doute, il n'est pas nécessaire d'exprimer de tels souhaits, mais il faut les formuler dans l'intime de notre cœur, et les offrir par Marie, par notre bon Ange, à Jésus et à notre Père qui est dans les cieux.
Dieu ne réalisera pas toujours complètement nos souhaits, mais toujours il en tiendra compte, et souvent à la place des biens que nous aurons pu lui demander, il accordera des faveurs plus excellentes auxquelles nous ne pensions pas.
Nous pourrons tous ainsi, soutenus, encouragés et fortifiés par les prières de nos amis et les grâces du ciel, surmonter plus facilement les difficultés de cette vie passagère, sous la conduite de nos bons Anges, jusqu'au jour où la divine Providence nous placera dans la demeure permanente, où il n'y aura plus que joie, consolations et contentements éternels.

L'Ange Gardien n°9 - janvier 1897 (pp.301-303)


  Sainte Françoise Romaine (1384-1440)

Famille. – Premiers gages de sainteté

Aux société comme aux individus, Dieu, dans sa prévoyante miséricorde, réserve pour l'épreuve des consolations proportionnées à cette épreuve.
Quand l'épreuve sévit sur l'Eglise, Dieu lui donne - tels des enfants pour la consolation des mères - des saints plus nombreux.
C'est ainsi que, vérifiant avec d'autres bienheureux cette loi providentielle, naît et grandit, au milieu des tristesses du grand schisme d'Occident, Françoise Romaine.
Rome - d'où le nom de Romaine - fut son berceau. Son père, Paul Bussa ; sa mère, Jacqueline Roffredeschi, appartenaient tous les deux à la haute aristocratie de la ville éternelle.
L'enfant que Dieu leur donnait les étonna d'abord par des indices précieux pour l'avenir. Dès le berceau, pour ainsi dire, elle eut en horreur tout ce qui de près ou de loin peut porter ombrage à la sainte vertu de pureté, vertu fragile dont elle veut, avec un soin jaloux, conserver intact l'éclat immaculé.

Rêve et Réalité

A peine arrivée à l'âge de raison, elle réserve à Jésus sa foi, sa virginité.
Sans consulter les inclinations de leur enfant, ses parents l'ont déjà fiancée à Laurent Ponziani, jeune seigneur romain.
A regret, mais sans hésitation, Françoise se résigne. Le mariage est célébré.
Le sacrifice avait été trop grand, la secousse trop forte, et sa frêle nature n'en pouvait porter le poids. Elle tombe dangereusement malade. Saint Alexis lui apparaissant la guérit subitement.
Revenue à la santé, elle envisage sans peur, malgré sa jeunesse, les devoirs multiples d'épouse et de maîtresse de maison.

L'Epouse. – Maîtresse de maison

Vir caput mulieris, l'homme est le chef de la famille ; à lui la direction ; à l'épouse l'obéissance. Epouse chrétienne, Françoise n'oublie pas cette loi primordiale. Elle étudie le caractère de son mari, s'applique à lui plaire, prévenante à ses moindres désirs.
Si le mari est le chef incontesté de la famille, à l'épouse appartient naturellement la direction intérieure de la maison.
La tâche est grande et méritoire étant bien remplie, quand la maison est considérable, la domesticité nombreuse.
Françoise accomplira cette tâche sans heurt et sans effort, malgré son inexpérience.
De par la raison et le sentiment chrétien, non moins que par l'étymologie, la domesticité est le prolongement de la famille. Pour Françoise, les domestiques sont de la famille encore, ils sont ses frères, des frères plus faibles sur qui Dieu lui a donné l'autorité, envers qui Dieu lui impose des devoirs. Elle les surveille avec une vigilance attentive, mais discrète, jamais importune ; elle leur impose, à la fois douce et ferme, une autorité jamais discutée que tempère une affection profonde.
Ses serviteurs lui obéissent par amour encore plus que par contrainte. Nul d'entre eux ne songe à lui désobéir, à lui faire de parti pris la moindre peine.
Les serviteurs se font à l'image du maître.

Vraie piété

Elle a ses moments déterminés consacrés à la piété ; elle n'est pas pour cela esclave d'une piété étroite et mesquine, d'une régularité orgueilleuse qui, sous prétexte d'être agréable à Dieu, semble prendre à tâche d'être désagréable aux hommes. Elle sait se soustraire aux exercices de piété, quand sa présence est ailleurs réclamée par ses devoirs d'état. Et Dieu manifeste par un miracle combien cette conduite lui est agréable.
Récitant l'office divin - les hommes, les femmes savaient alors savourer ces belles prières de l'Eglise - récitant, dis-je, l'office divin, elle doit à quatre reprises interrompre le même psaume. La besogne terminée, elle revient. La main d'un ange avait écrit en lettres d'or les versets interrompus. Saint Paul le lui révèle dans une vision.

Mère

Le mariage, dans les desseins de Dieu, est destiné à perpétuer la famille, la race. L'épouse doit être mère si Dieu veut bien lui donner des enfants. Françoise ne veut pas se soustraire à ce devoir si noble, à cette prérogative si belle de la maternité permettant à l'humble créature de coopérer à l'œuvre créatrice de Dieu. Le Seigneur lui donne un fils. Ce premier-né s'appellera Jean-Baptiste, en mémoire du saint précurseur, et 1e second sera mis sous le patronage de Jean, le disciple aimé de Jésus.

La Croix

Ce second fils étonne par sa sainteté précoce. Dieu lui dévoile l'avenir, lui révèle aussi bientôt les splendeurs éternelles. A neuf ans, l'enfant était au ciel. Une année après, il apparaît à sa mère ; il vient chercher, pour le ciel encore, sa petite sœur Agnès. Mais en retour, il laisse à cette mère cet ange familier qui ne la quittera plus, qui se manifestera à elle à toute heure.
O mères ! comme ils s'appellent pour leurs jeux, les enfants s'appellent aussi pour le ciel. Pleurez, nul ne vous le défend, mais qu'aux larmes amères se mêlent des larmes de joie, quand le ciel vous les redemande dans la fleur de leur innocence, dans la fraîcheur de leurs premiers printemps !
Savez-vous ce que l'avenir leur eût réservé, vous eût réservé pour eux et par eux ? Dieu fait bien ce qu'il fait, même quand il dépose sa croix sur l'épaule tremblante des mères.
La croix ! elle est notre lot ici-bas. La croix ! Françoise l'éprouve d'une autre façon encore. La guerre l'apportera. Rome est prise et saccagée, ses biens sont pillés, son mari est blessé, banni. Elle supporte ces revers avec courage et fermeté. « Dieu m'avait tout donné, il m'a tout ôté ; que son saint nom soit béni ! » L'épreuve fut courte. Son mari lui fut rendu, les biens confisqués furent restitués.

Mortifications

L'épreuve, qui grandit quand elle ne renverse pas, avait grandi la chrétienne, la sainte. Avec l'agrément de son mari, elle pratique de dures mortifications. Un seul repas par jour lui suffit : du pain, de l'eau, parfois quelques légumes non assaisonnés constituent cet unique repas. Sous ses habits de serge, elle porte un dur cilice, une ceinture de crin et de fer. Seule, l'obéissance à son confesseur peut lui faire mitiger ses rigueurs.

Charité

Dure à elle-même, douce aux autres, sa charité n'est pas moins remarquable que sa mortification.
Après avoir donné son aumône personnelle, elle se fait, avec sa belle-sœur Vannosa, mendiante pour ses pauvres.
Dans les rues de Rome, on a le spectacle étonnant de ces deux patriciennes quêtant de porte en porte l'obole ou le morceau de pain pour les déshérités du monde.

Obsessions diaboliques

Le démon rugit. Il multipliera ses attaques contre la pieuse servante du Christ et des pauvres. Il osera, Dieu le permettant, se manifester à elle, en des apparitions immondes ; il osera la battre, la rouer de coups, la traîner par terre, même, un jour, la maintenir de longues heures en contact avec un cadavre en putréfaction. Toute sa vie, elle gardera de cette scène affreuse, un souvenir, une impression d'horreur.
Le démon est vaincu. Sa défaite est d'autant plus complète, que l'apostolat de Françoise lui arrache ces pauvres âmes dévoyées, qui semblent lui appartenir, devoir être sa proie, ces âmes de femmes un jour tombées dans la boue du vice et qui paraissent faire leur vie, leurs délices de cette boue, dorée parfois, toujours infecte.

Nouvelle famille religieuse

Françoise songe à multiplier le bien en se donnant des coopératrices.
A 1'âge de quarante-trois ans, elle fonde une nouvelle famille religieuse, sous la règle de saint Benoît. Le ciel la confirma dans ce dessein, le pape Eugène IV l'approuva ; son oeuvre sera poursuivie, continuée par ses chères oblates.

Quelques miracles

De plus en plus, le Seigneur manifeste combien sa servante lui est agréable. Françoise opère de nombreux miracles, mais son humilité prend soin de les déguiser, de les dissimuler, de les faire attribuer, soit aux causes naturelles, soit à ses compagnes.
Un jour, son mari, craignant que la charité de Françoise ne le réduisit lui-même à la mendicité, vida le grenier. Quelques jours après, il y trouva quarante mesures d'un froment magnifique : il laissa dès lors à sa femme toute liberté de continuer ses aumônes.
Dans ses quêtes pour les pauvres, elle entend des cris déchirants : c'était une mère pleurant son enfant mort sans baptême. Françoise pénètre dans la maison et ressuscite l'enfant.
La veille de Noël (1433), l'Enfant Jésus descendit dans les bras de Françoise et la caressa tendrement. Une autre fois, pendant qu'elle priait avec son Ange gardien qui se rendait souvent visible à la sainte, la Reine du ciel lui apparut assise sur un trône d'or et lui donna ses instructions pour l'établissement de sa congrégation religieuse.

'La Reine du Ciel donne ses instructions à Françoise tandis qu'elle prie avec son Ange gardien'

Dans le monastère qu'elle avait fondé, la pauvreté était si extrême, qu'un jour la religieuse chargée de la table, ne trouva du pain que pour trois, et elles étaient quinze. La Bienheureuse divisa le pain en quinze petits morceaux, et Dieu renouvela le miracle de la multiplication de l'Evangile, car, après le repas, les Oblates recueillirent les restes dans des corbeilles et en eurent assez pour s'en nourrir le lendemain.
Au mois de janvier, les religieuses ramassaient du bois sec dans les vignes. Françoise se retira un peu à l'écart, se mit à genoux, et on l'entendit adresser cette prière à Notre-Seigneur : « Mon Seigneur Jésus, vos servantes n'ont rien à manger ni à boire, veuillez les secourir. »
Tout autour, des grappes de raisin bien mûres parurent aussitôt pendant à la vigne. Les religieuses accoururent et firent honneur au mets qui leur venait si miraculeusement du ciel.

Veuve. – Dernières années

La mort vient lui enlever son mari. Libre désormais, elle met ordre à ses affaires temporelles, partage ses biens entre ses enfants, puis la corde au cou, les yeux baignés de larmes, vient demander un asile pour ses derniers jours, au monastère qu'elle a fondé.
Accueillie par ses sœurs, elle se voit contrainte bientôt par un suffrage unanime de diriger la communauté où elle voulait vivre humiliée, inconnue.
Elle ne néglige rien pour la prospérité même matérielle de l'ordre qu'elle dirige. A qui travaille pour Dieu, pour le prochain, il faut assurer au moins l'abri, le pain quotidien.
Dieu bénit visiblement ses efforts et multiplie ses prodiges en même temps que grandit son humilité.
Il hâte le moment de sa récompense. Son fils aîné, Jean-Baptiste, est dangereusement malade. Elle n'oublie pas qu'elle est mère. Son enfant réclame sa présence, lui refuserait-elle des soins qu'elle prodigue à des étrangers ?
C'est au chevet de son fils que la mort l'attend. Elle est saisie d'une fièvre ardente, Dieu lui révèle l'heure de sa fin.
Cette heure venue, sans douleur ni secousse, elle s'endormit dans la paix du Seigneur, le 9 mars 1440. Elle avait passé sur la terre cinquante-six ans.
Plusieurs fois interrompue, retardée par des causes multiples, l'œuvre de sa canonisation était enfin terminée par le pape Paul V, le 29 mai 1608. Innocent X plaçait sa fête au 9 mars, jour anniversaire de sa mort.

Réflexions

Les restes précieux de sainte Françoise reposent encore dans l'admirable confession que lui fit sculpter Agathe Pamphili, sœur d'Innocent X, tandis que son âme chante les louanges de Dieu avec les Anges, dont elle fit ici-bas sa société visible.
Son Ange gardien, d'autres Anges encore se montraient à elle, conversaient avec elle. A l'état plus radieux ou voilé de ces esprits bienheureux, elle reconnaissait comment Dieu était satisfait de ses actes. Cet état était tel parfois qu'elle pouvait lire en pleine nuit sans autre lumière.
Cette douce familiarité de la sainte romaine avec les Anges du ciel se renouvelait au seuil du siècle suivant avec le bienheureux François d'Estaing, évêque de Rodez.
Mais, plus heureux que Françoise Romaine, le saint évêque obtenait du pape l'institution d'une fête solennelle en l'honneur de nos célestes gardiens. Cent mille fidèles assistaient à la première messe des saints Anges gardiens, célébrée par l'heureux prélat à l'ombre de la magnifique tour élevée par ses soins, au sommet de laquelle se détachait, au clair soleil de juin, une belle statue de l'Ange gardien dominant un horizon qui par-dessus les Cévennes, s'étend jusqu'aux Alpes et aux Pyrénées. Scène grandiose et qui fut pour les Anges la prise de possession solennelle du Rouergue et de la France.
Avec Françoise Romaine, avec François d'Estaing, puissent ces esprits bienheureux nous garder de tout dam la petite patrie, la grande patrie, également chères à notre cœur...

Jean Devéral.

L'Ange Gardien n°11 - mars 1897 (pp.390-396)


  L'Ange de saint Polycarpe

Au deuxième siècle de l'Eglise, il y avait à Smyrne une chrétienne nommée Calliste à qui la Providence avait donné de grands biens. Son admirable charité lui valut sans doute la faveur d'avoir la visite d'un Ange, et d'être choisie comme mère adoptive de saint Polycarpe.
Un matin, pendant son sommeil, un Ange apparut à Calliste et lui dit : « Levez-vous, allez à la porte de la ville qui ouvre sur le chemin d'Ephèse. Deux voyageurs, ayant un enfant avec eux, y arriveront en même temps que vous ; vous leur demanderez si cet enfant est à vendre. Sur leur réponse affirmative, vous l'achèterez au prix qu'ils exigeront. »
Réveillée par cette vision, Calliste se leva toute joyeuse et partit à la hâte. Parvenue à la porte d'Ephèse, elle rencontra les voyageurs, acheta l'enfant et l'emmena dans sa maison. Cet enfant était Polycarpe.
Calliste découvrit en lui des qualités qui la charmèrent. II était d'une humeur fort douce, avait un esprit excellent et un cœur fait pour la vertu. Elle le prit en amitié, s'appliqua à le bien instruire, et le traita comme s'il eût été son fils. Polycarpe profita merveilleusement de ses instructions et se montra toujours reconnaissant et fidèle. II devint évêque de Smyrne et un grand saint.

L'Ange Gardien n°1 – mai 1897 (p.5)


  La conversion de saint Justin par un Ange

Saint Justin-le-Philosophe, qui plus tard devint martyr, fut redevable de sa conversion à un Ange caché sous la forme d'un vieillard.
Après avoir vainement demandé la vraie sagesse aux écoles païennes les plus renommées, il se promenait un jour dans un lieu solitaire pour mieux se livrer à la méditation. Tout à coup, un vieillard au visage grave et plein de douceur paraît devant lui. Il engage aussitôt la conversation, raconte saint Justin :
« - Me connaissez-vous ? me dit-il. – Nullement, lui répondis-je.
- Qu'est-ce qui vous amène dans la solitude ? – J'aime les lieux écartés, où je puis librement méditer.
Plein d'enthousiasme pour la philosophie, continue le saint, je lui en fis l'éloge, ne négligeant rien pour lui en donner une haute idée. Il m'écouta en souriant et me dit :
- La philosophie mène donc à la béatitude ? – Assurément.
- Qu'est-ce donc la philosophie et la béatitude ?
Il n'eut pas de peine à réfuter la fausseté de mes réponses. Ensuite, il m'apprit à quelle école s'enseigne la véritable sagesse.
- C'est dans les prophètes, me dit-il, c'est en lisant les livres écrits par des hommes inspirés, que vous connaîtrez les principes et la fin des choses, en un mot, tout ce que les philosophes doivent savoir. Mais avant tout, ayez recours à la prière ; ouvrez-vous la porte de la lumière, car personne ne peut entendre ces livres divins, s'il ne plaît à Dieu et à Jésus-Christ, son Fils, d'en donner l'intelligence. »
Après ces paroles, ce vieillard ou plutôt cet Ange disparut.
« Alors, ajoute saint Justin, je me sentis échauffé d'un feu nouveau, et épris d'un tendre amour pour les prophètes. Plus je réfléchissais sur les enseignements qu'il m'avait donnés, plus je demeurais convaincu que c'était là la seule vraie philosophie. Je me fis chrétien, et alors seulement je devins véritablement philosophe. »
Que de prétendus savants auraient besoin aujourd'hui de lire sérieusement l'Ecriture Sainte pour dissiper les erreurs qui obscurcissent leur intelligence, pour y puiser la foi et la science de la vraie sagesse !

L'Ange Gardien n°2 – Juin 1897 (p.43)


  Un aimable et prompt messager

Les saints Anges emploient parfois l'agilité dont ils sont doués au service des âmes qui leur sont confiées.
La bienheureuse Marie-Crucifiée, religieuse bénédictine du monastère de palma, en Sicile, eut souvent la faveur de voir des yeux du corps son saint Ange gardien, de contempler en lui, comme dans un très pur miroir, la beauté et la majesté incomparables du Très-Haut, et d'être guidée par lui dans toutes ses actions.
Un jour, obligée d'écrire par obéissance une révélation qu'elle avait reçue de Dieu, il se trouva qu'elle manquait de plume pour s'acquitter de ce devoir. Son Ange gardien lui en présenta une, de la part de la sainte Vierge, sa reine bien-aimée.
Le 26 septembre 1674, elle écrivit une lettre à son frère, alors à Rome, pour l'engager à honorer son Ange gardien d'une manière spéciale, le jour où l'Eglise célèbrerait la fête des saints Anges gardiens, lui proposant de passer toute cette journée en oraison devant leurs Anges respectifs. A peine la lettre finie, elle rencontra la sœur Marie-Séraphique, et lui communiqua la proposition qu'elle faisait à son frère, en l'honneur de leurs Anges gardiens. La sœur Marie-Séraphique ne put s'empêcher de lui rappeler que cinq jours seulement les séparaient de la fête des saints Anges, célébrée par l'Eglise le 2 octobre, et qu'il fallait près d'un mois pour faire parvenir une lettre à Rome. Presque aussitôt, un messager se présente à la porte du monastère, et demande à la sœur séraphique la lettre que sœur Marie-Crucifiée venait d'écrire à son frère.
Ce messager inattendu n'était autre que l'Ange gardien du bienheureux Tomasi, à qui il remit la missive qui lui était destinée. Tomasi se conforma aux pieuses intentions de sa sœur, et, après avoir passé la journée du 2 octobre en prières, il lui répondit, en lui faisant remarquer la date du 26 septembre mise à sa lettre, et qu'il attribuait à une erreur.
Ces faits, attestés par la sœur marie-Séraphique dans le procès de béatification de sa compagne, sont rapportés dans la vie du cardinal Tomasi.

L'Ange Gardien – Juillet 1897 (p.77)


  Le Saint Ange Gardien

Nous ne saurions passer le mois d'octobre, mois consacré aux bons Anges, sans parler des bienfaits et de la reconnaissance que nous devons à nos célestes protecteurs.
La dévotion aux saints Anges gardiens est, après la dévotion à Marie, Mère de Dieu et la nôtre, la plus suave et la plus consolante.
Je ne suis jamais seul, … jamais. Comme les rois ont une garde d'honneur, de même j'ai à côté de moi, du berceau à la tombe, une sentinelle vigilante qui, par ordre de Dieu, m'escorte partout, jour et nuit : c'est mon compagnon assidu, mon serviteur dévoué ; c'est un prince de la cour céleste, c'est mon bon Ange gardien !
Comme la providence divine dont il est la personnification pour moi, il ne révèle sa présence que par ses bienfaits. Je ne le vois pas ; mais, aux soins dont il m'entoure, je sens qu'il est là. Si je pensais plus souvent à cet invisible gardien, si je savais, par l'innocence de ma vie, établir entre lui et moi les relations d'une sainte amitié, il me semble que je serais toujours heureux.
Ces pensées sont appuyées sur le témoignage des saints, et la croyance de l'Eglise. « Chaque âme reçoit à son entrée dans la vie, dit saint Jérôme, un Ange chargé par Dieu lui-même de veiller à sa garde. Dans chaque maison, l'Ange gardien est présent, ajoute saint Bernard : il est près de vous ; non seulement il est avec vous, mais il est là pour vous, il cherche à vous protéger et à vous être utile. L'Eglise dit elle-même, dans l'office des saints Anges gardiens, le 2 octobre : « O Dieu qui, dans votre ineffable providence, avez daigné envoyer pour nous garder, vos saints Anges, etc. »
Notre bon Ange nous transmet les dons de la grâce, en retour des prières et des vœux que nous le chargeons de porter au trône de Dieu. C'est à travers son cœur si pur que montent les soupirs de la terre et que descendent les bénédictions du ciel ; une main tendue vers le Père céleste et l'autre vers le faible enfant d'ici-bas, il se fait le perpétuel écho de la tendresse paternelle de Dieu et de la piété filiale des hommes. Pour nous, quel précieux intermédiaire !
C'est notre Ange gardien qui nous suggère les saintes pensées, les pieuses affections, le goût des bonnes œuvres ; c'est lui qui nous soutient dans la tentation, nous fortifie dans la faiblesse, nous ranime dans le découragement, nous console dans l'affliction, nous éclaire dans le doute.
C'est notre Ange gardien qui, après une chute, nous aide à nous relever promptement. Ce remords qui nous poursuit, cette mort subite qui nous effraie, cet enfer qui s'ouvre à nos yeux, cet exemple de vertu qui nous édifie, ce prédicateur qui nous touche, ce directeur qui nous instruit, cet ami, ce parent qui nous donnent ce conseil, ce livre qui nous émeut, tout cela vient de notre bon Ange ; ce sont autant d'industries qu'il met en œuvre pour nous sauver, nous que Dieu lui a confiés.
Que d'accidents, de maladies, d'ennemis il a détournés de nous par ses supplications ! Sa main vigilante écarte les obstacles de notre salut, et sa prière efficace nous obtient de Dieu les moyens les plus sûrs de sanctification.
Qui sera près de nous à la mort, éloignant le démon, rappelant dans notre cœur abattu l'esprit de repentir, de ferveur, de patience et de résignation ? Notre bon Ange gardien ! Qui, au purgatoire, nous visitera, nous consolera, sollicitera des prières pour nous, et hâtera notre délivrance ? Notre bon Ange gardien, tout heureux de nous conduire au ciel, et de dire au Seigneur : « Voilà l'enfant que vous m'avez confié ! »
Aimons donc notre Ange gardien : ses bienfaits, son dévouement de toutes les heures nous y obligent. Respectons sa présence : c'est un prince de la maison de Dieu ; il est en ambassade près de nous. Ne faisons rien qui puisse l'attrister et le forcer à déposer contre nous auprès de son divin Maître. Parlons-lui souvent comme au plus sincère des amis, lui confiant nos joies et nos peines, nos prières et nos besoins.
Ecoutons sa voix : il est venu pour notre salut, donnons-lui la consolation de nous avoir sauvés. Près de nous, il est resté toujours les mains pleines de grâces, pour enrichir notre âme. Ne le renvoyons pas à Dieu les mains vides. Faisons de bonnes ouvres ; offrons-lui au moins les sueurs du travail, les larmes de la souffrance. Entre ses mains, ces sueurs et ces larmes se changeront en perles précieuses, dont il aura soin d'orner la couronne qui nous attend au ciel. Enfin, imitons-le dans sa religion profonde, le recueillement de sa piété, et l'ardeur de son zèle ; dans sa douceur, sa patience, son dévouement à l'égard du prochain et sa conformité à la volonté divine ; dans la droiture de ses intentions et l'innocence de sa vie.

L'Ange Gardien – Octobre 1897 (pp. 183-186)


  Une mystérieuse apparition

Une jeune fille de vingt-deux ans, partie de Beaujeu une après-midi, se rendait à Thel, diocèse de Lyon. Elle s'arrêta un instant au presbytère de Poule pour transmettre une commission, et s'empressa de continuer sa route, car déjà le soleil baissait à l'horizon.
Sur les indications de la servante de M. le curé de Poule, elle prit un petit sentier passant au fond du bois des Courbons et devant abréger notablement son voyage. Mais au fond du bois, il fallait choisir entre trois chemins celui où se trouvait une croix à quelques centaines de mètres de la forêt.
La jeune fille crut prendre le bon chemin et marcha d'abord précipitamment. Mais point de croix !... Elle a donc fait fausse route !... Que faire dans cette anxieuse alternative !
Cette jeune fille se décida à couper à travers champs pour aller prendre un autre chemin. La voilà bientôt dans une grande étendue de taillis, et elle a beau regarder, elle ne voit nulle trace de chemin.
Alors saisie d'une poignante angoisse à la pensée qu'elle serait obligée de passer la nuit dans les bois, elle se trouble au point de ne plus savoir de quel côté elle est venue, ni dans quelle direction elle doit se diriger. Son cœur bat avec violence, les jambes lui flageolent, elle va peut-être s'évanouir.
Mais non, une pieuse pensée ranime son esprit et ses forces. Elle se souvient, en cette triste situation, qu'un céleste compagnon ne la quitte jamais, et elle invoque son saint Ange gardien avec une foi ardente, le priant de la remettre en bon chemin.
Tout à coup, à dix pas, elle aperçoit un homme assis dans les airelles et s'enroulant de la toile autour d'une jambe. Très surprise, inquiète même de cette subite rencontre, elle reste tout interdite.
- Jeune fille, que cherchez-vous ? lui dit l'inconnu sans se déranger.
- Je ne cherche rien, répondit-elle, s'efforçant de cacher son embarras : je vais seulement prendre mon chemin.
- Mais où voulez-vous aller ?
- Je veux me rendre à Thel.
- Eh bien ! vous n'y arriverez pas ce soir, car vous allez du côté de Saint-Nizier.
Il se leva en disant ces mots. Il était grand, très pauvrement vêtu, et paraissait jeune encore. II ajouta :
- Tenez, suivez-moi, je vais vous montrer le chemin.
Après avoir hésité un instant, la jeune fille le suivit, laissant un grand espace entre eux. Au bout d'un quart d'heure de marche dans les broussailles, l'inconnu s'arrêta au milieu d'un petit pré, et de la main montrant un endroit où passait un berger avec ses moutons :
- Voilà votre chemin, dit-il.
Complètement rassurée, la jeune fille s'approcha de son conducteur, et sa surprise fut extrême en voyant la beauté de son visage, son air d'honnêteté, de bonté et d'innocence.
L'inconnu lui dit en souriant :
- Je vous ai fait peur, mais j'ai compris que vous étiez perdue.
- C'est vrai, répondit la jeune fille. J'avoue maintenant que vous m'avez rendu un grand service. Acceptez cela en reconnaissance, ajouta-t-elle en lui présentant une pièce de cinquante centimes.
- Gardez votre argent, dit-il doucement, et donnez-moi une poignée de main.
La jeune fille mit sa main dans la main blanche et fine du jeune homme qui, avec un sourire angélique, lui dit :
- Allons, si nous nous rencontrons encore dans la vie, n'ayez pas peur de moi.
- Non, je n'aurai plus peur ; merci. Au revoir !
- Au revoir ! répéta le jeune homme. Allez-vous-en tranquille, il ne vous arrivera rien de fâcheux.
La jeune fille fait trois ou quatre pas et se retourne pour lui demander son nom. Le jeune homme avait subitement disparu !... En vain elle regarde de tous côtés, elle se voit seule comme avant la mystérieuse rencontre de ce jeune homme !
Elle continua sa route sans accident, et arriva dans sa famille à une heure déjà avancée de la nuit, tout en priant et en remerciant son bon Ange gardien qui l'avait secourue - elle en reste bien persuadée - dans ce pénible voyage.

L'Ange Gardien – Octobre 1897 (pp. 191-193)


Depuis 1891, la revue "L'Ange Gardien" créée et dirigée par les Clercs de Saint-Viateur, fait connaître et aimer tous les saints Anges.
Spécimen gratuit sur demande :
L'Ange Gardien - 21, Montée St-Laurent - 69005 Lyon - France
ou par notre boîte aux lettres, sans oublier d'indiquer votre adresse postale pour l'envoi.



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