Les saints Anges gardiens

L'Association de Lyon


« Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. »
(Mt 18, 10)





  Les premiers articles de la revue "L'Ange Gardien"

1903
N°09 - Janvier
N°10 - Février
N°11 - Mars
N°1 - Mai
N°4 - Août
N°6 - Octobre
N°7 - Novembre
idem
idem
N°8 - Décembre
idem
Le rêve d'un solitaire
Sainte Marguerite de Cortone et son Ange gardien
Sainte Lidwine et son Ange gardien (1)
Sainte Lidwine et son Ange gardien (2)
Le second Ange gardien du pape saint Grégoire
L'Ange de l'Eglise
Mort de saint Dunstan et les Anges
Trois fillettes sous les décombres
La Bienveillance
Anges à la mort de sainte Catherine
Légende sur le péché originel

Voir également : 1891 - 1892 - 1893 - 1894 - 1895 - 1896 - 1897 - 1898 - 1899 - 1900 - 1901 - 1902 - 1903 - 1904


  Le rêve d'un solitaire

Après une longue méditation sur le Jugement particulier, un solitaire s'endormit et eut le rêve suivant :
Il vit Notre-Seigneur assis dans sa gloire ; à ses pieds, un Ange tenait une balance, et, chaque mort comparaissant devant lui, les deux ballots qu'il portait étaient placés dans le plateau des balances.
Trop souvent le ballot renfermant les péchés était bien gros, bien lourd, et celui des bonnes œuvres bien vide, bien léger.
Cependant vint une femme dont le ballot aux bonnes œuvres était considérablement plus volumineux que l'autre. Le bon solitaire se réjouissait déjà ; mais, quelle fut sa surprise, lorsque l'Ange ayant posé les deux ballots sur la balance, le plus petit se trouva le plus lourd, et enleva, comme un ballon gonflé de vent, le plus gros…
L'Ange qui vit l'étonnement du solitaire, lui fit signe d'approcher et ouvrit le ballot devant lui. Il y vit une multitude de petits paquets ; sur chacun d'eux était une étiquette portant un des mots suivants : Prières, Confessions, Communions, Aumônes, etc.
- Comment se fait-il donc que tant de bonnes œuvres soient de si peu de poids dans les balances éternelles ?
L'Ange ouvrit un des petits paquets : il était vide ; un autre, il était vide encore ! Les recherches de l'amour-propre avaient fait s'évaporer toutes ces bonnes œuvres.
Le solitaire se réveilla en ce moment. Il vit dans ce rêve un avertissement que Dieu daignait lui donner de se garantir, en ses actions, de toute vue humaine qui lui en ferait perdre le mérite. Il comprit que le bien fait par ostentation n'était plus le bien aux yeux de Dieu, et que déjà, selon la parole de Notre-Seigneur, il avait reçu sa récompense en ce monde, récompense vaine, comme avaient été vaines les actions, tandis « Qu'un verre d'eau donné en son Nom aura une récompense éternelle. »

L'Ange Gardien n°09 - Février 1903 (pp. 295-296)


  Sainte Marguerite de Cortone et son Ange gardien

Sainte Marguerite de Cortone, aussi célèbre par sa pénitence qu'elle l'avait été par ses égarements, fut, après sa conversion, favorisée par de fréquentes apparitions de son Ange gardien, et vécut avec lui dans une douce et fraternelle intimité.
La première fois que l'esprit céleste se montra à elle sous une forme sensible, il l'exhorta à aimer Dieu de toute son âme, puis il lui dit : « Je suis l'envoyé du souverain Roi de l'univers, et je viens préparer la demeure qu'il a choisie dans votre esprit et votre cœur. »
Alors il l'instruisit sur l'humilité, lui montrant cette vertu comme la base de toutes les autres ; il corrigea peu à peu dans son âme toutes les imperfections qui pouvaient en rendre le séjour moins agréable à son divin époux, et il l'orna des plus éminentes vertus.
Dans une vision, Jésus Christ lui-même lui recommanda d'honorer d'un culte particulier le guide céleste auquel elle était redevable de si grands bienfaits.
Son Ange gardien lui donna, en effet, des secours continuels ; il l'aida surtout puissamment à repousser les suggestions du démon qui employa toutes ses ruses pour la tromper et la séduire, mais dont les attaques et les perfides machinations échouèrent toutes devant l'assistance de l'Ange du Seigneur.

L'Ange Gardien n°10 - Février 1903 (p. 330)


  Sainte Lidwine et son Ange gardien (1)

Sainte Lidwine, vierge de Hollande, si célèbre par la patience admirable avec laquelle elle supporta de douloureuses infirmités pendant trente-huit ans, vivait dans une fraternelle et douce intimité avec son saint Ange gardien. Il lui apparaissait souvent accompagné de plusieurs autres Anges, sous la figure de jeunes enfants ayant sur le front une croix resplendissante de lumière ; leur visage était d'une ravissante beauté et plus éclatant que le soleil.
Tout le temps que ces esprits célestes restaient auprès de la sainte, ses souffrances cessaient, elle n'éprouvait plus qu'une indicible joie et se croyait transportée au ciel. Aussi pour jouir plus souvent et plus longtemps de ces chastes délices, s'efforçait-elle de conserver et d'augmenter la pureté de son âme et de la préserver des plus légères souillures. Elle s'efforçait aussi d'inspirer à toutes les personnes qui la visitaient une tendre dévotion envers leurs saints Anges gardiens.
Les grâces et les faveurs qu'elle recevait par l'entremise de son bon Ange étaient prodigieuses. Souvent il la transportait dans le Purgatoire, afin que, touchée des souffrances des saintes âmes qui y étaient détenues, elles les délivrât par la ferveur de ses prières et en s'engageant à satisfaire pour elles à la Justice divine. Une fois, il lui fit contempler la gloire dont jouissent les heureux habitants du ciel.
Remercions Dieu du bienfait qu'il nous a accordé en nous donnant un de ses Anges pour nous garder et nous conduire, et ayons une grande dévotion à notre saint Ange gardien.

L'Ange Gardien n°11 - Mars 1903 (p. 366)


  Sainte Lidwine et son Ange gardien (2)

Un jour, son bon Ange transporta sainte Lidwine à Jérusalem et lui fit visiter tous les lieux sanctifiés par les souffrances de notre divin Rédempteur. Là, par un privilège spécial, elle ressentit les mêmes douleurs que notre adorable Sauveur éprouva dans les diverses circonstances de sa passion, et se trouva comme toute transformée en lui. Il la conduisit de même dans plusieurs autres lieux où sa piété pouvait recevoir des consolations.
Lorsque ce céleste guide devait la transporter quelque part, il la prenait par la main et la conduisait d'abord dans l'église de Saint-Jean-Baptiste, sa paroisse, la menait devant l'autel de la sainte Vierge et, après avoir révéré avec elle l'image de l'auguste Reine des Anges et des hommes, il la transportait au lieu de pèlerinage que le Seigneur voulait qu'elle fît.
Ce divin Messager rendit à cette âme si pure et si éprouvée toutes sortes de bons offices. En voici un exemple : Un mercredi des Cendres, le prêtre qui devait lui en apporter se faisant attendre, son céleste gardien se chargea de le remplacer et marqua lui-même son front de la sainte poussière bénite que l'Eglise répand en ce jour sur la tête de ses enfants.
Les bienfaits de son bon Ange gardien durèrent jusqu'à sa mort qui arriva le 14 avril 1433. Il l'assista à ses derniers moments ; il se tint auprès d'elle, accompagné d'un grand nombre d'autres Anges qui, par de ravissants concerts, semblaient la convier à aller chanter au ciel les louanges de son Bien-Aimé. Ils conduisirent son âme au pied du trône du divin époux des vierges.

L'Ange Gardien n°01 - Mai 1903 (pp. 4-5)


  Le second Ange gardien du pape saint Grégoire

Le pape saint Grégoire 1er était d'une si grande charité envers les pauvres, qu'il prit l'habitude d'en inviter douze chaque jour à sa table et de les servir lui-même avec un profond respect et une admirable humilité. Sa foi lui montrait dans ces déshérités du monde, non seulement les membres souffrants de Jésus-Christ, mais Jésus-Christ lui-même caché sous la livrée de la misère.
Un jour, il remarqua treize convives au lieu des douze invités. Il demanda à son économe pourquoi il en avait admis un treizième. Celui-ci répondit au saint pape qu'il n'y en avait en réalité que douze, et qu'il cherchait en vain le treizième.
Saint Grégoire, étonné, examina avec soin ce mystérieux convive qui se tenait à l'extrémité de la table, et il vit avec surprise que son visage changeait d'aspect, représentant tantôt celui d'un gracieux enfant, tantôt celui d'un vénérable vieillard. Le repas terminé, le saint congédia les autres pauvres et prenant celui-ci par la main, il le conduisit à sa chambre et lui demanda son nom. L'Ange, car s'en était un, lui répondit : « Je suis un Ange du Seigneur ; il m'a délégué auprès de vous pour vous assister pendant votre pontificat, afin que, par mon intermédiaire, vous puissiez obtenir toutes les grâces qui vous sont nécessaires. C'est surtout à cause de votre charité pour les pauvres que Dieu vous a choisi pour son vicaire sur la terre. »
En entendant ces paroles, le saint pape, pénétré d'une vive reconnaissance, rendit à Dieu de ferventes actions de grâces, bénissant sa bonté qui l'avait élevé au souverain pontificat et lui avait envoyé un second Ange gardien pour le garder et le protéger dans cette haute dignité.

L'Ange Gardien n°04 - Août 1903 (p. 114)


  L'Ange de l'Eglise

L'Ecriture Sainte, dans une quantité de textes, nous porte à croire que Dieu, dans sa bonté miséricordieuse envers l'homme, lui donne, dès sa conception, un Ange, une céleste intelligence, pour veiller sur lui, l'inspirer, le diriger à travers le labyrinthe de la vie, à travers les sentiers si difficiles de la vallée de larmes que nous traversons. L'Eglise sans doute ne nous en fait pas un article de foi, mais ce point de doctrine est généralement enseigné. N'est-il d'ailleurs pas doux, pas rassurant de penser que nous sommes continuellement assistés par un envoyé céleste ?
Que de lumières jaillissent de cette pieuse pensée fondée sur la foi des Anges gardiens ! Dans le cours d'une vie, qui peut parfois être longue, l'homme passe nécessairement par des états divers, des positions quelquefois bien critiques. Il est enfant, il grandit ; il est, ce semble, le jouet de la fortune dont les caprices le porteront en haut, le laisseront en bas. Son intelligence se développe peu à peu ; son esprit s'élance jusque vers les choses sublimes. Né sous le chaume, inconnu, pauvre et sans protecteur, sans généalogie, le dernier des enfants du peuple, aidé par un concours de circonstances tout à fait imprévues, peut quelquefois par son génie, ses vertus, s'élever au premier rang de la hiérarchie ecclésiastique, s'asseoir sur le trône de Pierre, prendre place parmi les illustrations du siècle. Sans doute, il doit beaucoup aux dispositions naturelles qu'il a reçues de la Providence; il doit à ses travaux soutenus, à l'énergie de sa volonté, une part de ses succès ; mais il doit plus encore à l'esprit céleste son brillant avenir. Son bon Ange a reçu de Dieu la mission de former son pupille au rôle sublime qu'il doit jouer sur la terre parmi ses contemporains ; il l'entoure de ses soins empressés, il dirige ses pensées, ses instincts, toute son éducation morale vers la fin à laquelle le Ciel le destine. C'est ainsi que le pauvre petit Sarto, de l'humble village ignoré de Riese, prendra rang dans l'auguste et majestueuse série des Souverains Pontifes et deviendra Pie X.
Oui, c'est à l'influence des Anges gardiens qu'il faut attribuer ces goûts naturels qui se font jour à travers les jeux de l'enfance, ces penchants qui nous poussent vers une carrière plutôt que vers une autre, ces éclairs de génie qui décident du sort de quelques hommes voués selon les apparences, par leur naissance et leur éducation première, au silence, à l'oubli, à la médiocrité ; et qui plus tard étonnent le monde par l'éclat de leurs vertus ou de leurs œuvres. Leurs bons Anges sont leurs premiers précepteurs. L'homme est devenu la culture du ciel, le disciple d'un chérubin.
Puisque l'assistance des Anges est en rapport avec nos besoins et notre faiblesse, n'est-il pas naturel de penser, avec quelques auteurs ascétiques, que lorsqu'un homme est appelé à de hautes fonctions, à des emplois difficiles, Dieu lui donne un soutien nouveau pour l'aider, l'éclairer, le diriger dans l'exercice des devoirs que sa charge lui impose. Il y a l'Ange du chrétien et l'Ange de l'élu. Un évêque aurait ainsi deux Anges : le sien et l'Ange de son diocèse ; un supérieur prenant le fardeau d'une administration aurait deux Anges : le sien et celui de sa communauté ; un prince appelé an commandement aurait deux Anges : le sien et celui de sa nation ; un cardinal choisi pour prendre le gouvernail de la barque de Pierre aurait deux anges : le sien et celui de l'Eglise.
*
*       *

Le bienheureux Pierre de Sienne, chartreux, a laissé divers écrits fort pieux dans l'un desquels il a transcrit les exhortations qu'une sainte abbesse de sa connaissance faisait à ses religieuses : « Je vénère et j'aime tous les Anges de Dieu. Mais parmi eux, deux qui m'assistent nuit et jour méritent que je leur témoigne une plus grande reconnaissance et un plus profond respect. Mon Seigneur et mon Dieu me les a donnés pour gardiens et protecteurs. L'un est à ma droite, l'autre à ma gauche. Sous leurs ailes, je serai à l'abri des attaques des ennemis de mon âme, si j'ai le bonheur de ne jamais dévier de mes devoirs. L'un est de l'ordre des Anges gardiens auquel tout chrétien est confié. Il inonde mon cœur de délices, il revêt mon âme de ses vertus. Je sais, j'en ai fait l'expérience, qu'il est pour moi d'une ineffable bonté et qu'il s'intéresse à tout ce qui concerne mon avancement. Il est venu prendre sa place auprès de moi, dès le premier jour de mon existence. Il ne cesse de m'entourer des soins les plus délicats, il me réconcilie avec Jésus-Christ, il a pitié de mes faiblesses, il implore sa miséricorde et me sert d'avocat dans le ciel.
Le second Ange est d'un ordre plus élevé, il appartient à la première hiérarchie ; il est du nombre des chérubins qui ont six ailes. Sa bonté égale sa puissance, son cœur me paraît plus vaste que l'océan. Il me fut donné lorsque, à l'âge de trente ans, je commençai ma charge de supérieure. Il a toujours soutenu mes forces chancelantes, et sans lui, j'aurais succombé sous le poids de mon fardeau dans mille circonstances. »
Saint François de Sales disait également qu'il avait deux Anges occupés de ses besoins : l'Ange de François, l'Ange de l'évêque de Genève.
Sainte Gertrude, souvent favorisée de visions célestes, reconnaissait ses deux Anges.
Il est généralement reçu comme certain, dit le P. Petau, que chaque peuple, chaque contrée a un archange pour patron et avocat. Nous le lisons dans la Genèse, dans Daniel, etc. « Quand le Très-Haut sépara les nations et dispersa les enfants d'Adam, il fixa leurs limites selon le nombre des Anges de Dieu ». Telle est la version que saint Augustin donne du verset huitième du chapitre trente-deux du Deutéronome. « Aux autres peuples, poursuit le saint docteur, Dieu destina des Anges pour conducteurs ; il se réserva Israël pour sa part. »
Les Anges des nations plaident devant Dieu les intérêts des peuples, éloignent d'eux les pestes, fléaux, repoussent leurs ennemis invisibles, maintiennent les bonnes traditions. Grâce à leurs douces inspirations, le démon qui a perverti le genre humain, n'a pu arracher des consciences et de la mémoire des hommes les justes notions du bien et du mal, ni certaines vérités de premier ordre qui ont survécu au naufrage général.
*
*       *

L'Eglise, qui est la plus parfaite des sociétés, ne saurait jamais être privée de l'assistance de ces princes glorieux. Nous devons croire sur la parole de saint Jean « qu'un ange veille sur le troupeau de Jésus-Christ ».
Comment, le Créateur avant donné des auxiliaires et des défenseurs aux nations qui l'ignoraient, parce que malgré leurs égarements, elles ne cessaient d'être son ouvrage, et que malgré sa justice, il ne cessait de les traiter comme un bon père, comment en aurait-il privé l'Epouse qu'il s'est acquise par son sang ? La famille de ses élus lui serait-elle moins chère ? Ainsi aux Eglises sont députés des Anges qui glorifient le Seigneur du bien que les fidèles y accomplissent, qui gémissent sur tout le mal qui s'y fait pour le réparer.
A chaque Eglise président deux évêques (évêque signifie gardien), l'un visible, l'autre invisible, un homme et un Ange. Saint t Grégoire de Nazianze dit : « Je ne saurais douter que Dieu ne donne à chaque église en particulier un messager céleste, un gouverneur intelligent, un Ange qui la préside.
L'Eglise universelle a deux Anges aussi : le Pape, ange visible, et saint Michel, Ange invisible, mais dont la protection s'est souvent manifestée d'une manière merveilleusement visible. L'action de saint Michel sur l'Eglise semble avoir grandi à proportion du développement qu'elle a pris dans le monde. D'après saint Bernard, il est constitué le Patron et l'Ange gardien de la nouvelle famille du Sauveur. Sans doute, Jésus-Christ sera toujours le Chef qui dirige l'Eglise ; le Saint-Esprit sera l'âme qui la vivifie ; mais saint Michel sera son bras, l'ouvrier des divins triomphes : operarius victoriae Dei.
La rage de Satan, depuis la venue du Messie, n'a fait qu'augmenter, l'établissement de l'Eglise catholique le révolte plus encore peut-être que l'Incarnation ; l'intervention de saint Michel devient donc plus nécessaire et son rôle plus important que jamais. Satan toujours attaque l'Eglise sur tous les points à la fois, il combat chacun de ses membres en particulier, il les sollicite à la révolte, comme autrefois il sollicita à la révolte les Anges dans le ciel : l'univers entier est témoin de sa haine implacable, et dans notre temps elle semble s'acharner plus terrible que jamais ; si dans ce combat formidable il n'amoncelle pas plus de ruines, c'est qu'il rencontre le bras vengeur de son premier vainqueur qui lui crie encore : « Quis ut Deus ? »
Ne craignons pas, Enfants de l'Eglise catholique. Saint Michel est avec nous, c'est notre défenseur. Il brandissait son épée flamboyante sur le môle d'Adrien à Rome, il la brandira sur les hauteurs du Vatican.
Voilà pourquoi dans tous les siècles les Souverains Pontifes ont tant recommandé la dévotion à saint Michel ; et les prêtres récitent chaque jour après l'auguste sacrifice de la messe une oraison spéciale en l'honneur de saint Michel.
L'Ange protégea l'Eglise au berceau, en délivrant Pierre de la prison où l'avait enfermé Hérode Agrippa ; l'Ange la protégera encore en délivrant le successeur de Pierre de la prison du Vatican où le retiennent enfermé les Hérode Agrippa modernes.
*
*       *

Le chapitre douzième des Actes des Apôtres est émouvant à lire et remplit l'âme de confiance :
« Hérode Agrippa avait fait mourir Jacques, frère de Jean ; pour complaire au peuple, il avait ordonné d'arrêter Pierre, chef du Sacré-Collège. C'était le jour des azimes ; il dut différer sa mort jusqu'après les fêtes de Pâques. En attendant Pierre est mis dans les fers, gardé à vue par quatre piquets de soldats qui se succèdent. Des chaînes aux pieds et aux mains, deux sbires à ses cotés, deux autres gardant la porte du cachot rendaient sa fuite impossible. Il n'y pense pas. Un autre s'en occupe, c'est l'Ange de Dieu. L'Eglise priait pour son pasteur : la veille du jour fixé pour sa mort, celui-ci dormait d'un profond sommeil ; soudain le ministre ailé, porteur des ordres du Ciel, paraît, remplit d'une grande clarté ces sombres demeures : « Levez-vous promptement », lui dit-il. En même temps les chaînes tombent des mains et des pieds du prisonnier : « Mettez votre ceinture, prenez vos sandales et suivez-moi ». Pierre, croyant rêver, s'habille et suit machinalement son libérateur. Ensemble, ils passent inaperçus à travers des soldats qui gardent les deux premières portes ; arrivés près d'une autre porte de fer, qui débouchait sur une rue de la ville, ils la voient s'ouvrir d'elle-même. L'apôtre est libre. L'Ange conducteur s'efface aussitôt et Pierre reconnaît qu'il a été miraculeusement arraché à la mort. C'est maintenant, s'écrie-t-il, je le reconnais, que le Seigneur a envoyé son Ange pour me tirer des mains de mes persécuteurs. Il réfléchit un moment sur ce qu'il a à faire, et se décide à se rendre chez Marie, mère de Jean, surnommé Marc, où il sait que beaucoup de frères sont réunis pour prier. Comme il frappait à sa porte, une fille, appelée Rhode, accourt pour savoir ce qui se passe : « Ouvrez », dit Pierre ; mais cette enfant, transportée de joie, au lieu de lui ouvrir, s'empresse d'annoncer sa présence à l'assemblée. « Vous êtes folle, lui répond-on ; Pierre est dans les fers. - Non, dit-elle, c'est bien sa voix que j'ai entendue. » Et les frères de se dire l'un à l'autre : « Cela n'est pas possible, ce ne peut être que celle de son Ange ». Pierre est contraint de frapper de nouveau. Enfin on se décide à l'introduire. Tout le monde était dans le plus grand étonnement. L'apôtre les prie de faire silence et leur raconte comment Dieu l'avait délivré par le ministère de son Ange... l'Ange de l'Eglise.

J. M.

L'Ange Gardien n°06 - Octobre 1903 (pp.183-189)


  Mort de saint Dunstan et les Anges

Saint Dunstan, archevêque de Cantorbéry, qui avait eu toute sa vie une grande dévotion aux saints Anges, fut merveilleusement et visiblement assisté par eux à l'heure de sa mort.
Pendant qu'il priait dans l'église, la nuit précédant l'Ascension de Notre-Seigneur, la porte s'ouvrit tout à coup, et il vit entrer une multitude d'Anges, sous la figure de jeunes enfants resplendissants de lumière, vêtus de robes d'une éblouissante blancheur, et portant tous des couronnes d'or sur la tête.
Ils l'entourèrent et, après l'avoir salué, ils lui dirent : « Dunstan, le Christ, notre Roi, nous envoie pour t'inviter à la félicité suprême après laquelle tu soupires depuis si longtemps. Nous venons te chercher ; veux-tu venir célébrer avec nous la grande solennité de demain ? » Le saint leur ayant demandé qui ils étaient, ils lui répondirent : « Nous sommes des Séraphins et des Chérubins ; mais fais-nous connaître quels sont tes desseins ? »
Alors saint Dunstan, faisant abnégation de lui-même et n'écoutant que l'ardeur de son zèle, leur répondit, avec une profonde humilité, qu'il désirait se consacrer aux soins de son troupeau pendant cette fête et lui rompre encore une fois le pain de la parole sainte et celui de la divine Eucharistie.
Les Anges l'avertirent alors de se tenir prêt pour le samedi suivant, l'assurant que ce jour-là serait celui de son entrée au séjour de la gloire ; puis ils disparurent, laissant le saint pénétré de joie et de reconnaissance.
Le lendemain, saint Dunstan célébra, comme à l'ordinaire, les divins mystères, distribua à son peuple la sainte Eucharistie, et, après lui avoir expliqué la parole de Dieu, il lui annonça sa fin prochaine. Le vendredi, en effet, sentant ses forces diminuer, il se mit au lit, attendant la réalisation de la promesse des Anges. Le clergé et le peuple accoururent auprès de lui, et le lendemain, on vit apparaître les Anges qui emportèrent sa belle âme au séjour des élus.

L'Ange Gardien n°07 - Novembre 1903 (pp.222-223)


  Trois fillettes sous les décombres

De Serviès, diocèse d'Albi, un zélateur de l'Œuvre des Saints Anges nous a communiqué le fait suivant. Nous le relatons volontiers, car il est bien de nature à promouvoir le culte de nos célestes Gardiens, en prouvant une fois de plus combien est salutaire la dévotion envers ces puissants protecteurs.
La famille Bastoul, abonnée depuis cinq ans à l'Ange Gardien, a été l'objet d'une merveilleuse protection de la part des saints Anges, d'une faveur insigne temporelle qui a sûrement sauvé plusieurs membres de cette pieuse famille, dans un épouvantable accident.
En pleine nuit, vers onze heures du soir, au moment où tout le monde était plongé dans un profond sommeil, un plancher, trop surchargé de sacs de blé, s'écroula tout d'un coup dans la chambre où dormaient trois petites filles. Les autres membres de la famille se trouvaient dans une pièce voisine.
Réveillés en sursaut par le bruit de l'écroulement, qui leur donna l'illusion d'un coup de tonnerre, ils furent terrifiés, quand ils virent le chaos de débris d'où montait un nuage de poussière. Et les trois fillettes étaient là, sous ces décombres de briques, de planches, de poutres tombées en une seule masse, à plat, et de tout leur poids sur les enfants !
Pauvres petites ! dont l'aînée avait onze ans à peine, pouvaient-elles ne pas être écrasées ! Quel horrible réveil pour les parents ! Quelle poignante angoisse leur serre le cœur ! Cependant un faible gémissement sort de ces ruines, comme du fond d'un tombeau. On reprend un peu d'espoir, on appelle au secours et l'on se met fiévreusement à déblayer la chambre, afin de sauver, si possible, l'enfant qui donnait encore des signes de vie.
Après une demi-heure de pénibles et généreux efforts, on arrive au lit des fillettes, et, ô bonheur providentiel, inespéré, toutes les trois sont dans leur couchette, saines, sauves, pleines de vie !... Une seule a une simple égratignure sur la joue et quelques éraflures aux jambes, comme pour prouver uniquement qu'elle avait bien été enfouie sous cet amas de décombres!
C'est certain, les saints Anges gardiens ont joué, dans cet effroyable accident, un rôle d'une protection spéciale qui permet seule d'expliquer pourquoi ces chères petites sont encore en vie et sans blessures. Mais aussi, disons-le tout de suite à la louange de cette pieuse famille, dans la maison on a toujours eu grande dévotion et confiance aux saints Anges, et jamais les enfants ne fermaient, le soir, leurs paupières sans dire, mains jointes :
Ange gardien,
Garde-nous bien !
Ce soir-là, les bons Anges n'avaient pas été, certes, oubliés, puisque, dans la conversation familiale, un des enfants faisant cette naïve réflexion : « Si on vient nous attaquer, nous sommes huit pour nous défendre » la mère répondit :
- Non, mes enfants, nous sommes seize !
- Comment, seize ?
- Mais oui ; n'avons-nous pas chacun notre Ange gardien ? Est-ce qu'il ne doit pas compter, surtout quand nous avons besoin de son aide, de son secours ?
- Oh ! pardon, maman », dirent en chœur les enfants subitement rappelés à la dévotion, à la confiance de leurs célestes gardiens.
C'était deux heures seulement avant la catastrophe !... Ce soir-là, les Anges avaient pris note de l'appel de la pieuse mère, et, avec amour, ils avaient veillé bien visiblement sur ses enfants !
Inutile d'ajouter qu'aujourd'hui la famille Bastoul n'invoque pas avec moins de ferveur et de confiance ces Esprits bienheureux à qui Dieu a donné pour mission de nous garder et de nous protéger.

L'Ange Gardien n°07 - Novembre 1903 (pp.229-230)


  La Bienveillance

La bienveillance est une atmosphère bénie ; il faut être bien fort pour rester invariablement bon au milieu des critiques ; n'exposons pas ceux qui nous entourent à cette épreuve : elle leur viendra trop souvent par d'autres. Encourageons le bien, aimons-le, saluons-le, accroissons-le autant qu'il est en nous.
S'agit-il des événements ? Au lieu de nous désoler de ce qu'ils ont de contraire, raccrochons-nous à ce qu'ils offrent de consolant, de compensateur. Faisons comme les enfants qui, regardant un ciel d'orage, s'attachent avec ardeur au petit coin bleu qui repose la vue et semble promettre le retour du beau temps.
Enfin, est-il question de livres, d'œuvres d'art, de ces choses que nous devons prendre ou regarder pour devenir meilleurs, pour accroître notre trésor de connaissances ou notre sentiment du beau, et qui, même envisagés comme délassement, doivent nous faire un certain bien, ou, tout au moins, ne pas nous faire de mal ? Là, comme ailleurs, c'est le bien et le beau que nous devons chercher, comme l'abeille au milieu de tant de sucs qui l'entourent, ne choisit que les éléments de son miel.
Oui, c'est du miel aussi que nous devons extraire des choses qui nous entourent, du miel pour nous, comme du miel pour les autres. Nous en serons mille fois plus heureux. La bienveillance repose le cœur et le dilate, élève l'esprit et le trempe.

L'Ange Gardien n°07 - Novembre 1903 (p.244)


  Anges à la mort de sainte Catherine

Sainte Catherine d'Alexandrie, très instruite dans les Lettres saintes et profanes, s'appliqua à soutenir la foi des chrétiens pendant la persécution de Maximilien II. Elle fit même des remontrances à l'Empereur avec une fermeté que l'héroïsme chrétien peut seul inspirer.
Pour confondre la courageuse vierge, Maximilien assembla cinquante philosophes ; mais un Ange apparut à la Sainte et lui dit de ne rien craindre, parce que le Seigneur ferait en elle une telle lumière qu'elle convertirait ses contradicteurs et qu'elle remporterait ensuite la palme du martyre.
Convaincus par le raisonnement de Catherine, les philosophes confessèrent, en effet, le seul vrai Dieu et souffrirent le martyre avec une constance invincible, avec l'impératrice, Porphyre, colonel de la légion, et deux cents soldats. Sainte Catherine fut condamnée à mort. Le glaive abattit la tête de cette admirable vierge, mais la plaie rendit du lait au lieu de sang, afin de marquer l'innocence et la pureté de la pieuse victime.
Les Anges, qui l'avaient assistée visiblement pendant son martyre, enlevèrent son corps et l'emportèrent sur la montagne de Sinaï, où ils l'ensevelirent en chantant des louanges à la gloire de Dieu, qui est toujours admirable dans ses saints.

L'Ange Gardien n°08 - Décembre 1903 (p.257)


  Légende sur le péché originel

Un jour, saint Pierre demanda à Jésus-Christ pourquoi Dieu avait puni tous les hommes à cause du péché d'un homme. Le Christ lui promit de lui en donner l'explication plus tard.
A quelque temps de la, ils se promenaient ensemble, quand ils aperçurent un nid de guêpes. Jésus-Christ prit le nid avec soin et le donna à saint Pierre en lui disant :
- Mets-le sous ton bras, et garde-le avec soin pour me le rendre ; surtout ne les tue pas.
Là-dessus, ils se séparèrent.
Le lendemain, Jésus-Christ demanda à saint Pierre ce qu'il avait fait des guêpes :
- Hélas ! maître, je les ai tuées !
- Comment ! ne t'avais-je pas recommandé de les garder sous ton bras ?
- Oui, répondit saint Pierre ; elles y étaient, mais l'une d'elles m'a piqué, et je les ai écrasées toutes.
- Tu vois bien, répondit le Christ : les justes paient aussi pour les pécheurs.

L'Ange Gardien n°08 - Décembre 1903 (p.278)


Depuis 1891, la revue "L'Ange Gardien" créée et dirigée par les Clercs de Saint-Viateur, fait connaître et aimer tous les saints Anges.
Spécimen gratuit sur demande :
L'Ange Gardien - 21, Montée St-Laurent - 69005 Lyon - France
ou par notre boîte aux lettres, sans oublier d'indiquer votre adresse postale pour l'envoi.



Accueil
Avant-propos

F.A.Q.
Questions fréquemment posées

Nouveautés 2017
Sommaire détaillé

Archives
Sommaire année 2016
Sommaire année 2015
Sommaire année 2014
Sommaire année 2013
Sommaire année 2012
Sommaire année 2011
Sommaire année 2010
Sommaire année 2009
Sommaire année 2008
Sommaire année 2007
Sommaire année 2006
Sommaire année 2005
Sommaire année 2004
Sommaire année 2003
Sommaire année 2002
Sommaire année 2001
Sommaire année 2000

Définitions
Petit Larousse
Dictionnaire de la Bible
Vocabulaire de théologie biblique
Dictionnaire de spiritualité
Saint Augustin

Textes Bibliques
Ancien Testament
Nouveau Testament
Etude biblique

Textes de référence
J. Ribet : Les Anges
Th. Laval : Le rôle des Anges
P. Enfantin : Le secours des saints Anges
Ch. Sauvé : Le rôle des Anges
Th. Laval : Révolte et fidélité
J.-H. Waggoner : Le Ministère des Anges
G. Chardon : Mémoires d'un Ange gardien
L. Laurand : Les Anges gardiens
A.M.D.G. : Des Anges gardiens
P. Angély : Les Anges dans le monde
P. Angély : Le Nouveau Testament
L. Chauffour : L'Ange gardien
La royauté de Marie sur les Anges
J. Bouflet : Missions des Anges gardiens
J. Bouflet : Le pain des Anges
A. Richomme : Le Chant de la Confiance

L'Eglise Catholique
Catéchismes
Théologie
Citations des Papes
Directoire sur la piété populaire
La Journée du chrétien

Hiérarchies angéliques
Les hiérarchies
Les Archanges
Saint Raphaël
Saint Michel
Saint Gabriel
Hénoch - sources bibliques
Barachiel, Jehudiel et Zeadkiel
Identifier son Ange gardien ?

Historique de l'Ange gardien
En bref !
Le Bienheureux François d'Estaing
Bulle du Pape Léon X

La fête du 02 Octobre
Octobre : Mois des Anges Gardiens
La Fête des Anges Gardiens
Hymnes de la liturgie
Hymnes du Bréviaire
Oraisons du Missel

Citations
Saints et Docteurs de l'Eglise
Mystiques
Grands auteurs chrétiens
Citations brèves

Prières
Prières des saints
Prière de John-Henry Newman
Prière de Pierre Favre
Prière de l'association
Prières à Marie, Reine des Anges
Prières liturgiques byzantines
Couronne Angélique
Autres Prières
Litanies aux Anges gardiens
Oraisons
Méditation de Dom Vandeur

Poésies & Cantiques
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus
Poésies - Auteurs divers
Cantiques (XVIII° au XX° siècle)

Iconographie
Présentation et mise en garde
Traité d'Iconographie Chrétienne
Peintures
Icônes
Gravures
Vitraux
Sculptures
Fresques
Manuscrits et Enluminures
Images pieuses du XIX° siècle
Images pieuses du XX° siècle
Les Anges et l'Eucharistie
Imagerie du web

L'Association de Lyon
Présentation et contact
Historique de la Confrérie
Naissance de la revue
Les premiers articles (1891-1904)
Témoignages des associés
L'ancienne Confrérie d'Arjac

Audio-Bibliographie
Livres et cassettes

Témoignages
Au temps présent
Au temps passé
Au-delà du temps

Liens
Sélection sur le web
Ils ont référencé ce site