La dévotion au Sacré-Coeur de Jésus

Chronologie détaillée et textes essentiels




4. L'enracinement - Jean Eudes et Marguerite-Marie Alacoque : 1600-1690

1600-1646       1647-1684       1685-1690

1647 : Le 22 juillet, naissance de Marguerite-Marie Alacoque.

1648 : Publication à Autun d'un petit volume, La Dévotion au très saint Cœur et au très sacré Nom de la Bienheureuse Vierge Marie de Jean Eudes (mais sans mention de son nom), qui contient la présentation et le texte liturgique de la Messe et de l'Office, ainsi que les deux prières Nous te saluons, Cœur très Saint (Ave Cor Sanctissimum) et Nous te saluons Marie, Fille de Dieu le Père (Benedictum sit), composées en 1641-1643. L'ouvrage est réédité à Caen en 1650, précédé d'un traité sur la nouvelle dévotion. Le nom de l'auteur n'apparaîtra qu'à partir de l'édition de 1663.

« Dei, splendor Patris
Per Cor sacrum tuae Matris
In corde nostro Cor tuum
Vivat, regnet in aeternum !

Fils de Dieu, splendeur du Père,
Par le Cœur sacré de votre Mère,
Qu'en notre cœur votre Cœur
Vive et règne à jamais ! »
Jean Eudes, Office de 1648, Doxologie des hymnes.

Le 8 février, à Autun, sous l'autorité de l'évêque Mgr de Ragny, Jean Eudes célèbre dans la cathédrale la fête du Cœur de Marie. Cette dévotion au Cœur de Marie sera approuvée en 1668 par le cardinal de Vendôme, légat a latere de Clément IX.
Le 14 octobre, signature des Traités de Westphalie qui mettent fin à la guerre de Trente Ans. Le principe du cujus regio, ejus religio est réaffirmé.

1649 : Armelle Nicolas dite "la Bonne Armelle", servante bretonne favorisée de grâces, voit partir cette année-là ses deux directeurs spirituels, les Pères Vincent Huby (1608-1693) et Jean Rigoleuc (1596-1658), appelés à Quimper. Le Seigneur lui apparaît alors après la communion pour l'inviter à rejoindre son Cœur : "Ma fille, je te fais comme aux enfants qu'on retire d'entre les bras de leurs nourrices, afin de les loger dans la maison de leur père et de leur mère et de leur distribuer une meilleure nourriture ; de même, je veux te loger en ma maison. Hélas ! Seigneur, répondit-elle, où est votre maison ?" et le Seigneur, lui montrant la plaie de son côté, la fait entrer dans son Cœur. En 1653, les trésors du Cœur divin lui seront dévoilés :

« Je me trouvais renfermée dans ce Cœur sacré de Jésus, avec tant d'amour, de gloire et de liberté, que je ne pouvais le comprendre. Je m'y trouvais au large et à mon aise ; rien ne m'y oppressait. Je voyais ce divin Cœur d'une si grande étendue que mille mondes entiers n'eussent pas été suffisants pour le remplir ; je voyais, de plus, que ceux qui se logent dedans par amour jouissent de la vraie et entière liberté et d'une paix admirable ; mais, d'autre part, j'observais que la porte en était si petite et étroite que très peu y trouvaient passage… Alors Notre-Seigneur me fit connaître que c'était parce qu'il ne voulait pas que d'autres que les petits, les nus et les seuls y pussent trouver entrée. Les petits sont ceux qui de tout cœur s'abaissent et s'humilient pour l'amour de lui… les nus sont ceux qui détachent leur cœur de la convoitise des richesses et commodités de cette vie… les seuls sont ceux qui détachent leur amour de toutes les créatures…»
Armelle Nicolas, in R.P. Xavier de Franciosi, Le Sacré-Cœur de Jésus et la Tradition, Paris - Tournai, Casterman, 1908 (2° éd.).

« Aussi souvent que m'arrivait une épreuve de la part des créatures, je me hâtais d'aller à mon aimable Sauveur, qui aussitôt me prodiguait les plus douces consolations. On aurait dit qu'il craignait de me voir la plus légère tristesse, tant il avait soin de me consoler dans toutes mes peines. Très fréquemment il me montrait son Cœur ouvert pour que j'allasse m'y cacher ; au même moment, je me trouvais renfermée dans ce Cœur avec une si parfaite sécurité, que toutes les attaques de l'enfer ne me paraissaient que faiblesse, et que longtemps je ne pouvais m'arracher à ce Cœur sacré ! Je disais alors à mes amies : Si vous voulez me trouver, ne me cherchez pas autre part que dans le Cœur de mon divin Sauveur, car je n'en veux sortir ni le jour ni la nuit ; il est mon asile, mon lieu de refuge contre tous mes ennemis. »
Armelle Nicolas, in Le triomphe de l'amour divin dans la vie d'une grande servante de Dieu, nommée Armelle Nicolas, par une religieuse du monastère de Sainte-Ursule de Vannes, Paris, 1683.

1651 : Sous l'impulsion de la Mère Françoise-Marguerite Patin, supérieure du Refuge créé par Jean Eudes en 1641, la communauté accueille et forme des postulantes, et la vie religieuse s'y développe. Ayant obtenu, après bien des difficultés, l'approbation épiscopale de l'évêque de Bayeux, Mgr Ed. Molé, cette congrégation féminine devient un véritable institut religieux, désormais appelé l'Ordre de Notre-Dame-de-Charité, qui sera approuvé en 1665 par Alexandre VII. La fin propre de l'Ordre est «la très ardente charité dont le Cœur de Jésus et de Marie est embrasé à l'égard des âmes des filles et des femmes qui sont tombées. »

1652 : Bossuet est ordonné prêtre.
Le 3 juillet, les Pères de la Mission de Coutances élèvent une chapelle "dédiée au très saint Cœur de Marie, qui n'a qu'un même Cœur avec son Fils bien aimé", qui sera achevée le 4 septembre 1655. Marie des Vallées participe financièrement à la construction, en offrant à cet effet l'intégralité d'une somme qu'elle vient de recevoir en héritage, et Jean Eudes la choisit pour poser la première pierre de l'édifice. Marie des Vallées y sera inhumée en 1656. Cette église est aujourd'hui la chapelle du lycée de Coutances.
Eclairée et encouragée par Charlotte Le Sergent (1604-1677), religieuse de l'abbaye Bénédictine de Montmartre, Catherine de Bar (Mère Mechtilde du Saint-Sacrement, 1614-1698) fonde l'Institut de l'Adoration perpétuelle et réparatrice, foyer des Bénédictines du Saint Sacrement. Avant de rejoindre Paris, Catherine de Bar a vécu à Caen où, Supérieure du monastère de Notre-Dame-de-Bon-Secours, elle a connu Jean Eudes. Celui-ci lui a transmis le culte des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, qu'à son tour elle implante dans ses Communautés.

« Allons rassasier les désirs infinis de ce Cœur adorable, communions pour Le contenter. Jetons-nous à ses pieds sacrés et lui disons, avec un réciproque amour, le plus ardent qu'il nous sera possible : O Cœur divin, ô Cœur aimable, ô Cœur dont l'excellence et la bonté ne peuvent s'exprimer, contentez vos désirs en moi, attirez-moi toute à vous. »
Mère Mechtilde du Saint-Sacrement, in Abbé Levesque, L'Origine du Culte du Sacré-Cœur de Jésus, Avignon, Maison Aubanel, 1930.

1654 : Publication de Le contrat de l'homme avec Dieu par le saint Baptême de Jean Eudes.
Les Eudistes établissent dans leur collège de Lisieux une Congrégation de la Sainte Vierge, sous l'invocation de son saint Cœur, avec petit Office.

1655 : Inauguration au séminaire de Coutances de l'église bâtie en l'honneur du Cœur de Marie.

1658 : Le 27 décembre, Bossuet prononce à Metz le Panégyrique de l'Apôtre saint Jean.

« En ce Cœur est l'abrégé de toutes les merveilles du christianisme. Mystères de charité dont l'origine est au Cœur ; un Cœur, s'il se peut dire, tout pétri d'amour : toutes les palpitations, tous les battements de ce Cœur, c'est la charité qui les produit. Voulez-vous voir saint Jean vous montrer tous les secrets de ce Cœur ? Il remonte jusqu'au principe, in Principio. C'est pour venir à ce terme : et habitavit, il a habité parmi nous (Jean 1,14). Qui l'a fait habiter avec nous ? L'amour. C'est ainsi que Dieu a aimé le monde, sic Deus dilexit mundum. C'est donc l'amour qui l'a fait descendre pour se revêtir de la nature humaine. Mais quel Cœur aura-t-il donné à cette nature humaine, sinon un Cœur tout pétri d'amour ?
C'est Dieu qui fait tous les cœurs, ainsi qu'il lui plaît. Le Cœur du Roi est dans sa main, comme celui de tous les autres, Cor regis in manu Dei est (Prov. 21,1) ; regis, du Roi Sauveur. Quel autre cœur a été plus dans la main de Dieu ? c'était le Cœur d'un Dieu, qu'il réglait de près, dont il conduisait tous les mouvements ; Qu'aura donc fait le Verbe divin, en se faisant homme, sinon de se former un Cœur sur lequel il imprimât cette charité infinie qui l'obligeait à venir au monde ? Donnez-moi tout ce qu'il y a de tendre, tout ce qu'il y a de doux et d'humain ; il faut faire un Sauveur qui ne puisse souffrir les misères sans être saisi de douleurs, qui, voyant les brebis perdues, ne puisse supporter leur égarement. Il lui faut un amour qui le fasse courir au péril de sa vie, qui lui fasse baisser les épaules pour charger dessus sa brebis perdue, qui lui fasse crier : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, si quis sitit, veniat ad me (Jean 7,37) ; venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, venite ad me omnes qui laboratis (Mat. 11,28) ; venez pécheurs, c'est vous que je cherche. Enfin il lui faut un Cœur qui lui fasse dire : je donne ma vie, parce que je le veux, ego pono eam a meipso (Jean 10,17). C'est moi qui ai un Cœur amoureux, qui dévoue mon corps et mon âme à toutes sortes de tourments.
Voilà, mes frères, quel est le Cœur de Jésus, voilà quel est le mystère du christianisme. C'est pourquoi l'abrégé de la foi est renfermé dans ces paroles : Nous avons cru à l'amour que Dieu a pour nous, nos credidimus caritati quam habet Deus in nobis… mais si nous y croyons, il faut l'imiter. Ce Cœur de Jésus embrasse tous les fidèles ; c'est là où nous sommes tous réunis "pour être consommés dans l'unité" (Jean 17,23). C'est le Cœur qui parlait, lorsqu'il disait : "Père, je veux que là où je suis, mes disciples soient aussi avec moi" (17,24). Il ne distrait personne, il appelle tous ses enfants, et nous devons nous aimer "dans les entrailles de la charité de ce divin Sauveur, in visceribus Jesu Christi" (Philip. 1,8).
Ayons donc un cœur de Jésus-Christ, un cœur étendu, qui n'exclue personne de son amour. C'est de cet amour réciproque qu'il se formera une chaîne de charité qui s'étendra du Cœur de Jésus dans tous les autres, pour les lier et les unir inviolablement ; ne la rompons pas ; ne refusons à aucun de nos frères d'entrer dans cette sainte union de la charité en Jésus-Christ. Il y a place pour tout le monde. Usons sans crainte des biens qu'elle nous procure, nous ne les perdrons pas en les communiquant aux autres, mais nous les possédons d'autant plus sûrement ; ils se multiplient pour nous avec d'autant plus d'abondance que nous désirons plus généreusement les partager avec nos frères… Aimons donc dans le Cœur de Jésus. "Dieu est charité, et qui persévère dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui" (1 Jean 4,16). »
J.-B. Bossuet, Extrait du Panégyrique de l'Apôtre saint Jean.

1659 : Le 7 novembre, signature du Traité des Pyrénées, qui met fin au conflit avec l'Espagne.

1660 : Philippe Spener (1635-1705) fonde la première communauté piétiste à Francfort.

1661 : Publication à Lille de La dévotion au très saint Cœur du Fils de Dieu et de sa très sainte Mère du Père Antoine Barbieux, Dominicain flamand.

1662 : Publication des Méditations sur l'humilité de Jean Eudes.
Nicolas Barré (1621-1686), religieux minime, fonde à Paris la Congrégation des Sœurs de l'Instruction charitable du Saint-Enfant-Jésus (aujourd'hui Sœurs de l'Enfant-Jésus), au service de l'enfance et de la jeunesse défavorisée.
Publication à Aix de L'Homme intérieur ou l'idée du parfait chrétien, du Père Timothée Brianson de Raynier (v.1595-1681), religieux minime, ouvrage dont six chapitres (XII à XVII) traitent du Cœur de Jésus.

« Nous sommes tous dans le Cœur de Jésus-Christ, puisqu'il nous aime tous, et que l'amour a cette propriété de loger la personne aimée dans le cœur de la personne aimante. Le parfait chrétien est persuadé de cette vérité, aussi se considère-t-il toujours comme dans le Cœur de Jésus-Christ ; il y fait sa demeure… sans en sortir jamais ; il y fait toutes ses œuvres, toutes ses actions, et tous les actes de vertu, qu'il pratique même selon les dispositions de ce Cœur divin. Quel bonheur d'être uni à Jésus-Christ dans le Sacré-Cœur qui a été continuellement uni à Dieu, non seulement par l'union hypostatique, mais encore par l'union des actes de son amour…! Celui que je représente s'y tient si recueilli que je dirai volontiers que c'est pour ce sujet qu'il mérite d'être appelé l'homme intérieur, parce qu'il ne sort jamais des entrailles ni du Cœur de Jésus-Christ. »
P. Timothée de Raynier, L'Homme intérieur, Aix, Charles David, 1672, pp. 147-148.

1663 : Mgr François Palu (1626-1684), de retour d'Asie avec Mgr Pierre Lambert de la Motte (1624-1679), fonde à Paris le Séminaire des Missions étrangères, dont J.-B. Bossuet prononce le sermon d'inauguration en présence de Louis XIV.

1664 : Armand Jean Le Bouthillier de Rancé (1626-1700), abbé Cistercien de Notre-Dame-de-la-Trappe, y établit une règle austère de stricte observance, réforme à l'origine de l'Ordre des Trappistes.
En mai, première apparition de la Vierge à Benoîte Rencurel (1647-1718) au Vallon des Fours, près de Gap (Hautes-Alpes). Elle lui demandera l'érection au Laus d'une église "pour la conversion des pécheurs" - construite en 1666, érigée en basilique mineure en 1893 - et d'une maison pour les prêtres. Les Missionnaires de Provence - futurs Oblats de Marie Immaculée - s'y installeront en 1818. Joseph Hippolyte Guibert (1802-1886), futur archevêque de Paris, y sera recteur de 1828 à 1835, participant à la reconstruction du sanctuaire et à l'organisation des pèlerinages. Le procès de béatification de Benoîte Rencurel est en voie d'achèvement.

1665 : Le 4 septembre, Alexandre VII approuve l'Ordre de Notre-Dame de Charité fondé par Jean Eudes en 1641.
Sœur Jeanne Perraud, dite de l'Enfant-Jésus (1631-1676), religieuse du Tiers Ordre de saint Augustin à Aix-en-Provence, gratifiée depuis 1658 - comme Sœur Marguerite du Saint-Sacrement à Beaune, voir plus haut - d'apparitions de l'Enfant-Jésus, relate à son directeur la vision qu'elle a reçue du Christ transpercé :

« Jésus-Christ se découvrit à mon âme dans son éternité. Il n'était pas assis, ni droit, mais tout prosterné et comme suspendu au-dessus de votre maître-autel. Il était d'un âge comme lorsqu'il mourut et souffrit sa Passion ; son corps était formé d'une très belle plénitude ; ses pieds et ses mains étaient percés ; son côté droit était ouvert d'une grande plaie, qui tenait presque toute sa poitrine ; et cette plaie était si intérieure et si profonde qu'elle pénétrait tout son intérieur. Elle était tout empourprée d'un sang si vif et si vermeil qu'il semblait sortir seulement de la plaie, bien qu'il ne parût pas un sang matériel. Pendant que je contemplais cette plaie, qui toujours s'élargissait, il faisait de nouvelles coopérations, ses plaies et ses mains furent comme à demi couvertes de nuées, mais le tout était céleste. […] Il me témoignait l'extrême amour qu'il avait pour tout le monde, par cette tendresse avec laquelle il ouvrait sa poitrine. Je voyais que le pardon était donné à tous, et que ce divin Rédempteur était pour tous. »
Sœur Jeanne Perraud, Œuvres spirituelles, in H. Brémond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. III, Paris, Bloud et Gay, 1929.

1666 : Alexandre VII approuve une Confrérie du Cœur de Jésus et de Marie à Morlaix. En 1674 et 1675, six Brefs de Clément X seront donnés en faveur de Confréries semblables.

1668 : Le cardinal de Vendôme, légat a latere du pape Clément IX, approuve la dévotion au Saint Cœur de Marie.
Le 20 avril, l'archevêque de Rouen Mgr de Colbert érige les Sœurs d'Ernemont en Congrégation à vœux simples. Cette Congrégation prendra plus tard le nom de
Congrégation du Sacré-Cœur d'Ernemont, devenant la "première-née" du Sacré-Cœur (cf. Mgr R. Bertin : "La première-née du Sacré-Cœur, la Congrégation du Sacré-Cœur d'Ernemont, Rouen, Imprimerie de la Vicomté).

1670 : Jean Eudes a terminé la rédaction du rituel de l’Office du Cœur de Jésus (probablement composé vers 1668), qui est approuvé par plusieurs évêques de France et docteurs en théologie. L'Office sera publié dans le propre de la Congrégation de Jésus et Marie dès 1672, mais ne sera approuvé par Rome qu'en 1861.

« Gaudeamus exultantes,
Cordis Jesu personantes
Divina praeconia.

Cor amandum Salvatoris,
Mellis fontem et amoris,
Corda cuncta diligant.

Cor beatum summi Regis,
Cor et vitam novae legis
Omnes linguae concinant. »
Jean Eudes, Office du Cœur de Jésus, extrait de la Messe.

Le 8 mars, Mgr de la Vieuville, évêque de Rennes, autorise la congrégation de Jean Eudes à célébrer dans son diocèse, au sein du séminaire qu'il y a fondé, "la fête du Cœur adorable de Notre-Seigneur Jésus-Christ". Dans les deux années qui suivent, les évêques de Coutances, d'Evreux, de Bayeux et de Lisieux, ainsi que l'archevêque de Rouen octroient à leur tour semblable autorisation pour leurs diocèses respectifs. Cinquante ans plus tard, les archevêques de Lyon (1718), d'Aix (1721), d'Arles (1721), et les évêques de Marseille (1720) et de Toulon (1721) établiront à leur tour dans leur diocèse la fête du Cœur de Jésus.

« Le Cœur adorable de notre Rédempteur étant le premier objet de la dilection et complaisance du Père des miséricordes, et étant réciproquement tout embrasé du saint amour vers ce Dieu de consolation, comme aussi étant tout enflammé de charité vers nous, tout brûlant du zèle de notre salut, tout plein de miséricorde vers les pécheurs, tout rempli de compassion vers les misérables, et le principe de toutes les gloires et félicités du ciel et de toutes les grâces et bénédictions de la terre, et une source inépuisable de toutes sortes de faveurs pour ceux qui l'honorent : tous les chrétiens doivent s'efforcer de lui rendre toutes les vénérations et adorations possibles. »
Lettre de Mgr de Loménie de Brienne, évêque de Coutances, 29 juillet 1670.

« Le Cœur adorable de Notre-Seigneur étant une fournaise d'amour vers son Père et de charité vers nous, et une source d'une infinité de grâces et de faveurs au regard de tout le genre humain, tous les hommes, spécialement tous les chrétiens, ont des obligations infinies de l'honorer, louer et glorifier en toutes les manières possibles. »
Lettre de Mgr de Maupas du Tour, évêque d'Evreux, 8 octobre 1670.

Le 1° juin, signature du Traité de Douvres avec l'Angleterre.

1671 : Louis XIV quitte définitivement Paris pour Versailles.
Jean Eudes rédige son testament.

« De toute l'étendue de ma volonté, je me donne à l'amour incompréhensible par lequel mon Jésus et ma toute bonne Mère m'ont donné leur très aimable Cœur, d'une manière spéciale, et en union de ce même amour, je donne ce même Cœur comme une chose qui est à moi et dont je puis disposer pour la gloire de mon Dieu ; je le donne, dis-je, à la petite Congrégation de Jésus et Marie pour être le partage, le trésor, le patron principal, le cœur, la vie, la règle des vrais enfants de cette Congrégation. Comme aussi je donne et dédie cette même Congrégation à ce divin Cœur pour être consacrée à son honneur et à sa louange dans le temps et dans l'éternité, suppliant et conjurant tous mes bien-aimés frères de s'efforcer d'y rendre et faire tout l'honneur qui leur sera possible ; d'en célébrer les fêtes et les offices aux jours qui sont marqués dans notre Propre, avec toute la plus grande dévotion qu'ils pourront, et de faire quelques exhortations sur ce sujet dans toutes les missions ; de s'étudier à imprimer dans leurs cœurs une image parfaite des vertus de ce très saint Cœur, de le regarder et de le suivre comme la règle primitive de leur vie, et de se donner à Jésus et à Marie dans toutes leurs actions et exercices pour les faire dans l'amour, dans l'humilité et dans les autres dispositions de leur sacré Cœur, afin que, par ce moyen, ils aiment et glorifient Dieu avec un cœur qui soit digne de Dieu, Corde magno et animo volenti, et qu'ils soient selon le cœur de Dieu et les vrais enfants du Cœur de Jésus et de Marie. »
Jean Eudes, Testament, Œuvres complètes.

Le 25 mai, Marguerite-Marie fait une première visite à la Visitation de Paray-le-Monial. Elle entend, au parloir, cette parole : "C'est ici que Je te veux".
Le 20 juin,
Marguerite-Marie entre au monastère de la Visitation à Paray-le-Monial, où la Mère Hersant est alors Supérieure. Elle y devient novice le 25 août.

« Voici mes résolutions, qui doivent durer toute ma vie, puisque mon Bien-Aimé les a dictées lui-même. Après l'avoir reçu dans mon cœur, il me dit : "Voici la plaie de mon côté pour y faire ta demeure actuelle et perpétuelle ; c'est là que tu pourras conserver la robe d'innocence dont j'ai revêtu ton âme, afin que tu vives désormais de la vie d'un Homme-Dieu ; vivre comme ne vivant plus, afin que je vive parfaitement en toi ; pensant à ton corps et à tout ce qui t'arrivera comme s'il n'était plus ; agissant comme n'agissant plus, mais moi seul en toi…" »
Marguerite-Marie Alacoque, Résolutions de retraite, in Vie et Œuvres, Paris, Poussielgue, 1867, t.I, p.38.

1672 : Le 2 juin, la Mère Marie-Françoise de Saumaise, professe de Dijon, est élue Supérieure à Paray.
Le 29 juillet, Jean Eudes envoie une circulaire aux six maisons de son Institut leur prescrivant de célébrer chaque année et dès le 20 octobre suivant la fête du Cœur de Jésus, sous le rite double de première classe avec Octave.

« Mes très chers et très aimés frères,
C'est une grâce inexplicable que notre très aimable Sauveur nous a faite de nous avoir donné dans notre Congrégation le Cœur admirable de sa très sainte Mère ; mais sa bonté, qui est sans borne, ne s'arrêtant pas là, a passé bien plus outre en nous donnant son propre Cœur pour être, avec le Cœur de sa glorieuse Mère, le fondateur et le supérieur, le principe et la fin, le cœur et la vie de cette Congrégation.
Il nous a fait ce grand don dès la naissance de la même Congrégation ; car quoique jusqu'ici nous n'ayons pas célébré une fête propre et particulière du Cœur adorable de Jésus, nous n'avons pourtant jamais eu l'intention de séparer deux choses que Dieu a unies si étroitement ensemble, comme sont les Cœurs très augustes du Fils de Dieu et celui de sa bénie Mère ; au contraire, notre dessein a toujours été, dès les commencements de notre Congrégation, de regarder et honorer ces deux aimables Cœurs comme un même Cœur en unité d'esprit, de sentiments, de volonté et d'affection, comme il paraît manifestement en la Salutation que nous disons tous les jours au divin Cœur de Jésus et de Marie, comme aussi en l'oraison et en plusieurs endroits de l'Office et de la Messe que nous célébrons en la fête du Cœur sacré de la même Vierge.
Mais la divine Providence, qui conduit toutes choses avec une merveilleuse sagesse, a voulu faire marcher la fête du Cœur de la Mère avant la fête du Cœur du Fils, pour préparer les voies dans les cœurs des fidèles à la vénération de ce Cœur adorable, et pour les disposer à obtenir du ciel la grâce de cette seconde fête par la grande dévotion avec laquelle ils ont célébré la première. […]
Quel cœur plus adorable, plus admirable et plus aimable que le Cœur de cet Homme-Dieu qui s'appelle Jésus ? Quel honneur mérite ce Cœur divin qui a toujours rendu et rendra éternellement à Dieu plus de gloire et d'amour, en chaque moment, que tous les cœurs des hommes et des anges ne lui en pourront rendre en toute l'éternité ? Quel zèle devons-nous avoir pour honorer ce Cœur auguste, qui est la source de notre salut, qui est l'origine de toutes les félicités du ciel et de la terre, qui est une fournaise immense d'amour vers nous, et qui ne songe nuit et jour qu'à nous faire une infinité de biens, et qui enfin est crevé de douleur pour nous en la croix…? […]
Reconnaissons donc, mes très chers frères, la grâce infinie et la faveur incompréhensible dont notre très bon Sauveur honore notre Congrégation de lui donner son très adorable Cœur avec le Cœur très aimable de sa sainte Mère. Ce sont deux trésors inestimables, qui comprennent une immensité de biens célestes et de richesses éternelles, dont il la rend dépositaire, pour ensuite les répandre par elle dans les cœurs des fidèles. […]
Embrassons avec joie et jubilation la solennité du divin Cœur de notre très aimable Jésus. En voilà l'Office et la Messe, que je vous envoie approuvés de tous Messieurs nos Prélats. Employons tout le soin, la diligence et la ferveur possibles, pour la bien célébrer.
Pour cet effet : 1° Invitez-y tous nos amis et toutes les personnes de dévotion. 2° Faites-la publier…Il faudrait y prêcher. 3° Jeûnez la vigile de la fête. 4° Faites dîner douze pauvres, au réfectoire, en la veille ou surveille.
Enfin, je vous conjure, mes très chers frères, de célébrer cette fête avec toute la dévotion et la solennité que vous pourrez... »
Jean Eudes, extraits de la Circulaire aux Instituts, Œuvres complètes, X, p.459.

Le 20 octobre, la fête du Cœur de Jésus, avec son Office et ses hymnes, est célébrée pour la première fois dans les communautés de la Congrégation de Jean Eudes, à Caen, Coutances, Rennes, Evreux, Bayeux, etc., avec l'approbation des évêques, exception faite du séminaire de Rouen où l'évêque s'y est opposé. Elle sera également célébrée dès l'année suivante dans des communautés religieuses amies, telles les Bénédictines de l'abbaye royale de Montmartre à Paris, et les Bénédictines du Saint-Sacrement dont la fondatrice, Catherine de Bar - Mère Mechtilde du Saint-Sacrement (1614-1698) - est toute dévouée à Jean Eudes.

« Cette fête est la fête des fêtes en quelque manière, d'autant que c'est la fête du Cœur admirable de Jésus, qui en est le principe… de tous les mystères qui sont contenus dans les autres fêtes qui se font dans l'Eglise et la source de tout ce qu'il y a de grand, de saint et de vénérable dans les autres fêtes. »
Jean Eudes, Le Cœur admirable, Œuvres complètes, VIII, p.313.


Le 6 novembre, Marguerite-Marie prononce ses vœux simples : elle reçoit sa croix et son voile de professe.

1673 : Les religieuses de Notre-Dame de Charité de Rennes obtiennent l'autorisation de célébrer la fête du Cœur de Jésus avec la Messe et l'Office de leur fondateur. Guingamp en 1676, Vannes en 1683, Caen en 1693, Tours en 1714, La Rochelle en 1715 et Paris en 1724 obtiendront à leur tour cette autorisation.
A la fin du Carême, Jean Eudes prêche au château de Saint-Germain-en-Laye devant toute la cour royale.
Le 3 juin,
Jean Eudes reçoit de sa belle-sœur Mme la duchesse de Guise, fille de Gaston d'Orléans, la somme de douze mille livres pour élever à Caen, au sein de la première maison de la Congrégation, une église dédiée aux Très Saints Cœurs de Jésus et de Marie.

1673-1675 : Révélations reçues par Marguerite-Marie. Sur ordre de la Mère de Saumaise, en avril ou mai 1673, elle commence à écrire ce qui se passe en elle.
Première révélation, le 27 décembre 1673 :

« Une fois donc étant devant le saint Sacrement, me trouvant un peu plus de loisir, car les occupations que l'on me donnait ne m'en laissaient guère, me trouvant toute investie de cette divine présence, mais si fortement que je m'oubliai de moi-même et du lieu où j'étais, je m'abandonnai à ce divin Esprit, livrant mon cœur à la force de son amour. Il me fit reposer longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit les merveilles de son amour et les secrets inexplicables de son sacré Cœur qu'il m'avait toujours tenus cachés, jusqu'alors qu'il me l'ouvrit pour la première fois. Mais d'une manière si affective et sensible qu'il ne me laissa aucun lieu d'en douter, pour les effets que cette grâce produisit en moi, qui crains cependant toujours de me tromper en tout ce que je dis se passer en moi. Et voici comme il me semble la chose s'être passée :
Il me dit: "Mon divin Cœur est si passionné d'amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen et qu'il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre, et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires, nécessaires pour les retirer de l'abîme de perdition ; et je t'ai choisie comme un abîme d'indignité et d'ignorance pour l'accomplissement de ce grand dessein, afin que tout soit fait par moi".
Après il me demanda mon cœur, lequel je le suppliai de prendre, ce qu'il fit et le mit dans le sien adorable, dans lequel il me le fit voir comme un petit atome qui se consumait dans cette ardente fournaise, d'où le retirant comme une flamme ardente en forme de cœur, il le remit dans le lieu où il l'avait pris, en me disant: "Voilà ma bien-aimée, un précieux gage de mon amour, qui renferme dans ton côté une petite étincelle de ses plus vives flammes, pour te servir de cœur et te consumer jusqu'au dernier moment… […] Quoique j'aie refermé la plaie de ton côté, la douleur t'en restera pour toujours, et si jusqu'à présent tu n'as pris que le nom de mon esclave, je te donne celui de la disciple bien-aimée de mon sacré Cœur".»
Récit de la vision reçue en 1673, Vie écrite par elle-même, in Vie et Œuvres, Paris, Poussielgue, 1867, t.II, pp.325-326.

Deuxième révélation, 1674 :

« Ce divin Cœur me fut présenté dans un trône de flammes, plus rayonnant qu'un soleil et transparent comme un cristal, avec cette plaie adorable, et il était environné d'une couronne d'épines qui signifiait les piqûres que nos péchés lui faisaient et une croix au-dessus qui signifiait que dès les premiers instants de son Incarnation, c'est-à-dire que dès lors que ce Sacré-Cœur fut formé, la croix y fut plantée...
Et il me fit voir que son ardent désir qu'il avait d'être aimé des hommes et de les retirer de la voie de perdition où Satan les précipite en foule, lui avait fait former ce dessein de manifester son Cœur aux hommes avec tous les trésors d'amour, de miséricorde, de grâces, de sanctification et de salut qu'il contenait, afin que tous ceux qui voudraient lui rendre et lui procurer tout l'amour, l'honneur et la gloire qui seraient à leur pouvoir, il les enrichît avec abondance et profusion de ces divins trésors du Cœur de Dieu qui en était la source, lequel il fallait honorer sous la figure de ce Cœur de chair, dont il voulait l'image être exposée et portée sur moi et sur le cœur, pour y imprimer son amour et le remplir de tous les dons dont il était plein, et pour y détruire tous les mouvements déréglés, et que partout où cette sainte image serait exposée pour y être honorée, il y répandrait ses grâces et ses bénédictions, et que cette dévotion était comme un dernier effort de son amour qui voulait favoriser les hommes en ces derniers siècles de telle rédemption amoureuse, pour les retirer de l'empire de Satan, lequel il prétendait ruiner pour nous mettre sous la douce liberté de l'empire de son amour, lequel il voulait rétablir dans le cœur de tous ceux qui voudraient embrasser cette dévotion ».
Lettre au Père Croiset, 3 novembre 1689, cf. A. Hamon, op. cit., p.156 sq.

Troisième révélation, 1674 (2 juillet ?) :

« Une fois entre les autres, que le Saint Sacrement était exposé, après m'être sentie retirée toute au-dedans de moi-même par un recueillement extraordinaire de tous mes sens et puissances, Jésus-Christ, mon doux maître, se présenta à moi tout éclatant de gloire avec ses cinq plaies brillantes comme cinq soleils, et de cette sacrée humanité sortaient des flammes de toutes parts, mais surtout de son adorable poitrine qui ressemblait (à) une fournaise ; et s'étant ouverte me découvrit son tout aimant et tout aimable Cœur, qui était la vive source de ces flammes. Ce fut alors qu'il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur (amour) et jusqu'à quel excès il l'avait porté d'aimer les hommes, dont il ne recevait que des ingratitudes et méconnaissances : "Ce qui m'est beaucoup plus sensible, me dit-il, que tout ce que j'ai souffert en ma passion ; d'autant que s'ils rendaient quelque retour d'amour, j'estimerais peu tout ce que j'ai fait pour eux et voudrais, s'il se pouvait, en faire davantage, mais ils n'ont que des froideurs et du rebut pour tous mes empressements à leur faire du bien. Mais du moins, donne-moi ce plaisir de suppléer à leur ingratitude autant que tu le pourras être capable. […] Premièrement, tu me recevras dans le Saint Sacrement autant que l'obéissance te le voudra permettre, quelques mortifications et humiliations qui t'en doivent arriver, lesquelles tu dois recevoir comme des gages de mon amour. Tu communieras de plus tous les premiers vendredis de chaque mois ; et toutes les nuits du jeudi au vendredi je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j'ai bien voulu sentir au jardin des Olives ; laquelle tristesse te réduira sans que tu la puisses comprendre, à une espèce d'agonie plus rude à supporter que la mort. Pour m'accompagner dans cette humble prière que je présentai à mon Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre onze heures et minuit pour te prosterner pendant une heure avec moi, tant la face contre terre, (tant) pour apaiser la divine colère, en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon l'amertume que je sentais de l'abandon de mes apôtres, qui m'obligea à leur reprocher qu'ils n'avaient pu veiller une heure avec moi, et pendant cette heure tu feras tout ce que je t'enseignerai. Mais écoute, ma fille, et ne crois pas légèrement à tout esprit et ne t'y fie pas car Satan enrage de te décevoir ; c'est pourquoi ne fais rien sans l'approbation de ceux qui te conduisent, afin qu'ayant l'autorité de l'obéissance, il ne puisse te tromper ; car il n'a pas de pouvoir sur les obéissants". »
Récit de la vision reçue en 1674, Vie écrite par elle-même, in Vie et Œuvres, op. cit., t.II, pp.327-328.

Quatrième révélation (la "grande apparition"), entre le 13 et le 20 juin 1675 :

« Etant une fois devant le Saint Sacrement, un jour de son octave, je reçus de mon Dieu des grâces excessives de son amour, et me sentis touchée du désir de quelque retour et de lui rendre amour pour amour. Et il me dit : "Tu ne peux m'en rendre un plus grand qu'en faisant ce que je t'ai déjà tant de fois demandé." Alors me découvrant son divin Cœur : "Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et mépris qu'ils ont pour moi dans ce sacrement d'amour. Mais ce qui m'est encore plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi. C'est pourquoi je te demande que le premier vendredi d'après l'octave du Saint Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon divin Cœur en communiant ce jour-là et en lui faisant réparation d'honneur par une amende honorable pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels. Je te promets aussi que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur et qui procureront qu'il lui soit rendu". »
Récit de la vision reçue de juin 1675, Vie écrite par elle-même, in Vie et Œuvres, op. cit., t.II, p.355.

1674 : Le 12 octobre, une Bulle de Clément X confirme les Instituts fondés par Jean Eudes, autorisant "l'érection d'une Confrérie sous le vocable du Cœur de Jésus et de Marie, dans l'église ou chapelle du Cœur de Jésus et de Marie, au diocèse de Coutances, province de Rouen". Le règlement de La sainte Confrérie du Sacré-Cœur de Jésus et de Marie sera rédigé en 1688 par le Père Blouet de Camilly, héritier de la charge et de la pensée du fondateur.
Les Bénédictines de Montmartre adoptent la fête du Cœur de Jésus, avec l'Office du Père Eudes, qu'elles célèbrent pour la première fois le 20 octobre sous la direction de leur abbesse Françoise-Renée de Lorraine (1621-1682). Elles connaissent cette dévotion par les révélations de sainte Gertrude et de sainte Mechtilde, mais aussi par la vision reçue par l'une de leurs sœurs Marie Granger (1588-1636) en 1630 (voir plus haut). Une grande partie de la famille royale et de la cour assiste à la cérémonie.
Les Bénédictines du Saint-Sacrement adoptent cette fête la même année.

1675 : Publication de la Guide spirituelle de l'espagnol Miguel de Molinos (1628-1696), dont les thèses quiétistes seront reprises en France par Mme Guyon (Jeanne-Marie de la Motte, 1648-1717), soutenue par l'évêque de Cambrai François Fénelon (1651-1715). Innocent XI condamnera 68 propositions extraites du livre de Molinos en 1687, et le Bref Cum alias mettra un terme définitif au mouvement en 1699.
En février, Claude de La Colombière arrive à Paray, en qualité de Supérieur de la communauté des Jésuites. Nommé confesseur extraordinaire des religieuses de la Visitation, il se rend presque aussitôt au monastère. Le 15, il y rencontre Marguerite-Marie, qui entend alors le Seigneur lui dire "Voilà celui que je t'envoie".
Le 21 juin, il se consacre au Sacré-Cœur.

« Cette offrande se fait pour honorer ce divin Cœur, le siège de toutes les vertus, la source de toutes les bénédictions, et la retraite de toutes les âmes saintes.
Les principales vertus qu'on prétend honorer en lui, sont : premièrement, un amour très ardent de Dieu son Père, joint à un respect très profond, et à la plus grande humilité qui fut jamais ; secondement, une patience infinie dans les maux, une contrition et une douleur extrêmes pour les péchés dont il s'était chargé, la confiance d'un fils très tendre alliée avec la confusion d'un très grand pécheur ; troisièmement, une compassion très sensible pour nos misères, un amour immense malgré ces misères, et nonobstant tous ces mouvements, dont chacun était au plus haut point qu'il pût être, une égalité inaltérable causée par une conformité si parfaite à la volonté de Dieu, qu'elle ne pouvait être troublée par aucun événement, quelque contraire qu'il parût à son zèle, à son humilité, à son amour même, et à toutes les autres dispositions où il était.
Ce Cœur est encore, autant qu'on le peut être, dans les mêmes sentiments, et surtout toujours brûlant d'amour pour les hommes, toujours ouvert pour répandre toute sorte de grâces et de bénédictions, toujours touché de nos maux, toujours pressé du désir de nous faire part de ses trésors, et de se donner lui-même à nous, toujours disposé à nous recevoir, et à nous servir d'asile, de demeure et de paradis, dès cette vie.
Pour tout cela, il ne trouve dans le cœur des hommes que dureté, qu'oubli, que mépris, qu'ingratitude ; il aime, et il n'est point aimé, et on ne connaît pas même son amour, parce qu'on ne daigne pas recevoir les dons par où il voudrait le témoigner, ni écouter les tendres et secrètes déclarations qu'il en voudrait faire à notre cœur.
Pour réparation de tant d'outrages et de si cruelles ingratitudes, ô très adorable et très aimable Cœur de mon aimable Jésus, et pour éviter autant qu'il est en mon pouvoir de tomber dans un semblable malheur, je vous offre mon cœur avec tous les mouvements dont il est capable, je me donne tout entier à vous, et, dès cette heure, je proteste très sincèrement que je désire m'oublier moi-même, et tout ce qui peut avoir du rapport avec moi, pour lever l'obstacle qui pourrait m'empêcher l'entrée de ce divin Cœur, que vous avez la bonté de m'ouvrir, et où je souhaite entrer pour y vivre et mourir avec vos plus fidèles serviteurs, tout pénétré et embrasé de votre amour. J'offre à ce Cœur tout le mérite, toute la satisfaction de toutes les messes, de toutes les prières, de toutes les actions de mortification, de toutes les pratiques religieuses, de toutes les actions de zèle, d'humilité, d'obéissance, et de toutes les autres vertus que je pratiquerai jusqu'au dernier moment de ma vie. Non seulement tout cela sera pour honorer le Cœur de Jésus et ses admirables dispositions, mais encore je le prie très humblement d'accepter la donation entière que je lui en fais, d'en disposer en la manière qu'il lui plaira, et en faveur de qui il lui plaira, et comme j'ai déjà cédé aux saintes âmes qui sont dans le purgatoire tout ce qu'il y a dans mes actions de propre à satisfaire la justice divine, je désire que cela leur soit distribué, selon le bon plaisir du Cœur de Jésus.
Cela n'empêchera pas que je ne m'acquitte des obligations que j'ai de dire des messes, et de prier pour de certaines intentions que l'obéissance me prescrit ; que je n'accorde par charité des messes à de pauvres gens ou à mes frères et amis qui m'en pourraient demander ; mais comme alors je me servirai d'un bien qui ne m'appartiendra pas, je prétends, comme il est juste, que l'obéissance, la charité et les autres vertus que je pratiquerai en ces occasions, soient toutes au Cœur de Jésus, où j'aurai pris de quoi exercer ces vertus, lesquelles par conséquent lui appartiendront sans réserve.
Sacré Cœur de Jésus, apprenez-moi le parfait oubli de moi-même, puisque c'est la seule voie par où l'on peut entrer en vous. Puisque tout ce que je ferai à l'avenir sera à vous, faites en sorte que je ne fasse rien qui ne soit digne de vous ; enseignez-moi ce que je dois faire pour parvenir à la pureté de votre amour, duquel vous m'avez inspiré le désir. Je sens en moi une grande volonté de vous plaire, et une plus grande impuissance d'en venir à bout sans une lumière et un secours très particuliers que je ne puis attendre que de vous. Faites en moi votre volonté, Seigneur ; je m'y oppose, je le sens bien, mais je voudrais bien ne pas m'y opposer : c'est à vous à tout faire, divin Cœur de Jésus-Christ, vous seul aurez toute la gloire de ma sanctification, si je me fais saint ; cela me paraît plus clair que le jour ; mais ce sera pour vous une grande gloire, et c'est pour cela seulement que je veux désirer la perfection. Ainsi soit-il. »
P. de La Colombière, Offrande au Cœur Sacré de Jésus. Le Père Croiset affirme que cette formule d'offrande est, sauf quelques modifications, la consécration que Claude de La Colombière fit à Paray le 21 juin 1675. In Le Bienheureux Claude de La Colombière de la Compagnie de Jésus, Notes spirituelles et pages choisies, Paris, Spes, 1929.

1676 : Publication, à l'intention des religieuses éducatrices, de L'enfance admirable de la très sainte Mère de Dieu de Jean Eudes. Il publie également à part les deux offices du Cœur de Jésus et du Cœur de Marie, sans mention d'auteur. Le P. Bourrée rééditera ces deux offices en 1700, désignant Jean Eudes en termes transparents, sans toutefois le nommer.
Publication du Catéchisme dit des Trois Henri.
En octobre, Claude de La Colombière part pour Londres, où il est nommé aumônier de la duchesse d'York, future reine d'Angleterre. Il y fait connaître et aimer le Sacré-Cœur, avant de tomber gravement malade.

1677 : Le 20 novembre, munie de l'autorisation de la Supérieure, Marguerite-Marie s'offre publiquement en victime pour ses sœurs, pour répondre à la demande du Seigneur qui lui en a reproché "l'esprit d'orgueil". Il s'en suit une nuit de souffrances qui surpasseront dira-t-elle plus tard la somme de toutes les peines de sa vie.

1678 : La Mère de Saumaise, Supérieure du monastère de Paray depuis 1672, part pour Dijon. Le 21 mai, la Mère Péronne-Rosalie Greyfié (1638-1717), professe d'Annecy, est élue Supérieure.
En août-septembre, signature du Traité de Nimègue avec la Hollande et l'Espagne.
Le 31 décembre, répondant à la demande du Seigneur, Marguerite-Marie fait donation au Cœur de Jésus - par l'intermédiaire de la Mère Greyfié qui en prend acte dans un "testament" écrit - de tous ses biens spirituels, et de toutes les prières qui seront faites à son intention.

« L'ayant présenté à cet unique amour de mon âme, il m'en témoigna un grand agrément, et me dit que c'était qu'il en voulait disposer selon ses desseins, et en faveur de qui il lui plairait ; mais que puisque son amour m'avait dépouillé de tout, il ne voulait plus que j'eusse d'autres richesses que celles de son sacré Cœur. Il [m'en] fit une donation à l'heure même, me la faisant écrire de mon sang, selon qu'il la dictait, et puis je la signai sur mon cœur avec un canif, [à l'aide] duquel j'y écrivis son sacré nom de Jésus. »
Marguerite-Marie, Vie écrite par elle-même, in Vie et Œuvres, op. cit.,1867, t.II, p.348.

1679 : En février, Claude de La Colombière, de retour d'Angleterre, extrêmement affaibli, s'arrête à Paray-le-Monial pour s'entretenir une dizaine de jours durant avec Marguerite-Marie et la Mère Greyfié, avant de rejoindre Lyon.
Le 15 août, Jean-Baptiste de la Salle (1651-1719, canonisé en 1900) ouvre à Reims l'école Saint-Maurice, premier berceau de l'Institut des Frères des Ecoles chrétiennes voué à l'éducation des enfants pauvres. L'Institut, implanté à Paris en 1688, sera approuvé en 1725. Les Frères dirigent aujourd'hui près de 150 établissements en France, et plus de 900 écoles réparties dans 82 pays.
En octobre, il est de retour au collège de la Trinité de Lyon, en tant que Père spirituel des jeunes étudiants de la Compagnie de Jésus. C'est à cette époque qu'il a comme disciple le Père Joseph de Gallifet, dont il fait un ardent apôtre de la dévotion au Sacré-Cœur.

1680 : Le 19 août, mort de Jean Eudes. Le 25 juillet, il a achevé son ouvrage sur le Cœur admirable de la très Sainte Mère de Dieu.

1681 : Début des persécutions (les "dragonnades") contre les protestants du Midi.
Le 28 avril, publication posthume de Le Cœur admirable de la Très Sainte Mère de Dieu de Jean Eudes, ouvrage divisé en douze livres, dont le dernier est entièrement consacré au Divin Cœur de Jésus.

« La terre est pleine de saints livres, qui ont été composés à la louange de la Mère admirable, et en si grande quantité qu'un excellent auteur en rapporte plus de cinq mille... Mais je ne trouve point de livres qu'on ait faits sur son très aimable Cœur. Et cependant, c'est ce qu'il y a de plus digne, de plus noble et de plus admirable en cette divine Vierge ; et même c'est la source et l'origine de toutes ses grandeurs, ainsi que nous le ferons voir clairement ci-après. C'est pourquoi j'ai cru rendre service à Notre-Seigneur et à sa très sainte Mère, et obliger ceux qui font profession de l'honorer et de l'aimer comme leur Souveraine et comme leur véritable Mère, de mettre ce livre au jour, pour exciter dans les cœurs de ceux qui le liront une vénération et dévotion particulière envers son très aimable Cœur. »
Saint Jean Eudes, Le Cœur admirable, préface.


« C'est un amour digne d'un tel Père et d'un tel Fils ; c'est un amour qui égale très parfaitement les perfections ineffables de son objet bien-aimé ; c'est un Fils infiniment aimant, qui aime un Père infiniment aimable ; c'est un Dieu qui aime un Dieu… En un mot le divin Cœur de Jésus, considéré selon sa divinité ou selon son humanité, est infiniment plus embrasé d'amour pour son Père, et il l'aime infiniment davantage en chaque moment que tous les cœurs des Anges et des Saints ensemble ne le peuvent aimer pendant toute l'éternité. »
Saint Jean Eudes, Le Cœur admirable, livre XII, chap. II.

« C'est ce Cœur qui est le premier principe de tout bien et la source primitive de toutes les joies et de tous les délices du Paradis. C'est de là, ô mon très doux Jésus, c'est-à-dire de votre divin Cœur, comme d'une source première, principale et inépuisable, que découlent dans les cœurs des enfants de Dieu toute félicité, toute douceur, toute sérénité, tout repos, toute paix, toute joie, tout contentement, toute suavité, tout bonheur et tout bien… Oh ! quel avantage de puiser en cette divine source toutes sortes de biens ! Quel bonheur de boire et d'être enivré des eaux délicieuses de cette fontaine de sainteté !… Faites donc couler en abondance, ô Dieu d'amour, la bonne odeur de vos divins parfums, qui sont les vertus admirables de votre saint Cœur, dans le plus intime de mon cœur. »
Saint Jean Eudes, Le Cœur admirable, livre XII, chap. XVIII.

Bossuet est nommé évêque de Meaux.
En octobre, à l'initiative de Louis XIV, réunion de l’Assemblée générale du clergé. Bossuet en est le principal inspirateur.

1682 : Le 15 février, mort du Père Claude de La Colombière. Ses Sermons et le journal de ses Retraites spirituelles seront publiées en 1684.
Publication du Discours sur l’unité de l’Eglise de Bossuet, manifeste officiel de l’Assemblée générale du clergé de France.
Le 19 mars, les 72 membres du clergé présents à l'Assemblée adoptent la Déclaration des Quatre Articles ( ou
Déclaration de l’assemblée du clergé de France) rédigée par Bossuet, qui rappelle les libertés de l’Eglise gallicane : 1. le pape n’a qu’une autorité spirituelle, il ne peut ni juger les rois, ni les déposer. 2. le concile œcuménique est supérieur au pape. 3. les libertés de l’Eglise gallicane sont inviolables. 4. le pape n’est infaillible qu’avec le consentement de l’Eglise universelle. Voltaire écrit : "L'Assemblée de 1682 crut que le moment était venu d'établir en France une Eglise catholique, apostolique, mais qui ne serait point romaine". Louis XIV demande que les Quatre Articles soient publiés dans toute la France, et enseignés dans les séminaires. Protestation d'une partie du clergé français, ainsi que du pape Innocent XI, qui condamne officiellement la Déclaration le 11 avril. Il refuse l'investiture canonique à tous les évêques nommés par lui. En 1688, 35 évêchés seront ainsi vacants. Pour éviter le schisme, Louis XIV cédera en 1693, informant le pape que la Déclaration ne serait plus enseignée en France.
Une
Association de fidèles pour demander l'amour de Notre-Seigneur est érigée à Nantes, en l'église des Jésuites, sur l'impulsion du P. François Nepveu (1639-1708). Elle a pour but de "demander continuellement au Père éternel qu'il produise [dans tous les chrétiens] la connaissance et l'amour de son Fils unique Notre-Seigneur Jésus-Christ et la conformité de cœur avec lui".

1683 : Le 18 octobre, à Fontainebleau, Louis XIV révoque l'édit de Nantes (1598).

1684 : Le 26 mars, est achevée d'imprimer par Anisson, libraire à Lyon, l'œuvre posthume du Père Claude de La Colombière : quatre volumes de Sermons, un de Réflexions chrétiennes, et un volume de la Retraite spirituelle à laquelle est joint un Acte d'offrande qui est sans doute celui prononcé par le Père le 21 juin 1675. Dans le volume de la Retraite, il révèle les grâces reçues par Marguerite-Marie, sans citer le nom de la sœur.

« J'ai reconnu que Dieu voulait que je le servisse en procurant l'accomplissement de ses désirs touchant la dévotion qu'il a suggérée à une personne à qui il se communique fort confidemment, et pour laquelle il a bien voulu se servir de ma faiblesse. Je l'ai déjà inspirée à bien des gens en Angleterre, et j'en ai écrit en France et prié un de mes amis de la faire valoir à l'endroit où il est. Elle y sera fort utile, et le grand nombre d'âmes choisies qu'il y a dans cette communauté me fait croire que la pratique dans cette sainte maison en sera fort agréable à Dieu. Que ne puis-je, mon Dieu, être partout, et publier ce que vous attendez de vos serviteurs et amis !
Dieu donc s'étant ouvert à la personne qu'on a sujet de croire être selon son cœur, par les grandes grâces qu'il lui a faites, elle s'en expliqua à moi, et je l'obligeai de mettre par écrit ce qu'elle m'avait dit, que j'ai bien voulu décrire moi-même dans le Journal de mes Retraites, parce que le bon Dieu veut, dans l'exécution de ce dessein, se servir de mes faibles soins.
Etant donc, dit cette sainte âme, devant le Saint-Sacrement un jour de son octave, je reçus de mon Dieu des grâces excessives de son amour. Touchée du désir d'user de quelque retour, et de rendre amour pour amour, il me dit : Tu ne m'en peux rendre un plus grand qu'en faisant ce que je t'ai déjà tant de fois demandé. Et me découvrant son divin Cœur : Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance je ne reçois de la plus grande partie que des ingratitudes, par les mépris, irrévérences, sacrilèges et froideurs qu'ils ont pour moi dans ce Sacrement d'amour. Mais ce qui est encore plus rebutant, c'est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés. C'est pour cela que je te demande que le premier vendredi après l'octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en lui faisant réparation d'honneur par une amende honorable, communiant ce jour-là pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels ; et je te promets que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur.
- Mais, mon Seigneur, à qui vous adressez-vous ? à une si chétive créature et pauvre pécheresse, que son indignité serait même capable d'empêcher l'accomplissement de votre dessein ? Vous avez tant d'âmes généreuses pour exécuter vos desseins. - Hé ! pauvre innocente que tu es, ne sais-tu pas que je me sers des sujets les plus faibles pour confondre les forts ? que c'est ordinairement sur les plus petits et pauvres d'esprit que je fais éclater ma puissance, afin qu'ils ne s'attribuent rien à eux-mêmes ? - Donnez-moi donc, je lui dis, le moyen de faire ce que vous me commandez. Pour lors, il m'ajouta : Adresse-toi à mon serviteur N…, et dis-lui de ma part de faire son possible pour établir cette dévotion, et donner ce plaisir à mon divin Cœur. Qu'il ne se décourage point pour les difficultés qu'il y rencontrera, car il n'en manquera pas ; mais il doit savoir que celui-là est tout-puissant qui se défie entièrement de soi-même, pour se confier uniquement en moi. »
Père Claude de La Colombière, Extrait de la Retraite spirituelle (Londres, janvier 1677), Lyon, chez Anisson, Posuel & Rigaud, 1688.

A l'Ascension, la Mère Greyfié quitte Paray, élue supérieure du monastère de Semur-en-Auxois. Le 13 mai, la Mère Marie-Christine Melin la remplace. Marguerite-Marie est élue assistante.
Le 31 décembre,
Marguerite-Marie devient Maîtresse des Novices.


Suite...


Le Sacré-Coeur de Jésus - Deux mille ans de Miséricorde
Le Sacré-Coeur de Jésus
Deux mille ans de Miséricorde


Le recueil qui est reproduit dans les pages de ce dossier avait trouvé un éditeur, Téqui, en juin 2008.

Une version considérablement enrichie, et actualisée jusqu'en juin 2019, est disponible à la vente chez le même éditeur depuis le 4 décembre 2019, en ligne sur son site internet ICI.

Merci de faire connaître autour de vous la nouvelle version de ce travail, augmentée de plus de 200 pages par rapport à la première édition.

« Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
(11ème promesse du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie)